Le pervers narcissique Pascal Edouard Cyprien Luraghi a pour habitude d’imposer la vue de son horrible tronche au public partout où il poste : d’abord sur son blog, très régulièrement, autrefois également dans les commentaires du site Rue89, et maintenant sur Twitter.
Il a toujours rêvé d’être admiré de tous, il l’a encore dit très récemment sur Twitter :
Chez lui, cette obsession est telle qu’il imagine même les paysages entrouvrir des paupières pour le regarder :
Par contre, on a beau chercher, on ne trouve nulle part dans toutes ses manifestations publiques la moindre photographie du visage de sa femme, Annie Luraghi née Belléculée.
Celui de son ex la blonde Californienne oui, il aime bien en poster des photographies un peu partout.
On retrouve aussi sur son blog des photographies de sa fille et de sa copine la blonde Nono à laquelle il avait dédié le 14 août 2012 un billet de blog exposant leurs relations sexuelles.
Des petites filles et des adolescentes népalaises aussi, on en trouve un certain nombre.
Mais sa femme, non.
Les seules images qu’il en poste sont celles, récentes, de pêches ou d’abricots qui ne sont même plus sur l’arbre, c’est-à-dire qu’il s’agit de fruits morts en voie de putréfaction, et autrefois, d’une femme sans tête ayant illustré un billet intitulé « Cacabouilla » :
Pauvre Annie. Pas de tête, pas de QI. Pas de QE non plus. Juste un Q.
L’année 2009 est celle où son taré de mari était tombé en extase devant les posts orduriers du riverain Hulk, Gros Con de Droite, qui disait « dévisser la tête » des femmes pour leur « chier dans le corps » (sic).
C’est avec lui que le psychopathe Cyprien Luraghi avait commencé à poster un peu partout ses commentaires constitués de longues séries de « PROUT ! »
Mais il ne l’avait pas attendu pour appeler son premier né Gaspard.
Son père aurait selon ses dires toujours regretté d’avoir « tiré un coup » de trop avec sa mère, une femme de trop basse extraction pour être digne de devenir sa femme et qu’il avait néanmoins dû épouser après l’avoir mise enceinte.
Mais son propre fils est lui aussi né d’une fuite…
J’adore le coup dans la chasse.
Même là, la pauvre femme se prend encore un coup avec son taré de mari…
Enterrement de victimes de la peste noire à Tournai. Les Chroniques de Gilles Li Muisis (1272-1352), abbé de Saint-Martin de Tournai. Bibliothèque royale de Belgique, MS 13076-77, f. 24v.
La peste noire, ou mort noire, est une pandémie de peste (principalement bubonique) qui a sévi au milieu du XIVe siècle (pendant le Moyen Âge). Cette pandémie touche l’Eurasie, l’Afrique du Nord et peut-être l’Afrique subsaharienne. Son nom lui a été donné par les historiens modernes ; elle n’est ni la première ni la dernière pandémie de peste, mais c’est la seule à porter ce nom. C’est aussi la première pandémie à avoir été bien décrite par les chroniqueurs de l’époque. Elle est parfois également appelée grande peste.
Elle tue entre 30 et 50 % des Européens en cinq ou six ans (1347-1352), faisant environ 25 millions de victimes. Les conséquences sur la civilisation européenne sont sévères et longues, d’autant que cette première vague est considérée comme le début explosif et dévastateur de la deuxième pandémie de peste, qui dure de façon plus sporadique jusqu’au début du XIXe siècle.
Cette pandémie provoque indirectement la chute de la dynastie Yuan en Chine, affecte l’Empire khmer et affaiblit encore plus ce qui reste de l’Empire byzantin, déjà moribond depuis la fin du XIe siècle et qui tombe finalement face aux Ottomans en 1453.
Origines du terme
Les contemporains désignent cette épidémie sous de nombreux termes : « grande pestilence », « grande mortalité », « maladie des bosses », « maladie des aines »1, et plus rarement « peste universelle »2 (qui doit être compris comme un équivalent de fléau universel). Le terme « peste noire » ou « mort noire » apparaît au XVIe siècle. Il semble que « noir » doive ici être pris au sens figuré (terrible, affreux), sans allusion médicale ou clinique1.
La popularité de l’expression serait due à la publication, en 1832, de l’ouvrage d’un historien allemand Justus Hecker(de) (1795-1850), Der schwarze Tod im vierzehnten Jahrhundert (« La Mort noire au XIVe siècle »). L’expression devient courante dans toute l’Europe. En Angleterre, le terme usuel de Black Death (mort noire) apparaît en 1843 dans un livre d’histoire destiné à la jeunesse1. Au début du XXIe siècle, Black Death reste le nom habituel de cette peste médiévale pour les historiens anglais et américains. En France, le terme « peste noire » est le plus souvent utilisé3.
Dans son ouvrage initial de 1832, Hecker dresse la liste des explications de l’emploi de l’adjectif « noir » : le deuil continu, l’apparition d’une comète noire avant l’épidémie, le fait qu’elle ait d’abord frappé les Sarrasins (à peau foncée), la provenance apparente de pays à pierres ou de terres noires, etc.1. Cet ouvrage est à la base de celui d’Adrien Phillippe4 paru en 1853 Histoire de la peste noire5.
Dans le langage médical français, jusqu’aux années 1970, le terme peste noire désignait plus particulièrement les formes hémorragiques de la peste septicémique ou de la peste pulmonaire6.
Épidémies précédentes
Le Moyen Âge fut traversé par de nombreuses épidémies, plus ou moins virulentes et localisées, et souvent mal identifiées (incluant grippe, variole et dysenteries)2 qui se déclenchèrent sporadiquement. Hormis peut-être le mal des ardents, qui est dû à une intoxication alimentaire, la plupart de ces épidémies coïncidèrent avec les disettes ou les famines qui affaiblissaient l’organisme. Le manque d’hygiène général et notamment la stagnation des eaux usées dans les villes, la présence de marais dans les campagnes favorisèrent également leur propagation. Ainsi, l’Artois est frappé à plusieurs reprises en 1093, 1188, 1429 et 1522.
La peste de Justinien (541-767) qui ravagea l’Europe méditerranéenne a été clairement identifiée comme peste due à Yersinia pestis. Elle fut sûrement à l’origine d’un déficit démographique pendant le haut Moyen Âge en Europe du Sud, et indirectement, de l’essor économique de l’Europe du Nord. Elle est considérée comme la première pandémie de peste ; sa disparition au VIIIe siècle reste énigmatique7.
L’absence de la peste en Europe dura six siècles. Quand l’Europe occidentale fut de nouveau touchée en 1347-1348, la maladie revêtit tout de suite, aux yeux des contemporains, un caractère de nouveauté et de gravité exceptionnelle, qui n’avait rien de commun avec les épidémies habituelles8. Pour les plus lettrés, les seules références connues pouvant s’en rapprocher étaient la peste d’Athènes et la peste de Justinien.
Contrairement à la peste de Justinien, qui fut essentiellement bubonique, la peste noire, due aussi à Yersinia pestis9, a pu revêtir deux formes : principalement bubonique10,11, mais aussi pulmonaire12, selon les circonstances.
Chroniqueurs et historiens
Histoire classique
Il ne manque pas d’écrits contemporains de la peste noire, comme la Nuova chronica du chroniqueur florentin Giovanni Villani, lui-même victime de la peste en 1348. Sa chronique s’arrête en 1346, mais elle est poursuivie par son frère Matteo Villani avec le récit détaillé de cette épidémie. Gabriel de Mussis(en) (1280-1356) de Plaisance est l’auteur d’un Historia de morbo en 134813.
De nombreux auteurs, médicaux ou non, ont donné par la suite avis et observations, mais une approche proprement historique de la peste médiévale n’apparaît qu’à la fin du XVIIIe siècle avec Christian Gottfried Gruner(de) (1744-1815) et Kurt Sprengel.
Le tournant décisif est pris en 1832 par Justus Hecker (voir section précédente) qui insiste sur l’importance radicale de la peste noire comme facteur de transformation de la société médiévale. L’école allemande place la peste noire au centre des publications médico-historiques avec Heinrich Haeser(de) (1811-1885), et August Hirsch (1817-1894). Ces travaux influencent directement l’école britannique, aboutissant au classique The Black Death (1969) de Philip Ziegler13.
Histoire multidisciplinaire
La découverte de la bactérie causale Yersinia pestis (1894), puis celle du rôle des rats et des puces, permettent de déterminer un modèle médical de la peste moderne dans la première moitié du XXe siècle. Ce modèle s’impose aux historiens pour expliquer et évaluer la peste médiévale. En même temps, ces chercheurs ont accès à de nouvelles sources locales officielles et semi-officielles, avec l’arrivée dans la deuxième moitié du XXe siècle de démographes, d’épidémiologistes et de statisticiens13.
Le modèle initial de Hecker, représentatif d’une « histoire-catastrophe », quasi apocalyptique, est corrigé et nuancé. La peste noire n’est plus un séparateur radical ou une rupture totale dans l’histoire européenne. Nombre de ses effets et de ses conséquences étaient déjà en cours dès le début du XIVe siècle ; ces tendances ont été exacerbées et précipitées par l’arrivée de l’épidémie. Le phénomène « peste noire » est mieux situé dans un contexte historique plus large à l’échelle séculaire d’un ou plusieurs cycles socio-économiques et démographiques13.
Un apport décisif est celui de Jean-Noël Biraben qui publie en 1975, Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens, où la peste noire (Europe occidentale ,1348-1352) n’est qu’un aspect particulier des épidémies de peste qui se succèdent jusqu’au XVIIIe siècle, englobant l’Europe de l’Est et le Moyen-Orient. Il est suivi en cela par nombre de chercheurs qui abordent la peste à différentes échelles spatio-temporelles, pas forcément centrées sur la peste noire du milieu du XIVe siècle, la plus connue du grand public.
À la fin du XXe siècle, l’étude de la peste noire médiévale apparaît de plus en plus comme multidisciplinaire avec le traitement des données par informatique, l’arrivée de nouvelles spécialités comme l’archéozoologie, la paléomicrobiologie ou la palynologie. Si les notions initiales des premiers historiens paraissent se confirmer en général, la peste noire historique comporte encore de nombreux problèmes en suspens, non ou mal expliqués. Au début du XXIe siècle, elle reste un objet vivant de recherches : mise en cause de données acquises, disputes et controverses avec pluralité de points de vue13,17,18.
Nature de la maladie
Le premier savoir biomédical moderne sur la peste est fondé sur les travaux menés dans la première moitié du XXe siècle à l’occasion de la troisième pandémie de peste, dite peste de Chine ou peste de Hong Kong. Cette troisième pandémie a donc servi de modèle pour expliquer la peste noire (début de la deuxième pandémie de peste)19.
Cependant, à partir des années 1970, des historiens et des épidémiologistes notent d’importantes différences entre la peste médiévale et les pestes modernes du XXe siècle. Par exemple, la peste médiévale a un taux de mortalité très élevé par rapport à la peste moderne (d’avant les antibiotiques), et elle se diffuse beaucoup plus vite. De plus les chroniqueurs européens médiévaux ne mentionnent pas de mortalité chez les rats19,13.
Quelques auteurs ont alors proposé d’autres hypothèses : la peste noire serait une maladie du charbon, une fièvre hémorragique virale pulmonaire, voire « toute maladie autre que la peste bubonique transmise par puce du rat ». D’autres comme une peste, mais transmise différemment par puce de l’homme (sans avoir besoin de rat)19,13.
En 1998, des microbiologistes ont pu mettre en évidence la présence d’ADN de Yersinia pestis dans la pulpe dentaire de squelettes retrouvés sur des sites de la deuxième pandémie20. Ces premiers travaux, d’abord contestés, ont été confirmés dans les années 2010, y compris pour la peste noire médiévale21,22,23.
Quoiqu’il existe de nombreuses questions non résolues, la très grande majorité des auteurs (historiens, épidémiologistes, microbiologistes…) considèrent que la peste noire, comme la peste de Justinien (première pandémie de peste), est bien la peste (bubonique ou pneumonique) causée par le bacille Yersinia pestis19,13.
Chronologie
Origines
Hypothèses
Les historiens sont en désaccord sur l’origine géographique exacte de la peste noire, mais ils sont unanimes sur son arrivée par la route de la soie, par le nord ou par le sud de la mer Caspienne24,25.
Principales routes de la soie, à la fin de l’Antiquité.
Pour les chroniqueurs musulmans andalous, comme Ibnul Khatib de Grenade, l’épidémie vient de Chine. Ils s’appuient sur le témoignage de marchands venant de Samarcande. Ils rapportent aussi une rumeur circulant chez les voyageurs chrétiens selon laquelle la peste est venue d’Abyssinie. La thèse de l’origine chinoise est reprise jusqu’au début du XXe siècle par des auteurs qui ne font, le plus souvent, que se recopier24. Elle s’appuie principalement sur Joseph de Guignes (1758) qui, en citant des annales chinoises, atteste que la capitale est atteinte en 133426.
Quelques chroniqueurs chrétiens voient l’origine de la maladie aux Indes, Giovanni Villani y fait allusion en parlant de feux souterrains et de pluies d’insectes dans ces pays. Des auteurs plus modernes situent l’origine sur les pentes sud de l’Himalaya, en surinterprétant le témoignage d’Ibn Battûta sur une épidémie sévissant à Mathura en 1332 (confusion probable avec Matrah selon Jean-Noël Biraben, en 1975)24.
Depuis le dernier quart du XXe siècle, les historiens ont tendance à déplacer l’origine de la peste noire vers la mer Noire et le sud de la Russie, réduisant la distance du trajet de la peste noire. Les uns s’appuient sur des données phylogénétiques de Yersinia pestis pour localiser l’origine de la peste noire au Kurdistan irakien, d’autres se basent sur des chroniques médiévales russes pour la placer entre le bassin du Don et celui de la Volga25.
Extension de la peste noire 1346-1351, hypothèse de l’Asie centrale.
Si des historiens s’appuient sur l’existence d’une Pax Mongolica favorisant le commerce, d’autres opposent les troubles politico-militaires de l’islamisation de chefs mongols (ce serait alors les guerres et non le commerce qui facilitent l’épidémie)24.
Déroulement
En 1346, les Mongols de la Horde d’orassiégèrent Caffa, comptoir et port génois des bords de la mer Noire, en Crimée. L’épidémie, ramenée d’Asie centrale par les Mongols, toucha bientôt les assiégés, car les Mongols catapultaient les cadavres des leurs par-dessus les murs pour infecter les habitants de la ville31. Cependant, pour Boris Bove il est plus plausible d’imaginer que la contamination des Génois fut le fait des rats passant des rangs mongols jusque dans la ville31, ou selon une théorie récente, plutôt des gerbilles32.
Le siège fut levé, faute de combattants valides en nombre suffisant : Génois et Mongols signèrent une trêve. Les bateaux génois, pouvant désormais quitter Caffa, disséminèrent la peste dans tous les ports où ils faisaient halte : Constantinople est la première ville touchée en 134733, puis la maladie atteignit Messine fin septembre 134734, Gênes et Marseille en novembre de la même année. Pise est atteinte le premier janvier 1348, puis c’est le tour de Spalato, la peste gagnant les ports voisins de Sebenico et de Raguse, d’où elle passe à Venise le 25 janvier 1348. En un an, la peste se répandit sur tout le pourtour méditerranéen8.
Dès lors, l’épidémie de peste s’étendit à toute l’Europe du sud au nord, y rencontrant un terrain favorable : les populations n’avaient pas d’anticorps contre cette variante du bacille de la peste, et elles étaient déjà affaiblies par des famines répétées35, des épidémies36, un refroidissement climatique sévissant depuis la fin du XIIIe siècle, et des guerres37.
Entre 1345 et 1350, le monde musulman et la région du croissant fertile sont durement touchés par la pandémie. Partie de Haute-Égypte, elle touche Alexandrie, Le Caire en septembre 1348, atteint la Palestine, touche successivement Acre, Sidon, Beyrouth, Tripoli et Damas en juin de la même année. Au plus fort de l’épidémie, Damas perd environ 1 200 habitants par jour et Gaza est décimée. La Syrie perd environ 400 000 habitants, soit un tiers de sa population. C’est après avoir ravagé l’Égypte, le Maghreb et l’Espagne qu’elle se répand finalement en Europe38.
La diffusion rapide de la peste est à imputer à l’arrivée du Rat noir en Europe. Natif d’Asie, il s’est rapidement propagé par les navires de commerces. Rattus rattus est le réservoir de la peste bubonique, dont le bacille est transmis à l’Homme via des puces, elles autochtones d’Europe.
La peste noire se répand comme une vague et ne s’établit pas durablement aux endroits touchés. Le taux de mortalité moyen — environ trente pour cent de la population totale et soixante à cent pour cent de la population infectée — est tel que les plus faibles périssent rapidement, et le fléau ne dure généralement que six à neuf mois. Seulement cette épidémie de peste a duré plusieurs années à cause des rats et des puces, vecteurs de la maladie, qui entretenaient les contaminations.
Cette progression n’est pas homogène, les régions n’étant pas toutes touchées de la même façon. Des villages, et même certaines villes sont épargnés comme Bruges, Milan et Nuremberg, au prix de mesures d’exclusion drastiques, et il en est de même pour le Béarn et la Pologne (carte ci-contre).
Afrique sub-saharienne
On a longtemps supposé que la peste, actuellement endémique dans une partie de l’Afrique, était arrivée sur ce continent depuis l’Inde et/ou la Chine au XIXe siècle. Des indices, notamment examinés par le programme de recherche GLOBAFRICA de l’Agence nationale de la recherche française, laissent cependant penser qu’on a sous-estimé la présence et les effets de l’épidémie dans la zone subsaharienne médiévale40.
À cause du manque d’archives écrites pour cette région et du peu de traces archéologiques dans les zones de forêt tropicale, les historiens et archéologues ont d’abord estimé que la bactérie Yersinia pestis n’avait pas traversé le Sahara vers le sud via les puces et rats ou des navires marchands côtiers. On n’avait pas non plus retrouvé dans ces régions de grandes « fosses à peste » comme en Europe. Et les récits d’explorateurs venus d’Europe aux XVe et XVIe siècles ne rapportent pas de témoignages sur une grande épidémie40.
Depuis, l’archéologie s’est alliée à l’histoire et à la génétique, plaidant pour une possible dévastation de la zone subsaharienne par la peste à l’époque médiévale. Elle s’y serait propagée via les voies commerciales reliant alors ces régions à d’autres continents40.
À Akrokrowa (Ghana) les archéologues ont trouvé une communauté agricole médiévale très développée qui a subi un effondrement démographique au moment même où la peste noire ravageait l’Eurasie et l’Afrique du Nord, puis des découvertes similaires ont été faites dans le cadre du projet GLOBAFRICA pour des périodes situées au XIVe siècle à Ife (Nigeria chez les Yorubas), de même sur un site étudié à Kirikongo (Burkina Faso) où la population semble avoir été brutalement divisée par deux durant la seconde moitié du XIVe siècle. Dans ces cas il n’y a pas de signes contemporains de guerre ou de famine, ni de migration. Ces changements évoquent ceux observés ailleurs, notamment dans les îles britanniques lors de la peste justinienne du VIe au VIIIe siècle40.
Les archives historiques éthiopiennes ont aussi commencé à livrer des mentions d’épidémies jusqu’ici ignorées pour la période allant du XIIIe au XVe siècle, dont l’une évoque une maladie qui a tué « un si grand nombre de gens que personne n’a été laissé pour enterrer les morts » et au CNRS, une historienne (Marie-Laure Derat) a découvert qu’au XVe siècle, deux saints européens adoptés par la culture et l’iconographie éthiopienne ancienne étaient associés à la peste (Saint Roch et Saint Sébastien)40. En 2016 les généticiens ont aussi mis en évidence un sous-groupe distinct de Y. pestis qui pourrait être arrivé en Afrique de l’Est vers le XVe – XVIe siècle, uniquement trouvé en Afrique orientale et centrale, phylogénétiquement proche de l’une des souches connue pour avoir dévasté l’Europe au XIVe siècle (c’est même le parent encore vivant de la peste noire le plus proche note une historienne de la peste Monica Green)41. Un autre variant de la bactérie (aujourd’hui disparu) avait déjà sévi dans l’ouest de l’Afrique et peut-être même au-delà. Pour étayer cette hypothèse, de l’ADN ancien est cependant encore nécessaire40.
Guerres et peste
Les rapports entre la guerre et la peste s’expliquent de diverses façons selon les historiens, et il n’est pas toujours facile de distinguer entre les causes et les conséquences.
Guerre de Cent Ans
Les effets de la guerre de Cent Ans paraissent limités, car elle n’est jamais totale (étendue géographique, et dans le temps – existence de trêves). L’impact démographique direct est faible et ne concerne que la noblesse, quoique des massacres de populations civiles soient attestés (Normandie, région parisienne). Il n’en est pas de même pour les conséquences indirectes liées à l’économie de guerre (pillage, rançon, impôts) : la misère, l’exode, la mortalité sont aggravés. Le bon sens populaire associe la guerre et la peste dans une même prière : « Délivre-nous, Seigneur, de la faim, de la peste et de la guerre »42.
La peste frappe Anglais et Français, assiégeants et assiégés, militaires et civils, sans distinction. Cette mortalité par peste est sans commune mesure avec les pertes militaires au combat (une armée de plus de dix mille hommes est exceptionnelle à l’époque). La guerre tue par milliers sur un siècle, la peste par millions en quelques années. La peste est l’occasion d’interrompre la guerre de Cent Ans (prolongation de la trêve de Calais en 1348), mais elle n’en change guère le cours en profondeur43. La proximité de la peste limite les opérations (évitement des zones où la peste sévit). Des bandes armées ont pu disséminer la peste, mais aucune armée n’a été décimée par la peste durant la guerre de Cent Ans44.
Autres conflits
D’autres historiens insistent sur l’influence de la peste sur le déroulement des opérations militaires, surtout en Méditerranée : la fin du siège de Caffa, la mort d’Alphonse XI lors du siège de Gibraltar, la réduction des flottes de guerre de Venise et de Gênes, l’ouverture de la frontière nord de l’Empire byzantin, la dispersion de l’armée de Abu Al-Hasan après la bataille de Kairouan (1348), l’arrêt de la Reconquista pour plus d’un siècle45, etc.
Conséquences démographiques et socio-économiques
La peste eut d’importantes conséquences démographiques, économiques, sociales et religieuses.
Les sources documentaires sont assez éparses et couvrent généralement une période plus longue, mais elles permettent une approximation assez fiable. Les historiens s’entendent pour estimer la proportion de victimes entre 30 et 50 % de la population européenne, soit entre 25 et 45 millions de personnes46. Les villes sont plus durement touchées que les campagnes, du fait de la concentration de la population, et aussi des disettes et difficultés d’approvisionnement provoquées par la peste (chute de la production céréalière dans les campagnes).
Au niveau mondial, il faut ajouter les morts de l’empire byzantin, du monde musulman, du Moyen-Orient, de la Chine et de l’Inde, dont les données sont peu connues. Adrien Philippe estimait les pertes comme suit :
« Le tiers au moins de la population européenne a été emportée par le fléau. L’Europe comptant aujourd’hui 210 millions d’habitants (en 1853), on peut sans exagérer porter à 110 millions la population de ce continent au XIVe siècle [ce chiffre parait aujourd’hui surestimé, on pense que l’Europe pouvait compter environ 75 millions d’habitants]. Cette partie du monde a donc perdu 37 millions d’habitants, auxquels il faut ajouter les 13 millions de la Chine [selon l’historien arabe Aboul Mahassen (1411-1470) cité p. 13], et les 24 millions des autres contrées de l’Asie et de l’Afrique (du Nord) [Rapport fait au Pape Clément VI, cité p. 15] : ce qui élève le total pour le monde entier à 74 millions. C’est le minimum5. » [Adrien Philippe, p. 138-139].
En effet, la population de la Chine aurait diminué de moitié entre 1200 et 1400 (passant de 120 à 65 millions), du fait de l’invasion mongole, de catastrophes climatiques, de famines et de la peste, dont il est difficile de mesurer les parts respectives ; par ailleurs, des recherches archéologiques récentes faites en Afrique subsaharienne, non seulement sur la côte Est, activement fréquentée par les Arabes, mais aussi à l’Ouest, le long du golfe de Guinée, ont révélé l’existence de nombreuses cités abandonnées à cette époque, sans trace de violence, mais en des lieux devenus tabous et désertés ; on constate aussi la disparition (provisoire) de certaines techniques comme l’art du bronze. Il conviendrait donc d’ajouter environ 20 millions d’Africains à ce bilan.
Selon les sources, la peste noire aurait fait entre 75 et 200 millions de morts au XIVe siècle47,48 ; mais en réalité, les sources universitaires attribuent le chiffre de 200 millions de victimes à l’ensemble des trois épidémies mondiales de peste, depuis la peste de Justinien (541-767) jusqu’au début du XXIe siècle49,50. Cette pandémie fut certainement la plus considérable de l’histoire, avec une létalité des malades supérieure à 50 %, et une mortalité d’environ 20 % de la population mondiale (30 % sur les trois continents touchés), qui comptait alors 420 à 450 millions d’individus51, et qui tomba à 360 millions. Par comparaison, la grippe espagnole (1917-1922) a peut-être tué 100 millions de personnes en chiffres absolus, mais sur une population de 1,8 milliard, soit moins de 6 %, ce qui, joint aux pertes de la guerre mondiale, explique son moindre impact dans l’imaginaire collectif de l’époque.
Il existait déjà une récession économique depuis le début du XIVe siècle, à cause des famines et de la surpopulation (il y eut en 1315-1317 une grande famine européenne qui stoppa l’expansion démographique et prépara le terrain à l’épidémie).
Cette récession se transforme en chute brutale et profonde avec la peste noire et les guerres. La main-d’œuvre vint à manquer et son coût augmenta, en particulier dans l’agriculture. De nombreux villages furent abandonnés, les moins bonnes terres retournèrent en friche et les forêts se redéveloppèrent. En France, la production céréalière et celle de la vigne chutent de 30 à 50 % selon les régions42.
Les propriétaires terriens furent contraints de faire des concessions pour conserver (ou obtenir) de la main-d’œuvre, ce qui se solda par la disparition du servage. Les revenus fonciers s’effondrèrent à la suite de la baisse du taux des redevances et de la hausse des salaires ; le prix des logements à Paris fut divisé par quatre52.
Les villes se désertifièrent les unes après les autres, la médecine de l’époque n’ayant ni la connaissance de la cause de l’épidémie ni les capacités de la juguler. Cette désertification est compensée par un exode rural pour repeupler les villes, dans un rayon moyen de 30 à 40 km autour des villes et des gros bourgs53.
Mortalité et démographie
La France ne retrouva son niveau démographique de la fin du XIIIe siècle que dans la seconde moitié du XVIIe siècle.
En France, entre 1340 et 1440, la population a décru de 17 à 10 millions d’habitants, une diminution de 41 %. La France avait retrouvé le niveau de l’ancienne Gaule. Le registre paroissial de Givry, en Saône-et-Loire, l’un des plus précis, montre que pour environ 1 500 habitants, on a procédé à 649 inhumations en 1348, dont 630 de juin à septembre, alors que cette paroisse en comptait habituellement environ 40 par an : cela représente un taux de mortalité de 40,6 %. D’autres registres, comme celui de l’église Saint-Nizier de Lyon, confirment l’ordre de grandeur de Givry (30 à 40 %)54.
Une source indirecte de mortalité est l’étude des séries de legs et testaments enregistrés. Par exemple, les historiens disposent des données de Besançon et de Saint-Germain-l’Auxerrois, qui montrent que les legs et les testaments décuplent en 1348-1349 par rapport à 1347, mais l’interprétation en est délicate. « La mortalité précipite les hommes non seulement chez leur confesseur mais aussi chez leur notaire […] mais [cela] ne permet pas de la mesurer, car il dépend autant, sinon plus, de la peur de la maladie qui multiplie les legs pieux que des ravages de la peste elle-même »55.
C’est l’Angleterre qui nous a laissé le plus de témoignages ce qui, paradoxalement, rend l’estimation du taux de mortalité plus ardue, les historiens fondant leurs calculs sur des documents différents : les chiffres avancés sont ainsi entre 20 et 50 %. Cependant, les estimations de population entre 1300 et 1450 montrent une diminution située entre 45 et 70 %. Même si là encore la baisse de population était en cours avant l’éclosion de la peste, ces estimations rendent le 20 % peu crédible, ce taux étant fondé sur des documents concernant des propriétaires terriens laïcs qui ne sont pas représentatifs de la population, essentiellement paysanne et affaiblie par les disettes.
Dans le reste de l’Europe, les historiens tentent d’approcher la mortalité globale par des études de mortalité de groupes socio-professionnels mieux documentés (médecins, notaires, conseillers municipaux, moines, évêques). En Italie, il est communément admis par les historiens que la peste a tué au moins la moitié des habitants. Seule Milan semble avoir été épargnée, quoique les sources soient peu nombreuses et imprécises à ce sujet. Des sources contemporaines citent des taux de mortalité effrayants : 80 % des conseillers municipaux à Florence, 75 % à Venise, etc. En Espagne, la peste aurait décimé de 30 à 60 % des évêques56.
En Autriche, on a compté 4 000 victimes à Vienne, et 25 à 35 % de la population mourut. En Allemagne, les populations citadines auraient diminué de moitié, dont 60 % de morts à Hambourg et Brême57.
Empire byzantin
L’Empire byzantin est durement touché lui aussi par la peste, il connaîtra 9 vagues épidémiques majeures du XIVe siècle au XVe siècle (de 1347 à 1453) d’une durée moyenne de trois ans espacées d’une dizaine d’années. La peste touche particulièrement Constantinople, le Péloponnèse, la Crète et Chypre. Cependant, l’Empire byzantin est aussi affaibli par des défaites militaires, des guerres civiles ou des tremblements de terre, en sorte que la peste noire accentue son déclin, mais ne le provoque pas.
L’histoire médiévale de cette région montre que les ambitions économiques, politiques et militaires étaient plus fortes que la peur de la peste. Le commerce et la guerre contribuent à propager la maladie, les hommes finissant par intégrer la peste comme une part de leur vie33. Après la chute de Constantinople, l’Empire ottoman subira aussi de graves épidémies de peste jusqu’à la fin du XVIe siècle.
Monde musulman
Ibn Khaldoun, philosophe et historien musulman du XIVe siècle, de Tunis, évoque dans son autobiographie la perte de plusieurs membres de sa famille dont sa mère en 1348 et son père en 1349, de ses amis et de ses professeurs à cause de la peste. Il évoquera à plusieurs reprises ces événements tragiques, notamment dans la Muqaddima (traduite en Prolégomènes)58 :
« Une peste terrible vint fondre sur les peuples de l’Orient et de l’Occident ; elle maltraita cruellement les nations, emporta une grande partie de cette génération, entraîna et détruisit les plus beaux résultats de la civilisation. Elle se montra lorsque les empires étaient dans une époque de décadence et approchaient du terme de leur existence ; elle brisa leurs forces, amortit leur vigueur, affaiblit leur puissance, au point qu’ils étaient menacés d’une destruction complète. La culture des terres s’arrêta, faute d’hommes ; les villes furent dépeuplées, les édifices tombèrent en ruine, les chemins s’effacèrent, les monuments disparurent ; les maisons, les villages, restèrent sans habitants ; les nations et les tribus perdirent leurs forces, et tout le pays cultivé changea d’aspect59. »
Le bilan humain en Méditerranée orientale est difficile à évaluer, faute de données fiables (manque de données démographiques, difficulté à interpréter les chroniques)33. On cite quelques données significatives : la plus grande ville de l’islam à cette époque était Le Caire avec près de 500 000 habitants, sa population chute en quelques années à moins de 300 000. La ville avait 66 raffineries de sucre en 1324, elle en a 19 en 1400. Le repeuplement des grandes villes se fait aux dépens des campagnes, dans un contexte de disettes et de crises économiques et monétaires. En Égypte, le dirham d’argent est remplacé par du cuivre. Alexandrie qui comptait encore 13 000 tisserands en 1394, n’en compte plus que 800 en 143460.
Réactions collectives
Face à la peste, et à l’angoisse de la peste, les populations réagissent par la fuite, l’agressivité ou la projection. La fuite est générale pour ceux qui en ont la possibilité. Elle se manifeste aussi dans le domaine moral, par une fuite vers la religion, les médecins, charlatans et illuminés, ou des comportements par mimétisme (manie dansante, hystérie collective…)61.
L’agressivité se porte contre les Juifs et autres prétendus semeurs de peste (lépreux, sorcières, mendiants…), ou contre soi-même (de l’auto-flagellation jusqu’au suicide). La projection est l’œuvre des artistes : les figurations de la peste et leurs motivations seraient comme une sorte d’exorcisme, modifiant les sensibilités61, en particulier les danses macabres62.
Les réactions les plus particulières à l’époque de la peste noire sont les violences contre les Juifs et les processions de flagellants61. Le Juif Agimet de Genève par exemple aurait été envoyé à Venise, en Calabre, en Apulie et encore à Toulouse par le rabbin Peyret de Chambray’ avec des doses de poisons à placer dans des puits63.
En juillet, le roi de France Philippe VI fait traduire en justice des Juifs accusés d’avoir empoisonné les puits. Six Juifs sont pris à Orléans et exécutés. Le 6 juillet, le pape Clément VI d’Avignon proclame une bulle en faveur des Juifs, montrant que la peste ne fait pas de différences entre les Juifs et les chrétiens, il parvient à prévenir les violences au moins dans sa ville. Ce n’est pas le cas dans le comté de Savoie qui, au mois d’août, devient le théâtre de massacres. Le comte Amédée VI tente de protéger puis laisse massacrer les Juifs du ghetto de Chambéry. En septembre 1348, des Juifs de la région du château de Chillon sur le lac Léman, sont torturés jusqu’à ce qu’ils avouent, faussement, avoir empoisonné les puits66. Leurs confessions provoquent la fureur de la population qui se livre à des massacres et à des expulsions. En octobre, les massacres continuent dans le Bugey, à Miribel et en Franche-Comté67.
Les Ashkénazes d’Allemagne sont victimes de pogroms. Trois cents communautés sont détruites ou expulsées. Six mille Juifs sont tués à Mayence. Nombre d’entre eux fuient vers l’est, en Pologne et en Lituanie.
Plusieurs centaines de Juifs sont brûlés vifs lors du pogrom de Strasbourg le 14 février134968, d’autres sont jetés dans la Vienne à Chinon. En Autriche, le peuple, pris de panique, s’en prend aux communautés juives, les soupçonnant d’être à l’origine de la propagation de l’épidémie, et Albert II d’Autriche doit intervenir pour protéger ses sujets juifs69.
Interprétations
Si les accusations contre les Juifs ont été largement répandues dans toute l’Europe occidentale, les violences se concentrent dans des régions bien limitées (essentiellement l’axe économique Rhône-Rhin). En Angleterre, les Juifs sont accusés, mais non persécutés, à cause de leur évidente pauvreté (les banquiers et riches commerçants juifs ont été expulsés par Édouard Ier en 1290). En Scandinavie, on accuse aussi les Juifs d’empoisonner les puits, mais il n’y a pas de Juifs en Scandinavie. Les chroniqueurs arabes, de leur côté, ne mentionnent pas de persécutions contre les Juifs à l’occasion d’épidémies de peste70.
Un autre facteur est l’importance des communautés médicales juives en Provence. Du tiers à la moitié des médecins provençaux connus du XIIe siècle au XVe siècle étaient juifs. La petite ville de Trets comptait six médecins juifs et un chrétien au XIVe siècle71. L’arrivée de la peste noire en Provence met à nu l’impuissance de la médecine, et par là, celle des Juifs, dont le savoir des remèdes se serait retourné contre eux. On croit qu’ils reçoivent, par la mer, des sachets de venin réduits en poudre qu’ils sont chargés de répandre72.
Selon J.N. Biraben, la richesse des Juifs aurait pu jouer un rôle, à cause de leur situation de prêteurs, faisant appel aux autorités pour faire régler leurs débiteurs. La peste aurait mis le feu aux poudres, les héritiers des morts de peste se retrouvant débiteurs ; cela est bien documenté pour la région de Strasbourg, mais reste hypothétique ailleurs73. Selon l’historien Samuel Kline Cohn, les persécutions sont le fait de personnes de haut rang qui les planifient avant de les mettre en œuvre, non pas tant pour des raisons économiques, que pour des raisons sacrificielles. Dans les villes allemandes, les massacres précèdent l’épidémie, ce qui indiquerait qu’ils étaient censés apaiser la colère divine74.
Trésors de peste
Bague juive de mariage, début du XIVe siècle, or ciselé et émaillé, du trésor de Colmar.
Lorsque les violences s’approchent des régions rhénanes, durant l’hiver 1348-1349, les familles juives d’Allemagne cachent monnaies et objets précieux dans ou autour de leur maison. De nombreux trésors furent enterrés ou emmurés, puis abandonnés à la mort ou la fuite de leurs propriétaires. Plusieurs de ces trésors ont été retrouvés, témoignant de la vie et de la culture juive médiévale en Europe75.
Parmi les trésors étudiés les plus importants, le premier a été trouvé à Weissenfels en 1826, d’autres à Colmar (1863), Bâle (1937), Cologne (1953)… Le plus récent a été découvert à Erfurt en 1998.
Le trésor de Colmar appartient au musée de Cluny de Paris75 qui l’a exposé avec le trésor d’Erfurt du 25 avril au 3 septembre 2007. Ces trésors sont identifiés par leur lieu de découverte, leur datation et la présence caractéristique de bagues de mariage juives76.
Des groupes de flagellants se formèrent, tentant d’expier les péchés, avant la parousie, dont ils pensaient que la peste était un signe annonciateur. Cependant ces groupes restaient extrêmement marginaux, la plupart des chrétiens firent face au fléau par une piété redoublée, mais ordinaire et encadrée par un clergé qui réprouvait les excès77.
Danses maniaques
La disparition d’une partie du clergé entraîne une résurgence de comportements superstitieux ou inhabituels, liés à une contagion par imitation lors de stress collectifs. C’est notamment le cas de la manie dansante ou épidémie de danse de saint Guy (ou saint Vit ou Vitus)78.
Déjà signalée dans les populations germaniques au XIIIe siècle, une manie dansante survient en Lusace, près de la Bohême, en 1349 à l’approche de la peste noire. Des femmes et jeunes filles se mettent à danser devant un tableau de la Vierge78. Elles dansent nuit et jour, jusqu’à l’effondrement, puis se relèvent et recommencent après un sommeil réparateur79.
En juillet 1374, dans plusieurs villes du Rhin moyen, des centaines de jeunes couples se mettent à danser et chanter, circulant dans toute la région. Les spectateurs les imitent et se joignent à eux. Le mauvais temps les arrête en novembre, mais chaque été, ils recommencent jusqu’en 1381. Le clergé parvient à les contrôler en les conduisant en pèlerinage78.
Le phénomène se retrouve en 1414 à Strasbourg pour se répandre en Allemagne, il se répète en 1463 à Metz78. Le plus documenté est l’épidémie dansante de 1518 à Strasbourg, liée à des tensions sociales et économiques, et aux menaces répétées et imprévisibles d’épidémies de peste79.
Le rapport entre ces danses maniaques et le thème artistique de la danse macabre reste peu clair79.
Moyens thérapeutiques
La médecine du XIVe siècle était impuissante face à la peste qui se répandait. Les médecins utilisaient plusieurs moyens simultanément, car nul traitement unique n’avait de succès ou même n’était meilleur qu’un autre. La médecine galénique, basée sur la théorie humorale, privilégiait les remèdes internes, mais dès le début de la peste noire, elle tend à être supplantée par une théorie miasmatique basée sur un « venin » ou « poison ». Le poison de la peste pénètre le corps à partir de l’air infect ou par contact (personne ou objet).
Toutes ces théories pouvaient se combiner : la peste est une pourriture des humeurs due à un poison transmissible par air ou par contact. Ce poison est un principe de corruption provenant des profondeurs de la terre (substances en putréfaction), qui s’élève dans l’air, à la suite d’un phénomène « météo-géologique » (tremblement de terre, orage…) ou astronomique (conjonction de planètes, passage de comète…), et qui retombe sur les humains80.
La distinction entre moyens médicaux, religieux, folkloriques ou magiques est faite par commodité, mais l’ensemble de ces moyens était largement accepté par les médecins savants de l’époque81.
Remèdes externes
Ils ont pour but soit d’empêcher la pénétration du poison, soit de faciliter sa sortie. Contre l’air empoisonné, on se défend par des fumigations de bois ou de plantes aromatiques.
Les médecins arabes avaient remarqué que les survivants de peste étaient plutôt ceux dont les bubons avaient suppuré (vidés de leur pus). Selon leur avis, les chirurgiens de peste incisaient ou cautérisaient les bubons. Ils le faisaient dans des conditions non stériles, occasionnant souvent des surinfections.
De nombreux onguents de diverses compositions (herbes, minéraux, racines, térébenthine, miel…) pouvaient enduire les bubons et le reste du corps (à visée préventive ou curative). On utilisait parfois des cataplasmes à base de produits répugnants (crapauds, asticots, bile et fiente d’origines diverses…) selon l’idée que les poisons attirent les poisons82. Ainsi les parfums empêchent la pénétration du poison, et les mauvaises odeurs facilitent sa sortie.
Les saignées avaient pour but d’évacuer le sang corrompu, ce qui le plus souvent affaiblissait les malades.
Les bains chauds, les activités physiques qui provoquent la sudation comme les rapports sexuels sont déconseillés, car ils ouvrent les pores de la peau rendant le corps plus vulnérable aux venins aériens.
Remèdes internes
La médecine de Galien insiste sur les régimes alimentaire et de vie. Selon la théorie des humeurs, la putréfaction est de nature « chaude et humide », elle doit être combattue par des aliments de nature « froide et sèche », faciles à digérer. La liste et les indications de tels aliments varient selon les auteurs de l’époque83.
Une attitude morale tempérée est protectrice car les principales passions qui ouvrent le corps à la pestilence sont la peur, la colère, le désespoir et la folie.
Les contre-poisons utilisés sont des herbes telles que la valériane, la verveine, ou des produits composés complexes connus depuis l’Antiquité comme la thériaque. Les antidotes minéraux sont des pierres ou métaux précieux, décapés ou réduits en poudre, pour être avalés en jus, sirop, ou liqueur : or, émeraude, perle, saphir82.
Les remèdes visent à expulser le poison, ce sont les émétiques, les purgatifs, les laxatifs, ce qui épuisait les malades plus qu’autre chose.
L’Église organise des processions religieuses solennelles pour éloigner les démons84, ou des actes de dévotion spectaculaire pour apaiser la colère divine, par exemple la confection de cierges géants, la procession à pieds nus, les messes multiples simultanées ou répétées85.
Le culte à la Vierge cherche à répéter le miracle survenu à Rome en 590. Cette année-là, lors de la peste de Justinien, une image de la vierge censée peinte par saint Luc, promenée dans Rome, dissipa aussitôt la peste. À ce culte s’ajoute celui des saints protecteurs de la peste : saint Sébastien et saint Roch86.
Des amulettes et talismans sont portés comme le symbole visible d’un pouvoir invisible, par les Juifs, les chrétiens et les musulmans. Les musulmans portent des anneaux où sont inscrits des versets du Coran, quoique l’opinion des lettrés diverge sur ce point, de nombreux textes musulmans sur la peste recommandent des amulettes, incantations et prières contre la peste provenant non pas d’Allah, mais des démons ou djinns81.
En Occident, en dépit de la désapprobation de l’Église, les chrétiens utilisent charmes, médaillons, textes de prière suspendus autour du cou. L’anneau ou la bague ornée d’un diamant ou d’une pierre précieuse, portée à la main gauche, vise à neutraliser la peste et tous les venins. C’est l’origine magique, à partir de la pharmacopée arabe, du solitaire ou bague de fiançailles des pays occidentaux87.
Les processions de flagellants, notamment à partir de 1349, sont mises en avant comme un effort pour détourner le châtiment divin, tel qu’est perçu le fléau88
Mesures sociales
Gestion des décès
Par leur nombre, les morts ont posé un problème aigu au cours de la peste noire. D’abord pour les évaluer, l’habitude sera prise de recensements réguliers, avant et après chaque épidémie. Le clergé sera chargé d’établir les enregistrements des décès et l’état civil. De nouveaux règlements interdisent de vendre les meubles et vêtements des morts de peste. Leurs biens, voire leur maison, sont souvent brûlés. Dès 1348, des villes établissent de nouveaux cimetières extra muros, Il est désormais interdit d’enterrer autour des églises, à l’intérieur même des villes, comme on le faisait auparavant89.
Les règlements de l’époque indiquent que l’on devait enterrer les cadavres de pestiférés au plus tard six heures après la mort. La tâche est extrêmement dangereuse pour les porteurs de morts, qui viennent bientôt à manquer. On paye de plus en plus cher les ensevelisseurs qui seront, dans les siècles suivants, affublés de noms et d’accoutrements divers selon les régions (vêtus de cuir rouge avec grelots aux jambes, ou de casaques noires à croix blanche)90.
En dernière ressource on utilise la main-d’œuvre forcée : prisonniers de droit commun, galériens, condamnés à mort… à qui on promet grâce ou remises de peine. Ces derniers passent dans les maisons ou ramassent les cadavres dans les rues pour les mettre sur une charrette. Ils sont souvent ivres, voleurs et pilleurs. Des familles préfèrent enterrer leurs morts dans leur cave ou jardin, plutôt que d’avoir affaire à eux90.
Lorsque les rites funéraires d’enterrement y compris en fosse commune ne sont plus possibles de par l’afflux de victimes, les corps peuvent être immergés comme en la Papauté d’Avignon dans le Rhône en 1348, dont les eaux ont été bénies pour cela par le Pape. De même, à Venise des corps sont jetés dans le Grand Canal, et un service de barges est chargé de les repêcher91. Les sources mentionnent rarement l’incinération de cadavres, comme à Catane en 1347 où les corps des réfugiés venus de Messine sont brûlés dans la campagne pour épargner à la ville la puanteur des bûchers89.
Pour les trois religions monothéistes, le respect du mort est essentiel, la promesse de vie éternelle et de résurrection dissuade en fait toute crémation ou autre forme de destruction de l’intégrité corporelle. Le rite funéraire est simplifié et abrégé, mais maintenu autant que possible, mais lorsque les membres du clergé eux-mêmes disparaissent, mourir de peste sans aucun rituel devient encore plus terrifiant pour les chrétiens. En pays d’islam, la difficulté de maintenir les rites est plus supportable pour les musulmans car mourir de peste fait partie des cinq martyrs (chahid). Comme la mort lors du djihad, elle donne accès immédiat au Paradis92.
En Occident, durant la peste noire, la lutte contre les pillages et les violences de foule est d’abord assurée par les sergents de ville ordinaires. Plus tard, les conseils municipaux engageront des troupes spéciales chargées de garder, en temps de peste, les villes désertées par leurs habitants93.
Règlements sanitaires
Au début du XIVe siècle, les règlements d’hygiène publique sont pratiquement inexistants, à l’exception de quelques grandes villes d’Italie comme Florence (surveillance du ravitaillement, dont la qualité des viandes, et de la santé des habitants). La peste noire prend la population au dépourvu et elle sera le point de départ des administrations de santé en Europe. Dès 1348 (première année de la peste noire), plusieurs villes italiennes se dotent d’un règlement de peste : Pistoie, Venise, Milan, Parme, etc., tout comme Gloucester en Angleterre. Ces villes interdisent l’entrée des voyageurs et des étrangers venant de lieux infectés94.
Les premières villes à édicter un isolement radical de la ville elle-même sont Reggio en 1374, Raguse (Dubrovnik depuis 1918) en 1377, Milan (1402) et Venise (1403). Ces premières mesures sont des tentatives et des tâtonnements, le plus souvent par emprunts d’une ville à l’autre. Elles sont très diverses, depuis l’interdiction de donner le sang des saignées des pestiférés aux pourceaux (Angers, 1410) jusqu’à l’interdiction de vendre des objets appartenant à des pestiférés (Bruxelles, 1439)94.
Les premiers isolements préventifs (quarantaine) apparaissent à Raguse en 1377, tous les voyageurs qui arrivent d’un lieu infecté devant passer un mois sur une île avant d’entrer dans la ville. Venise adopte le même système la même année en portant le délai à 40 jours, comme Marseille en 1383. Ce système est adopté par la plupart des ports européens durant le XVe siècle95.
La quarantaine sur terre est adoptée d’abord en Provence (Brignoles, 1464), et se généralise pour les personnes et les marchandises durant le XVIe siècle95. C’est aussi en Provence (Brignoles 1494, Carpentras 1501) qu’apparaît le « billet de santé » ou passeport sanitaire délivré aux voyageurs sortant d’une ville saine, et exigé par les autres villes pour y entrer. L’usage du billet de santé se répand lentement et ne se généralise que vers le début du XVIIe siècle (Paris, 1619)96.
Peu à peu se mettent en place des « règlements de peste », de plus en plus élaborés au fil du temps : c’est le cas des villes en France à partir du XVe siècle. L’application de ces mesures dépend d’un « bureau de santé » composé de plusieurs personnes ou d’une seule dite « capitaine de santé », le plus souvent dotés d’un pouvoir dictatorial en temps de peste. Cette institution apparaît d’abord en Italie et en Espagne, puis elle gagne le sud-est de la France à la fin du XVe siècle. Elle s’étend lentement au nord de la France (Paris, 1531)97.
Durant le XVIe siècle, ces règlements sont codifiés par les parlements provinciaux, ajustés et précisés à chaque épidémie au cours du XVIIe siècle. Ils relèvent du niveau gouvernemental au début du XVIIIe siècle97.
Personnels de santé
À la fin du XIIIe siècle, quelques villes italiennes engagent des médecins pour soigner les pauvres (en dehors des œuvres de charité de l’Église). À l’arrivée de la peste, de nouveaux médecins sont engagés à prix d’or (par manque de candidats). En 1348, c’est le cas d’Orvieto et d’Avignon. Des médecins de peste sont ainsi engagés durant les XVe et XVIe siècles, de même que des chirurgiens, apothicaires, infirmiers, sages-femmes… pour assurer les soins en temps de peste, souvent pour remplacer ceux qui ont fui, abandonnant leur poste, car les risques sont considérables98.
La mort d’artistes, d’ouvriers qualifiés, de mécènes, etc., entraîne des effets directs, notamment l’arrêt ou le ralentissement de la construction des cathédrales, comme celle de la cathédrale de Sienne, dont le projet initial ne sera jamais réalisé. Des historiens anglais attribuent l’apparition du style gothique perpendiculaire aux restrictions économiques liées à la peste noire99. En France, la plupart des grands chantiers ne reprendront qu’après 1450100.
Sur les lieux où la peste s’arrête ou se termine, des chapelles ou autres petits édifices dédiés (chapelles votives, oratoires…) sont construits invoquant ou remerciant la Vierge, des saints locaux, Saint Sébastien ou Saint Roch101…
Paradoxalement en Italie (particulièrement à Sienne et à Florence) une recrudescence de commandes d’art permet de perpétuer le souvenir des familles décimées par la peste et surtout des survivants ayant hérité des biens familiaux : « Le spécialiste de la peste noire en Europe, le professeur Samuel Kline Cohn, a analysé 3 226 testaments du XIIe siècle à 1425. Il en ressort que de 1364 à 1375, les testaments contiennent essentiellement des commandes d’œuvres d’art, chapelles ou peintures pour glorifier le (futur) défunt et sa lignée. »102.
Sensibilités religieuses
La crainte, de la part des familles riches, des enterrements de masse et des fosses communes, entraîne par réaction un développement de l’art funéraire : caveaux et chapelles familiales, tombes monumentales… Le gisant, statue mortuaire représentant le défunt dans son intégrité physique et en béatitude, tend à être remplacé par un transi, représentant son cadavre nu en décomposition99.
La peste marque également la peinture. Selon Meiss103, les thèmes optimistes de la Vierge à l’enfant, de la Sainte Famille et du mariage laissent la place à des thèmes d’inquiétudes et de douleurs104, comme la Vierge de pitié qui tient, dans ses bras, son fils mort descendu de la croix99, ou encore celui de la Vierge de miséricorde ou « au manteau » qui abrite et protège l’humanité souffrante105.
La représentation du Christ en croix passe du Christ triomphant sur la croix à celle du Christ souffrant sur la croix où un réalisme terrible détaille toutes les souffrances : les sueurs de sang, les clous, les plaies, et la couronne d’épines99.
La représentation du supplice de saint Sébastien évolue : de l’homme mûr habillé, à celle d’un jeune homme dénudé, juste vêtu d’un pagne à l’image du Christ99.
Selon Michel Vovelle, le thème de la vie brève s’accompagne d’une « âpreté à vivre », avec la recherche de joies et de plaisirs, comme dans l’œuvre de Boccace, le Décaméron107.
Dès le XIIIe siècle, des thèmes macabres apparaissent comme le Dit des trois morts et des trois vifs sur des fresques ou des miniatures, où de jeunes gens rencontrent des morts-vivants qui leur parlent : « nous avons été ce que vous êtes, vous serez ce que nous sommes ». Apparu en Italie et en France, ce thème se répand et se développe jusqu’au XVIe siècle. Un autre thème plus célèbre est celui de la danse macabre où les vivants dansent avec les morts, ce thème se retrouve surtout sur les fresques d’églises de l’Europe du Nord108.
Selon Vovelle : « C’est à peine exagérer que de dire que, jusqu’à 1350, on n’a point su comment représenter la mort, parce que la mort n’existait pas109. » De rares représentations avant cette date, la montrent comme un monstre velu et griffu, à ailes de chauve-souris. Cette mort figurée perd ses références chrétiennes en rapport avec le péché et le salut.
Elle devient une image autonome et « laïque » : c’est un transi avec une chevelure féminine, qui se décharne de plus en plus jusqu’au squelette proprement dit. C’est la mort implacable, d’origine pré-chrétienne, celle que rappelle le Memento mori.
Cette mort monte à cheval, armée d’une faux ou d’un arc, elle frappe en masse. C’est le thème du triomphe de la mort, dont les représentations les plus célèbres sont celles du palais Sclafani à Palerme, et Le Triomphe de la Mort de Brueghel109.
Au XVe siècle, et jusqu’à 1650, toute une littérature se développe sur « l’art de bien mourir », c’est l’Ars moriendi. Il s’agit de rituels destinés à se substituer à l’absence de prêtres (en situation d’épidémie de peste). Différentes versions apparaissent après la Réforme : anglicane, luthérienne et calviniste99.
Des thèmes picturaux se rattachent directement à la peste noire, comme celui du nourrisson s’agrippant au sein du cadavre de sa mère. Selon Mollaret, ces œuvres « sont d’hallucinants documents, en particulier lorsqu’elles furent peintes par des artistes ayant personnellement vécu la peste »105.
Avec Hans Baldung (1484-1545) apparaît le thème de la femme nue au miroir où la mort montre un sablier. Ce serait un premier exemple de peintures de vanité, où la mort-squelette laissera la place à des objets symboliques : sablier, horloge, lampe éteinte, bougie presque consumée, crâne, instrument de musique aux cordes brisées105…
Poésie en Islam
De nombreux passages poétiques sont incorporés dans des chroniques historiques ou médicales, comme celles de Ibn al-Wardi(en) (mort en 1349) d’Alep, ou d’Ibrahim al-Mimar du Caire. Les descriptions poétiques de la peste noire expriment l’horreur, la tristesse, la résignation religieuse mais aussi l’espoir des musulmans en situation épidémique110.
Dans la culture contemporaine
Littérature et cinéma
Plusieurs uchronies ont été écrites sur le thème de la peste noire. Ainsi, dans La Porte des mondes de Robert Silverberg, l’auteur imagine que la peste noire est bien plus meurtrière, éliminant les trois quarts de la population européenne et changeant complètement l’histoire du monde. Cette idée est également reprise par Kim Stanley Robinson dans Chroniques des années noires, mais dans cette uchronie c’est la totalité des habitants de l’Europe qui périt, entraînant, de la même façon que dans le roman précédent, une histoire complètement différente de celle que l’on connaît.
Connie Willis donne aussi ce cadre à son roman, Le Grand Livre, où une historienne du XXIe siècle qui voyage dans le temps tombe par erreur en pleine peste noire, la confrontant ainsi aux horreurs de cette pandémie.
Ken Follett représente bien les conséquences de la peste noire dans son roman Un monde sans fin où les habitants de la ville fictive de Kingsbridge doivent affronter l’épidémie. L’auteur s’attarde particulièrement sur les différentes stratégies pour guérir les malades et les mesures entreprises par la ville pour diminuer la propagation de la peste.
Le Septième Sceau (Det sjunde inseglet) est un filmsuédois d’Ingmar Bergman, sorti en 1957, qui évoque la mort jouant aux échecs pendant une épidémie de peste avec un chevalier revenant des croisades.
Dans Medieval II: Total War, la peste noire frappe l’Europe à partir du tour 135, décimant aussi bien les unités militaires que les habitants, ce qui provoque une baisse notable de l’ordre public, augmentant ainsi les risques de révoltes. Elle reste environ une dizaine de tours, et elle frappe les régions les plus éloignées de l’Italie sur la carte en dernier (telle que l’Égypte).
Le jeu A Plague Tale: Innocence, publié en 2019, se déroule en pleine guerre de Cent Ans ; la peste noire et les invasions de rats sont utilisés comme des éléments de gameplay, notamment pour la résolution d’énigmes.
Crusader Kings 2 : The Reaper’s Due : le DLC du jeu de gestion ajoute des problématiques liées aux épidémies et aux différentes façons de les gérer. La Peste Noire y apparaît via un événement et peut évoluer plus ou moins fidèlement à la réalité.
Christine Renardy, « Un témoin de la Grande Peste : Maître Simon de Couvin, chanoine de Saint-Jean l’Évangéliste à Liège », Revue belge de philologie et d’histoire, vol. 52, no 2, 1974, p. 273–292 (ISSN0035-0818, DOI10.3406/rbph.1974.3096, lire en ligne [archive], consulté le 1er septembre 2018).
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Isabelle Séguy et Guido Alfani, « La peste : bref état des connaissances actuelles », Annales de démographie historique, no 2, 2017, p. 15-38. (lire en ligne [archive])
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(en) Maria A. Spyrou, Lyazzat Musralina, Guido A. Gnecchi Ruscone, Arthur Kocher, Pier-Giorgio Borbone, Valeri I. Khartanovich, Alexandra Buzhilova, Leyla Djansugurova, Kirsten I. Bos, Denise Kühnert, Wolfgang Haak, Philip Slavin & Johannes Krause, « The source of the Black Death in fourteenth-century central Eurasia » [archive], 15 juin 2022 (consulté le 16 juin 2022)
(en) C. Tsiamis, « Epidemic waves of the Black Death in the Byzantine Empire (1347-1453 AD) », Infections in the history of medicine, no 3, 2011, p. 194-201.
Décrit par Michel de Piazza dans ses chroniques Historia Secula ab anno 1337 ad annum 1361.
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Jean-Noël Biraben (De 444 millions en 1340, elle serait tombée à 374 millions à la fin du siècle, soit une perte de 70 millions ; mais l’auteur tient peu compte du bilan de l’Afrique.), « Essai sur l’évolution du nombre des hommes », Population vol 34 (n° 1), 1979, p. 13-25
Walter Laqueur : L’Antisémitisme dans tous ses états. Depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, p. 87 & suiv., 2010, éd. Markus Haller, (ISBN9782940427086)
Pour plus d’information sur les persécutions dont les Juifs furent l’objet à la suite de la peste noire, on se reportera à l’Histoire des Juifs [archive] par Heinrich Graetz.
(en) Richard Gottheil et Meyer Kayserling, « Communal organisation » [archive], Jewish Encyclopedia (consulté le 3 novembre 2007).
Sous la direction d’Élie Barnavi, Histoire universelle des Juifs, 1992, Hachette.
Giuseppe Alberigo, « Flagellants », dans Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, vol. 17, Baudrillart, Alfred (ed.), Turnhout, Paris, 1971, p. 327.
Jean-Noël Biraben, Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens, t. I : La peste dans l’histoire, Paris – La Haye, Mouton, 1975, 455 p. (ISBN2-7193-0930-3).
Jean-Noël Biraben, Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens, t. II : Les hommes face à la peste, Paris – La Haye, Mouton, 1976, 416 p. (ISBN2-7193-0978-8)
Marie-Hélène Congourdeau, « Pour une étude de la peste noire à Byzance » Eupsychia, Mélanges offerts à Hélène Ahrweiler, Byzantina Sorbonensia 16, Paris 1998, p. 149-163.
Le Joueur de flûte (1972), film de Jacques Demy sur une légende germanique se déroulant durant la période de la peste noire.
Le Dernier des Templiers (2010), film de Dominic Sena : durant les croisades du XIVe siècle, une jeune sorcière est soupçonnée d’être à l’origine d’une épidémie de la peste noire. Deux chevaliers templiers déserteurs, Behmen (Nicolas Cage) et Felson (Ron Perlman), sont chargés par l’Église catholique romaine de la convoyer vers un monastère de moines exorcistes détenteurs d’un manuscrit du roi Salomon.
Black Death (2010), film de Christopher Smith : en pleine épidémie, le jeune moine Osmund (Eddie Redmayne) est chargé de mener le chevalier Ulrich (Sean Bean) et son groupe de mercenaires vers un village que la rumeur dit être épargné par la peste et abritant un nécromancien capable de ramener les morts à la vie.
Cette femme de 55 ans, soupçonnée du meurtre de son mari, en 1995, à Busset (Allier), était en détention provisoire depuis plus d’un mois. Ce mercredi matin, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Riom a ordonné sa remise en liberté très encadrée.
La veuve de Christophe Doire, ce chasseur retrouvé décapité à Busset, dans l’Allier, le jour de Noël 1995, va pouvoir sortir de prison. Après plus d’un mois de détention provisoire consécutive à sa mise en examen pour homicide volontaire, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Riom a ordonné sa remise en liberté avec assignation à résidence sous surveillance électronique (ARSE).
L’audience a eu lieu ce mercredi matin, en sa présence et à huis clos, conformément à la demande de ses conseils, Maîtres Nathalie Bernard et Jean-François Canis. Rien n’a filtré sur la motivation de cette décision. Les magistrats se sont prononcés dans le cadre d’un appel de la détention provisoire formulé par les deux avocats de la défense, en s’appuyant sur une enquête de faisabilité pour un bracelet électronique, décidée le 12 juillet dernier.
Rebondissement en juin dernier
Pour rappel, l’affaire Christophe Doire, restée un « cold case », une affaire jamais élucidée, durant 27 ans, a été relancée en novembre 2021, à l’initiative d’Eric Neveu, procureur de la République de Cusset. De nouvelles investigations ont été lancées, orientant les soupçons des enquêteurs sur Maria M., laquelle avait été mise hors de cause après la découverte du cadavre de son mari. Durant ses 48 heures de garde à vue, en juin dernier, cette femme de 55 ans, jusqu’alors discrète, aurait nié avoir tué celui-ci, fin 1995, ainsi que toutes relations conflictuelles avec lui.
Ce mardi matin, c’est une quinquagénaire au visage déterminée qui est apparue dans le box de la cour d’appel de Riom, juste avant le début de l’audience. Chemisier blanc rayé de noir, cheveux longs attachés, elle s’est longuement entretenue avec ses avocats.
Les débats, devant la chambre de l’instruction, ont duré près d’1 h 30. Dans la salle, côté public : Olivier Doire, le frère de la victime. Maîtres Canis et Bernard n’ont pas souhaité faire de commentaires à l’issue de l’audience. Mais c’est bien l’innocence de leur cliente qu’ils sont venus plaider.
« C’est prématuré et risqué »
Maître Juliette Chapelle (*), l’avocate d’Olivier Doire, se dit pour sa part »assez surprise » de la décision de la chambre de l’instruction. « C’est prématuré et risqué. D’une part au regard des indices graves et concordants qui ont été rassemblés jusqu’à présent dans l’instruction et d’autres part sur les garanties de représentation, qui sont assez faibles et sur le risque de concertation qui est non négligeable. La suspecte n’a pas encore été interrogée au fond par le juge d’instruction. »
(*) Réprésentée par Maître Sylvain Gauché à l’audience
Personnage clivant d’Affaire conclue pendant de nombreuses années, Pierre-Jean Chalençon n’est pas le seul de la famille a avoir fait de la télé. Sa soeur, elle aussi, a été vue par les téléspectateurs sur France 2.
Ces dernier temps, Pierre-Jean Chalençon a surtout fait parler de lui pour ses frasques. Il y a d’abord eu sa participation à l’anniversaire de Jean-Marie Le Pen, puis ses provocations envers ses camarades d’Affaire Conclue ou encore son affaire de dîners clandestins en pleine crise sanitaire. Mais bien avant cette descente aux enfers médiatiques, le passionné de Napoléon Bonaparte avait connu une ascension fulgurante.
En moins de deux ans, Pierre-Jean Chalençon était passé de l’anonymat à la célébrité, en premier lieu grâce à l’émission de brocante présentée par Sophie Davant sur France 2. Sa personnalité excentrique avait tellement plu aux téléspectateurs que Cyril Hanouna lui avait proposé de tenir une chronique dans Touche pas à mon poste. Il faut dire que chez les Chalençon, la télévision est une affaire de famille ! Car certains l’ignorent peut-être, mais la sœur du collectionneur est, elle aussi, un visage bien connu du petit écran.
Des rapports parfois compliqués
Les fidèles de téléspectateurs de France 2 ont sans aucun doute déjà vu Isabelle Chalençon. Depuis 1997, elle a régulièrement officié dans l’une des émissions les plus célèbres de la chaîne : Télématin ! A l’époque de William Leymergie, puis de son successeur Laurent Bignolas, la journaliste de 58 ans y parlait de mode et de beauté face à des milliers de téléspectateurs. En septembre 2019, elle avait toutefois révélé avoir fait un burn-out en raison des conditions de travail dégradées au sein de la rédaction. Elle avait alors entamé une procédure judiciaire aux prud’hommes contre France Télévisions, pour demander la requalification de son contrat de travail en CDI.
Mais si le frère et la sœur ont tous deux choisi la télévision comme projet de vie, force est de constater qu’ils sont néanmoins très différents. Comme l’avait révélé Isabelle Chalençon dans Story, une émission diffusée sur M6, leurs rapports peuvent parfois être…explosifs. « J’ai des souvenirs de repas où finalement, ça s’est mal fini parce que, il était tellement odieux avec moi, avec les gens qui étaient autour de nous que oui, je lui ai balancé un seau de glace en pleine figure« , avait révélé la grande sœur du collectionneur. Qui aime bien châtie bien !
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Elle commence à faire parler d’elle, un peu, pas trop : Le Figaro cache son portrait et la plupart des autres médias restent muets.
Curieusement, elle porte le même nom que la mère de Jeanne d’Arc.
Bon ou mauvais présage ?
Cette dernière a passé une grande partie de sa vie à travailler à la réhabilitation de sa fille, condamnée au bûcher pour avoir porté des vêtements d’homme.
Aujourd’hui, ce sont surtout les « sales putes de femmes ingénieurs qui volent la place des hommes dans le travail » que l’on brûle encore comme des sorcières, et les femmes magistrates, ou du moins certaines d’entre elles, ne sont pas les dernières à s’acharner sur ces « sales putes » qui contrairement à d’autres, notamment dans les filières ouvertes aux pseudo « littéraires » titulaires du demi-bac, n’ont jamais eu besoin de « coucher » pour obtenir bonnes notes et appréciations dithyrambiques, diplômes, postes ou emplois, mais ne peuvent bien évidemment plus s’y maintenir quand certains malades leur tombent dessus, toujours avec l’assentiment de magistrats haineux à l’égard de ces femmes bien trop intelligentes pour que la « justice » française puisse les laisser vivre.
Des hommes qui s’obstinent à porter des robes héritées de l’Ancien Régime alors qu’ils sont censés représenter la République française depuis maintenant bien plus de deux siècles interdisent encore aux femmes de porter la culotte quand elle leur sied…
Publié le 03/08/2022 à 20:09, Mis à jour hier à 11:18
Isabelle Rome, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, succède à des figures de la macronie loin d’être passées inaperçues. François Bouchon / Le Figaro
PORTRAIT – La ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes compte bien se faire entendre.
Jetée dans l’arène. Deux mois après sa nomination au poste de ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, c’est au tour d’Isabelle Rome de s’adresser aux députés lors d’une séance de questions au gouvernement. Les oppositions sont farouches, la présidente de l’Assemblée nationale réclame le silence, l’hémicycle connaît le chahut des premiers jours. Sur les bancs siège Caroline Cayeux.
Au micro, la députée Insoumise Ségolène Amiot la cite parmi les ministres du gouvernement à limoger en raison de leurs déclarations jugées «homophobes». La parole est à Isabelle Rome, qui, sous les huées des députés de la Nupes, tente de défendre sa collègue. «Vous visez particulièrement une ministre. Elle s’est excusée et aujourd’hui elle est pleinement à la tâche aux côtés d’Élisabeth Borne.»
«Je savais que l’exercice serait difficile», concède la ministre. «Mais il m’en faut plus pour me déstabiliser.» À 59 ans, elle a compris la leçon. La prochaine fois, il lui faudra se montrer plus ferme…
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En 1987, pour son premier poste1, elle (de son nom d’époque : Isabelle Passet) est juge d’application des peines à Lyon (1987-19922), co-chargée d’une prison de 1200 détenus3. Toujours au tribunal judiciaire de Lyon, elle est nommée secrétaire générale de la Présidence4 (1992-19955), puis juge d’instruction (1996-19982).
Elle quitte ce poste en 2000 pour devenir conseillère technique chargée de la protection judiciaire de la jeunesse, de l’aide aux victimes et de l’accès au droit3, au sein du cabinet de la garde des Sceaux Marylise Lebranchu (2000-20027).
Retour en juridiction
À son retour en juridiction, elle occupe le poste de vice-présidente chargée de l’instruction à Amiens (2003-20062). De 2006 à septembre 20125, elle travaille au tribunal de grande instance de Pontoise, chargée des affaires familiales, puis des référés et juge des libertés et de la détention4.
En 2012, elle devient conseillère à la cour d’appel de Versailles8 et présidente des cours d’assises de Nanterre, Versailles, Pontoise et Chartres (2012-20185).
Haute fonctionnaire à l’égalité femmes-hommes du ministère de la Justice
Le 1er juin 2018, elle est nommée haute-fonctionnaire à l’égalité femmes-hommes au ministère de la Justice, par la garde des Sceaux Nicole Belloubet9. Au ministère de la Justice, Isabelle Rome est la première haute fonctionnaire à l’égalité femmes-hommes à exercer ce poste à temps plein9.
Elle a pour mission d’améliorer l’accès des femmes à des postes de hiérarchie, d’assurer un meilleur équilibre vie privée/vie professionnelle, de lutter contre les stéréotypes et de réintroduire la mixité dans les métiers de la justice8. Le ministère de la Justice avait été rappelé à l’ordre en 2016 pour le manque de femmes aux postes de direction10.
Sous l’impulsion de la garde des Sceaux Nicole Belloubet, et sous la responsabilité d’Isabelle Rome, le 7 mars 2019, le ministère de la Justice a publié son premier baromètre de l’égalité femmes-hommes11. Le même jour, un texte d’engagement pour une parole non-sexiste12 a été signé et adopté par l’ensemble des directions du ministère, l’inspection générale de la justice, les quatre écoles du ministère (ENM, ENG, ENAP, ENPJJ) et par les premières structures signataires (cours, TGI, directions interrégionales de la PJJ, directions et structures de l’administration pénitentiaire)13,14. Elle a publié son premier rapport d’activité en juin 202015,16.
Le deuxième baromètre Égalité, sur l’accès des femmes et des hommes aux postes à responsabilité, a été publié le 8 mars 202117. Le texte d’engagement pour une parole non-sexiste a été signé, le même jour, par la nouvelle directrice du secrétariat général, par la nouvelle directrice de la direction de la protection judiciaire de la jeunesse (DPJJ) et par le nouveau directeur des services judiciaires (DSJ) du ministère de la Justice18.
Isabelle Rome est chargée par la garde des Sceaux Nicole Belloubet de coordonner un plan d’action de lutte contre les violences conjugales19. Elle conduit le groupe de travail du ministère de la Justice dans le cadre du Grenelle consacré à ce sujet du 3 septembre au 25 novembre 2019, et veille à la mise en œuvre des mesures qui en sont issues20,21,22,23,24,25,26.
En juillet 2022, elle annonce que le gouvernement versera 400 000 euros chaque année pendant trois ans à la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) « afin de soutenir ses actions de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT+ »33.
Engagements associatifs
À Lyon
Pendant ses années à Lyon (1987-1998), Isabelle Rome a été administratrice de trois associations : l’association socio-culturelle des détenus des prisons de Lyon (en qualité de vice-présidente), l’APUS (Association des praticiens de l’urgence sociale) et le Comité rhodanien d’accueil des réfugiés et demandeurs d’asile3.
En banlieue lyonnaise, à Vaulx-en-Velin, elle a lancé, avec d’autres acteurs, en 1998, l’opération « Objectif citoyen », soit 72 rencontres organisées dans les quartiers pour sensibiliser les jeunes à la loi3.
Dans l’Oise
Elle a été présidente-fondatrice de l’association « Femmes de Liberté » (anciennement appelée « Paroles de Femmes en Picardie »34), qu’elle a créée dans l’Oise35 en 20023. Cette association a pour but de faciliter la parole des femmes, de tous horizons et milieux, autour des valeurs républicaines8. Isabelle Rome préside cette association pendant douze ans, jusqu’en 20144, organisant des débats, des cafés-citoyens ou des ateliers d’écriture.
Conférences
Isabelle Rome a participé à de nombreuses conférences sur les droits des femmes36, comme sur les prisons françaises37, le traitement judiciaire des femmes38, ou sur les mineurs et la justice36.
Ouvrages
Vous êtes naïve, Madame le juge, Éditions du Moment, 2012.
Dans une prison de femmes : une juge en immersion, Éditions du moment, 2014.
Plaidoyer pour un droit à l’espoir, Enrick B. Éditions, 2018, préface de Benjamin Stora.
Liberté, égalité, survie, Stock, 2020.
L’emprise et les violences au sein du couple, dir. avec Éric Martinent, Dalloz, 2021, préface d’Éric Dupond-Moretti.
Ensemble pour les droits des femmes !, co-écrit avec Giula Clara Kessous, Alternatives, 2022.
« Le code pénal dans une main, le cœur dans l’autre », Ouest-France, 3 décembre 2012 (lire en ligne [archive], consulté le 17 septembre 2018)
« [LES ACTEURS] Isabelle Rome, Haute fonctionnaire à l’égalité femmes-hommes – Tendance Droit », Tendance Droit, 3 juillet 2018 (lire en ligne [archive], consulté le 17 septembre 2018)
« Justice ; Cabinet et services rattachés au Ministre ; Cabinet (1993- 2002) », Archives nationales, 2003 (lire en ligne [archive])
« Isabelle Rome : La juge va porter les droits des femmes », Le Parisien, 17 juillet 2018 (lire en ligne [archive])
« Isabelle Rome, haute fonctionnaire pour légalité femmes-hommes », justice.gouv.fr, 14 juin 2018 (lire en ligne [archive], consulté le 17 septembre 2018)
Mathieu Delahousse, « Une magistrate pour veiller à la promotion des femmes dans la Justice », L’Obs, 13 juin 2018 (lire en ligne [archive], consulté le 17 septembre 2018)
« Comment la justice adapte ses procédures face aux violences conjugales », Le Monde.fr, 23 septembre 2019 (lire en ligne [archive], consulté le 19 février 2020)
Isabelle Rommée (agenouillée et vêtue de noir) et ses deux fils devant le grand inquisiteur de France, Jean Bréhal (de dos, au premier plan).
Inspiré par la Trinité (représentée dans le coin supérieur droit), le pape Calixte III (assis sur le trône pontifical) autorise le procès en nullité de la condamnation de Jeanne d’Arc, miniature du Manuscrit de Diane de Poitiers,
XVIe siècle, coll. privée1,2.
Isabelle Rommée (ou Isabeau Rommée3 ou Isabelle Romée selon les sources), née en 1377 et morte le 18 ou le 19 novembre1458), est la mère de Jeanne d’Arc. Son nom de jeune fille est Isabelle de Vouthon, ou plus probablement Isabelle Devouton.
Isabelle est originaire de Vouthon-Bas, en Lorraine, département de la Meuse, proche du village de Domrémy. Son père s’appelait Jean de Vouthon et sa sœur Aveline RomméeA 1.
Son surnom de « Rommée » ou « Romée » proviendrait d’un pèlerinage qu’elle effectua à Rome (mais les pèlerins pour cette ville sont plutôt des « romels » ou des « romieux »), à moins que par substitution, il tienne de son pèlerinage au Puy-en-Velay (ou au Puy-Notre-Dame, une interrogation demeure) en mars 14294. Il peut aussi s’agir d’un sobriquet géographique, un lieu-dit5 : il existe un étang Romé au nord de Toul, à 40 km de DomremyA 1.
Elle épouse Jacques d’Arc en 1405, et le couple s’installe à Domrémy. Ils y possèdent une maison et 20 hectares de terres.
De cette union naissent plusieurs enfants : Jeannette (Jeanne d’Arc), Catherine, Jacques, Pierre et Jean. En 1428, Isabelle a donc cinq enfants vivantsA 1 : eu égard à la mortalité infantile médiévale (environ 50%), on peut supposer qu’elle avait connu une dizaine d’accouchements, séparés l’un de l’autre par environ deux ans, ce qui correspondrait à la période d’allaitement. On ne sait pas si Jeanne est la dernière enfant, mais elle est la dernière survivante d’une nombreuse famille dont l’étendue est inconnueA 1. Isabelle donne à ses enfants une éducation catholique.
Isabelle se rend en pèlerinage « au Puy » en mars 1429. Une incertitude demeure : s’agit-il du Puy-en-Velay, qui fête le jubilé de Notre-Dame à ce moment le 25, ou s’agit-il du Puy-Notre-Dame, à 34 km à vol d’oiseau de Chinon, ou elle rend visite à sa fille Jeanne le 6 avril ? De son côté, Jeanne, qui du 11 au 24 mars se trouvait à Poitiers, délégua « au Puy » deux de ses compagnons d’armes, Bertrand de Poulengy et Jean de Metz, qui s’y trouvèrent le 20 mars6.
Jeanne est anoblie, comme le reste de sa famille, en décembre 1429. Isabelle déménage à Sandillon, près d’Orléans après le décès de son mari en 1440, et vit d’une pension que lui verse la ville d’OrléansA 2. Elle passe le reste de sa vie à œuvrer à la réhabilitation de sa fille. Elle demande et obtient du pape Nicolas V la révision du procès en hérésie : une enquête est ouverte en 1449, puis le 7 novembre1455, après le début du règne du pape Calixte III, elle se rend à Paris dans la grande salle de l’évêché, pour se présenter devant la délégation du Saint-Siège, à laquelle elle s’adresse de manière émouvante, à plus de soixante-dix ansA 3. La cour d’appel casse le procès en hérésie de Jeanne le 7 juillet1456.
Walter Sidney Scott, « Le manuscrit de Diane de Poitiers (source probable de Shakespeare pour la figure de la Pucelle) », Bulletin des Amis du Vieux Chinon, t. VI, no 6, Société des amis du vieux Chinon, 1961-62, p. 277, [lire en ligne [archive]].
Livre « La Haute-Loire insolite », page 134, du professeur Roger Briand, juillet 2016.
« La Haute-Loire insolite », page 134.
« La Haute-Loire insolite », page 135.
Olivier Bouzy, « La famille de Jeanne d’Arc, ascension sociale d’un lignage roturier du XIVe au XVIe siècle », dans Guyon et Delavenne 2013, p. 38, fig. 3.
Bernard Mugnier, La basilique Sainte-Jeanne-d’Arc de Domrémy-la-Pucelle : monument national de la reconnaissance française à Jeanne d’Arc, Langres, Dominique Guéniot éditeur, 2001, 483 p. (ISBN2-87825-216-0, présentation en ligne [archive]), p. 87.
Voir aussi
Sources primaires
Ernest de Bouteiller ( éd.) et Gabriel de Braux ( éd.), La famille de Jeanne d’Arc : documents inédits, généalogie, lettres de J. Hordal et de Cl. du Lys à Ch. du Lys / publiées pour la première fois, par E. de Bouteiller et G. de Braux, Paris / Orléans, A. Claudin / Herluison, 1878, IV-293 p. (lire en ligne [archive]).
Pierre Tisset ( éd.) et Yvonne Lanhers ( éd.), Procès de condamnation de Jeanne d’Arc, t. II : Traduction et notes, Paris, C. Klincksieck (Société de l’histoire de France), 1970, XXIV-435 p.
Bibliographie
Rémi Boucher de Molandon, « La famille de Jeanne d’Arc. Son séjour dans l’Orléanais. D’après des titres authentiques récemment découverts », Mémoires de la Société archéologique et historique de l’Orléanais, Paris / Orléans, Société bibliographique / Herluison, t. 17, 1880, p. 1-166 (lire en ligne [archive]).
Rémi Boucher de Molandon, « Jacques d’Arc, père de la Pucelle. Sa notabilité personnelle. D’après les textes déjà connus et des documents récemment découverts », Mémoires de la Société archéologique et historique de l’Orléanais, Paris / Orléans, Société bibliographique / Herluison, t. 20, 1885, p. 301-326 (lire en ligne [archive]).
Rémi Boucher de Molandon, « Un oncle de Jeanne d’Arc depuis quatre siècles oubliés : Mangin (de Vouthon). Frère d’Isabelle, mère de la Pucelle », Mémoires de la Société archéologique et historique de l’Orléanais, Orléans, Herluison, t. 23, 1892, p. 241-257 (présentation en ligne [archive], lire en ligne [archive]).
Olivier Bouzy, « La famille de Jeanne d’Arc, ascension sociale d’un lignage roturier du XIVe au XVIe siècle », dans Catherine Guyon et Magali Delavenne (dir.), De Domrémy… à Tokyo. Jeanne d’Arc et la Lorraine : actes du colloque universitaire international, Domrémy et Vaucouleurs, 24-26 mai 2012, Nancy, Presses universitaires de Nancy – Éditions universitaires de Lorraine, coll. « Archéologie, espaces, patrimoines », 2013, 408 p. (ISBN978-2-8143-0154-2, présentation en ligne [archive]), p. 33-44.
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En Occident, à travers les âges, les magistrats étaient des représentants du pouvoir. Comme tels, ils étaient souvent issus de la noblesse ou, à tout le moins, leur charge leur conférait la noblesse (dite « noblesse de robe »). Un habillement différencié a ainsi eu pour fonction à la fois de les distinguer des justiciables et de manifester ostensiblement l’autorité de leur charge.
Les costumes amples et longs étaient communs aux professions considérées comme ayant un statut social élevé (médecins, prêtres, professeurs d’université, avocats, etc.). Il était alors porté en permanence comme habit ordinaire. L’Église catholique en avait recommandé l’usage pour manifester un souci moral chez ceux qui les portaient : de la sorte, ils n’exposaient pas les formes de leur corps et manifestaient une pudeur de bon aloi.
Pour l’ordre administratif, il existe un costume de conseiller d’Etat, proche du costume d’académicien et comprenant une épée, mais qui n’est depuis longtemps plus porté1. Et il n’est pas prévu de tenue spécifique pour les autres juges administratifs.
La robe des magistrats et des directeurs des services de greffe judiciaires se distingue par le fait qu’elle comporte une simarre noire de soie sur l’avant, alors que pour les avocats seules les revers des manches sont en soie.
Le costume des avocats est imposé par la loi du 31 décembre 19715
Souvent lors des audiences de cabinet ou en chambre du conseil, c’est-à-dire qui ont lieu dans le bureau du juge, les magistrats et greffiers ne portent pas toujours la robe alors que les avocats, eux, la portent ; c’est également le cas devant les juridictions administratives non-financières.
Les magistrats disposent tous de deux robes (sauf ceux des tribunaux judiciaires) : une robe ordinaire et une robe de cérémonie. La robe ordinaire est toujours noire, même pour le premier président de la Cour de cassation, ou le procureur général, premiers magistrats de France. Cependant, même avec la robe noire, le premier avocat général siégeant, et lui seul, porte en toutes occasions la ceinture rouge à galons dorés. La ceinture rouge du greffier en chef de la Cour de cassation ne porte pas de frange.[réf. souhaitée]
On note que si le code de l’organisation judiciaire impose en principe le port de la toque avec la robe ordinaire à toutes les audiences, les magistrats n’appliquent plus cette disposition depuis longtemps ; tout au plus portent-ils leur toque à la main lors des audiences solennelles6. À la cour de cassation, la forme de la toque est différente et porte le nom de mortier. Les galons de toutes ces coiffes sont différents selon les grades.
La robe de cérémonie n’est portée que dans circonstances exceptionnelles : assemblée générale ou plénière, prestations de serment…[réf. souhaitée]
Enfin, les décrets du 22 et 29 mai 1852 prévoyaient un « costume de ville des magistrats » proche de celui des académiciens. Bien que ces décrets n’aient jamais été abrogés, ils ne sont plus appliqués depuis le XIXe siècle.[réf. nécessaire]
La loi du 18 février 1791 relative au traitement et au costume des membres du tribunal de cassation disposait : « IV. Les membres du Tribunal de Cassation porteront seulement lorsqu’ils seront en fonctions, l’habit noir, le manteau de drap ou de soie noire, les paremens du manteau de la même couleur, & un ruban en sautoir aux trois couleurs de la Nation, au bout duquel sera attachée une médaille dorée, sur laquelle seront écrits ces mots : la Loi. Ils auront la tête couverte d’un chapeau rond, relevé sur le devant, & surmonté d’un panache de plumes noires. Ce costume sera désormais celui de tous les Juges de District & des Tribunaux criminels. V. Le costume des Commissaires du Roi sera le même, à la différence que les Commissaires du Roi auront un chapeau relevé avec une ganse & un bouton d’or, & que sur la médaille qu’ils porteront seront écrits ces mots : la Loi & le Roi. VI. Les Greffiers auront un chapeau rond, relevé sur le devant & sans panache, & un manteau pareil à celui des Juges. ».
Rouge, à grandes manches ; manteau et cape de fourrure.
De soie rouge à franges d’or.
Présidents de chambre de la Cour de cassationet premiers avocats généraux près ladite cour
Rouge, à grandes manches ; manteau et cape de fourrure.
De soie rouge à franges d’or.
Conseillers de la Cour de cassationet avocats généraux près ladite cour
Rouge, à grandes manches.
De soie rouge à franges d’or.
Premiers présidents et présidents de chambre des cours d’appelprocureurs généraux et avocats généraux près lesdites cours
Rouge, à grandes manches, à revers bordés d’hermine.
De soie noire, avec franges.
Conseillers des cours d’appelet substituts généraux près lesdites cours
Rouge, à grandes manches.
De soie noire avec franges.
Présidents (sauf exceptions), Premiers vice-présidents, vice-présidents et juges des tribunaux judiciaires (ex tribunaux de grande instance),Procureurs de la République (sauf exceptions)procureurs-adjoints, vice-procureurs et substituts près lesdits tribunaux
Noire, à grandes manches.
De soie bleu-clair, avec franges. De soie noire à Paris et autour.
Conseiller de cour d’appel, juge de tribunal de grande instance et président de chambre de cour d’appel2,
Même s’il ne s’agit pas de « robe » à proprement parler, les notaires de Paris et des Hauts-de-Seine ont un costume qu’ils portent encore à l’heure actuelle dans un certain nombre de circonstances, et notamment lorsqu’ils prêtent serment au tribunal de grande instance et devant l’assemblée de la compagnie.Il s’agit d’un habit court avec boutons de plastron noirs, un gilet noir, une chemise blanche à poignets de dentelle, noeud papillon blanc, rabat en dentelle blanche et gants noirs, une culotte, des bas noirs et des souliers à boucle. Une cape courte est fixée aux épaules. C’est le costume des députés du tiers état aux États généraux de 1789. Les hommes portent un bicorne à cocarde et plumes noires, et les un femmes un tricorne.
Traditionnellement les magistrats de cour portent leur robe rouge dans les affaires criminelles, tandis que les magistrats de tribunaux conservent leur robe ordinaire. Le président de la cour d’assises est donc toujours en rouge car il est membre de la cour d’appel dont dépend le département où siège la cour d’Assises, ainsi que ceux des assesseurs qui en sont également membres. Si le ministère public (avocat général) est tenu par un procureur général ou un substitut général de la cour d’appel, ce magistrat porte également sa tenue solennelle rouge.
Une exception historique concernant le costume existe aussi pour les alentours de la capitale : la robe de cérémonie comporte une ceinture noire au lieu de bleue pour les tribunaux judiciaires (ex- tribunaux de grande instance et d’instance) se trouvant dans le ressort de la cour d’appel de Paris ou de Versailles, ainsi que pour le tribunal judiciaire d’Orléans. Le président du tribunal de Paris, le procureur de la République de Paris et le président du tribunal de commerce de Paris sont également les trois seuls magistrats de première instance en France à avoir une robe de cérémonie rouge.
Les hauts magistrats de la Cour de comptes sont les seuls magistrats de France à disposer d’une robe noire à simarre d’hermine.
Premier président, procureur général et président de chambre de la Cour des comptes4.
Les avocats portent une robe noire simple en laine ou en coton, à rabat blanc plissé simple, sans simarre, aux revers de manches en soie noire et à l’épitoge herminée de blanc. Les membres du barreau de Paris peuvent porter l’épitoge veuve (sans hermine). Exception dans l’exception, ils portent leur épitoge herminée lors des audiences solennelles, lorsqu’ils plaident devant une cour et non devant un simple tribunal, lorsqu’il plaident en province et lorsqu’ils sont nommés secrétaires de la conférence, élus bâtonnier ou membre du Conseil de l’Ordre. Les avocats disposent d’un bonnet, qui n’est plus porté. Au Palais, une case numérotée permettait aux avocats d’y ranger leur « toque ». Ces cases existent toujours et servent à recevoir du courrier interne. Y chercher son courrier se dit « relever sa toque », ou « passer à la toque ». Le papier à lettres des avocats, ou leur carte de visite, porte encore aujourd’hui très fréquemment la référence du numéro de « toque » pour permettre aux confrères d’échanger des courriers dans l’enceinte du Palais.
Pour mémoire, ce texte a abrogé et coordonné des dispositions disparates : l’arrêté royal du 4 octobre 1832 relatif au costume des membres des cours et tribunaux, modifié par l’arrêté royal du 22 juin 1939 ; l’arrêté royal du 14 octobre 1832 relatif au costume des membres des cours et des tribunaux de première instance; l’arrêté royal du 5 août 1845 relatif au costume des procureurs du Roi ; l’arrêté royal du 1eraoût1847 prescrivant une marque distinctive pour les procureurs du Roi, juges d’instruction et juges de paix ; l’arrêté royal du 20 novembre 1870 qui est relatif au costume des greffiers adjoints dans les cérémonies publiques et dans les assemblées des cours et tribunaux ; l’arrêté royal du 20 janvier 1939 relatif au costume des membres de l’Ordre judiciaire.
Le costume des magistrats se distingue de celui des avocats par un plus large emploi de la soie et par la présence de boutons sur les épaules, ce dont la toge des avocats est dépourvue.
Alors que les avocats n’ont qu’un seul costume, ceux des magistrats sont différents selon qu’ils sont portés aux audiences ordinaires ou aux audiences solennelles et aux cérémonies. Pour la pompe, le changement le plus évident est que la toge est en tissu rouge au lieu du noir ordinaire. Par ailleurs, les magistrats (principalement les conseillers de cour d’appel qui président une cour d’assises) ne manquent pas d’arborer à cette occasion toutes leurs décorations honorifiques.
Bien que le port d’un couvre-chef soit prévu de manière obligatoire — contrairement aux avocats pour qui il est facultatif —, il n’y a plus que quelques vieux coquets pour encore s’en coiffer. Il s’agit cependant d’un des accessoires qui peut distinguer le rang hiérarchique des magistrats.
En outre, comme les avocats, les membres des cours et tribunaux qui sont docteurs, licenciés (ou master) en droit, portent l’épitoge, pièce de tissu de même couleur que la toge, froncée en son milieu, garnie à ses deux extrémités d’un rang de fourrure blanche (dite hermine), qui se place sur l’épaule gauche et pend sur la poitrine et sur le dos. Les titulaires d’un doctorat ont droit à trois rangs d’hermine, ce qui vaut à certains le surnom d’ »avocat Adidas »
Juridictions de première instance et parquets attachés
Dans une pratique encore minoritaire, certains juges de paix (et leur greffier) siègent en costume de ville (il n’est d’ailleurs pas d’usage que les avocats comparaissent devant eux en toge, sauf si le prétoire se trouve dans l’enceinte d’un palais de justice).
Les présidents, vice-présidents, procureurs du Roi, auditeurs du travail, premiers substituts et présidents consulaires portant la toque de soie noire bordée d’un galon d’argent.
Tandis qu’aux audiences solennelles et aux cérémonies, ces magistrats portent la même toge et en outre une ceinture en soie aux couleurs nationales, à franges rouges et la toque en soie noire bordée d’un galon d’argent.
Les présidents, procureurs du Roi et auditeurs du travail, portent la toque en soie noire bordée d’un double galon d’argent et garnie d’un liseré d’argent à son bord supérieur.
Les vice-présidents, premiers substituts et présidents consulaires portent la toque en soie noire bordée d’un galon d’argent et garnie d’un liseré d’argent à son bord supérieur.
Les membres des greffes
Aux audiences ordinaires, les greffiers en chef ou chefs de greffe, les greffiers et commis greffiers portent le même costume que celui prescrit pour les membres des tribunaux et la toque de laine noire unie.
Aux audiences solennelles et aux cérémonies, les greffiers en chef ou chefs de greffe portent le même costume et la toque de soie noire bordée d’un galon de velours noir, les greffiers et commis greffiers portent le même costume et la toque de soie noire unie.
Cours d’appel, cours du travail et parquets attachés
Les magistrats
Aux audiences ordinaires, les membres des cours et de leurs parquets portent la toge de tissu noir, à grandes manches, dont les revers, le collet et le bas des manches sont garnis de soie noire, la cravate tombante de batiste blanche et plissée, et la toque de soie noire unie.
Les premiers présidents, les présidents de chambre, les procureurs généraux et les premiers avocats généraux portent la toque de soie noire bordée d’un galon de velours noir, liseré d’or.
Tandis qu’aux audiences solennelles, aux audiences des cours d’assises et aux cérémonies, la toge est de tissu rouge de la même forme que la noire, dont les revers, le col et le bas des manches sont garnis de soie noire, la cravate en dentelle blanche et la toque de velours noir, bordée d’un galon de soie noire, liseré d’or.
Les premiers présidents et les procureurs généraux ont le revers de la toge doublé d’une fourrure blanche. Ils portent la toque de velours noir bordée d’un double galon de soie noire, liseré d’or et garnie d’un liseré d’or à son bord supérieur.
Les présidents de chambre et les premiers avocats généraux portent la toque de velours noir bordée d’un double galon de soie noire, liseré d’or et garnie d’un liseré d’or à son bord supérieur.
Les membres des greffes
Les greffiers en chef portent le même costume que celui prescrit pour les membres de la cour, la toque de soie noire bordée d’un galon de velours noir.
Les greffiers et commis-greffiers portent le même costume mais la toque est de soie noire unie.
Aux audiences ordinaires, selon la loi, les membres de la Cour portent la toge de tissu noir à grandes manches, dont les revers, le collet et le bas des manches sont garnis de soie noire, la ceinture rouge, la cravate tombante de batiste blanche et plissée et la toque de soie noire unie.
En pratique, les membres de la Cour ne portent pas exactement cette toge. La ceinture a été remplacée par un carré rouge de tissu au niveau abdominal directement imprimé sur la toge.
Le premier président, le président, le procureur général et le premier avocat général portent un galon d’or au bas de la toque.
Tandis qu’aux audiences solennelles et aux cérémonies, la toge est de tissu rouge de la même forme que la noire; les revers, le collet et le bas des manches sont garnis de soie rouge, la cravate en dentelle blanche et la toque de velours noir bordée d’un galon d’or.
Le premier président, les présidents de chambre, le procureur général et les premiers avocats généraux ont le revers de la toge doublé d’une fourrure blanche. Ils portent à la toque deux galons d’or, un au bas de la toque et l’autre au bord supérieur de la toque.
Bien que la loi ne le prescrive pas, ils portent aussi des gants blancs.
Les membres des greffes
Aux audiences ordinaires, le greffier en chef, les greffiers et commis-greffiers portent la toge de tissu noir à grandes manches, dont les revers, le collet et le bas des manches sont garnis de soie noire, la ceinture noire et la toque de soie noire unie. Le greffier en chef porte un galon de velours noir au bas de la toque.
Aux audiences solennelles et aux cérémonies, le greffier en chef, les greffiers et commis-greffiers portent la toge rouge de la même forme que la noire, dont les revers, le collet et le bas des manches sont garnis de soie rouge, la cravate en dentelle blanche et la ceinture noire terminée par des franges en soie de même couleur. Le greffier en chef porte la toque de soie noire bordée d’un galon de velours noir liseré d’or. Les greffiers et commis-greffiers portent la toque de soie noire, bordée d’un galon de velours.
Suisse
En Suisse, chaque canton a ses propres règles et ses propres usages en rapport avec le port de la robe.
Dans le canton de Fribourg, la robe des magistrats et des avocats, ample et longue, avec des manches évasées, est fermée sur le devant par une rangée de boutons, a un col au ras du cou et se porte avec un rabat plissé blanc et une épitoge herminée. Portée sur l’épaule gauche, l’épitoge se compose de deux brins : le bout large et court se porte dans le dos, et le bout long et fin sur la poitrine. L’ancienne pratique de certains avocats ou magistrats, selon laquelle les deux brins étaient rejetés en arrière, est tombée en désuétude.
Les avocats et les stagiaires portent la robe noire avec l’épitoge herminée noire
Les procureurs du Ministère public portent la robe noire avec l’épitoge herminée rouge
Les magistrats des tribunaux de première instance ne portent pas la robe, à l’exception des juges et du greffier du Tribunal pénal économique, qui portent une robe noire, sans épitoge ni rabat (art. 17 al. 3 du règlement du TPE)
Les magistrats des Cours d’appel du Tribunal cantonal portent la robe rouge avec l’épitoge herminée rouge. Le greffier de la Cour d’appel porte lui une robe noire avec épitoge herminée noire.
Un costume d’audience (en:Court dress) est porté lors des audiences publiques des cours suprêmes (en:Supreme Court of Judicature) et des cours de comtés (en:county courts). Néanmoins, le juge peut s’en dispenser à sa discrétion, par exemple s’il fait particulièrement chaud, à chaque fois que cela pourrait intimider les enfants, notamment devant les chambres de section famille de la Haute Cour (en:Family Division) et lors des procès de mineurs.
Le costume n’est pas porté lors des audiences de cabinet en chambre du conseil (hearings in chambers) et devant les magistrates’ courts.
Avocats
Les avocats anglais (qu’il s’agisse des barristers ou des solicitors) qui comparaissent devant un juge qui porte la toge ou bien encore devant le Comité judiciaire du Conseil privé de la Reine (Comité judiciaire du Conseil privé), doivent eux-mêmes porter un costume d’audience.
Tous les avocats portent un col blanc amidonné avec des bandes de tissus (deux bandes de cinq pouces sur un qui pendent devant la gorge). Ils portent aussi soit une jaquette noire, soit un manteau noir avec un pantalon gris.
Depuis le début de l’année 2009, le port de la perruque a été abrogé dans le cadre des procédures civiles. Désormais, son port demeure seulement obligatoire lors des comparutions dans les affaires pénales.
Queen’s Counsel
Les barristers ou solicitors qui ont reçu le brevet de Conseil de la Reine (ou QCs) portent un vêtement coupé comme au XVIIIe siècle dans un tissu soyeux. C’est pour cette raison qu’ils sont aussi désignés parfois comme silk (soie, en anglais).
À l’occasion de cérémonies, ils portent un costume spécial. Une perruque plus longue est aussi de mise.
Juges
Généralement, les juges de la High Court portent les mêmes vêtements de soie noire que celui des conseils de la reine, comme le font aussi les juges de la cour d’appel d’Angleterre et du pays de Galles.
Tous les juges portent une perruque courte lors des audiences ordinaires tandis que lors des cérémonies, ils portent une perruque plus longue.
Les juges des plus hautes cours (la Cour Suprême et le Comité judiciaire du Conseil privé) ne portent pas du tout de costume d’audience alors que les avocats qui comparaissent devant eux doivent en porter un. Ils sont habillés avec un costume de ville ordinaire et une cravate.
C’est devant les cours intermédiaires (en:intermediate courts) qui jugent des affaires en première instance (avec un jury dans les affaires pénales) que le costume est le plus élaboré.
Les juges de la High Court
En hiver, quand ils traitent des affaires criminelles en première instance les juges de la High Court porte une robe écarlate avec un col en fourrure, une étole noire, etc.
Pour le même type d’affaires en été, ils sont habillés de la même façon, mais les bords en fourrure sont remplacés par de la soie.
En matière civile, ils portent une robe noire en hiver avec un col en fourrure, une étole noire, etc. ; en été, une robe violette avec un col en soie de cette même étole noire.
Les juges itinérants
Un juge itinérant (dans les cours du comté ou dans les tribunaux de la couronne), Circuit Judge, porte une robe violette. Ils portent une bande de tissu lilas quand ils traitent des affaires civiles et rouge quand ils traitent les affaires pénales.
Occasions particulières
À certaines occasions particulières (notamment le jour de l’anniversaire du souverain et lors de la fête de certains saints), les juges portent une robe écarlate adaptée à la saison.
À l’occasion de cérémonies (par exemple lors de l’ouverture de l’année judiciaire), les juges et les conseils de la reine portent une perruque longue et modifient un peu leur costume. En outre, les juges de la High Court portent quant à eux un manteau écarlate de fourrure sur lequel vient s’ajouter une chaîne en or spécifique à la charge de Lord Chief Justice. Les juges de la cour suprême et de la cour d’appel portent un manteau à damas lourdement chargés de broderies dorées.
Le costume des tribunaux écossais est très similaire à ceux des cours anglaises, mais avec quelques différences notables. Par exemple, les avocats écossais portent un nœud papillon blanc à la place des deux bandes (geneva tabs) du costume anglais.
Les robes de juges écossais sont aussi très différentes de celles des juges anglais.
Les juges de la cour suprême (supreme court) sont appelés senators of justice et siègent : au civil dans la Court of Sessions et portent une tenue cramoisie avec des croix rouge foncé et au criminel dans la High Court of Justiciary ou ils portent le titre de Commissaire de Justice ; en ce cas leurs robes est rouges et blanches avec des croix rouges sur la partie blanches.
Les shérifs principaux et les shérifs portent une tenue noire semblable à celle des avocats.
Dans beaucoup de pays du Commonwealth, comme en Australie ou dans les Caraïbes, le costume est demeuré identique à celui des juridictions anglaises. Beaucoup de pays africains qui étaient des colonies britanniques ont continué de la même manière à porter le même costume, y compris les perruques blanches.
Mais dans l’État de Victoria, en Australie, le vêtement d’audience pour les avocats est identique à celui qui a cours en Angleterre hormis le fait qu’il n’y a plus de distinction dans la profession entre solicitors et barristers et d’autres petits détails vestimentaires. Par ailleurs, plus aucun costume n’est requis devant les Magistrates’ Court of Victoria.
Au Canada, là aussi, le costume est demeuré identique hormis le fait que les perruques ont été abandonnées.
Par ailleurs, dans certaines juridictions de première instance, il a été admis que les avocats se présentent devant la juridiction en costume de ville. Il est ainsi admis devant les juridictions de première instance du ressort provincial et territorial. Il n’y a pas de distinction de costume entre les solicitors et les barristers, cette distinction de fonction n’existant plus dans le droit canadien.
En Nouvelle-Zélande, le costume d’audience a été simplifié en 1996. Les juges portent une toge noire dans les juridictions de district, la haute cour et la cour d’appel tandis que les avocats ne doivent porter un veston noir que devant ces deux dernières juridictions. Les perruques et les autres habillements spécifiques ne sont plus portés qu’à l’occasion de cérémonies. Par ailleurs, les juges de la cour suprême de Nouvelle-Zélande ne portent plus aucune toge, copiant ainsi l’usage de la Chambre des Lords.
À Hong Kong, le costume d’audience est pratiquement le même qu’en Angleterre et au pays de Galles. Suivant le principe du « un pays, deux systèmes » contenus dans l’arrangement qui a été pris après 1997 quand la souveraineté de cette colonie de la couronne britannique a été transférée à la république populaire de Chine comme une région administrative spéciale, ce territoire a continué d’être régi par le common law et par la tradition juridique anglaise. La seule différence notable est que les juges de la cour d’appel ne portent plus de perruque.
Photo de groupe des juges de la Cour suprême des États-Unis en 1994.
Le port d’un costume spécifique est assez rare aux États-Unis. Généralement, aussi bien les juges de l’État que ceux des juridictions fédérales sont libres de choisir leur propre costume lors de l’audience. Leur choix se porte généralement sur une toge noire assez simple qui couvre le corps jusqu’au milieu du tibia avec des manches. Les juges féminins portent parfois en plus un rabat blanc orné de dentelle8. Parfois, l’on rencontre aussi un juge qui porte un vêtement d’une autre couleur, par exemple bleu ou rouge.
En 1994, le Juge en chef des États-Unis, M. William Rehnquist, a ajouté quatre barrettes dorées sur chaque épaule de sa toge, mais ce changement dans son costume (il était dans cette fonction depuis 1986) est de son invention, inspiré d’un costume d’opérette, Iolanthe, et non pas en s’inscrivant dans un précédent historique quelconque. Son successeur, M. John Roberts, est revenu à la toge noire épurée.
Beaucoup de juges de cour suprême d’État portent un style de robe particulier, le plus notable étant celui de la cour d’appel du Maryland où tous les juges portent une toge rouge moirée.
Certains juges abandonnent toute espèce de costume spécial et président leur juridiction en tenue de ville normale.
Le costume professionnel des avocats n’est pas régi précisément. Ils plaident en costume de ville pour les hommes avec une cravate et des chaussures en cuir et, pour les femmes, un tailleur classique avec un chemisier et le plus souvent une jupe. Cependant, de plus en plus de femmes portent le pantalon. Il est cependant arrivé que des juges interdisent à des avocats féminins de se présenter devant eux en pantalon, mais cet interdit tombe en désuétude.
L’exception la plus frappante de costume non cérémoniel est certainement l’Avocat général des États-Unis. Quand il se présente (lui-même ou son délégué) pour plaider une affaire devant la cour suprême des États-Unis, il porte un costume avec un pantalon rayé, un ascot gris, et un veston sport, ce qui ne passe pas inaperçu.
Jacques Boedels, Les habits du Pouvoir, La Justice : avant propos de Guy Danet, introduction de Jean-Denis Bredin, Antebi, 1992, 221 p. (ISBN9782908672022)
Monde anglo-américain
Consultation anglaise sur la réforme du costume d’audience : Court Dress Consultation Paper [archive] (elle n’a abouti qu’à des modifications négligeables) ;
Il reste à traiter le Français et son réseau de malfaisants.
Je fais ce que je peux avec mes petits doigts musclés, mais c’est bien loin d’être suffisant, je ne parviens qu’à limiter les dégâts, et encore, à la condition de répéter tous les jours, preuves à l’appui, qui ment, affabule et manipule… et je n’en peux plus…
Egalement, lire ou relire sa série de publications de septembre 2008 toujours en ligne (cf. copie ci-dessous).
Même s’il a depuis longtemps supprimé de l’espace public ses textes les plus compromettants, il en reste qui sont assez explicites et permettent tout à la fois de comprendre, d’une part, les motifs allégués pour ses premiers attentats « islamistes » de ces dix dernières années sur le sol français (son complice Mohammed Merah avait bien évoqué en mars 2012 les interventions armées françaises en Afghanistan pour justifier ses assassinats de militaires à Toulouse et Montauban), et d’autre part, que ce cannibale quasi revendiqué a certainement lui aussi mangé des soldats américains du temps où il séjournait fréquemment en Afghanistan pour les besoins du trafic de drogue qui le faisait vivre.
Je guette actuellement ses réactions à l’annonce d’hier soir mais ne vois toujours rien venir, hormis quelques tweets et retweets aigris comme celui-ci :
« Justice a été rendue »: Biden annonce que les Etats-Unis ont tué le chef d’Al-Qaïda
A.S. avec AFP
Le 02/08/2022 à 6:00
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Ayman al-Zawahiri, numéro 1 de l’organisation terroriste, a été tué à Kaboul dans une frappe de drone. Il avait pris la tête d’Al-Qaïda après la mort d’Oussama Ben Laden, en 2011.
Joe Biden a annoncé lundi soir la mort du chef d’Al-Qaïda, l’Egyptien Ayman al-Zawahiri, tué dans la nuit de samedi à dimanche en Afghanistan par une frappe de drone, nouveau coup porté à l’organisation terroriste ennemie jurée des Etats-Unis.
« Samedi, sur mes ordres, les Etats-Unis ont mené à bien une frappe aérienne sur Kaboul, en Aghanistan, qui a tué l’émir d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri », a lancé le président américain, qui s’exprimait depuis la Maison Blanche.
« Justice a été rendue et ce dirigeant terroriste n’est plus », a ajouté Joe Biden.
Introuvable depuis dix ans
Zawahiri était l’un des terroristes les plus recherchés au monde et les Etats-Unis promettaient 25 millions de dollars pour tout renseignement permettant de le retrouver. Il avait pris la tête de la nébuleuse jihadiste en 2011, après la mort d’Oussama Ben Laden, tué par un commando américain au Pakistan.
Introuvable depuis plus de dix ans, il était considéré comme un des cerveaux des attentats du 11-Septembre, qui avaient fait près de 3000 morts aux Etats-Unis.
Deux missiles « Hellfire »
Le président démocrate Joe Biden a ajouté que sa mort permettra aux familles de victimes tuées le 11 septembre 2001 dans les tours jumelles du World Trade Center, à New York, et au siège du Pentagone près de Washington, « de tourner la page ».
L’Arabie saoudite s’est pour sa part félicitée « de la mort du chef terroriste d’Al-Qaïda » responsable de « la planification et l’exécution d’odieuses opérations terroristes aux États-Unis, en Arabie saoudite et dans plusieurs autres pays du monde », selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
L’attaque au drone a été menée à l’aide de deux missiles Hellfire et sans aucune présence militaire américaine au sol, a précisé un responsable américain, preuve selon lui de la capacité des États-Unis « d’identifier et de localiser même les terroristes les plus recherchés au monde et de prendre des mesures afin de les éliminer ».
Ayman al-Zawahiri avait été repéré « à de multiples reprises et pour de longues durées sur le balcon où il a finalement été touché » par la frappe dans la capitale afghane, a ajouté ce même responsable.
Une « violation claire » des accords de Doha signés avec les talibans
Au cours du week-end, le ministre afghan de l’Intérieur avait démenti les informations faisant état d’une frappe de drone à Kaboul, indiquant à l’AFP qu’une roquette avait touché « une maison vide » de la capitale.
Dans un communiqué publié lundi sur Twitter avant l’intervention de Joe Biden, le porte-parole des talibans avait toutefois reconnu l’existence d’une « attaque aérienne », attribuée à un « drone américain ».
Joe Biden, qui était malade du Covid-19 et s’était soumis à un strict régime d’isolation lorsqu’il a ordonné la frappe le 25 juillet, a précisé lors de son allocution que l’opération n’avait fait « aucune victime civile ».
La présence d’Ayman al-Zawahiri à Kaboul constitue par ailleurs une « violation claire » des accords conclus à Doha en 2020 avec les talibans, qui s’étaient engagés à ne pas accueillir Al-Qaïda sur leur sol, a noté le haut responsable américain.
Dans leur communiqué, les islamistes afghans ont également accusé les Etats-Unis d’avoir dérogé à ces accords, en conduisant une frappe sur leur territoire.
« Plus de 20 ans après le 11-Septembre, les États-Unis ont enfin rattrapé Ayman al-Zawahiri, le proche camarade et successeur d’Oussama Ben Laden », a commenté lundi sur Twitter Thomas Joscelyn, expert du cercle de réflexion Foundation for Defense of Democracies. « Bien qu’il ait eu de nombreux défauts, il n’était pas aussi insignifiant que ne le supposaient de nombreux analystes. »
Près d’un an après le chaotique retrait d’Afghanistan
« Malgré la direction de Zawahiri (…), le groupe fait toujours face à d’importants défis. D’abord, la question de savoir qui va diriger Al-Qaïda après la disparition de Zawahiri », a estimé Colin Clarke, chercheur au cercle de réflexion américain Soufan Group.
Al-Qaïda avait déjà perdu son numéro 2, Abdullah Ahmed Abdullah, tué en août 2020 dans les rues de Téhéran par des agents israéliens lors d’une mission secrète commanditée par Washington, information révélée quelques mois plus tard par le New York Times.
L’annonce de lundi intervient près d’un an après le chaotique retrait d’Afghanistan des forces américaines, qui avait permis aux talibans de reprendre le contrôle du pays vingt ans après.
« Nous disons encore clairement ce soir que peu importe le temps que cela prendra, peu importe où vous vous cachez, si vous constituez une menace contre notre population, les Etats-Unis vous trouveront et vous élimineront », a martelé Joe Biden.
Tué par un drone sur son balcon: comment les Américains ont éliminé le numéro 1 d’Al-Qaïda
Jules Fresard avec AFP
Le 02/08/2022 à 7:40
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L’attaque américaine au cours de laquelle Ayman al-Zawahiri a été tué aurait été menée grâce à des missiles Hellfire R9X « flying ginsu », dépourvus de charge explosive mais dotés de six lames qui se déploient pour découper leur cible.
Une opération minutieusement préparée. Près d’un an après leur chaotique retrait d’Afghanistan en lien avec l’arrivée au pouvoir des talibans, les forces de sécurité américaines ont prouvé avec l’élimination du chef d’Al-Qaïda à Kaboul, rendue publique dans la nuit de lundi à mardi, qu’elles étaient en réalité loin d’avoir délaissé leurs opérations dans le pays.
La frappe de drone qui a permis de neutraliser Ayman al-Zawahiri, qui avait repris le flambeau de l’organisation terroriste en 2011 après la mort d’Oussama Ben Laden, a été rendue possible après des mois de planification. Mais aussi grâce à une arme dont l’existence n’a jamais été confirmée, les missiles Hellfire R9X « flying ginsu », découpant leur cible en morceaux.
Repéré plusieurs fois sur son balcon à Kaboul
Tout commence il y a plusieurs mois, quand des responsables américains sont mis au courant via divers canaux de renseignement de la présence dans la capitale afghane de la femme d’Ayman al-Zawahiri, ainsi que de ses enfants. Le renseignement américain se met alors sur la trace du chef terroriste. L’homme d’origine égyptienne est une cible prioritaire pour Washington. En plus de diriger Al-Qaïda depuis plus de 10 ans, il serait l’un des cerveaux des attentats du 11-Septembre, qui ont fait plus de 3000 morts.
Malgré les plus grandes précautions prises par sa femme pour ne pas révéler l’endroit où il se terre, Ayman al-Zawahiri est identifié dans un bâtiment du centre de Kaboul.
« Nous avons identifié Zawahiri à de nombreuses reprises, et pour de longs moments, sur son balcon, là où il a finalement été abattu », a expliqué lundi soir un haut responsable américain, après l’annonce de la mort du numéro 1 d’Al-Qaïda.
Le président Joe Biden est mis au courant. Se monte alors une opération top secrète pour neutraliser le terroriste. Parmi les exigences principales: ne surtout pas causer de victimes civiles, même au sein de la famille de Zawahiri. Le bâtiment est scrupuleusement étudié, ainsi que ses occupants.
En mai ou juin, les premières propositions d’opérations sont adressées à Joe Biden. Un nombre minime de conseillers est mis au courant, pour éviter tout risque de fuite.
Biden autorise l’opération le 25 juillet
Le 1er juillet, le président américain réunit dans la célèbre « situation room » de la Maison Blanche les plus hauts responsables américains, dont Bill Burns, le directeur de la CIA, Avril Haines, la directrice du renseignement national, et Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale. Lors de cette rencontre, Joe Biden est « très engagé dans les discussions et plongé dans les informations ». Il pose des questions sur « ce que nous savons et comment nous le savons », a indiqué un responsable à CNN.
Autour de la table, les chefs du renseignement ont même apporté avec eux une maquette du bâtiment. Joe Biden veut s’assurer que la météo ou encore les matériaux de la maison ne viennent pas affecter toute tentative de neutralisation. En parallèle, une équipe d’experts juridiques examine les données fournies et établit les bases légales de l’opération.
Lundi 25 juillet, alors qu’il est à l’isolement après sa contamination au Covid-19, Joe Biden réunit à nouveau sa garde rapprochée. Selon plusieurs sources citées par les médias américains, il demande un « niveau microscopique » de détails afin de ne pas entraîner de victimes civiles. À la fin de la réunion, le président américain autorise une frappe ciblée.
Tué par un drone sur son balcon
Dimanche 31 juillet à l’aube, un drone américain survole Kaboul. Ayman al-Zawahiri se tient sur son balcon.
« La frappe a finalement été menée (…) par un aéronef sans pilote. Deux missiles Hellfire (sont tirés sur) Ayman al-Zawahiri, qui est tué », a raconté un haut responsable américain. « Il a été tué sur le balcon ». Aucun de ses proches n’est blessé.
Selon les éléments fournis par la Maison Blanche, l’opération a nécessité l’emploi d’une arme dont l’existence même n’a jamais été confirmée: les missiles Hellfire R9X « flying ginsu », du nom d’une marque américaine de couteaux inspirés du Japon.
Cette version modifiée du missile américain serait dépourvue de charge explosive mais dotée de six lames qui se déploient avant l’impact pour découper la cible sans effet de souffle. Une photo de la voiture d’une cible supposée en Syrie en 2017 montre un énorme trou sur le toit du véhicule, l’intérieur déchiqueté, mais l’avant et l’arrière intacts.
« Cette mission a été préparée avec attention », s’est félicité Joe Biden dans son allocution, et elle a été « un succès. »
Qui était Ayman al-Zawahiri, le numéro 1 d’Al-Qaïda tué par les Américains?
Jules Fresard
Le 02/08/2022 à 11:39
Une photo d’Ayman Al-Zawahiri lors d’une interview, rendue publique le 6 mai 2007. – AFP / SITE INSTITUTE
D’origine égyptienne et chirurgien de formation, l’homme était vu comme la colonne idéologique d’Al-Qaïda. De nombreux experts s’accordent à dire qu’il était le cerveau derrière les attentats du 11-Septembre.
« Soyez averti que les chiens afghans ont trouvé délicieuse la chair de vos soldats. Alors continuez à en envoyer par milliers ». C’est ces mots, illustrant la radicalité du personnage, qu’Ayman al-Zawahiri avait choisi pour s’adresser au président Barack Obama lors de son élection en novembre 2008 à la Maison Blanche. Devenu le numéro un d’Al-Qaïda en 2011 à la mort d’Oussama Ben Laden, ce chirurgien égyptien a finalement été tué à l’âge de 71 ans par une frappe américaine menée dimanche à Kaboul. Une opération qui a mis fin à une vie consacrée à une vision extrémiste de l’islam et à un objectif: tuer des « infidèles ».
Pointé du doigt comme le cerveau derrière le 11-Septembre, sa mort a été présentée par Joe Biden lundi soir comme l’occasion pour les proches de victimes de « tourner la page ». Ayman al-Zawahiri constituait pour nombre d’experts du terrorisme et de la mouvance islamiste la colonne vertébrale idéologique d’Al-Qaïda, ayant apporté au mouvement de Ben Laden – dont il n’avait ni le charisme, ni la fortune – un cadre politique et religieux.
Chirugien de formation
Caractérisé par le bleu sur son front, signe d’une pratique intensive de la prière, Ayman al-Zawahiri est né le 19 juin 1951 dans la banlieue du Caire, au sein d’une famille de hauts dignitaires égyptiens. Son père, professeur en pharmacologie, avait pour oncle un ancien grand imam de la mosquée Al-Azhar, un des centres les plus prestigieux d’apprentissage de l’islam dans le monde. Son grand-père maternel était quant à lui président de l’université du Caire, et ancien ambassadeur.
Suivant d’abord les traces paternelles, Ayman al-Zawahiri, brillant élève, décide d’étudier la médecine à l’université du Caire, dont il sort diplômé d’un master de chirurgie en 1978. Mais son éducation religieuse a commencé bien plus tôt. Âgé seulement de 15 ans, il participe en 1966 à la formation d’une cellule clandestine militante, avec pour volonté de renverser le régime séculaire dans son pays d’origine. En 1967, comme une grande partie de ses compatriotes, il est choqué de la défaite des pays arabes contre Israël lors de la guerre des Six jours.
Sa vision de l’Islam est également profondément influencée par la lecture de Sayyid Qutb, un penseur et militant islamiste voyant le monde divisé en deux pôles, avec d’un côté les croyants et de l’autre les infidèles, dans lesquels il inclut les musulmans modérés. Après l’obtention de son diplôme de chirurgien, Ayman al-Zawahiri officie brièvement dans le duplex de ses parents, puis travaille dans une clinique du Caire soutenue par les Frères Musulmans. Il quitte une première fois l’Egypte pour aller officier au Pakistan, afin de soigner pour le Croissant Rouge des réfugiés fuyant l’invasion soviétique de l’Afghanistan.
À la même époque, il rencontre Azza Ahmed Nowari, avec qui il se mariera en 1979. En 2011, cette dernière également adepte d’une vision extrême de l’islam, refusera en octobre 2001 de se laisser secourir par des hommes après un bombardement à Kaboul, alors qu’elle se trouvait sous les décombres, de peur que ces derniers ne voient son visage non voilé. Elle mourra sous les décombres.
Le médecin personnel de Ben Laden
En 1981, il est arrêté une première fois pour son rôle dans la tentative d’assassinat visant le président égyptien de l’époque, Anouar el-Sadate, fustigé dans les rangs islamistes pour avoir signé les accords de paix de Camp-David avec Israël. En prison, il est torturé à de multiples reprises, si bien qu’il finit par livrer le nom d’un de ses collaborateurs. Le New York Times assure que c’est notamment à cause de cette trahison que Zawahiri décide de quitter l’Egypte.
Il va se rendre en Arabie Saoudite, avant de revenir au Pakistan en 1986. C’est là qu’il rencontre Oussama Ben Laden, fils d’une riche famille saoudienne, dans un hôpital où le terroriste donne des conférences. Ayman al-Zawahiri va d’abord devenir le médecin personnel de Ben Laden, avant que les deux hommes ne participent mutuellement à leur construction idéologique.
« Quand Ayman rencontre Ben Laden, il crée une révolution en lui », a expliqué au New Yorker l’Égyptien Montasser al-Zayyat, avocat de nombreux activistes islamistes et ancien co-détenu de Zawahiri.
L’Égyptien publie alors de nombreux textes, confirmant son statut d’idéologue en chef d’Al-Qaïda, dont certains destinés aux militants, leur expliquant le devoir de tuer des ressortissants américains partout dans le monde. Il a également la délicate tâche de justifier les errements idéologiques de la mouvance terroriste, alors que l’islam interdit le meurtre d’innocents et le suicide.
Inonder le métro de New York de cyanure
Zawahiri se rend avec Ben Laden au Soudan au début des années 90. Les deux hommes sont accueillis par le gouvernement de l’époque, alors que les mouvances islamistes se déchirent en Afghanistan.
Zawahri planifie plusieurs attentats, comme celui – raté – contre le Premier ministre égyptien, ou encore contre l’ambassade d’Égypte à Islamabad, au Pakistan, en novembre 1995.
En 2003, il prévoit même d’inonder le métro de New York de cyanure, mais il abandonne l’idée, jugeant le procédé « pas assez inspirant ». De même, il lance un vaste programme d’armes biologiques en Afghanistan, envoyant ses disciples à la recherche de scientifiques et de souches mortelles de bactéries à l’origine de l’anthrax.
Puis en 1996, il tente d’entrer en Tchétchénie, une république à majorité musulmane rattachée à la Fédération de Russie. Il est cependant arrêté à la frontière par les Russes, qui finissent par le relâcher, n’ayant pas réussi à l’identifier.
Sa tête mise à prix
Après les attentats du 11-Septembre, dont il est présenté comme le cerveau, il continue de jouer son rôle d’idéologue du mouvement, publiant de nombreux prêches et vidéos, caractérisés par son ton monocorde. À la mort de Ben Laden, il est naturellement désigné comme le successeur du Saoudien, après un mois de silence radio venant de l’organisation.
Il devient alors l’un des terroristes les plus recherchés du monde, et sa tête est mise à prix à 25 millions de dollars par Washington. Il est déclaré mort à plusieurs reprises, mais fini toujours par réapparaître dans des enregistrements. Lors de sa première prise de parole après la mort de Ben Laden, il indique dans une vidéo de 28 minutes, que son ancien chef va continuer à « terrifier » l’Amérique. « Coup pour coup », promet-il.
Son règne à la tête d’Al-Qaïda se caractérise par la montée en puissance de l’État islamique, et l’affaiblissement de sa propre organisation. En 2015, préparant sa succession et souhaitant remobiliser les troupes, il décide de présenter publiquement Hamza Ben Laden – qui serait mort en 2017 ou 2018 -, un des fils d’Oussama. Il souhaite en faire l’héritier de son père. Ce dernier aurait d’ailleurs épousé une des filles d’al-Zawahri, comme l’indique le New York Times.
Finalement, après s’être terré dans des zones reculées du Pakistan et de l’Afghanistan, Ayman al-Zawahiri semble avoir bénéficié de l’arrivée au pouvoir des talibans à Kaboul l’été dernier pour prendre quelques largesses dans ses habitudes sécuritaires. Dimanche, il a été tué par un drone américain alors qu’il se trouvait sur son balcon, en plein coeur de la capitale afghane.
Et concernant les chapitres les plus récents, qui est-ce qui s’y colle ?
Là encore, ça ne manque pas de sel : la haine des ingénieurs, l’assassinat de familles entières d’ingénieurs, surtout quand elles sont issues des fondateurs… d’où l’on déduit, pour le moins, quelques renversements de tendances…
Les francs maçons sont à Brest depuis 1745, un ouvrage raconte leur histoire Réservé aux abonnés
Publié le 30 juillet 2022 à 15h04 Jean-Yves Guengant présente son dernier livre consacré à la franc-maçonnerie maritime. (Le Télégramme/Valérie Gozdik)
Les premiers francs maçons étaient des marins et la première loge brestoise, Heureuse Rencontre, a été créée en 1745. Elle donne son nom au dernier ouvrage que l’historien Jean-Yves Guengant consacre au sujet.
1 La franc-maçonnerie est arrivée à Brest par la mer
Au XVIIIe siècle, Brest est une ville construite autour d’un arsenal. Les carrières maritimes ou militaires sont les seules qui font voyager et les loges se développent sur la façade atlantique. Après la création des loges de Lorient ou Bordeaux, celle de Brest, Heureuse rencontre, s’organise en 1745. Les francs maçons sont loyaux au roi, plus qu’à la religion et ils veulent pratiquer la vertu. Lorsqu’ils voyagent, les officiers de marine souhaitent rencontrer des semblables dans les ports qu’ils visitent. Le passeport maçonnique facilite ces rencontres dans les ports.
2 Les francs maçons, corsaires ou négriers selon les périodes
Beaucoup de Nantais participent au banquet d’inauguration de la loge brestoise car leurs bateaux sont dans le port. Certains sont des corsaires du roi et en dehors des guerres, ils reprennent leurs activités maritimes habituelles comme la traite des esclaves. Le 15 mai 1768, l’Étourdie part de Brest pour rejoindre Saint-Domingue afin d’y embarquer une cargaison humaine. L’expédition sera un désastre. Dès 1823, les esprits ont évolué et les maçons brestois sont les premiers à défendre des hommes de couleur aux Antilles qui doivent être envoyés au bagne après une révolte.
Le comte de La Pérouse, franc maçon initié à l’Heureuse rencontre a été très actif dans sa loge. C’est là qu’il se lie sans doute à Fleuriot de Langle, un frère, qui sera son second de sa fameuse et fatale expédition. Après une longue carrière militaire en France, Jacques Boux, retourne à son premier métier d’architecte naval et conçoit le premier navire de la marine américaine. Choderlos de Laclos, secrétaire de la loge des élus de Sully (qui doit s’installer à Brest) ne vient pas immédiatement car il doit terminer son roman Les liaisons dangereuses. Les amis de Sully sont les descendants de cette loge toujours active à Brest.
Jean-Yves Guengant, ancien professeur d’histoire et actuel proviseur du lycée de l’Iroise, publie son premier livre, un véritable fonds d’archives sur Brest et ses francs-maçons, aux éditions Armeline.
Jean-Yves Guengant, ancien professeur d’histoire et actuel proviseur du lycée de l’Iroise, publie son premier livre, un véritable fonds d’archives sur Brest et ses francs-maçons, aux éditions Armeline. Il était présent à la librairie Dialogues, le 11 juin. L’historien de formation a voulu décomplexer les Brestois sur leur histoire en leur offrant un point de vue unique sur le passé de la ville. « Ce n’est pas seulement une ville de guerre ou du bout du monde. Brest est aussi un lieu de frontières, ouvert sur le monde depuis des siècles ». C’est en voulant aider un ami à sauvegarder les archives des « Amis de Sully » que Jean-Yves Guengant a débuté ses recherches sur la franc-maçonnerie. Pour l’auteur, il était important de souligner « l’aspect durable de la confrérie, à travers toutes les époques et tous les milieux, grâce aux valeurs de fraternité et de solidarité qui ont, par exemple, permis de créer des écoles ou attribuer des bourses aux jeunes filles… ».
Des parcours étonnants
Dans son livre, Jean-Yves Guengant dresse la liste des francs-maçons qui se sont distingués par leurs ambitions ou leur esprit libertaire : « Bougainville (le navigateur du XVIII e ), entre autres, s’est démarqué du groupe par son parcours étonnant, tout comme le général de Trobriand, héros de la guerre de Sécession ». L’auteur présente ainsi les parcours atypiques de ces francs-maçons qui ont « participé à l’Histoire politique et sociale de la ville ». Le livre « Brest et la franc-maçonnerie » contient, par ailleurs, de nombreux documents jamais publiés auparavant.
Franc-maçonnerie. La Bretagne aux premières loges Réservé aux abonnés
Publié le 17 novembre 2019 à 08h59 Modifié le 17 novembre 2019 à 09h00 Maîtresse du roi d’Angleterre, la jolie aristocrate bretonne, Louise de Keroual, avec qui elle aura un fils, est très proche des milieux francs-maçons. Ses descendants figurent d’ailleurs parmi les hauts grades de la franc-maçonnerie britannique. (Photo Arnaud d’Apremont )
Née officiellement en 1717, la franc-maçonnerie puise dans des racines plus anciennes et notamment dans l’histoire politique des îles Britanniques, entre partisans des Stuart ou des princes protestants, histoire à laquelle la Bretagne a fortement été liée.
Depuis la création officielle d’une première loge, à Londres, en 1717, la franc-maçonnerie a suscité bien des questions, voire des fantasmes. « La franc-maçonnerie est universelle », proclame le rituel de ce mouvement spirituel au fonctionnement parfois secret, qui s’est ensuite développé dans plusieurs pays et s’est divisé en de nombreuses branches aux conceptions parfois très opposées. Ainsi, si la franc-maçonnerie en France a été, à l’époque contemporaine, plutôt associée à une défense sourcilleuse de la laïcité, dans les pays anglo-saxons, elle est étroitement liée au christianisme.
Origines britanniques
Plusieurs historiens ont également mis en évidence que la franc-maçonnerie, née dans les îles Britanniques, s’est rapidement implantée en Bretagne, particulièrement dans les ports, où résidaient des personnes originaires des îles Britanniques depuis le Moyen Âge. Si les francs-maçons se réfèrent volontiers à Hiram, architecte du temple de Salomon, l’origine de leur mouvement se situe plutôt dans l’Angleterre et l’Écosse de la Renaissance. La franc-maçonnerie semble, en effet, se rattacher aux mouvements de tolérance religieuse et politique qui se développent dans l’Europe médiévale et utilisent, pour se dissimuler et éviter les persécutions, des symboles et des allégories. Ils recrutent notamment chez les bâtisseurs de cathédrales et d’églises, organisés en puissantes corporations.
Si l’une des premières mentions de « free massons » remonte à 1356 en Angleterre, on en retrouve également de multiples traces dans l’Écosse des XVIe et XVIIe siècles. Les Stuart, qui règnent sur le pays, et qui monteront sur le trône d’Angleterre, oscillent, en effet, entre catholicisme et protestantisme. Leurs partisans dans les îles Britanniques comptent de nombreux francs-maçons qui se cachent notamment des protestants les plus radicaux.
Les jacobites bretons
En 1690, les Stuart sont définitivement chassés du trône par Guillaume d’Orange. Nombre de leurs partisans, particulièrement en Irlande et en Écosse, quittent les îles Britanniques. Plusieurs milliers d’entre eux s’installent ainsi en Bretagne. Baptisés « jacobites », ils rejoignent leurs compatriotes qui ont fait souche lors d’une première vague en 1644, après la défaite des Stuart face à Cromwell. En 1660, Charles II Stuart remonte sur le trône. Il a notamment le soutien de Louis XIV qui lui envoie une jolie aristocrate bretonne, Louise de Keroual. Maîtresse du roi d’Angleterre, auquel elle donnera un fils, elle est très proche des milieux francs-maçons. Ses descendants figurent d’ailleurs parmi les hauts grades de la franc-maçonnerie britannique.
En Bretagne et en France, les partisans des Stuart créent les premières loges. Elles puisent ainsi dans les régiments irlandais et écossais au service du roi de France. Ils suivent un rite dit « écossais ». À l’inverse, ceux de Guillaume d’Orange puis de la dynastie des Hanovre en Grande-Bretagne forment la grande loge unie d’Angleterre. En 1738, en réaction, le pape Clément XII signe une première bulle contre la franc-maçonnerie, du moins dans sa dimension « anglaise » et donc protestante. Le Vatican soutient en revanche les Stuart, dont beaucoup de francs-maçons exilés à Rome. En 1746, la défaite des Écossais à Culloden, condamne les espoirs des Stuart. Leur chef, Bonnie Prince Charlie, est récupéré par des navires partis de Bretagne.
(Photo Arnaud d’Appremont )
Jésuites et officiers de Marine
Outre les jacobites, certains historiens envisagent une autre filiation aux francs-maçons bretons, celle singulière des Jésuites. Arnaud d’Apremont remarque ainsi que de nombreux maçons bretons, au XVIIIe siècle, ont été formés dans les collèges jésuites, particulièrement celui de Quimper. Ces établissements prônent, en effet, une pédagogie basée sur la libre-pensée. Il voit aussi des similitudes méthodologiques dans l’emploi des symboles entre les pères Le Nobletz et Maunoir dans leurs fameux tableaux de mission, les taolennoù, et les premiers tableaux maçonniques.
Officiellement les premières loges bretonnes naissent dans les ports bretons et à Rennes, tout au long du XVIIIe, comme en 1744, l’Union à Lorient, en 1745, l’Heureuse rencontre à Brest, en 1746, la Noble amitié à Morlaix. En 1763, le plus célèbre maçon de Quimper est Elie Freron, adversaire acharné de Voltaire. En 1767, on ne compte pas moins de dix-neuf loges en Bretagne où elles jouent parfois un rôle non négligeable. Les maçons recrutent en masse chez les officiers de Marine, que ce soit dans la Royale ou dans la compagnie des Indes. Avant la Révolution, ces premiers maçons bretons se font les diffuseurs des idées des Lumière, ce qui ne les empêche pas, souvent, de s’opposer à un certain centralisme des grandes loges françaises vers Paris.
Nombre des députés bretons qui rejoignent les États généraux du royaume en 1789, sont des francs-maçons. Ils se réunissent au café Amaury, à Versailles. Leur « club breton » sera pourtant paradoxalement à l’origine de celui des Jacobins, artisan de l’abrogation des privilèges le 4 août 1789, mais aussi des droits et constitutions des provinces, anticipant le virage centralisateur de la Révolution.
Pour en savoir plus
Arnaud d’Apremont, « Le compas et l’hermine, un regard sur la franc-maçonnerie aujourd’hui en Bretagne », Coop Breizh, 2019.François Labbé, « Les débuts de la franc-maçonnerie en Bretagne », Centre d’histoire de Bretagne, Porspoder, 2017.
Toujours la même erreur d’aiguillage façon boomerang dans le peu de cerveau qui lui reste après plusieurs décennies de toxicomanie et d’alcoolisme invétéré…
Ce blog a été créé le 6 janvier 2015 pour prendre le relais du Petitcoucou venant d'être suspendu sans préavis ni avertissement en milieu de journée. Ayant eu cette fonction jusqu'au 1er février 2015, il devient un doublon du Petitcoucou suite à la réouverture de ce dernier après trois semaines de suspension, et sa reprise d'activité à compter du 2 février 2015.
Les statistiques de ce blog sont bloquées depuis le 21 janvier 2015. Plus aucun compteur n'est incrémenté, ceux des visites du jour restent à zéro, les mises à jour ne se font plus.
Avis du 24 janvier 2015
Mes statistiques "avancées" sont de retour et font apparaître un record de visites le 21 janvier 2015 - record très modeste, mais néanmoins record pour ce blog nouveau-né.
En revanche, les statistiques "basiques" sont toujours bloquées.
Tout cela m'évoque bien évidemment les petites manies de Cyprien Luraghi qui n'a jamais pu supporter de voir s'envoler le nombre de mes lecteurs, qu'il surveille comme le lait sur le feu depuis la création de mon premier blog, sur Le Post, début septembre 2009.
Avis du 26 janvier 2015
Mes statistiques "basiques" sont de retour. Tout se passe normalement. Le Chinois de Thaïlande est inactif sur ce blog.
Avis du 31 janvier 2015
Mes statistiques "basiques" sont de nouveau bloquées depuis le 29 janvier.
Avis du 1er février 2015
Retour de mes statistiques "basiques".
Avis du 3 février 2015
Statistiques "basiques" de nouveau bloquées depuis le 1er février.
Avis du 6 février 2015
Mes statistiques "basiques" sont de retour. Tout fonctionne.
Avis du 11 février 2015
Mes statistiques "basiques" sont de nouveau bloquées depuis le 8 février.
Avis du 26 février 2015
Statistiques "basiques" enfin débloquées !
Avis du 27 février 2015
Statistiques "basiques" de nouveau bloquées depuis le 26 février. Ce petit jeu pourrait-il cesser ? On n'en voit pas l'intérêt...
Complément de 22 h: merci de m'avoir rendu ces statistiques !
Avis du 4 mars 2015
Statistiques "basiques" de nouveau bloquées depuis le 1er mars. Merci de les débloquer et ne plus les bloquer ou les oublier en cet état à l'avenir.
Avis du 7 mars 2015
Statistiques "basiques" bien débloquées. Merci.
Avis du 25 mars 2015
Statistiques "basiques" bloquées depuis le 14 mars.
Avis du 2 avril 2015
Mes statistiques "basiques" sont de retour.
Avis du 26 avril 2015
Les statistiques "basiques" de ce blog sont encore bloquées, depuis le 10 avril 2015.
Avis du 28 avril 2015
Statistiques de retour. Merci.
Avis du 7 mai 2015
Je n'ai de nouveau plus de statistiques "basiques" depuis le 2 mai. Comme pour Petitcoucou, les statistiques "avancées" ont également disparu depuis deux jours.
Avis du 10 mai 2015
Statistiques "basiques" débloquées. Merci. Me manquent encore les statistiques "avancées".
Avis du 14 mai 2015
Toutes mes statistiques sont de retour depuis hier. Merci.
Avis du 3 octobre 2015
Les compteurs de mes statistiques avancées sont tous à zéro depuis le 1er octobre. Merci de me les rendre.
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