Actuellement, les Luraghi attendent avec impatience que je leur donne la signification du prénom du quatrième membre de leur famille, la fille, Shanti Devi. Qu’ils ne s’inquiètent pas, cela va venir, c’est tout vu depuis longtemps, c’est vraiment très simple, du moins pour l’essentiel, car avant de le publier, j’ai quand même fait une petite recherche Google sur ce prénom, laquelle m’a ramené l’histoire de l’unique cas de réincarnation quasi attesté, celui, très documenté, d’une Indienne née le 11 décembre 1926 à Delhi et qui se rappelait très bien dans ses moindres détails toute sa vie antérieure, celle d’une autre Indienne décédée le 4 octobre 1925 à Mathura, à environ 145 km de Delhi, dix jours après avoir mis au monde un fils.
Je ne suis pas spécialement experte en hindouisme mais en sais quand même quelques petites choses, un peu comme tout le monde, ou peut-être un peu plus que la moyenne, vu que je me suis intéressée très tôt à toutes les religions du monde, mais pas à celle-là plus qu’à une autre et je n’avais de toute façon jamais pensé à approfondir cette question de la réincarnation à partir du cas très concret de Shanti Devi.
Cette fois, je m’y mets. Premier constat : la réincarnation supposée de Lugdi Devi en Shanti Devi s’est produite très exactement 14 mois et 7 jours après son décès, ce qui correspond approximativement à la durée de la période la plus douloureuse après la perte d’un être cher. Imaginons donc que ce délai de 14 mois et 7 jours avant réincarnation soit très régulier.
Pour ma part, je suis censée avoir le karma d’une personne qui aurait connu une très grande célébrité dans sa vie antérieure et serait obligée d’en payer tous les excès dans sa nouvelle incarnation. Ce qui est sûr, c’est que je paie, effectivement, je n’arrête pas de payer, très cher et depuis très longtemps, sans trop savoir quoi exactement, d’ailleurs, sinon, pour l’essentiel, un QI jugé beaucoup trop important par des tas de gens qui me le font donc payer extrêmement cher, notamment avec une interdiction absolue et définitive de toute forme de vie qui m’est tombée dessus assez vite après mon entrée dans l’âge adulte. Je ne serais donc même pas revenue à la vie pour vivre, puisque cela m’est strictement interdit par la criminelle Josette Brenterch du NPA de Brest et tous ses complices, mais simplement pour voir, car je ne peux bien évidemment pas me contenter de payer.
Voyons, donc. Voyons, voyons.
Si j’ai été si célèbre dans ma précédente vie, je dois bien pouvoir la retrouver assez facilement, elle est forcément connue, et même très connue du public.
Il me suffit de la rechercher parmi celles de célébrités enterrées ou incinérées (moment où l’âme est libérée du corps) 14 mois et 7 jours avant ma naissance.
Je prends ma règle à calcul… tac tac tac… pof : 8 août 1962.
Avec cette date, je poursuis mes recherches de célébrités qui puissent convenir… et en trouve bien une et une seule : Marilyn Monroe !
Alors là, je suis morte de rire. Pas Mortenson ni morte en scène mais morte de rire, parce que c’est vraiment trop rigolo : au-delà de différences évidentes, il existe effectivement de très nombreuses similitudes et correspondances entre sa vie, sa personnalité et les miennes.
Et même, on peut dire qu’à plusieurs reprises le Hasard s’est plu à me rappeler son existence d’une manière très appuyée, par exemple avec le prénom de Marilyne et les deux noms de Mortenson et Monroe.
Et pourquoi donc le malade mental Pascal Edouard Cyprien Luraghi s’est-il accroché à ma personne comme il l’a fait à compter de 2008 ? Avait-il pour mission de me faire ouvrir les yeux sur des choses que j’avais en fait sous le nez depuis très longtemps sans y prêter grande attention, lui le PN en recherche de célébrité ayant décidé de se nourrir de mes qualités ?
Commençons par le début – puisqu’il le fait lui-même pour sa vie de taré de PN depuis qu’il la raconte sur le net, cela permettra de plus de faire quelques comparaisons des plus intéressantes.
J’ai donc été un bébé toujours de bonne humeur, très gai et drôle, qui amusait beaucoup ses parents et ne leur causait aucun souci. Précoce pour tout, j’ai marché à neuf mois mais dansais déjà avant. En effet, dès qu’on me mettait un peu de musique, je dansais, par exemple en me tenant aux barreaux de mon parc d’enfant. Sur la plupart de mes photos de bébé, on me voit arborer un très grand sourire ou rire aux éclats, à peu près comme Marilyn Monroe dans toutes ses photos les plus connues. Rien à voir avec le taré de PN qui, lui, faisait déjà des « crises nerveuses » assez inquiétantes pour que ses parents l’amènent chez le médecin, et se caractérisera jusqu’à un âge très avancé par une encoprésie sans autre cause que psychologique ou psychiatrique.
Le médecin qui me suivait disait déjà que j’étais très intelligente, les autres ont toujours renchéri, et tous mes enseignants depuis la maternelle de même. Les psychologues scolaires aussi, tests à l’appui, comme je l’ai déjà dit ailleurs, par exemple ici :
Rappelons donc à ce sujet que Marilyn Monroe elle-même est bien connue pour avoir eu un QI de 168, ce qui est très élevé.
En revanche, nos conditions de vie respectives ne se ressemblent pas. Je suis née dans une famille normale, avec un père et une mère qui m’ont élevée eux-mêmes, ce qui lui a cruellement manqué, et je profiterai aussi de l’ouverture récente des écoles d’ingénieurs à la gent féminine pour suivre ce type d’études après l’obtention du baccalauréat ad hoc. Malgré tout, je suis toujours en bord de mer.
Les acquis des vies antérieures sont censés rester. Ouais, pourquoi pas. Musique, chant, danse, comédie ont bien fait partie de mes plaisirs durant cette nouvelle vie, tout comme les joies de la plage. Mais ce ne sont que des loisirs, des moments de détente. Je travaille sur tout autre chose et ne dévie pas de ma route. La blonde peroxydée, c’est bien fini, j’ai toujours gardé ma couleur naturelle, sauf pour quelques amusements théâtreux avec des amis comédiens qui d’ailleurs me trouvaient tellement « géniale » qu’ils auraient bien voulu que j’arrête de travailler pour ne plus me consacrer comme eux qu’à la comédie – mais non, vous dis-je, on se marre bien, c’est cool, oui, mais j’ai vraiment autre chose à faire, maintenant…
Mes choix professionnels sont donc assez différents de ceux de Marilyn Monroe.
Mais pour finir, je me retrouve exactement dans la même merde, avec la même image de merde, qui me correspond encore moins qu’à elle… Tout y est, peut-être pas tout à fait dans le même ordre, mais c’est bien ça : mafia, syndicat de pourris, affaires d’Etat, patrons marchands de viande, écoutes illégales, assassinats, etc…
Et ce psychiatre…
Je rappelle ici que le corps médical et les autorités judiciaires me savent depuis très longtemps physiquement inapte à tolérer le moindre traitement psychiatrique, outre que de toute façon je n’en ai toujours aucun besoin.
Cependant, le malade mental et néanmoins criminel Pascal Edouard Cyprien Luraghi ainsi que tous ses complices tentent toujours d’obtenir mon internement, ou plutôt mon assassinat, en psychiatrie…
Si je m’en réfère à ma vie d’aujourd’hui, les similitudes ou répétitions de nos vies respectives induisent donc que le psychiatre de Marilyn Monroe l’a assassinée sur commande.
Quant à l’ancien juge Raymond André du TGI de Brest, décédé en février 2019, encore un taré qui lorsqu’il n’était pas au tribunal passait tout son temps avec Marilyn Monroe qui l’obsédait autant que moi-même très probablement depuis le début des années 1980 (nous pouvions nous croiser assez souvent sans que je ne le connaisse et ne le remarque, mais lui devait très bien savoir qui j’étais), en lui appliquant la règle Shanti Devi, je lui trouve comme possible précédente vie celle de Maurice Gamelin, responsable de la débâcle en l’an 40 (doit-on en rire ou en pleurer ?) :
« Gamelin » redirige ici. Pour les autres significations, voir Gamelin (homonymie).
Certaines informations figurant dans cet article ou cette section devraient être mieux reliées aux sources mentionnées dans les sections « Bibliographie », « Sources » ou « Liens externes » (mai 2015).
Maurice Gamelin est né le 20septembre1872 à Paris 7e où il vécut son enfance au no 262 du boulevard Saint-Germain, en face du ministère de la Guerre. Son père Zéphyrin, contrôleur général des Armées, s’était distingué au service de Napoléon III et fut blessé à la bataille de Solférino en 1859. Sa famille maternelle – les Uhrich – est de souche alsacienne. Très jeune, il manifeste un intérêt pour les questions militaires mais, comme on lui reconnaît également un certain talent pour les arts, ses parents préfèrent d’abord l’encourager dans cette voie. Il fréquente le collège Stanislas de la rue du Montparnasse, puis, brillant élève désormais déterminé à s’engager dans une carrière militaire, il intègre Saint-Cyr le 31octobre18912 et en sort major de promotion en 1893.
Début de carrière militaire
C’est en Afrique du Nord qu’il commence sa carrière d’officier, d’abord au 3e régiment de tirailleurs algériens, puis à la brigade topographique de Tunisie, où il peut mettre à profit ses dons pour le dessin et l’observation. Revenu en métropole en 1897, il prépare le concours d’entrée à l’École supérieure de guerre. Huitième au concours d’entrée, il en sort deuxième. Esprit fin, cultivé, travailleur et doué pour les études de tactique militaire, il se fait remarquer par le futur général Lanrezac, alors commandant en second de l’école. Il poursuit ensuite comme stagiaire à l’état-major du 15e corps une carrière qui s’annonce d’ores et déjà brillante. Passé en 1904 du service d’état-major à la troupe (en tant que commandant de compagnie au 15e bataillon de chasseurs), il se montre toujours aussi efficace et fait l’admiration de ses supérieurs. En 1906, il publie son Étude philosophique sur l’art de la Guerre, qui le place d’emblée parmi les meilleurs penseurs militaires de son temps.
L’année 1906 marque le tournant de la vie de Gamelin. Cette année-là, en effet, il est nommé officier d’ordonnance du général Joffre qui commande alors la 6e division d’infanterie. Cette nomination doit beaucoup à l’entremise du lieutenant-colonel Foch, qui était alors professeur à l’École de guerre et qui avait eu l’occasion d’apprécier les hautes qualités de son ancien élève. Dès lors, la carrière du jeune capitaine breveté se confond avec celle de Joffre. En 1908, il le suit à l’état-major du 2e corps d’armée, puis en 1910 au Conseil supérieur de la guerre. Il est nommé chef de bataillon en 1911 et doit se séparer provisoirement de son chef pour prendre le commandement du 11e bataillon de chasseurs, à Annecy. Mais cette séparation est de courte durée puisque, le 23 mars 1914, Joffre le rappelle à son service à l’État-Major général.
Gamelin est toujours le collaborateur dévoué de Joffre lorsque commence la Première Guerre mondiale. À ce poste, il fait preuve d’un zèle et d’une efficacité de premier ordre, surtout lors de la bataille de la Marne où il rédigea les instructions qui allaient conduire à la victoire. C’est également à cette époque qu’il se rend compte de l’imbrication étroite du politique et du militaire pour la conduite des opérations. Le 1ernovembre 1914, il est nommé lieutenant-colonel et quitte le Grand Quartier général (G.Q.G.) pour prendre le commandement de la 2e demi-brigade de chasseurs à pied. Avec elle, il combat en Alsace (sur le Linge notamment) puis dans la Somme.
Nommé colonel en avril 1916, il poursuit son ascension et fait sans cesse l’admiration de ses supérieurs : au feu, comme dans un bureau d’état-major, Gamelin semble décidément un officier de très grande envergure. Le 8 décembre 1916, il est nommé général de brigade à titre temporaire : il ne sera resté colonel que huit mois. Après un bref retour au G.Q.G., il devient chef d’état-major du groupe d’armées de réserve du général Joseph Alfred Micheler. Le 11 mai 1917, il reçoit son dernier commandement de la guerre, celui de la 9e division d’infanterie, dont il garde la tête jusqu’à l’armistice. Soucieux d’économiser la vie de ses hommes, il n’en témoigne pas moins d’une grande habileté tactique, comme en attestent ses combats dans la région de Noyon, durant le printemps 1918.
De 1919 à 1924, le général Gamelin dirige la mission militaire française au Brésil. Puis il est nommé commandant des troupes françaises au Levant (1924-1929). Il doit faire face à une révolte dans le djebel el-Druze et dégage la ville de Soueïda qui était assiégée depuis des semaines3. À ce poste, il achève la conquête du territoire. Rentré en France, il prend le commandement de la 20e région militaire à Nancy, un des plus beaux commandements métropolitains3. Quand le général Weygand, qui fait peur aux parlementaires de gauche, est nommé vice-président du Conseil supérieur de la guerre, Gamelin, dont la réputation de « républicain » est bien établie, est nommé à ses côtés3.
Soutenu tout au long de sa carrière par Édouard Daladier, il succède en 1931 au général Weygand au poste de chef d’État-Major général. C’est à cette époque, selon Max Schiavon, que ses défauts, dissimulés jusque là, commencent à apparaître : bien qu’il dispose de grandes capacités intellectuelles, il manque de fermeté et d’esprit de décision3. Il est chargé de la direction du Grand Quartier général des forces terrestres françaises. À partir de 1935, il cumule cette fonction avec celle d’inspecteur général de l’Armée. Avant lui, seul Joffre avait eu autant de pouvoir.
Quand Hitler fait pénétrer la Wehrmacht en Rhénanie le 7 mars 1936, le gouvernement français donne des instructions pour une mobilisation partielle en vue d’une action militaire. Gamelin le dissuade d’intervenir.
Alors que ses services de renseignement surévaluent les moyens de la Luftwaffe, il a lui-même depuis des semaines délibérément exagéré la puissance des forces terrestres allemandes pour tenter d’obtenir des crédits supplémentaires. Il annonce devoir faire face à 22 divisions, qui pourraient devenir 120 dans la guerre d’usure qu’il prévoit. Il n’envisage donc pas d’action sans mobilisation générale, ce que le gouvernement ne peut ordonner, l’opinion publique étant encore pacifiste. On apprendra plus tard qu’Hitler ne disposait que de 7 divisions opérationnelles dans un pays qui n’avait rétabli la conscription qu’un an plus tôt.
Il devient ensuite le premier titulaire du poste de chef d’État-Major de la Défense nationale, avec une mission de coordination entre les trois armées (terre, air, mer), à la suite du décret du 21 janvier 1938.
Gamelin joue ainsi un rôle déterminant dans la préparation de la France au conflit à venir. Il imprègne de ses conceptions — aussi floues ou obsolètes soient-elles — l’armement, l’organisation et l’entraînement de l’Armée.
Chevalier de la Légion d’honneur depuis 1913, il est nommé grand-croix de l’ordre le 8 juillet 19324.
Seconde Guerre mondiale
La défaite
Maurice Gamelin, généralissime des Forces armées françaises. Photographie d’Henri Manuel, vers 1940.
Le généralissime des Forces armées françaises au cours de la Seconde Guerre mondiale était un des généraux les plus intellectuels de son époque. Il était respecté, même en Allemagne, pour son intelligence et sa subtilité. Malgré cette finesse et ses brillants états de service pendant la Première Guerre mondiale, son commandement des armées françaises jusqu’à la bataille de France en mai 1940 fut un désastre.
Gamelin soutint un plan stratégique défensif consistant à attendre l’attaque allemande, en conservant un front continu de la Suisse à la mer du Nord, derrière la ligne Maginot le long de la frontière allemande, puis avec des divisions de second ordre derrière l’obstacle naturel des Ardennes, enfin grâce à des troupes mobiles jusqu’à la mer. Anticipant l’agression de la Belgique et des Pays-Bas, il mit au point une manœuvre consistant à avancer en Belgique jusqu’à la Dyle pour à la fois raccourcir la ligne de front et rallier les troupes belges. Il imposa la « variante Breda », consistant à placer à l’extrême nord du front la 7e armée du général Giraud, pour « tendre la main aux Hollandais ». [réf. souhaitée] Le plan Dyle-Breda qui consiste à utiliser la seule armée placée en réserve pour se porter jusqu’en Hollande est adopté en dépit du fait que la quasi-totalité de ses grands subordonnés le désapprouvent3. Cette manœuvre fut exécutée dès le début de la campagne, déplaçant les meilleures unités françaises et leur soutien aérien très loin du lieu de l’attaque véritable des Allemands.
Après la percée de Sedan, le président du Conseil Paul Reynaud remplaça Gamelin, comme il avait déjà voulu le faire à la veille de l’offensive allemande. Le 18 mai, alors que les armées françaises et britanniques cèdent sur tous les fronts, il obtient du président Lebrun le limogeage du généralissime Maurice Gamelin, vaincu par son manque de détermination. Il le remplace par le général Maxime Weygand (73 ans), qui s’est acquis un certain prestige en qualité de second du maréchal Foch à la fin de la précédente guerre.
Au rang des nombreuses erreurs de Gamelin, on peut citer :
une faible capacité à mener les hommes ainsi qu’à les organiser, et un manque de charisme général. Ses subordonnés, dit-on, l’avaient surnommé « Baudelaire », car on disait que toute sa doctrine se résumait dans le vers : « Je hais le mouvement qui déplace les lignes » ;
des conceptions obsolètes de l’emploi de l’aviation, des chars, des éléments motorisés, de l’artillerie, des fortifications. Il ne tint aucun compte des développements modernes et ne tira guère d’enseignements de la rapidité de la campagne de Pologne, restant attaché à l’expérience du conflit de 1914-1918, et arguant que « la Pologne n’est pas la France ». S’il adhérait à cette doctrine conservatrice, force est d’observer que le gouvernement et la plupart des officiers de l’époque y souscrivaient également ;
la mauvaise organisation du plus haut niveau de l’armée, se caractérisant par une dilution des responsabilités sur un front crucial ; en Belgique, on ne sut trop qui commandait la coalition interalliée : était-ce le général Billotte, chef du 1er groupe d’armées, le général Georges, commandant du front Nord-Est, ou le généralissime lui-même ? L’envoi d’un officier de liaison auprès du roi des Belges Léopold III, le 10 mai, ne pouvait être que trop tardif pour permettre une coordination efficace entre Belges et Alliés. Cependant, dans Servir, ses mémoires parus en 1946, Gamelin souligne qu’il avait voulu empêcher un déroulement fatal aux événements de la campagne de 1940 en entretenant des rapports secrets avec le roi Léopold III, commandant en chef de l’armée belge, ce qui lui avait révélé le plan allemand d’offensive par les Ardennes connu des services belges de contre-espionnage ; [réf. souhaitée]
un commandement privilégiant les contacts avec les hommes politiques parisiens — depuis son quartier général de Vincennes — plutôt que la proximité du front. Ce point était encore exacerbé par la réticence de Gamelin à employer la radio pour transmettre ses directives, préférant le téléphone filaire ou les coursiers. Le processus de décision français était ainsi plus lent que celui des Allemands. En ce qui concerne le choix de rester à Vincennes, il s’explique par la loi de 1938 sur la direction de la guerre. La responsabilité de la direction de la guerre incombe au gouvernement. C’est écrit en toutes lettres et c’est cette loi qui s’applique dès le 2 septembre 1939 ; [réf. souhaitée]
une vision du théâtre d’opérations qui lui fit regarder le secteur des Ardennes comme impénétrable (malgré les avertissements qu’il a reconnu avoir reçus de Belgique), au grand dam du général Corap, commandant la 9e armée française dans ce secteur, qui ne cessa de signaler en vain l’insuffisance en hommes et en matériel sur ce front et sa perméabilité de fait ; de même le maintien de forces importantes derrière la ligne Maginot excessivement gourmande en personnel alors que celle-ci aurait dû permettre une grande économie de troupes.
Dans ses mémoires, Gamelin s’efforce de se justifier, soulignant par exemple qu’il préparait une contre-attaque le jour même de son remplacement par Weygand.
De fait, Paul Reynaud avait également des raisons politiques pour le remplacer. La raison essentielle pour laquelle il tenait à le remplacer c’est que Gamelin était soutenu par Édouard Daladier. Or une sourde hostilité opposait Daladier à Reynaud. Cet antagonisme entre ces deux personnages est caractéristique de la fin de la IIIe République. Daladier fut conservé dans le cabinet Reynaud parce que sans lui les Radicaux n’auraient pas soutenu le gouvernement. Même avec l’appui du gouvernement, Reynaud n’avait été investi qu’à une seule voix de majorité ; il aurait aimé prendre le portefeuille de la Guerre et de la Défense nationale, mais Daladier tenait à le conserver et c’était le prix de sa participation.
Pendant sa captivité en Allemagne il se réconcilia avec Reynaud, qui avoua avoir été abusé par Pétain et Weygand[réf. souhaitée]. Il faut noter que, lors des tractations politiques Daladier-Reynaud, Pétain était ambassadeur de France en Espagne, y restant jusqu’à ce qu’il soit rappelé à Paris par Reynaud qui en avait besoin comme caution, alors que Weygand était au Levant. Mais ce dernier sera rappelé le 17 mai pour remplacer Gamelin, tandis que Reynaud fera entrer Pétain au gouvernement comme vice-président du Conseil.
Dès le début de son gouvernement, le 22 mars, Reynaud était entouré de « bellicistes » et de « pacifistes », et dans son entourage très proche les « pacifistes » avaient une place prépondérante, notamment sa maitresse la comtesse Hélène de Portes.
Quant au général de Gaulle, Reynaud aurait voulu l’avoir à son cabinet dès le 22 mars, mais Daladier s’y opposa ; il ne sera sous-secrétaire d’État à la Guerre qu’au remaniement de mai-juin 40, lorsque Daladier aura quitté le gouvernement.
Procès et emprisonnement
Après la défaite, Gamelin est arrêté le 6 septembre 1940 par le nouveau régime de Vichy, puis inculpé au procès de Riom qui s’ouvre en février 1942, aux côtés de Léon Blum, Édouard Daladier et Paul Reynaud. L’accusation considère que les accusés portent la responsabilité de la défaite. Gamelin garde le silence dignement en présence de ses accusateurs, et refuse de se défendre6. Il en va autrement de ses co-inculpés qui mettent en cause le haut commandement6. Devant les difficultés rencontrées par l’accusation, le procès est prématurément ajourné le 14 avril 1942 après 24 audiences pour un « supplément d’information ».
En l’attente de la reprise du procès, qui n’aura jamais lieu, les prisonniers, dont Gamelin, Léon Blum et Édouard Daladier, sont maintenus en détention au fort du Portalet dans les Pyrénées.
De retour en France, Gamelin choisit de se poser en victime, bien qu’on ne lui demandât que peu de comptes. Il sera interrogé, comme Weygand et de nombreux généraux, par la Commission parlementaire chargée d’enquêter sur les évènements survenus en France de 1933 à 19457, qui cherchait à déterminer les responsabilités dans la débâcle de 1940 et ce qui en a suivi. Il publia ses mémoires, sous le titre Servir. Les Armées Françaises de 1940, en 1946 chez Plon, mémoires consacrés essentiellement à justifier sa conduite de la guerre durant la campagne de France en 1939-1940.
Étude philosophique sur l’art de la guerre, Chapelot, Paris, 1906. 107 p.
Trois étapes de l’avant-guerre, Les Œuvres libres, Paris, no 13, 1921.
Instruction sur l’organisation et le fonctionnement de l’aviation sanitaire en temps de guerre, Imprimerie nationale, 1932, 9 p.
Servir, vol. 1, Les Armées Françaises de 1940, Plon, Paris, 1946, 380 p.
Servir, vol. 2, Le Prologue du drame, 1930-août 1939, Plon, Paris, 1946, 479 p.
Servir, vol. 3, La guerre, septembre 1939-19 mai 1940, Plon, Paris, 1946, 537 p.
Manœuvre et victoire de la Marne, Bernard Grasset, 1954.
À propos de sa maladie
Selon certains historiens (mais pas la majorité), Gamelin souffrait de syphilis9. Parmi cette minorité, un certain nombre prétendent que cette maladie aurait eu des répercussions délétères sur sa lucidité (ce qui semblerait bien surprenant pour un homme qui vécut jusqu’à 85 ans avec toute sa lucidité et qui a écrit ses mémoires lui-même10).
Le journaliste Gérard Chauvy11 traite explicitement du cas du général Gamelin et emploie le terme de neurosyphilis dont l’origine remonterait avant 1930. Il cite « l’impaludation, appelée encore malariathérapie ». Il parle d’une « terrible maladie », qui expliquerait une carence intellectuelle. Il parle également des « effets d’une artériosclérose généralisée ». En 1958, il meurt d’une paralysie générale, « phase finale de la neurosyphilis »12.
Les affirmations de Chauvy s’appuient, en particulier, sur deux documents dont un du Service historique de la Défense13 et l’autre traite de « Ces malades qui nous gouvernent »14. Son biographe Max Schiavon qualifie l’hypothèse selon laquelle Gamelin aurait souffert de syphilis de « légende tenace »3.
Lors du décès de Gamelin ,le gouvernement Félix Gaillard était en pleine crise politique, venant de se voir refuser la confiance par la Chambre des députés trois jours plus tôt, le 15 avril, et il n’assurait donc plus que les affaires courantes en attente de la nomination d’un nouveau gouvernement.
Références
Archives de l’état civil de Paris en ligne, acte de naissance no 7/1209/1872 ; avec mention marginale du décès. Autre mention : mariage en 1927 avec Eugénie Marchand.
Le Pays de France, 8 août 1918, p. 3.
Max Schiavon, Gamelin : La tragédie de l’ambition, Perrin, 2021
Jean Lopez, « La Seconde Guerre mondiale : 1940 : la France au fond du Gouffre », Science et vie Junior : Dossier Hors Série 38, octobre 2018, p. 34-40
« L’ŒUVRE DE LA COMMISSION PARLEMENTAIRE CHARGÉE D’ENQUÊTER SUR LES ÉVÉNEMENTS SURVENUS EN FRANCE DE 1933 A 1945 », Revue d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, no 3, juin 1951, p. 94-96 (lire en ligne [archive], consulté le 19 mai 2020)
« Le général Gamelin », in Le Pays de France, no 199, 8 août 1918, p. 3.
Jean Louis Paul Marie Petibon, La 9e Division en 1918. Étude tactique. Préface et annotations du général Gamelin, Paris, 1931, 181 p.
(en) Oscar Ray (pseudonyme de Sándor Forbát), General Gamelin, Pilot Press, Coll. « How They Did it » Life Stories no 18, Londres, 1940, 91 p.
Pertinax (pseudonyme d’André Géraud), Les fossoyeurs : défaite militaire de la France : armistice, contre-révolution. 1, Gamelin. Daladier. Paul Reynaud, Éd. de la Maison française, New York, 1943, 376 p.
James de Coquet, Le procès de Riom, A. Fayard, Paris, 1945, 296 p.
Capitaine Bodinier, « Gamelin, les fortifications et les chars à travers les rapports de l’E.M.A. (1935-1939) », in Revue historique des armées (Paris), 1979, no 4, p. 124-144.
(en) Nicole Jordan, « Maurice Gamelin, Italy and the Eastern Alliances », in Journal of Strategic Studies, 14/4, décembre 1991, p. 428-441.
Je pourrais en mettre d’autres, d’autres auteurs qui disent tous la même chose sur le pervers narcissique.
Ce n’est pas moi qui invente, il est tout simplement de mieux en mieux connu grâce à ces explications ou avertissements publics de spécialistes qui se multiplient sur les réseaux sociaux, ce qui est une très bonne chose.
Concernant les fantasmes des femmes perverses narcissiques, que celle-ci dit ne pas connaître, en tant que victime régulière de ce type de femmes, notamment les deux vraies putes et vraies maquerelles Josette Brenterch du NPA de Brest et Céline Verdier, juge d’instruction au TJ de Brest, je peux bien être très précise sur l’un d’eux, lequel consiste à vouloir à tout prix et par tous les moyens avilir les autres femmes comme elles se sont elles-mêmes avilies en couchant pour obtenir divers avantages, des diplômes, des postes, des promotions. C’est la source de tous les harcèlements qu’elles organisent à mon encontre depuis des années, comprenant notamment tous les harcèlements du malade mental Pascal Edouard Cyprien Luraghi à mon encontre depuis 2008, mais aussi l’organisation de guets-apens pour des agressions physiques par des pervers ou psychopathes de leurs complices : coups et blessures, viols, passages à tabac, assassinats, etc… tout ce que vous pouvez imaginer, elles en sont capables et le font sans aucun problème; ensuite, ça marche ou ça ne marche pas, hein, cela va de soi, mais au moins elles l’ont tenté, elles ont vraiment tout essayé, et plutôt 1000 ou 10000 fois qu’une.
Elles ne peuvent absolument pas tolérer que les autres femmes soient intègres, et deviennent totalement hystériques quand elles se trouvent confrontées à l’une d’elles, par exemple une femme ingénieur, comme moi, puisque nous n’avons, nous, pas besoin de coucher pour réussir, nos seules compétences étant amplement suffisantes.
Notons au passage que les deux criminelles précitées ont sensiblement la même formation, passant par le demi-bac pseudo « littéraire », mais qu’elles sont quasiment toutes de ce profil-là, que l’on retrouve aussi chez les « étudiantes » qui ne voient aucun problème à se prostituer stricto sensu, dans les bars à hôtesses ou ailleurs.
Mais revenons à notre spécimen d’étude qui depuis quelques semaines affiche des choses assez étranges concernant sa douce Annie…
J’ai déjà plus ou moins abordé le sujet dans ces trois articles :
En date du 19 août 2022, le malade mental Pascal Edouard Cyprien Luraghi s’est donc subitement fendu d’une déclaration d’amour à sa vieille « pêche » Annie.
Une déclaration d’amour émanant d’un pervers narcissique, c’est toujours assez inquiétant pour celle à qui elle s’adresse, car ce sale type qui n’a jamais aimé personne est un spécialiste de la manipulation.
Pour cette occasion quand même assez suspecte, il la représente en pêche et s’empresse de préciser que cela part du « pêcher originel ». Une fois de plus, donc, il ne s’agit pas du tout d’amour, mais de lui reprocher sa faute originelle, le Prout (Gaspard), qui les fait vivre dans le péché depuis un bon tiers de siècle. En effet, assurer la subsistance de toute une famille quand on a quitté l’école à 14 ans sans aucun diplôme et que l’on se considère comme un Dieu vivant devant être exempté de travailler comme tout le monde, ce n’est pas évident, même et surtout quand on est trafiquant de drogue, proxénète, etc… ou comme depuis 2008 au moins, cyberharceleur professionnel. Trouver des sources de revenus conséquentes ne suffit pas, il faut encore pouvoir les sécuriser, assurer leur pérennité tout comme celle des délinquants et criminels dans lesdites fonctions, c’est-à-dire qu’il faut quand même acheter quelques fonctionnaires : policiers, gendarmes, magistrats, etc…
Tout cela est assez compliqué à gérer et la douce Annie a quand même dû s’en taper une bonne partie pour payer sa faute originelle.
Or, que voit-on encore apparaître depuis quelques semaines ?
L’image ci-dessous, déjà postée sur Twitter bien avant la déclaration d’amour et repostée en date du 1er septembre 2022, toujours avec le même genre de commentaire : des protéines tous les matins au petit déjeuner, ça file la pêche.
Ouah… Ils ne sont plus seuls dans le lit, il y a un asticot avec eux…
C’est le fameux plan à trois qu’affectionnent tant les pervers narcissiques, surtout lorsqu’il peut s’agir de s’assurer quelques bonnes grâces…
Mésozoïque qui leur propose un café pour le 23 août au soir a l’air bien au courant.
C’est anciennement Numérosix sur Rue89.
Il est allé s’installer à Puy-l’Evêque depuis qu’il est en retraite.
Alors là, il n’y a pas de problème, je coche tout.
Je suis à la fois HPE et HPI, ce que j’ai quasiment toujours su, notamment pour avoir été évaluée très tôt, dans le cadre scolaire, mais mes résultats scolaires exceptionnels et l’énorme décalage qui a toujours existé entre mes camarades de classe et moi étaient aussi bien là, ne laissant planer le doute pour personne.
Même mes institutrices de maternelle me savaient déjà hors norme, par l’intelligence comme par la force de caractère. Ce qu’elles n’ont par contre sans doute jamais soupçonné, c’est que j’analysais déjà tout le monde sans problème, les adultes comme les enfants, ce qui me permettait de dépasser assez facilement des situations à l’évidence traumatisantes, de pardonner aux plus faibles, et même de faire preuve de magnanimité à l’égard de certains adultes, du haut de mes cinq ans tout au plus.
Mine de rien, j’étais déjà plus mature et cette différence essentielle s’est encore accrue et renforcée au fil des ans, des expériences et de mon propre développement.
Totalement à l’opposé, voyez ce que répète assez souvent le pervers narcissique Pascal Edouard Cyprien Luraghi, un type qui a quitté l’école à 14 ans en situation d’échec scolaire et naturellement sans aucun diplôme :
Il dit lui-même n’avoir mentalement jamais dépassé l’âge de douze ans, encore ne s’agit-il que de sa propre estimation, se référant à ses douze ans, ceux du cancre qu’il était à cet âge-là, particulièrement en mathématiques, et à l’évidence, donc, totalement incapable d’abstraction.
De fait, le psychopathe Pascal Edouard Cyprien Luraghi n’a toujours rien d’un intellectuel aujourd’hui.
Il se prétend « écrivain » tout en confessant avoir toujours été incapable d’écrire autre chose que des récits autobiographiques, sans même pouvoir les contextualiser, car il ne perçoit pas le monde qui l’entoure tel qu’il est réellement. En fait, en partisan résolu du moindre effort, il n’a jamais cherché à voir la réalité de ce monde qui dépasse très largement son entendement (d’où sa myopie très prononcée), préférant toujours l’imaginer comme il aimerait qu’il soit pour flatter son ego démesuré.
Il n’assène donc toujours à ses lecteurs comme « vérités » intrinsèques que ses délires ou fantasmes de pervers narcissique, lesquels n’ont d’intérêt que dans le cadre d’une étude de son personnage, de ses pathologies et de ses crimes.
On répète : totalement incapable d’appréhender le monde tel qu’il est, il s’en crée un autre, imaginaire, qui lui convient, et qu’il impose ou tente d’imposer à tous par tous les moyens, y compris les plus violents.
Parce qu’il est avant tout totalement incapable de se confronter à ses insuffisances, ses défauts, ses incapacités. Son ego surdimensionné l’en empêche.
Voilà qui est réellement Pascal Edouard Cyprien Luraghi et comment il fonctionne.
Il n’est jamais crédible en rien. C’est un mythomane qui ment et affabule en permanence.
Dans ses récits prétendument « autobiographiques », qui tous le mettent en scène, lui, comme héros ou personnage principal ou plutôt supérieur, d’essence quasi divine (qui aurait idée d’aller raconter son enfance depuis sa naissance comme s’il s’agissait de la Genèse, comme il l’a fait dès ses tout débuts sur Internet, dans un texte intitulé « L’enfance du Cyp », sinon pareil psychopathe ?), il s’attribue toujours de beaux rôles qu’en réalité il n’a jamais eus, décrivant à l’inverse tous ceux qui l’ont un jour bien malgré eux « agressé » avec des capacités qu’il n’avait pas comme les pires « déchets de l’humanité » (sic).
Bien sûr, c’est mon cas. Il ne pouvait pas en être autrement à partir du moment où il a pu m’apercevoir telle que j’étais, dans les colonnes de commentaires du site Rue89, en 2008, sans que pour part je ne l’eusse encore remarqué.
Du coup, en réponse à ses déluges d’insultes et calomnies publiques, du fait qu’il me répétait sans cesse folle à lier, malade mentale ou handicapée mentale, et tous ses complices cybercriminels et harceleurs à petits QI de même, pour la première fois de ma vie, je me suis mise à évoquer ce QI beaucoup trop élevé à leur goût que tous mes précédents harceleurs et agresseurs m’avaient en fait toujours reproché.
Je n’en avais jamais parlé plus tôt précisément parce que je fais partie de ces personnes qui considèrent toujours toute chose avec beaucoup de recul et de circonspection, et que de toute façon, cet aspect de ma personnalité, que je n’ignorais absolument pas mais qui ne m’avait jamais fait ni chaud ni froid, n’avait non plus jamais été l’un de mes centres d’intérêt.
Ce sont plutôt de mes limites dont j’avais toujours eu une conscience particulièrement aiguisée, cherchant autant que possible à les reculer ou les dépasser.
Encore une fois, je ne suis pas le psychopathe Pascal Edouard Cyprien Luraghi, tout nous oppose.
Enterrement de victimes de la peste noire à Tournai. Les Chroniques de Gilles Li Muisis (1272-1352), abbé de Saint-Martin de Tournai. Bibliothèque royale de Belgique, MS 13076-77, f. 24v.
La peste noire, ou mort noire, est une pandémie de peste (principalement bubonique) qui a sévi au milieu du XIVe siècle (pendant le Moyen Âge). Cette pandémie touche l’Eurasie, l’Afrique du Nord et peut-être l’Afrique subsaharienne. Son nom lui a été donné par les historiens modernes ; elle n’est ni la première ni la dernière pandémie de peste, mais c’est la seule à porter ce nom. C’est aussi la première pandémie à avoir été bien décrite par les chroniqueurs de l’époque. Elle est parfois également appelée grande peste.
Elle tue entre 30 et 50 % des Européens en cinq ou six ans (1347-1352), faisant environ 25 millions de victimes. Les conséquences sur la civilisation européenne sont sévères et longues, d’autant que cette première vague est considérée comme le début explosif et dévastateur de la deuxième pandémie de peste, qui dure de façon plus sporadique jusqu’au début du XIXe siècle.
Cette pandémie provoque indirectement la chute de la dynastie Yuan en Chine, affecte l’Empire khmer et affaiblit encore plus ce qui reste de l’Empire byzantin, déjà moribond depuis la fin du XIe siècle et qui tombe finalement face aux Ottomans en 1453.
Origines du terme
Les contemporains désignent cette épidémie sous de nombreux termes : « grande pestilence », « grande mortalité », « maladie des bosses », « maladie des aines »1, et plus rarement « peste universelle »2 (qui doit être compris comme un équivalent de fléau universel). Le terme « peste noire » ou « mort noire » apparaît au XVIe siècle. Il semble que « noir » doive ici être pris au sens figuré (terrible, affreux), sans allusion médicale ou clinique1.
La popularité de l’expression serait due à la publication, en 1832, de l’ouvrage d’un historien allemand Justus Hecker(de) (1795-1850), Der schwarze Tod im vierzehnten Jahrhundert (« La Mort noire au XIVe siècle »). L’expression devient courante dans toute l’Europe. En Angleterre, le terme usuel de Black Death (mort noire) apparaît en 1843 dans un livre d’histoire destiné à la jeunesse1. Au début du XXIe siècle, Black Death reste le nom habituel de cette peste médiévale pour les historiens anglais et américains. En France, le terme « peste noire » est le plus souvent utilisé3.
Dans son ouvrage initial de 1832, Hecker dresse la liste des explications de l’emploi de l’adjectif « noir » : le deuil continu, l’apparition d’une comète noire avant l’épidémie, le fait qu’elle ait d’abord frappé les Sarrasins (à peau foncée), la provenance apparente de pays à pierres ou de terres noires, etc.1. Cet ouvrage est à la base de celui d’Adrien Phillippe4 paru en 1853 Histoire de la peste noire5.
Dans le langage médical français, jusqu’aux années 1970, le terme peste noire désignait plus particulièrement les formes hémorragiques de la peste septicémique ou de la peste pulmonaire6.
Épidémies précédentes
Le Moyen Âge fut traversé par de nombreuses épidémies, plus ou moins virulentes et localisées, et souvent mal identifiées (incluant grippe, variole et dysenteries)2 qui se déclenchèrent sporadiquement. Hormis peut-être le mal des ardents, qui est dû à une intoxication alimentaire, la plupart de ces épidémies coïncidèrent avec les disettes ou les famines qui affaiblissaient l’organisme. Le manque d’hygiène général et notamment la stagnation des eaux usées dans les villes, la présence de marais dans les campagnes favorisèrent également leur propagation. Ainsi, l’Artois est frappé à plusieurs reprises en 1093, 1188, 1429 et 1522.
La peste de Justinien (541-767) qui ravagea l’Europe méditerranéenne a été clairement identifiée comme peste due à Yersinia pestis. Elle fut sûrement à l’origine d’un déficit démographique pendant le haut Moyen Âge en Europe du Sud, et indirectement, de l’essor économique de l’Europe du Nord. Elle est considérée comme la première pandémie de peste ; sa disparition au VIIIe siècle reste énigmatique7.
L’absence de la peste en Europe dura six siècles. Quand l’Europe occidentale fut de nouveau touchée en 1347-1348, la maladie revêtit tout de suite, aux yeux des contemporains, un caractère de nouveauté et de gravité exceptionnelle, qui n’avait rien de commun avec les épidémies habituelles8. Pour les plus lettrés, les seules références connues pouvant s’en rapprocher étaient la peste d’Athènes et la peste de Justinien.
Contrairement à la peste de Justinien, qui fut essentiellement bubonique, la peste noire, due aussi à Yersinia pestis9, a pu revêtir deux formes : principalement bubonique10,11, mais aussi pulmonaire12, selon les circonstances.
Chroniqueurs et historiens
Histoire classique
Il ne manque pas d’écrits contemporains de la peste noire, comme la Nuova chronica du chroniqueur florentin Giovanni Villani, lui-même victime de la peste en 1348. Sa chronique s’arrête en 1346, mais elle est poursuivie par son frère Matteo Villani avec le récit détaillé de cette épidémie. Gabriel de Mussis(en) (1280-1356) de Plaisance est l’auteur d’un Historia de morbo en 134813.
De nombreux auteurs, médicaux ou non, ont donné par la suite avis et observations, mais une approche proprement historique de la peste médiévale n’apparaît qu’à la fin du XVIIIe siècle avec Christian Gottfried Gruner(de) (1744-1815) et Kurt Sprengel.
Le tournant décisif est pris en 1832 par Justus Hecker (voir section précédente) qui insiste sur l’importance radicale de la peste noire comme facteur de transformation de la société médiévale. L’école allemande place la peste noire au centre des publications médico-historiques avec Heinrich Haeser(de) (1811-1885), et August Hirsch (1817-1894). Ces travaux influencent directement l’école britannique, aboutissant au classique The Black Death (1969) de Philip Ziegler13.
Histoire multidisciplinaire
La découverte de la bactérie causale Yersinia pestis (1894), puis celle du rôle des rats et des puces, permettent de déterminer un modèle médical de la peste moderne dans la première moitié du XXe siècle. Ce modèle s’impose aux historiens pour expliquer et évaluer la peste médiévale. En même temps, ces chercheurs ont accès à de nouvelles sources locales officielles et semi-officielles, avec l’arrivée dans la deuxième moitié du XXe siècle de démographes, d’épidémiologistes et de statisticiens13.
Le modèle initial de Hecker, représentatif d’une « histoire-catastrophe », quasi apocalyptique, est corrigé et nuancé. La peste noire n’est plus un séparateur radical ou une rupture totale dans l’histoire européenne. Nombre de ses effets et de ses conséquences étaient déjà en cours dès le début du XIVe siècle ; ces tendances ont été exacerbées et précipitées par l’arrivée de l’épidémie. Le phénomène « peste noire » est mieux situé dans un contexte historique plus large à l’échelle séculaire d’un ou plusieurs cycles socio-économiques et démographiques13.
Un apport décisif est celui de Jean-Noël Biraben qui publie en 1975, Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens, où la peste noire (Europe occidentale ,1348-1352) n’est qu’un aspect particulier des épidémies de peste qui se succèdent jusqu’au XVIIIe siècle, englobant l’Europe de l’Est et le Moyen-Orient. Il est suivi en cela par nombre de chercheurs qui abordent la peste à différentes échelles spatio-temporelles, pas forcément centrées sur la peste noire du milieu du XIVe siècle, la plus connue du grand public.
À la fin du XXe siècle, l’étude de la peste noire médiévale apparaît de plus en plus comme multidisciplinaire avec le traitement des données par informatique, l’arrivée de nouvelles spécialités comme l’archéozoologie, la paléomicrobiologie ou la palynologie. Si les notions initiales des premiers historiens paraissent se confirmer en général, la peste noire historique comporte encore de nombreux problèmes en suspens, non ou mal expliqués. Au début du XXIe siècle, elle reste un objet vivant de recherches : mise en cause de données acquises, disputes et controverses avec pluralité de points de vue13,17,18.
Nature de la maladie
Le premier savoir biomédical moderne sur la peste est fondé sur les travaux menés dans la première moitié du XXe siècle à l’occasion de la troisième pandémie de peste, dite peste de Chine ou peste de Hong Kong. Cette troisième pandémie a donc servi de modèle pour expliquer la peste noire (début de la deuxième pandémie de peste)19.
Cependant, à partir des années 1970, des historiens et des épidémiologistes notent d’importantes différences entre la peste médiévale et les pestes modernes du XXe siècle. Par exemple, la peste médiévale a un taux de mortalité très élevé par rapport à la peste moderne (d’avant les antibiotiques), et elle se diffuse beaucoup plus vite. De plus les chroniqueurs européens médiévaux ne mentionnent pas de mortalité chez les rats19,13.
Quelques auteurs ont alors proposé d’autres hypothèses : la peste noire serait une maladie du charbon, une fièvre hémorragique virale pulmonaire, voire « toute maladie autre que la peste bubonique transmise par puce du rat ». D’autres comme une peste, mais transmise différemment par puce de l’homme (sans avoir besoin de rat)19,13.
En 1998, des microbiologistes ont pu mettre en évidence la présence d’ADN de Yersinia pestis dans la pulpe dentaire de squelettes retrouvés sur des sites de la deuxième pandémie20. Ces premiers travaux, d’abord contestés, ont été confirmés dans les années 2010, y compris pour la peste noire médiévale21,22,23.
Quoiqu’il existe de nombreuses questions non résolues, la très grande majorité des auteurs (historiens, épidémiologistes, microbiologistes…) considèrent que la peste noire, comme la peste de Justinien (première pandémie de peste), est bien la peste (bubonique ou pneumonique) causée par le bacille Yersinia pestis19,13.
Chronologie
Origines
Hypothèses
Les historiens sont en désaccord sur l’origine géographique exacte de la peste noire, mais ils sont unanimes sur son arrivée par la route de la soie, par le nord ou par le sud de la mer Caspienne24,25.
Principales routes de la soie, à la fin de l’Antiquité.
Pour les chroniqueurs musulmans andalous, comme Ibnul Khatib de Grenade, l’épidémie vient de Chine. Ils s’appuient sur le témoignage de marchands venant de Samarcande. Ils rapportent aussi une rumeur circulant chez les voyageurs chrétiens selon laquelle la peste est venue d’Abyssinie. La thèse de l’origine chinoise est reprise jusqu’au début du XXe siècle par des auteurs qui ne font, le plus souvent, que se recopier24. Elle s’appuie principalement sur Joseph de Guignes (1758) qui, en citant des annales chinoises, atteste que la capitale est atteinte en 133426.
Quelques chroniqueurs chrétiens voient l’origine de la maladie aux Indes, Giovanni Villani y fait allusion en parlant de feux souterrains et de pluies d’insectes dans ces pays. Des auteurs plus modernes situent l’origine sur les pentes sud de l’Himalaya, en surinterprétant le témoignage d’Ibn Battûta sur une épidémie sévissant à Mathura en 1332 (confusion probable avec Matrah selon Jean-Noël Biraben, en 1975)24.
Depuis le dernier quart du XXe siècle, les historiens ont tendance à déplacer l’origine de la peste noire vers la mer Noire et le sud de la Russie, réduisant la distance du trajet de la peste noire. Les uns s’appuient sur des données phylogénétiques de Yersinia pestis pour localiser l’origine de la peste noire au Kurdistan irakien, d’autres se basent sur des chroniques médiévales russes pour la placer entre le bassin du Don et celui de la Volga25.
Extension de la peste noire 1346-1351, hypothèse de l’Asie centrale.
Si des historiens s’appuient sur l’existence d’une Pax Mongolica favorisant le commerce, d’autres opposent les troubles politico-militaires de l’islamisation de chefs mongols (ce serait alors les guerres et non le commerce qui facilitent l’épidémie)24.
Déroulement
En 1346, les Mongols de la Horde d’orassiégèrent Caffa, comptoir et port génois des bords de la mer Noire, en Crimée. L’épidémie, ramenée d’Asie centrale par les Mongols, toucha bientôt les assiégés, car les Mongols catapultaient les cadavres des leurs par-dessus les murs pour infecter les habitants de la ville31. Cependant, pour Boris Bove il est plus plausible d’imaginer que la contamination des Génois fut le fait des rats passant des rangs mongols jusque dans la ville31, ou selon une théorie récente, plutôt des gerbilles32.
Le siège fut levé, faute de combattants valides en nombre suffisant : Génois et Mongols signèrent une trêve. Les bateaux génois, pouvant désormais quitter Caffa, disséminèrent la peste dans tous les ports où ils faisaient halte : Constantinople est la première ville touchée en 134733, puis la maladie atteignit Messine fin septembre 134734, Gênes et Marseille en novembre de la même année. Pise est atteinte le premier janvier 1348, puis c’est le tour de Spalato, la peste gagnant les ports voisins de Sebenico et de Raguse, d’où elle passe à Venise le 25 janvier 1348. En un an, la peste se répandit sur tout le pourtour méditerranéen8.
Dès lors, l’épidémie de peste s’étendit à toute l’Europe du sud au nord, y rencontrant un terrain favorable : les populations n’avaient pas d’anticorps contre cette variante du bacille de la peste, et elles étaient déjà affaiblies par des famines répétées35, des épidémies36, un refroidissement climatique sévissant depuis la fin du XIIIe siècle, et des guerres37.
Entre 1345 et 1350, le monde musulman et la région du croissant fertile sont durement touchés par la pandémie. Partie de Haute-Égypte, elle touche Alexandrie, Le Caire en septembre 1348, atteint la Palestine, touche successivement Acre, Sidon, Beyrouth, Tripoli et Damas en juin de la même année. Au plus fort de l’épidémie, Damas perd environ 1 200 habitants par jour et Gaza est décimée. La Syrie perd environ 400 000 habitants, soit un tiers de sa population. C’est après avoir ravagé l’Égypte, le Maghreb et l’Espagne qu’elle se répand finalement en Europe38.
La diffusion rapide de la peste est à imputer à l’arrivée du Rat noir en Europe. Natif d’Asie, il s’est rapidement propagé par les navires de commerces. Rattus rattus est le réservoir de la peste bubonique, dont le bacille est transmis à l’Homme via des puces, elles autochtones d’Europe.
La peste noire se répand comme une vague et ne s’établit pas durablement aux endroits touchés. Le taux de mortalité moyen — environ trente pour cent de la population totale et soixante à cent pour cent de la population infectée — est tel que les plus faibles périssent rapidement, et le fléau ne dure généralement que six à neuf mois. Seulement cette épidémie de peste a duré plusieurs années à cause des rats et des puces, vecteurs de la maladie, qui entretenaient les contaminations.
Cette progression n’est pas homogène, les régions n’étant pas toutes touchées de la même façon. Des villages, et même certaines villes sont épargnés comme Bruges, Milan et Nuremberg, au prix de mesures d’exclusion drastiques, et il en est de même pour le Béarn et la Pologne (carte ci-contre).
Afrique sub-saharienne
On a longtemps supposé que la peste, actuellement endémique dans une partie de l’Afrique, était arrivée sur ce continent depuis l’Inde et/ou la Chine au XIXe siècle. Des indices, notamment examinés par le programme de recherche GLOBAFRICA de l’Agence nationale de la recherche française, laissent cependant penser qu’on a sous-estimé la présence et les effets de l’épidémie dans la zone subsaharienne médiévale40.
À cause du manque d’archives écrites pour cette région et du peu de traces archéologiques dans les zones de forêt tropicale, les historiens et archéologues ont d’abord estimé que la bactérie Yersinia pestis n’avait pas traversé le Sahara vers le sud via les puces et rats ou des navires marchands côtiers. On n’avait pas non plus retrouvé dans ces régions de grandes « fosses à peste » comme en Europe. Et les récits d’explorateurs venus d’Europe aux XVe et XVIe siècles ne rapportent pas de témoignages sur une grande épidémie40.
Depuis, l’archéologie s’est alliée à l’histoire et à la génétique, plaidant pour une possible dévastation de la zone subsaharienne par la peste à l’époque médiévale. Elle s’y serait propagée via les voies commerciales reliant alors ces régions à d’autres continents40.
À Akrokrowa (Ghana) les archéologues ont trouvé une communauté agricole médiévale très développée qui a subi un effondrement démographique au moment même où la peste noire ravageait l’Eurasie et l’Afrique du Nord, puis des découvertes similaires ont été faites dans le cadre du projet GLOBAFRICA pour des périodes situées au XIVe siècle à Ife (Nigeria chez les Yorubas), de même sur un site étudié à Kirikongo (Burkina Faso) où la population semble avoir été brutalement divisée par deux durant la seconde moitié du XIVe siècle. Dans ces cas il n’y a pas de signes contemporains de guerre ou de famine, ni de migration. Ces changements évoquent ceux observés ailleurs, notamment dans les îles britanniques lors de la peste justinienne du VIe au VIIIe siècle40.
Les archives historiques éthiopiennes ont aussi commencé à livrer des mentions d’épidémies jusqu’ici ignorées pour la période allant du XIIIe au XVe siècle, dont l’une évoque une maladie qui a tué « un si grand nombre de gens que personne n’a été laissé pour enterrer les morts » et au CNRS, une historienne (Marie-Laure Derat) a découvert qu’au XVe siècle, deux saints européens adoptés par la culture et l’iconographie éthiopienne ancienne étaient associés à la peste (Saint Roch et Saint Sébastien)40. En 2016 les généticiens ont aussi mis en évidence un sous-groupe distinct de Y. pestis qui pourrait être arrivé en Afrique de l’Est vers le XVe – XVIe siècle, uniquement trouvé en Afrique orientale et centrale, phylogénétiquement proche de l’une des souches connue pour avoir dévasté l’Europe au XIVe siècle (c’est même le parent encore vivant de la peste noire le plus proche note une historienne de la peste Monica Green)41. Un autre variant de la bactérie (aujourd’hui disparu) avait déjà sévi dans l’ouest de l’Afrique et peut-être même au-delà. Pour étayer cette hypothèse, de l’ADN ancien est cependant encore nécessaire40.
Guerres et peste
Les rapports entre la guerre et la peste s’expliquent de diverses façons selon les historiens, et il n’est pas toujours facile de distinguer entre les causes et les conséquences.
Guerre de Cent Ans
Les effets de la guerre de Cent Ans paraissent limités, car elle n’est jamais totale (étendue géographique, et dans le temps – existence de trêves). L’impact démographique direct est faible et ne concerne que la noblesse, quoique des massacres de populations civiles soient attestés (Normandie, région parisienne). Il n’en est pas de même pour les conséquences indirectes liées à l’économie de guerre (pillage, rançon, impôts) : la misère, l’exode, la mortalité sont aggravés. Le bon sens populaire associe la guerre et la peste dans une même prière : « Délivre-nous, Seigneur, de la faim, de la peste et de la guerre »42.
La peste frappe Anglais et Français, assiégeants et assiégés, militaires et civils, sans distinction. Cette mortalité par peste est sans commune mesure avec les pertes militaires au combat (une armée de plus de dix mille hommes est exceptionnelle à l’époque). La guerre tue par milliers sur un siècle, la peste par millions en quelques années. La peste est l’occasion d’interrompre la guerre de Cent Ans (prolongation de la trêve de Calais en 1348), mais elle n’en change guère le cours en profondeur43. La proximité de la peste limite les opérations (évitement des zones où la peste sévit). Des bandes armées ont pu disséminer la peste, mais aucune armée n’a été décimée par la peste durant la guerre de Cent Ans44.
Autres conflits
D’autres historiens insistent sur l’influence de la peste sur le déroulement des opérations militaires, surtout en Méditerranée : la fin du siège de Caffa, la mort d’Alphonse XI lors du siège de Gibraltar, la réduction des flottes de guerre de Venise et de Gênes, l’ouverture de la frontière nord de l’Empire byzantin, la dispersion de l’armée de Abu Al-Hasan après la bataille de Kairouan (1348), l’arrêt de la Reconquista pour plus d’un siècle45, etc.
Conséquences démographiques et socio-économiques
La peste eut d’importantes conséquences démographiques, économiques, sociales et religieuses.
Les sources documentaires sont assez éparses et couvrent généralement une période plus longue, mais elles permettent une approximation assez fiable. Les historiens s’entendent pour estimer la proportion de victimes entre 30 et 50 % de la population européenne, soit entre 25 et 45 millions de personnes46. Les villes sont plus durement touchées que les campagnes, du fait de la concentration de la population, et aussi des disettes et difficultés d’approvisionnement provoquées par la peste (chute de la production céréalière dans les campagnes).
Au niveau mondial, il faut ajouter les morts de l’empire byzantin, du monde musulman, du Moyen-Orient, de la Chine et de l’Inde, dont les données sont peu connues. Adrien Philippe estimait les pertes comme suit :
« Le tiers au moins de la population européenne a été emportée par le fléau. L’Europe comptant aujourd’hui 210 millions d’habitants (en 1853), on peut sans exagérer porter à 110 millions la population de ce continent au XIVe siècle [ce chiffre parait aujourd’hui surestimé, on pense que l’Europe pouvait compter environ 75 millions d’habitants]. Cette partie du monde a donc perdu 37 millions d’habitants, auxquels il faut ajouter les 13 millions de la Chine [selon l’historien arabe Aboul Mahassen (1411-1470) cité p. 13], et les 24 millions des autres contrées de l’Asie et de l’Afrique (du Nord) [Rapport fait au Pape Clément VI, cité p. 15] : ce qui élève le total pour le monde entier à 74 millions. C’est le minimum5. » [Adrien Philippe, p. 138-139].
En effet, la population de la Chine aurait diminué de moitié entre 1200 et 1400 (passant de 120 à 65 millions), du fait de l’invasion mongole, de catastrophes climatiques, de famines et de la peste, dont il est difficile de mesurer les parts respectives ; par ailleurs, des recherches archéologiques récentes faites en Afrique subsaharienne, non seulement sur la côte Est, activement fréquentée par les Arabes, mais aussi à l’Ouest, le long du golfe de Guinée, ont révélé l’existence de nombreuses cités abandonnées à cette époque, sans trace de violence, mais en des lieux devenus tabous et désertés ; on constate aussi la disparition (provisoire) de certaines techniques comme l’art du bronze. Il conviendrait donc d’ajouter environ 20 millions d’Africains à ce bilan.
Selon les sources, la peste noire aurait fait entre 75 et 200 millions de morts au XIVe siècle47,48 ; mais en réalité, les sources universitaires attribuent le chiffre de 200 millions de victimes à l’ensemble des trois épidémies mondiales de peste, depuis la peste de Justinien (541-767) jusqu’au début du XXIe siècle49,50. Cette pandémie fut certainement la plus considérable de l’histoire, avec une létalité des malades supérieure à 50 %, et une mortalité d’environ 20 % de la population mondiale (30 % sur les trois continents touchés), qui comptait alors 420 à 450 millions d’individus51, et qui tomba à 360 millions. Par comparaison, la grippe espagnole (1917-1922) a peut-être tué 100 millions de personnes en chiffres absolus, mais sur une population de 1,8 milliard, soit moins de 6 %, ce qui, joint aux pertes de la guerre mondiale, explique son moindre impact dans l’imaginaire collectif de l’époque.
Il existait déjà une récession économique depuis le début du XIVe siècle, à cause des famines et de la surpopulation (il y eut en 1315-1317 une grande famine européenne qui stoppa l’expansion démographique et prépara le terrain à l’épidémie).
Cette récession se transforme en chute brutale et profonde avec la peste noire et les guerres. La main-d’œuvre vint à manquer et son coût augmenta, en particulier dans l’agriculture. De nombreux villages furent abandonnés, les moins bonnes terres retournèrent en friche et les forêts se redéveloppèrent. En France, la production céréalière et celle de la vigne chutent de 30 à 50 % selon les régions42.
Les propriétaires terriens furent contraints de faire des concessions pour conserver (ou obtenir) de la main-d’œuvre, ce qui se solda par la disparition du servage. Les revenus fonciers s’effondrèrent à la suite de la baisse du taux des redevances et de la hausse des salaires ; le prix des logements à Paris fut divisé par quatre52.
Les villes se désertifièrent les unes après les autres, la médecine de l’époque n’ayant ni la connaissance de la cause de l’épidémie ni les capacités de la juguler. Cette désertification est compensée par un exode rural pour repeupler les villes, dans un rayon moyen de 30 à 40 km autour des villes et des gros bourgs53.
Mortalité et démographie
La France ne retrouva son niveau démographique de la fin du XIIIe siècle que dans la seconde moitié du XVIIe siècle.
En France, entre 1340 et 1440, la population a décru de 17 à 10 millions d’habitants, une diminution de 41 %. La France avait retrouvé le niveau de l’ancienne Gaule. Le registre paroissial de Givry, en Saône-et-Loire, l’un des plus précis, montre que pour environ 1 500 habitants, on a procédé à 649 inhumations en 1348, dont 630 de juin à septembre, alors que cette paroisse en comptait habituellement environ 40 par an : cela représente un taux de mortalité de 40,6 %. D’autres registres, comme celui de l’église Saint-Nizier de Lyon, confirment l’ordre de grandeur de Givry (30 à 40 %)54.
Une source indirecte de mortalité est l’étude des séries de legs et testaments enregistrés. Par exemple, les historiens disposent des données de Besançon et de Saint-Germain-l’Auxerrois, qui montrent que les legs et les testaments décuplent en 1348-1349 par rapport à 1347, mais l’interprétation en est délicate. « La mortalité précipite les hommes non seulement chez leur confesseur mais aussi chez leur notaire […] mais [cela] ne permet pas de la mesurer, car il dépend autant, sinon plus, de la peur de la maladie qui multiplie les legs pieux que des ravages de la peste elle-même »55.
C’est l’Angleterre qui nous a laissé le plus de témoignages ce qui, paradoxalement, rend l’estimation du taux de mortalité plus ardue, les historiens fondant leurs calculs sur des documents différents : les chiffres avancés sont ainsi entre 20 et 50 %. Cependant, les estimations de population entre 1300 et 1450 montrent une diminution située entre 45 et 70 %. Même si là encore la baisse de population était en cours avant l’éclosion de la peste, ces estimations rendent le 20 % peu crédible, ce taux étant fondé sur des documents concernant des propriétaires terriens laïcs qui ne sont pas représentatifs de la population, essentiellement paysanne et affaiblie par les disettes.
Dans le reste de l’Europe, les historiens tentent d’approcher la mortalité globale par des études de mortalité de groupes socio-professionnels mieux documentés (médecins, notaires, conseillers municipaux, moines, évêques). En Italie, il est communément admis par les historiens que la peste a tué au moins la moitié des habitants. Seule Milan semble avoir été épargnée, quoique les sources soient peu nombreuses et imprécises à ce sujet. Des sources contemporaines citent des taux de mortalité effrayants : 80 % des conseillers municipaux à Florence, 75 % à Venise, etc. En Espagne, la peste aurait décimé de 30 à 60 % des évêques56.
En Autriche, on a compté 4 000 victimes à Vienne, et 25 à 35 % de la population mourut. En Allemagne, les populations citadines auraient diminué de moitié, dont 60 % de morts à Hambourg et Brême57.
Empire byzantin
L’Empire byzantin est durement touché lui aussi par la peste, il connaîtra 9 vagues épidémiques majeures du XIVe siècle au XVe siècle (de 1347 à 1453) d’une durée moyenne de trois ans espacées d’une dizaine d’années. La peste touche particulièrement Constantinople, le Péloponnèse, la Crète et Chypre. Cependant, l’Empire byzantin est aussi affaibli par des défaites militaires, des guerres civiles ou des tremblements de terre, en sorte que la peste noire accentue son déclin, mais ne le provoque pas.
L’histoire médiévale de cette région montre que les ambitions économiques, politiques et militaires étaient plus fortes que la peur de la peste. Le commerce et la guerre contribuent à propager la maladie, les hommes finissant par intégrer la peste comme une part de leur vie33. Après la chute de Constantinople, l’Empire ottoman subira aussi de graves épidémies de peste jusqu’à la fin du XVIe siècle.
Monde musulman
Ibn Khaldoun, philosophe et historien musulman du XIVe siècle, de Tunis, évoque dans son autobiographie la perte de plusieurs membres de sa famille dont sa mère en 1348 et son père en 1349, de ses amis et de ses professeurs à cause de la peste. Il évoquera à plusieurs reprises ces événements tragiques, notamment dans la Muqaddima (traduite en Prolégomènes)58 :
« Une peste terrible vint fondre sur les peuples de l’Orient et de l’Occident ; elle maltraita cruellement les nations, emporta une grande partie de cette génération, entraîna et détruisit les plus beaux résultats de la civilisation. Elle se montra lorsque les empires étaient dans une époque de décadence et approchaient du terme de leur existence ; elle brisa leurs forces, amortit leur vigueur, affaiblit leur puissance, au point qu’ils étaient menacés d’une destruction complète. La culture des terres s’arrêta, faute d’hommes ; les villes furent dépeuplées, les édifices tombèrent en ruine, les chemins s’effacèrent, les monuments disparurent ; les maisons, les villages, restèrent sans habitants ; les nations et les tribus perdirent leurs forces, et tout le pays cultivé changea d’aspect59. »
Le bilan humain en Méditerranée orientale est difficile à évaluer, faute de données fiables (manque de données démographiques, difficulté à interpréter les chroniques)33. On cite quelques données significatives : la plus grande ville de l’islam à cette époque était Le Caire avec près de 500 000 habitants, sa population chute en quelques années à moins de 300 000. La ville avait 66 raffineries de sucre en 1324, elle en a 19 en 1400. Le repeuplement des grandes villes se fait aux dépens des campagnes, dans un contexte de disettes et de crises économiques et monétaires. En Égypte, le dirham d’argent est remplacé par du cuivre. Alexandrie qui comptait encore 13 000 tisserands en 1394, n’en compte plus que 800 en 143460.
Réactions collectives
Face à la peste, et à l’angoisse de la peste, les populations réagissent par la fuite, l’agressivité ou la projection. La fuite est générale pour ceux qui en ont la possibilité. Elle se manifeste aussi dans le domaine moral, par une fuite vers la religion, les médecins, charlatans et illuminés, ou des comportements par mimétisme (manie dansante, hystérie collective…)61.
L’agressivité se porte contre les Juifs et autres prétendus semeurs de peste (lépreux, sorcières, mendiants…), ou contre soi-même (de l’auto-flagellation jusqu’au suicide). La projection est l’œuvre des artistes : les figurations de la peste et leurs motivations seraient comme une sorte d’exorcisme, modifiant les sensibilités61, en particulier les danses macabres62.
Les réactions les plus particulières à l’époque de la peste noire sont les violences contre les Juifs et les processions de flagellants61. Le Juif Agimet de Genève par exemple aurait été envoyé à Venise, en Calabre, en Apulie et encore à Toulouse par le rabbin Peyret de Chambray’ avec des doses de poisons à placer dans des puits63.
En juillet, le roi de France Philippe VI fait traduire en justice des Juifs accusés d’avoir empoisonné les puits. Six Juifs sont pris à Orléans et exécutés. Le 6 juillet, le pape Clément VI d’Avignon proclame une bulle en faveur des Juifs, montrant que la peste ne fait pas de différences entre les Juifs et les chrétiens, il parvient à prévenir les violences au moins dans sa ville. Ce n’est pas le cas dans le comté de Savoie qui, au mois d’août, devient le théâtre de massacres. Le comte Amédée VI tente de protéger puis laisse massacrer les Juifs du ghetto de Chambéry. En septembre 1348, des Juifs de la région du château de Chillon sur le lac Léman, sont torturés jusqu’à ce qu’ils avouent, faussement, avoir empoisonné les puits66. Leurs confessions provoquent la fureur de la population qui se livre à des massacres et à des expulsions. En octobre, les massacres continuent dans le Bugey, à Miribel et en Franche-Comté67.
Les Ashkénazes d’Allemagne sont victimes de pogroms. Trois cents communautés sont détruites ou expulsées. Six mille Juifs sont tués à Mayence. Nombre d’entre eux fuient vers l’est, en Pologne et en Lituanie.
Plusieurs centaines de Juifs sont brûlés vifs lors du pogrom de Strasbourg le 14 février134968, d’autres sont jetés dans la Vienne à Chinon. En Autriche, le peuple, pris de panique, s’en prend aux communautés juives, les soupçonnant d’être à l’origine de la propagation de l’épidémie, et Albert II d’Autriche doit intervenir pour protéger ses sujets juifs69.
Interprétations
Si les accusations contre les Juifs ont été largement répandues dans toute l’Europe occidentale, les violences se concentrent dans des régions bien limitées (essentiellement l’axe économique Rhône-Rhin). En Angleterre, les Juifs sont accusés, mais non persécutés, à cause de leur évidente pauvreté (les banquiers et riches commerçants juifs ont été expulsés par Édouard Ier en 1290). En Scandinavie, on accuse aussi les Juifs d’empoisonner les puits, mais il n’y a pas de Juifs en Scandinavie. Les chroniqueurs arabes, de leur côté, ne mentionnent pas de persécutions contre les Juifs à l’occasion d’épidémies de peste70.
Un autre facteur est l’importance des communautés médicales juives en Provence. Du tiers à la moitié des médecins provençaux connus du XIIe siècle au XVe siècle étaient juifs. La petite ville de Trets comptait six médecins juifs et un chrétien au XIVe siècle71. L’arrivée de la peste noire en Provence met à nu l’impuissance de la médecine, et par là, celle des Juifs, dont le savoir des remèdes se serait retourné contre eux. On croit qu’ils reçoivent, par la mer, des sachets de venin réduits en poudre qu’ils sont chargés de répandre72.
Selon J.N. Biraben, la richesse des Juifs aurait pu jouer un rôle, à cause de leur situation de prêteurs, faisant appel aux autorités pour faire régler leurs débiteurs. La peste aurait mis le feu aux poudres, les héritiers des morts de peste se retrouvant débiteurs ; cela est bien documenté pour la région de Strasbourg, mais reste hypothétique ailleurs73. Selon l’historien Samuel Kline Cohn, les persécutions sont le fait de personnes de haut rang qui les planifient avant de les mettre en œuvre, non pas tant pour des raisons économiques, que pour des raisons sacrificielles. Dans les villes allemandes, les massacres précèdent l’épidémie, ce qui indiquerait qu’ils étaient censés apaiser la colère divine74.
Trésors de peste
Bague juive de mariage, début du XIVe siècle, or ciselé et émaillé, du trésor de Colmar.
Lorsque les violences s’approchent des régions rhénanes, durant l’hiver 1348-1349, les familles juives d’Allemagne cachent monnaies et objets précieux dans ou autour de leur maison. De nombreux trésors furent enterrés ou emmurés, puis abandonnés à la mort ou la fuite de leurs propriétaires. Plusieurs de ces trésors ont été retrouvés, témoignant de la vie et de la culture juive médiévale en Europe75.
Parmi les trésors étudiés les plus importants, le premier a été trouvé à Weissenfels en 1826, d’autres à Colmar (1863), Bâle (1937), Cologne (1953)… Le plus récent a été découvert à Erfurt en 1998.
Le trésor de Colmar appartient au musée de Cluny de Paris75 qui l’a exposé avec le trésor d’Erfurt du 25 avril au 3 septembre 2007. Ces trésors sont identifiés par leur lieu de découverte, leur datation et la présence caractéristique de bagues de mariage juives76.
Des groupes de flagellants se formèrent, tentant d’expier les péchés, avant la parousie, dont ils pensaient que la peste était un signe annonciateur. Cependant ces groupes restaient extrêmement marginaux, la plupart des chrétiens firent face au fléau par une piété redoublée, mais ordinaire et encadrée par un clergé qui réprouvait les excès77.
Danses maniaques
La disparition d’une partie du clergé entraîne une résurgence de comportements superstitieux ou inhabituels, liés à une contagion par imitation lors de stress collectifs. C’est notamment le cas de la manie dansante ou épidémie de danse de saint Guy (ou saint Vit ou Vitus)78.
Déjà signalée dans les populations germaniques au XIIIe siècle, une manie dansante survient en Lusace, près de la Bohême, en 1349 à l’approche de la peste noire. Des femmes et jeunes filles se mettent à danser devant un tableau de la Vierge78. Elles dansent nuit et jour, jusqu’à l’effondrement, puis se relèvent et recommencent après un sommeil réparateur79.
En juillet 1374, dans plusieurs villes du Rhin moyen, des centaines de jeunes couples se mettent à danser et chanter, circulant dans toute la région. Les spectateurs les imitent et se joignent à eux. Le mauvais temps les arrête en novembre, mais chaque été, ils recommencent jusqu’en 1381. Le clergé parvient à les contrôler en les conduisant en pèlerinage78.
Le phénomène se retrouve en 1414 à Strasbourg pour se répandre en Allemagne, il se répète en 1463 à Metz78. Le plus documenté est l’épidémie dansante de 1518 à Strasbourg, liée à des tensions sociales et économiques, et aux menaces répétées et imprévisibles d’épidémies de peste79.
Le rapport entre ces danses maniaques et le thème artistique de la danse macabre reste peu clair79.
Moyens thérapeutiques
La médecine du XIVe siècle était impuissante face à la peste qui se répandait. Les médecins utilisaient plusieurs moyens simultanément, car nul traitement unique n’avait de succès ou même n’était meilleur qu’un autre. La médecine galénique, basée sur la théorie humorale, privilégiait les remèdes internes, mais dès le début de la peste noire, elle tend à être supplantée par une théorie miasmatique basée sur un « venin » ou « poison ». Le poison de la peste pénètre le corps à partir de l’air infect ou par contact (personne ou objet).
Toutes ces théories pouvaient se combiner : la peste est une pourriture des humeurs due à un poison transmissible par air ou par contact. Ce poison est un principe de corruption provenant des profondeurs de la terre (substances en putréfaction), qui s’élève dans l’air, à la suite d’un phénomène « météo-géologique » (tremblement de terre, orage…) ou astronomique (conjonction de planètes, passage de comète…), et qui retombe sur les humains80.
La distinction entre moyens médicaux, religieux, folkloriques ou magiques est faite par commodité, mais l’ensemble de ces moyens était largement accepté par les médecins savants de l’époque81.
Remèdes externes
Ils ont pour but soit d’empêcher la pénétration du poison, soit de faciliter sa sortie. Contre l’air empoisonné, on se défend par des fumigations de bois ou de plantes aromatiques.
Les médecins arabes avaient remarqué que les survivants de peste étaient plutôt ceux dont les bubons avaient suppuré (vidés de leur pus). Selon leur avis, les chirurgiens de peste incisaient ou cautérisaient les bubons. Ils le faisaient dans des conditions non stériles, occasionnant souvent des surinfections.
De nombreux onguents de diverses compositions (herbes, minéraux, racines, térébenthine, miel…) pouvaient enduire les bubons et le reste du corps (à visée préventive ou curative). On utilisait parfois des cataplasmes à base de produits répugnants (crapauds, asticots, bile et fiente d’origines diverses…) selon l’idée que les poisons attirent les poisons82. Ainsi les parfums empêchent la pénétration du poison, et les mauvaises odeurs facilitent sa sortie.
Les saignées avaient pour but d’évacuer le sang corrompu, ce qui le plus souvent affaiblissait les malades.
Les bains chauds, les activités physiques qui provoquent la sudation comme les rapports sexuels sont déconseillés, car ils ouvrent les pores de la peau rendant le corps plus vulnérable aux venins aériens.
Remèdes internes
La médecine de Galien insiste sur les régimes alimentaire et de vie. Selon la théorie des humeurs, la putréfaction est de nature « chaude et humide », elle doit être combattue par des aliments de nature « froide et sèche », faciles à digérer. La liste et les indications de tels aliments varient selon les auteurs de l’époque83.
Une attitude morale tempérée est protectrice car les principales passions qui ouvrent le corps à la pestilence sont la peur, la colère, le désespoir et la folie.
Les contre-poisons utilisés sont des herbes telles que la valériane, la verveine, ou des produits composés complexes connus depuis l’Antiquité comme la thériaque. Les antidotes minéraux sont des pierres ou métaux précieux, décapés ou réduits en poudre, pour être avalés en jus, sirop, ou liqueur : or, émeraude, perle, saphir82.
Les remèdes visent à expulser le poison, ce sont les émétiques, les purgatifs, les laxatifs, ce qui épuisait les malades plus qu’autre chose.
L’Église organise des processions religieuses solennelles pour éloigner les démons84, ou des actes de dévotion spectaculaire pour apaiser la colère divine, par exemple la confection de cierges géants, la procession à pieds nus, les messes multiples simultanées ou répétées85.
Le culte à la Vierge cherche à répéter le miracle survenu à Rome en 590. Cette année-là, lors de la peste de Justinien, une image de la vierge censée peinte par saint Luc, promenée dans Rome, dissipa aussitôt la peste. À ce culte s’ajoute celui des saints protecteurs de la peste : saint Sébastien et saint Roch86.
Des amulettes et talismans sont portés comme le symbole visible d’un pouvoir invisible, par les Juifs, les chrétiens et les musulmans. Les musulmans portent des anneaux où sont inscrits des versets du Coran, quoique l’opinion des lettrés diverge sur ce point, de nombreux textes musulmans sur la peste recommandent des amulettes, incantations et prières contre la peste provenant non pas d’Allah, mais des démons ou djinns81.
En Occident, en dépit de la désapprobation de l’Église, les chrétiens utilisent charmes, médaillons, textes de prière suspendus autour du cou. L’anneau ou la bague ornée d’un diamant ou d’une pierre précieuse, portée à la main gauche, vise à neutraliser la peste et tous les venins. C’est l’origine magique, à partir de la pharmacopée arabe, du solitaire ou bague de fiançailles des pays occidentaux87.
Les processions de flagellants, notamment à partir de 1349, sont mises en avant comme un effort pour détourner le châtiment divin, tel qu’est perçu le fléau88
Mesures sociales
Gestion des décès
Par leur nombre, les morts ont posé un problème aigu au cours de la peste noire. D’abord pour les évaluer, l’habitude sera prise de recensements réguliers, avant et après chaque épidémie. Le clergé sera chargé d’établir les enregistrements des décès et l’état civil. De nouveaux règlements interdisent de vendre les meubles et vêtements des morts de peste. Leurs biens, voire leur maison, sont souvent brûlés. Dès 1348, des villes établissent de nouveaux cimetières extra muros, Il est désormais interdit d’enterrer autour des églises, à l’intérieur même des villes, comme on le faisait auparavant89.
Les règlements de l’époque indiquent que l’on devait enterrer les cadavres de pestiférés au plus tard six heures après la mort. La tâche est extrêmement dangereuse pour les porteurs de morts, qui viennent bientôt à manquer. On paye de plus en plus cher les ensevelisseurs qui seront, dans les siècles suivants, affublés de noms et d’accoutrements divers selon les régions (vêtus de cuir rouge avec grelots aux jambes, ou de casaques noires à croix blanche)90.
En dernière ressource on utilise la main-d’œuvre forcée : prisonniers de droit commun, galériens, condamnés à mort… à qui on promet grâce ou remises de peine. Ces derniers passent dans les maisons ou ramassent les cadavres dans les rues pour les mettre sur une charrette. Ils sont souvent ivres, voleurs et pilleurs. Des familles préfèrent enterrer leurs morts dans leur cave ou jardin, plutôt que d’avoir affaire à eux90.
Lorsque les rites funéraires d’enterrement y compris en fosse commune ne sont plus possibles de par l’afflux de victimes, les corps peuvent être immergés comme en la Papauté d’Avignon dans le Rhône en 1348, dont les eaux ont été bénies pour cela par le Pape. De même, à Venise des corps sont jetés dans le Grand Canal, et un service de barges est chargé de les repêcher91. Les sources mentionnent rarement l’incinération de cadavres, comme à Catane en 1347 où les corps des réfugiés venus de Messine sont brûlés dans la campagne pour épargner à la ville la puanteur des bûchers89.
Pour les trois religions monothéistes, le respect du mort est essentiel, la promesse de vie éternelle et de résurrection dissuade en fait toute crémation ou autre forme de destruction de l’intégrité corporelle. Le rite funéraire est simplifié et abrégé, mais maintenu autant que possible, mais lorsque les membres du clergé eux-mêmes disparaissent, mourir de peste sans aucun rituel devient encore plus terrifiant pour les chrétiens. En pays d’islam, la difficulté de maintenir les rites est plus supportable pour les musulmans car mourir de peste fait partie des cinq martyrs (chahid). Comme la mort lors du djihad, elle donne accès immédiat au Paradis92.
En Occident, durant la peste noire, la lutte contre les pillages et les violences de foule est d’abord assurée par les sergents de ville ordinaires. Plus tard, les conseils municipaux engageront des troupes spéciales chargées de garder, en temps de peste, les villes désertées par leurs habitants93.
Règlements sanitaires
Au début du XIVe siècle, les règlements d’hygiène publique sont pratiquement inexistants, à l’exception de quelques grandes villes d’Italie comme Florence (surveillance du ravitaillement, dont la qualité des viandes, et de la santé des habitants). La peste noire prend la population au dépourvu et elle sera le point de départ des administrations de santé en Europe. Dès 1348 (première année de la peste noire), plusieurs villes italiennes se dotent d’un règlement de peste : Pistoie, Venise, Milan, Parme, etc., tout comme Gloucester en Angleterre. Ces villes interdisent l’entrée des voyageurs et des étrangers venant de lieux infectés94.
Les premières villes à édicter un isolement radical de la ville elle-même sont Reggio en 1374, Raguse (Dubrovnik depuis 1918) en 1377, Milan (1402) et Venise (1403). Ces premières mesures sont des tentatives et des tâtonnements, le plus souvent par emprunts d’une ville à l’autre. Elles sont très diverses, depuis l’interdiction de donner le sang des saignées des pestiférés aux pourceaux (Angers, 1410) jusqu’à l’interdiction de vendre des objets appartenant à des pestiférés (Bruxelles, 1439)94.
Les premiers isolements préventifs (quarantaine) apparaissent à Raguse en 1377, tous les voyageurs qui arrivent d’un lieu infecté devant passer un mois sur une île avant d’entrer dans la ville. Venise adopte le même système la même année en portant le délai à 40 jours, comme Marseille en 1383. Ce système est adopté par la plupart des ports européens durant le XVe siècle95.
La quarantaine sur terre est adoptée d’abord en Provence (Brignoles, 1464), et se généralise pour les personnes et les marchandises durant le XVIe siècle95. C’est aussi en Provence (Brignoles 1494, Carpentras 1501) qu’apparaît le « billet de santé » ou passeport sanitaire délivré aux voyageurs sortant d’une ville saine, et exigé par les autres villes pour y entrer. L’usage du billet de santé se répand lentement et ne se généralise que vers le début du XVIIe siècle (Paris, 1619)96.
Peu à peu se mettent en place des « règlements de peste », de plus en plus élaborés au fil du temps : c’est le cas des villes en France à partir du XVe siècle. L’application de ces mesures dépend d’un « bureau de santé » composé de plusieurs personnes ou d’une seule dite « capitaine de santé », le plus souvent dotés d’un pouvoir dictatorial en temps de peste. Cette institution apparaît d’abord en Italie et en Espagne, puis elle gagne le sud-est de la France à la fin du XVe siècle. Elle s’étend lentement au nord de la France (Paris, 1531)97.
Durant le XVIe siècle, ces règlements sont codifiés par les parlements provinciaux, ajustés et précisés à chaque épidémie au cours du XVIIe siècle. Ils relèvent du niveau gouvernemental au début du XVIIIe siècle97.
Personnels de santé
À la fin du XIIIe siècle, quelques villes italiennes engagent des médecins pour soigner les pauvres (en dehors des œuvres de charité de l’Église). À l’arrivée de la peste, de nouveaux médecins sont engagés à prix d’or (par manque de candidats). En 1348, c’est le cas d’Orvieto et d’Avignon. Des médecins de peste sont ainsi engagés durant les XVe et XVIe siècles, de même que des chirurgiens, apothicaires, infirmiers, sages-femmes… pour assurer les soins en temps de peste, souvent pour remplacer ceux qui ont fui, abandonnant leur poste, car les risques sont considérables98.
La mort d’artistes, d’ouvriers qualifiés, de mécènes, etc., entraîne des effets directs, notamment l’arrêt ou le ralentissement de la construction des cathédrales, comme celle de la cathédrale de Sienne, dont le projet initial ne sera jamais réalisé. Des historiens anglais attribuent l’apparition du style gothique perpendiculaire aux restrictions économiques liées à la peste noire99. En France, la plupart des grands chantiers ne reprendront qu’après 1450100.
Sur les lieux où la peste s’arrête ou se termine, des chapelles ou autres petits édifices dédiés (chapelles votives, oratoires…) sont construits invoquant ou remerciant la Vierge, des saints locaux, Saint Sébastien ou Saint Roch101…
Paradoxalement en Italie (particulièrement à Sienne et à Florence) une recrudescence de commandes d’art permet de perpétuer le souvenir des familles décimées par la peste et surtout des survivants ayant hérité des biens familiaux : « Le spécialiste de la peste noire en Europe, le professeur Samuel Kline Cohn, a analysé 3 226 testaments du XIIe siècle à 1425. Il en ressort que de 1364 à 1375, les testaments contiennent essentiellement des commandes d’œuvres d’art, chapelles ou peintures pour glorifier le (futur) défunt et sa lignée. »102.
Sensibilités religieuses
La crainte, de la part des familles riches, des enterrements de masse et des fosses communes, entraîne par réaction un développement de l’art funéraire : caveaux et chapelles familiales, tombes monumentales… Le gisant, statue mortuaire représentant le défunt dans son intégrité physique et en béatitude, tend à être remplacé par un transi, représentant son cadavre nu en décomposition99.
La peste marque également la peinture. Selon Meiss103, les thèmes optimistes de la Vierge à l’enfant, de la Sainte Famille et du mariage laissent la place à des thèmes d’inquiétudes et de douleurs104, comme la Vierge de pitié qui tient, dans ses bras, son fils mort descendu de la croix99, ou encore celui de la Vierge de miséricorde ou « au manteau » qui abrite et protège l’humanité souffrante105.
La représentation du Christ en croix passe du Christ triomphant sur la croix à celle du Christ souffrant sur la croix où un réalisme terrible détaille toutes les souffrances : les sueurs de sang, les clous, les plaies, et la couronne d’épines99.
La représentation du supplice de saint Sébastien évolue : de l’homme mûr habillé, à celle d’un jeune homme dénudé, juste vêtu d’un pagne à l’image du Christ99.
Selon Michel Vovelle, le thème de la vie brève s’accompagne d’une « âpreté à vivre », avec la recherche de joies et de plaisirs, comme dans l’œuvre de Boccace, le Décaméron107.
Dès le XIIIe siècle, des thèmes macabres apparaissent comme le Dit des trois morts et des trois vifs sur des fresques ou des miniatures, où de jeunes gens rencontrent des morts-vivants qui leur parlent : « nous avons été ce que vous êtes, vous serez ce que nous sommes ». Apparu en Italie et en France, ce thème se répand et se développe jusqu’au XVIe siècle. Un autre thème plus célèbre est celui de la danse macabre où les vivants dansent avec les morts, ce thème se retrouve surtout sur les fresques d’églises de l’Europe du Nord108.
Selon Vovelle : « C’est à peine exagérer que de dire que, jusqu’à 1350, on n’a point su comment représenter la mort, parce que la mort n’existait pas109. » De rares représentations avant cette date, la montrent comme un monstre velu et griffu, à ailes de chauve-souris. Cette mort figurée perd ses références chrétiennes en rapport avec le péché et le salut.
Elle devient une image autonome et « laïque » : c’est un transi avec une chevelure féminine, qui se décharne de plus en plus jusqu’au squelette proprement dit. C’est la mort implacable, d’origine pré-chrétienne, celle que rappelle le Memento mori.
Cette mort monte à cheval, armée d’une faux ou d’un arc, elle frappe en masse. C’est le thème du triomphe de la mort, dont les représentations les plus célèbres sont celles du palais Sclafani à Palerme, et Le Triomphe de la Mort de Brueghel109.
Au XVe siècle, et jusqu’à 1650, toute une littérature se développe sur « l’art de bien mourir », c’est l’Ars moriendi. Il s’agit de rituels destinés à se substituer à l’absence de prêtres (en situation d’épidémie de peste). Différentes versions apparaissent après la Réforme : anglicane, luthérienne et calviniste99.
Des thèmes picturaux se rattachent directement à la peste noire, comme celui du nourrisson s’agrippant au sein du cadavre de sa mère. Selon Mollaret, ces œuvres « sont d’hallucinants documents, en particulier lorsqu’elles furent peintes par des artistes ayant personnellement vécu la peste »105.
Avec Hans Baldung (1484-1545) apparaît le thème de la femme nue au miroir où la mort montre un sablier. Ce serait un premier exemple de peintures de vanité, où la mort-squelette laissera la place à des objets symboliques : sablier, horloge, lampe éteinte, bougie presque consumée, crâne, instrument de musique aux cordes brisées105…
Poésie en Islam
De nombreux passages poétiques sont incorporés dans des chroniques historiques ou médicales, comme celles de Ibn al-Wardi(en) (mort en 1349) d’Alep, ou d’Ibrahim al-Mimar du Caire. Les descriptions poétiques de la peste noire expriment l’horreur, la tristesse, la résignation religieuse mais aussi l’espoir des musulmans en situation épidémique110.
Dans la culture contemporaine
Littérature et cinéma
Plusieurs uchronies ont été écrites sur le thème de la peste noire. Ainsi, dans La Porte des mondes de Robert Silverberg, l’auteur imagine que la peste noire est bien plus meurtrière, éliminant les trois quarts de la population européenne et changeant complètement l’histoire du monde. Cette idée est également reprise par Kim Stanley Robinson dans Chroniques des années noires, mais dans cette uchronie c’est la totalité des habitants de l’Europe qui périt, entraînant, de la même façon que dans le roman précédent, une histoire complètement différente de celle que l’on connaît.
Connie Willis donne aussi ce cadre à son roman, Le Grand Livre, où une historienne du XXIe siècle qui voyage dans le temps tombe par erreur en pleine peste noire, la confrontant ainsi aux horreurs de cette pandémie.
Ken Follett représente bien les conséquences de la peste noire dans son roman Un monde sans fin où les habitants de la ville fictive de Kingsbridge doivent affronter l’épidémie. L’auteur s’attarde particulièrement sur les différentes stratégies pour guérir les malades et les mesures entreprises par la ville pour diminuer la propagation de la peste.
Le Septième Sceau (Det sjunde inseglet) est un filmsuédois d’Ingmar Bergman, sorti en 1957, qui évoque la mort jouant aux échecs pendant une épidémie de peste avec un chevalier revenant des croisades.
Dans Medieval II: Total War, la peste noire frappe l’Europe à partir du tour 135, décimant aussi bien les unités militaires que les habitants, ce qui provoque une baisse notable de l’ordre public, augmentant ainsi les risques de révoltes. Elle reste environ une dizaine de tours, et elle frappe les régions les plus éloignées de l’Italie sur la carte en dernier (telle que l’Égypte).
Le jeu A Plague Tale: Innocence, publié en 2019, se déroule en pleine guerre de Cent Ans ; la peste noire et les invasions de rats sont utilisés comme des éléments de gameplay, notamment pour la résolution d’énigmes.
Crusader Kings 2 : The Reaper’s Due : le DLC du jeu de gestion ajoute des problématiques liées aux épidémies et aux différentes façons de les gérer. La Peste Noire y apparaît via un événement et peut évoluer plus ou moins fidèlement à la réalité.
Christine Renardy, « Un témoin de la Grande Peste : Maître Simon de Couvin, chanoine de Saint-Jean l’Évangéliste à Liège », Revue belge de philologie et d’histoire, vol. 52, no 2, 1974, p. 273–292 (ISSN0035-0818, DOI10.3406/rbph.1974.3096, lire en ligne [archive], consulté le 1er septembre 2018).
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Le Joueur de flûte (1972), film de Jacques Demy sur une légende germanique se déroulant durant la période de la peste noire.
Le Dernier des Templiers (2010), film de Dominic Sena : durant les croisades du XIVe siècle, une jeune sorcière est soupçonnée d’être à l’origine d’une épidémie de la peste noire. Deux chevaliers templiers déserteurs, Behmen (Nicolas Cage) et Felson (Ron Perlman), sont chargés par l’Église catholique romaine de la convoyer vers un monastère de moines exorcistes détenteurs d’un manuscrit du roi Salomon.
Black Death (2010), film de Christopher Smith : en pleine épidémie, le jeune moine Osmund (Eddie Redmayne) est chargé de mener le chevalier Ulrich (Sean Bean) et son groupe de mercenaires vers un village que la rumeur dit être épargné par la peste et abritant un nécromancien capable de ramener les morts à la vie.
Et les fouteurs de merde du NPA qui vont au Mali et au Burkina Faso depuis des lustres ? Personne ne les voit jamais ? Incroyable…
A noter : leurs milices et assassins jouissant en France d’une impunité totale, on est bien obligé d’en déduire qu’ils y assurent les basses oeuvres des différents régimes qui se succèdent à la tête de l’Etat français depuis un bon paquet d’années. Donc… ailleurs aussi.
L’opposition à la guerre française au Mali démasque le charlatanisme petit bourgeois du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d’Olivier Besancenot. Le 18, une junte de colonels maliens a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta avant de proclamer sa loyauté à l’occupation française du Mali. Face à l’installation d’une junte pro-impérialiste, le site Web Révolution permanente du NPA, lié au Parti des travailleurs socialistes (PTS) argentin peine à contenir son enthousiasme.
Sur ce site, Philippe Alcoy écrit que «Le coup d’État a été accueilli avec des scènes de liesse dans les rues de Bamako. En tout cas pour le moment. En effet, ce groupe de militaires dit vouloir ‘une transition politique civile conduisant à des élections générales crédibles’ dans un ‘délai raisonnable’. Les putschistes déclarent avoir pris la décision d’agir car ‘le Mali sombre de jour en jour dans le chaos, l’anarchie et l’insécurité par la faute des hommes chargés de sa destinée’.»
Si Alcoy s’inquiète brièvement des «mesures répressives comme l’instauration d’un couvre-feu et la fermeture des frontières», il n’hésite pas à présenter le coup d’État comme le début de la révolution africaine. Il déclare que le coup est «mené sans doute par des fractions des classes dominantes et de l’armée agissant sans le consentement du gouvernement français.» Il se paie le luxe d’évoquer le réaction du social-démocrate Marceau Pivert face à la grève générale de 1936 en France, publié dans Le Populaire: «Tout est possible!»
Il affirme: «Mais une chose est certaine, la France et ses alliés craignent que le coup d’État au Mali n’ouvre la voie à des situations similaires dans d’autres pays de la région qui sont traversés par les mêmes problèmes politiques, sociaux et économiques. … Pour l’analyste ivoirien Franck Hermann Ekra, dont les propos ont été relayés par Libération, c’est ‘comme si un « modèle malien » venait de voir le jour. Et que, notamment dans les pays voisins, chacun s’autorise enfin à penser que « tout est donc possible », en rapprochant ce qui s’est passé au Mali de situations analogues, de rejet du pouvoir en place, vécues à domicile’.»
Or l’impérialisme français ne craint pas le putsch malien, qui n’a rien à voir avec une révolution. Une vague historique de grèves et mobilisations de masse monte, sans aucun doute, à travers l’Afrique. Les grèves d’enseignants et de cheminots au Mali; le hirak algérien de 2019 contre le régime militaire; les manifestations ivoiriennes contre le président Alassane Ouattara installé par une intervention militaire française en 2011; et les manifestations contre Keïta témoignent tous d’une explosion de colère des travailleurs et des masses opprimées contre l’impérialisme.
Au Mali, les manifestations se succèdent depuis des mois pour s’opposer à l’occupation française lancée en 2013, et aux massacres ethniques entre milices rivales que Paris tolère afin de diviser pour mieux régner sur le pays.
Mais Paris soutient ce putsch contre la mobilisation antiguerre des jeunes et des travailleurs maliens. Comme lors du coup de 2012 qui a ouvert le chemin à l’invasion française de 2013, le putsch est parti du camp militaire de Kita, et le général Ibrahmi Dahirou Dembélé, décoré pour ses services à la défense nationale française, a été l’un des commanditaires. Lorsque les putschistes sont arrivés au pouvoir, ils ont d’ailleurs fait une déclaration sans ambiguïté.
Ils ont appelé l’armée malienne à continuer sa collaboration avec les forces françaises (Opération Barkhane), leurs alliés européens (Takuba), leurs supplétifs de l’ONU (Minusma) et des pays du Sahel (G5 Sahel): «La Minusma, la force Barkhane, le G5 Sahel, la force Takuba demeurent nos partenaires pour la stabilité et la restauration de la sécurité. S’adressant à vous, frères d’armes, nous vous exhortons à assurer la continuité de vos missions régaliennes et opérationnelles.»
Macron a quant à lui hypocritement critiqué le putsch avant d’indiquer que l’armée française travaillerait sans problème avec la nouvelle junte: «Mais nous n’avons pas à nous substituer à la souveraineté malienne. … Rien ne doit nous divertir de la lutte contre les djihadistes.»
Aucune analyse du putsch du 18 août ne serait complète sans mentionner le rôle d’Oumar Moriko. chef du parti SADI (Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance), avec lequel le NPA a longtemps collaboré en le traitant de «parti historiquement d’inspiration marxiste-léniniste».
Vers midi le 18, Mouriko a lancé un appel aux jeunes de Bamako à soutenir les putschistes, alors que ceux-ci étaient en difficultés face aux troupes loyales à Keïta. Ces appels ont été relayés par tout le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) de l’imam Mahmoud Dicko, dont fait partie la SADI. A présent, et avec leur soutien, la junte malienne discute sans doute de comment étrangler l’opposition des masses à l’Opération Barkhane.
Face à un mouvement grandissant dans la classe ouvrière et les masses opprimées africaines, Révolution permanente fait tout pour les pousser derrière la contre-révolution. C’est un avertissement aux travailleurs et aux jeunes en Afrique, en France et dans le reste du monde. Pour lutter contre l’oppression impérialiste des anciens pays coloniaux et l’austérité policière en Europe, il faut mener une lutte marxiste et internationaliste, c’est-à-dire trotskyste, contre les illusions et les mensonges semés par les partis populistes de la petite-bourgeoisie argentée comme le NPA.
L’ex-soixantehuitard Alain Krivine qui a fondé le NPA en 2009, afin de rompre les attaches symboliques que sa Ligue communiste révolutionnaire «trotsko-guévariste» avait maintenu avec la figure de Trotsky, le dirigeant de la révolution d’octobre et fondateur de la IVe Internationale. Intégré dans les réseaux du Parti socialiste (PS) bourgeois, qui a longtemps lancé des coups et des guerres en Afrique, le NPA est à présent un soutien inconditionnel de l’impérialisme contre le mouvement international des travailleurs.
Lors des guerres de l’OTAN en Libye et en Syrie lancées en 2011, Besancenot s’est distingué par l’ardeur de ses appels au renseignement français à armer les «rebelles» contre les régimes en place. Ainsi le NPA s’est rendu complice de guerres qui ont fait des centaines de milliers de morts et des dizaines de millions de réfugiés depuis 2011. Et Révolution permanente, qui a voulu se donner un vernis «de gauche» en critiquant parfois «la guerre impérialiste dans une Libye dévastée», tout en faisant oublier le rôle du NPA, récidive en applaudissant les opérations françaises au Mali.
Lors de l’invasion française du Mali, le WSWS avait expliqué les intérêts matériels de classe qui sous-tendaient le soutien de SADI comme du NPA pour cette guerre, que le NPA avait commencé par mollement critiquer. Il n’y a pas grand-chose à changer à cette analyse:
«Les guerres de la France sont bien des actes de pillage impérialistes, dont les travailleurs français paient également le prix par des augmentations d’impôts et de nouvelles coupes sociales. Ces guerres visent à renforcer la position stratégique de Paris, les profits de ses entreprises pétrolières et de ses banques. Mais c’est également la source des flux d’argent que la bourgeoisie dirige, par son financement de la bureaucratie syndicale, des programmes des médias et de bourses de recherche des universitaires ‘de gauche’, vers les forces de la pseudo-gauche telles que le NPA.»
C’est aussi le fondement matériel de la promotion par Révolution permanente des putschistes maliens qui ont mis main basse sur le pouvoir à Bamako. Vu que le putsch et l’action de SADI préparent une répression par l’armée de l’opposition des travailleurs et des jeunes, Alcoy ajoute en conclusion quelques phrases creuses visant à prendre ses distances de la junte qu’il vient de saluer tout au long de son article. Il écrit:
«C’est en ce sens que pour les travailleurs et les classes populaires du Mali, ce serait une erreur fatale de placer leurs espoirs d’émancipation et d’une vie digne dans cette junte militaire. Ce ne serait pas moins catastrophique de faire confiance à la coalition M5-RFP, peuplée de figures réactionnaires, ou aux organisations islamistes. Et il va sans dire que le pire de leurs ennemis reste l’impérialisme, notamment dans sa forme la plus ouvertement militariste. Toutes ces forces sont des ennemies des exploités et opprimés du Mali et de tout le continent africain.»
Il ne manque qu’une chose à cette conclusion: d’ajouter qu’au sein de la coalition M5-RFP, l’élément le plus cynique est le parti SADI et son soutien français, le NPA, au sein duquel les charlatans les plus éhontés sont les partisans de Révolution permanente. Pour se doter d’organisations révolutionnaires, les travailleurs du Mali et d’Afrique comme de France et d’Europe devront fonder leurs partis trotskystes, des sections du Comité international de la IVe Internationale, en lutte contre la pseudo-gauche petite-bourgeoise.
Un jour viendra où le monde entier saura qui sont vraiment le pédophile trafiquant de drogue cybercriminel et terroriste « islamiste » Pascal Edouard Cyprien Luraghi et tous ses complices, parce qu’ils n’ont pas cessé de mentir depuis le début de leurs attaques à mon encontre.
Ce n’est qu’une question de temps.
En attendant, louons Notre Dame que ceux d’en face détestent tant… avec Guillaume de Machaut qui n’a rien perdu de sa modernité à travers les siècles.
L’Ars nova est un courant de la musique médiévale occidentale, centré sur la France, et qui englobe une période comprise entre l’écriture du Roman de Fauvel (1310-1314) et la mort de Guillaume de Machaut (1377).
L’époque de l’ars nova couvre à peu près les années 1320 à 1380 ; elle a pour centre Paris. Le nom donné à cette époque vient directement d’un traité théorique sur la musique attribué à Philippe de Vitry intitulé « ars nova » ou « art nouveau » écrit vers 1320 (mais ceci est très contesté). On donne aussi parfois comme point de départ de l’ars nova le Roman de Fauvel, écrit entre 1310 et 1318. Le traité ars nova concerne un nouveau système de notation, à la fois mélodique et rythmique, en appuyant le propos sur une nouvelle conception de ceux-ci. Plusieurs s’arrachent l’invention de ce système dont le même Philippe de Vitry, Jean de Murs, mathématicien à la Sorbonne qui avait déjà présenté le système mensuraliste de l’Ars nova dans Notitia Artis Musicae en 1321 et Jacques de Liège qui rassembla l’ensemble de la théorie musicale du Moyen Âge dans sept livres intitulés Speculum Musicae de 1321 à 1324. Ce nouveau système de notation, plus clair, mesuré et strict apporte d’infinies possibilités tant sur le point de vue technique et pratique que théorique. De plus, il a permis à la masse profane d’exercer la musique avec plus de facilité au-delà du bouche à oreille et des exercices mnémoniques qui avaient la fâcheuse tendance de déformer motets, hoquets et rondeaux au fil du temps et du perfectionnement des chanteurs et musiciens. Le courant s’éteint en même temps que Guillaume de Machaut, en 1377.
Controverse de l’Église catholique
L’usage liturgique de la musique de l’ars nova fut fermement rejeté par le pape Jean XXII dans sa décrétale Docta Sanctorum Patrum2, mais accepté par le pape Clément VI. Le chant monophonique, déjà harmonisé pour un simple orgue, s’est vu altéré, fragmenté, et dissimulé derrière des mélodies profanes. Les paroles des poèmes d’amour courtois pouvaient être chantés en dessus de textes sacrés, ou des textes sacrés pouvaient être placés à l’intérieur d’une mélodie profane. Ce n’était pas tant la polyphonie qui était une offense dans les âges médiévaux, mais la notion de musique profane qui se combine au sacré et prenant place dans la liturgie.
Caractéristiques stylistiques
Par opposition à l’ars nova, l’ars antiqua ou « art ancien » précède celui-ci et couvre la période approximative de l’an 1240 à 1320. Il n’y a pas lieu de tracer une ligne séparatrice entre l’ars antiqua et l’École de Notre-Dame, car le terme « ars antiqua » a été forgé par les théoriciens de l’ars nova pour décrire tout ce qui avait été fait avant en matière de polyphonie savante (période allant de 1170 à 1310-1320, et comprenant par conséquent l’époque de l’école de Notre-Dame). Les mêmes genres appartiennent aux deux périodes, de plus, la notation et le rythme considérablement plus développés avec l’avènement de l’ars nova, ce qui rend les deux premiers encore plus semblables par leur juxtaposition dans le temps. Les principales améliorations qui ont eu lieu lors de l’avènement de cet « art nouveau » sont majeures et concernent la polyphonie, les modes rythmiques, la notation musicale et l’isopériodicité. L’idée sous-jacente à l’utilisation de ces techniques était de créer de la musique d’une plus grande expressivité, et de varier le répertoire du siècle précédent. On peut la mettre en parallèle avec l’utilisation de la perspective en peinture, et cette étape est nécessaire si l’on veut comprendre les changements de l’art musical.
Les genres de l’ars nova
Le motet occupe une place largement dominante, mais partage l’attention avec des formes polyphoniques ou monodiques séculières voire populaires comme la ballade, le virelai, le rondeau, le lai, et en Italie (où l’ars nova a pour synonyme trecento), la ballata, la caccia, le madrigal.
C’est à travers les quatre formes profanes, poétiques et fixes (le motet est à la frontière entre sacré et profane, on ne le compte donc pas ici) de la ballade, du rondeau, puis, dans une moindre mesure dans le lai et le virelai (aussi appelé « chanson balladée ») que Guillaume de Machaut a démontré son savoir-faire et exploité pleinement la contrainte à la fois de la forme poético-lyrique que dans la nouvelle approche, plus technique, de l’art, pour faire florir le processus de composition comme pratique pleine et un art à proprement parler.
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L’École de Notre-Dame désigne un style de musique développé par des compositeurs ayant exercé à la cathédrale Notre-Dame de Paris de 1160 à 1250 faisant partie de l’Ars antiqua. Mais plus qu’une connotation géographique (des sources proviennent aussi de Beauvais ou de Sens), l’expression fait référence aux caractères des compositions : outre l’utilisation des modes rythmiques et mélodiques (les huit tons d’église) en usage, on constate surtout l’apparition, suivie d’un important développement, de formes musicales polyphoniques telles que le conductus (le conduit), l’organum fleuri et enfin le MOTET .
« À partir de la fin du XIIe siècle […], un lieu de création musicale émerge, lieu primordial servant de modèle pour tout le monde chrétien : la cathédrale Notre-Dame de Paris. Si l’on continue à y célébrer comme ailleurs les liturgies au son des mélodies du chant grégorien, les chantres et chanoines de la cathédraleparisienne développent à partir des années 1170 de nouveaux styles qu’on appelle aujourd’hui l’École de Notre-Dame, introduisant des innovations majeures. D’une part la polyphonie, de plus en plus pratiquée dans de nombreuses abbayes ou cathédrales françaises, gagne ses premières véritables lettres de noblesse à Notre-Dame. D’autre part l’utilisation de pulsations rythmiques régulières dans la musique constitue également une grande nouveauté et il semble bien que les chantres parisiens en soient les initiateurs. Très vite, les procédés des compositeurs de cette « École » seront imités, copiés, chantés dans les grandes églises de France puis dans toute l’Europe. Cette diffusion exceptionnelle pour l’époque s’explique par le génie des créateurs parisiens, au premier rang desquels figurent les fameux Léonin et Pérotin, mais aussi par la renommée et la prépondérance extraordinaire de Paris au début du XIIIe siècle, ville-lumière déjà surnommée « Mater artium » (Mère des Arts), « Secunda Athena » (Seconde Athènes), « Paris expers Paris » (Paris sans égal). La présence des institutions royales et religieuses contribue désormais au statut de capitale, mais c’est la vie intellectuelle, la création et l’immense succès immédiat de l’Université [créée à partir de 1253] qui font le renom de Paris, véritable phare culturel européen. Dès les premières décennies du XIIe siècle, Abélard et d’autres maîtres parisiens attiraient déjà des foules d’élèves venant d’horizons très divers sur la montagne Sainte-Geneviève et dans le futur Quartier latin. Ceux-ci repartaient ensuite avec un bagage théologique, mais souvent également musical, et contribuèrent ainsi à la diffusion dans toute l’Europe du répertoire de l’École de Notre-Dame1. ».
La construction de Notre-Dame de Paris a été décidée par l’évêque Maurice de Sully au lendemain de son élection fin 1160 ou début 1161. Les travaux commencent en 1163 et se poursuivent jusqu’en 1245. Le grand autel est consacré en 1182. Au XIIIe siècle, grâce aux séjours fréquents de la famille royale, à l’université réputée de la capitale et d’autres collèges en développement, Paris rayonne comme foyer culturel et artistique pour toute la chrétienté. Les recherches musicales, d’abord éparpillées dans les grands monastères de province, se concentrent vers les villes et connaît un essor sans précédent. Ainsi, Limoges, Beauvais et Sens sont des centres importants pour l’organum et la polyphonie, de même que Chartres dès le XIe siècle2.
En ce siècle de classicisme médiéval, Notre-Dame est un des principaux centres de la vie intellectuelle et artistique. Par ailleurs, la famille royale entretient un ensemble de chanteurs disponibles quotidiennement et la noblesse française continue à susciter, depuis un siècle, grâce aux troubadours et aux trouvères (souvent nobles), un grand mouvement de poésie chantée (resté longtemps monodique), qui avait créé dès l’époque précédente l’univers de l’amour courtois.
Le répertoire de l’école de Notre-Dame (de même que ses imitations dans les grands centres européens) est évidemment liturgique. L’objectif est d’abord de chanter la gloire de Dieu, par les textes sacrés, considérés comme la parole divine. Le chant accompagne donc les cérémonies et les processions. La musique pratiquée à Notre-Dame est née dans un environnement d’intellectuels et d’érudits : étudiants, théologiens ou juristes, médecins, et bien sûr musiciens.
Par l’intermédiaire de ce savoir, de ces constructions de plus en plus savantes au fil du temps (improvisées en « chant sur le livre » ou écrites), des enfants de basse extraction parviennent à une reconnaissance sociale. C’est à ces « musiciens habiles » (« artis musicæ periti »3, c’est-à-dire musiciens professionnels) qu’on doit le développement continu de cette grande nouveauté qu’est la polyphonie occidentale. Née au sein de l’Église vers le IXe siècle, elle va fleurir et se répandre dans toute l’Europe pendant quatre siècles au moins (pour atteindre son plein épanouissement à la fin du XVIe siècle). On codifie également un système de notation rythmique aussi abstrait que cohérent, la Musica mensurabilis (musique mesurable). Les modes rythmiques sont capables, comme les modes mélodiques, de structurer, plus précisément et plus finement qu’avant, les compositions vocales qui naissent d’abord à l’église. Leur nombre s’accroît sensiblement. Ainsi, les musiciens de Notre-Dame ont ajouté à l’histoire de la musique occidentale une page plus que déterminante : ils ont orienté une grande partie de son avenir.
Les compositeurs
Alleluia nativitatis, dans le troisième mode rythmique de Pérotin (manuscrit de Wolfenbüttel, Codex Guelf 1099, XIIIe siècle).
Deux chantres des XIIe et XIIIe siècle sont restés célèbres.
Léonin d’abord (Leo ou magister Leoninus selon les textes), qui aurait exercé vers le milieu du siècle. Selon Craig Wight4, il aurait été également un poète connu et un chanoine. Il compose surtout des organum à deux voix, mais rien ne confirme qu’il s’y soit cantonné absolument. On lui attribue le Magnus Liber Organi, puisqu’il aurait joué un des rôles principaux dans la création et la reconnaissance de la forme musicale appelée organum, sans toutefois appartenir en titre à la lignée des maîtres de musique de la nouvelle cathédrale.
Puis Pérotin (Perotinus magnus : Pérotin le grand), actif vers la fin du XIIe et premier quart du XIIIe siècle qui compose plutôt à trois ou quatre voix. Selon Craig Wight, il est Pierre, le succentor (sous-chantre) de Notre-Dame, la « dignité » de grand-chantre étant dévolue à un ecclésiastique dont la fonction n’est pas purement musicalen 1. Le manuscrit rédigé par l’Anonyme IV au XIIIe siècle donne les noms de Léonin et de Pérotin et nous apprend que5 :
Et nota, quod magister Leoninus, secundum quod dicebatur, fuit optimus organista, qui fecit magnum liber organi de gradali et antifonario pro servitio divino multiplicando. Et fuit in usu usque ad tempus Perotini Magni, qui abbreviavit eundem et fecit clausulas sive puncta plurima meliora, quoniam optimus discantor erat, et melior quam Leoninus erat. Sed hoc non est dicendum de subtilitate organi etc. Ipse vero magister Perotinus fecit quadupla optima sicut « Viderunt, Sederunt » cum habundantia colorum armonicæ artis ; similiter et tripla plurima nobilissima sicut « Alleluia Posui adiutorium, Nativitas » etc. Fecit etiam triplices conductus ut « Salvatoris hodie » et duplices conductus sicut « Dum sigillum summi patris » ac etiam simplices conductus cum pluribus aliis sicut « Beata viscera », etc. Liber vel libri magistri Perotini erant in usu usque ad tempus magistri Roberti de Sabilone et in coro Beatæ Virginis maioris ecclesiæ Parisiensis et a suo tempore usque in hodiernum diem6.
« Maître Léonin, d’après ce que l’on disaitn 2, fut le meilleur compositeur d’organumn 3, il fit le grand livre d’organum, sur le Graduel et l’Antiphonaire [chanté à partir du Graduel et de l'Antiphonaire], en vue d’accroître la solennité du service divin [en multipliant les parties vocales différentes qu'on fait entendre en même temps, au cours de la messe et de l'office divin]. Ce livre fut en usage jusqu’au temps de Pérotin le Grand qui l’abrégea et fit des clausules ou sections très nombreuses et excellentes car il était excellent compositeur de déchant et encore meilleur que Léoninn 4. — Anonyme IV, 1275.
(la suite : Sed hoc non est dicendum… hodiernum diem, n’est pas traduite dans cet article, pour le moment). »
3:32
Breves dies hominis de Léonin ou peut-être de Pérotin
Deux des œuvres emblématiques sont à citer : Viderunt omnes, Graduel de Noël (daté de 1198) et Sederunt principes, Graduel de Saint-Étienne (26 décembre) daté de 1199. Dans le Viderunt omnes, on peut observer un canon à la quinte, constitué entre le duplum et le triplum (la 2e et la 3e voix). Ces deux pièces se trouvent au début des manuscrits W1 et Pluteus (voir plus bas), ce qui indique bien la valeur ou l’importance des œuvres.
Comme le manuscrit original a disparu et n’est connu que par des copies de dates diverses avec de sensibles modifications, il est probable que les pièces de Léonin retouchées par Pérotin lui soient attribuées faussement, ou que l’apport de l’un ne puisse être mesuré convenablement. Il est possible aussi qu’avec la sensible transformation des manières de noter la musique, le copiste ait volontairement transformé le texte parvenu jusqu’à nous.
Sources
Le Magnus Liber Organi, dont l’original a disparu, était un manuscrit, copié entre 1160 et 12407, où se trouvait noté le vaste répertoire de la cathédrale. Le nom complet est Magnus Liber Organi de Graduali et Antiphonario, soit Grand livre de l’organum sur le Graduel et l’Antiphonaire. Il était placé sur un lutrin, au milieu du chœur lors des cérémonies.
Il fut souvent copié partiellement ou intégralement et diffusé partout en Europe. Edward Roesner6 considère qu’il s’agit du premier corpus polyphonique écrit et non transmis oralement.
Organisation – Le contenu des manuscrits est structuré selon le calendrier liturgique, mais dans une hiérarchie respectant le rang particulier de Noël, Pâques, Pentecôte et Assomption, appelés annuale. Les autres, classées par le terme de duplex, puis les secondaires, appelées semiduplex, regroupant les saints, évêques ou simples confesseurs8. De même le nombre de pièces disponibles pour chaque fête, diminuent à l’inverse de leur hiérarchie ; les fêtes les moins importantes ne reçoivent aucun organum.
Après la relation à la liturgie le classement suit le nombre de voix, le genre, et le type de liturgie9.
Il subsiste deux types de sources essentielles pour étudier ce mouvement : les manuscrits musicaux et les écrits des théoriciens.
Manuscrits conservés
Les manuscrits disponibles sont très postérieurs à la composition des œuvres. Par exemple le Viderunt Omnes de Pérotin, l’une des pièces les plus emblématiques du répertoire, a été composée avant 1198, mais la source la plus ancienne n’apparaît que dans le W1 copié vers 1245. On ordonne les sources chronologiquement par rapport à leur rédaction ; sachant que les trois manuscrits principaux sont les F, W2 et W1.
La structure du Magnus Liber Organi que décrit Anonymous IV se retrouve « dans l’organisation du manuscrit de Florence, [et] se conserve de manuscrit en manuscrit de manière assez stable10 ». La différence étant dans le choix effectué par les copistes. Le manuscrit de Florence, compte une centaine de pièces dans sa section liturgique. Le manuscrit W1, 43 et le W2 en compte 4611. Craig Wright discute de ces éléments pour en conclure que ces choix sont effectués selon les besoins locaux des processions12 et l’élimination des pièces propres à Notre-Dame13.
Manuscrit Pluteus 29.1 ou F de la Bibliothèque Medicea-Laurenziana de Florence14. Il fut copié à Paris et enluminé dans l’atelier de Jean Grusch (probablement situé entre Notre-Dame et la Sorbonne15,16) entre 1240 et 1255. C’est un grand manuscrit de 232 × 157, écrit d’une seule main et réparti en 11 fascicules, le tout organisé selon le cycle liturgique. Les pages contiennent douze portées. Le manuscrit comporte une lacune, repérée par une double pagination.
Il contient 1023 compositions, uniquement religieuses, pour les grandes fêtes de Noël, Pâques, Pentecôte et Assomption ainsi que pour d’autres cultes pratiqués à Paris : Sainte Madeleine, Saint-André ou Saint Denis. Le tout correspond essentiellement à une copie du Magnus Liber Organi de Léonin (cent pièces attribuables) et aux ajouts de Pérotin et de son école décrit par l’Anonyme IV au chapitre VI.
La notation est modale.
Selon Craig Wright17 « c’est le manuscrit qui reflète le mieux l’usage de la cathédrale Notre-Dame de Paris18 ».
fascicule 6 : motets et conduits à trois et quatre voix (fos 201–262)
fascicule 7 : conduits à deux voix (fos 263–380)
fascicule 8 : motets à trois voix (fos 381-398)
fascicule 9 : motets à deux et à trois voix (fos 399–414)
fascicule 10 : conduits monodiques (fos 415–462)
fascicule 11 : conduits monodiques (fos 463–476)
Manuscrit 20496 (Madrid)
Manuscrit 20496 de la Bibliotheca Nacional de Madrid20. Copié vers 1260 peut-être pour le chapitre de la Cathédrale de Tolède ou il fut conservé jusqu’en 1869, au sein des Archives capitulaires de la cathédrale. Mais ne figurant pas au catalogue jusqu’au XVIIe siècle, le doute subsiste quant à sa destination, sans doute d’un usage liturgique privé et non public.
Il est composé de 142 folios de 166 × 115 et il manque des cahiers avant le folio 5 et les folios 106-107. Il a été écrit par trois mains différentes : fos 1–4, fos 5–24 et fos 25–142.
Il contient une collection de conduits (en latin : conductus) (l’essentiel du répertoire) et de motets parfois en source unique, mais le manuscrit de Florence les présente dans le même ordre et avec très peu de variantes. Il est clairement articulé en deux parties. La première comporte de grands organa quadrupla. Dans les motets, à deux ou trois voix, il manque souvent la partie de ténor. Une pièce, Graduletus populus (fo 125vo ) est à une seule voix.
Le manuscrit comporte des unica, tel le In sæculum, un hoquet qui selon Anonyme IV a été composé par un hispanique. Le recueil présente aussi des sections d’organa tropés à quatre voix, et une pièce importante de Pérotin : Viderunt omnes.
La notation est carrée et rythmique.
Manuscrit W1 (Wolfenbüttel)
Manuscrit W121 de la bibliothèque Herzog-August de Wolfenbüttel.
Le premier manuscrit de Wolfenbüttel, le W1 est, selon les paléographes, une compilation du milieu XIIe siècle ou jusqu’à 130022, destinée au prieuré bénédictin de St Andrewsn 5 en Écosse.
C’est un petit livre de 16,6 × 11,5 cm dont les marges ont été rognées pour la reliure. Il contient 197 folios sur les 215 à l’origine, dans 26 cahiers, sur lequel sont tracées douze portées. À moins de considérer la date la plus ancienne proposée par les historiens, il est constitué d’un répertoire à deux voix, relativement ancien (1200) par rapport à la date du recueil ; ce répertoire restant plus ancien que le manuscrit de Florence, sa valeur est grande. Copié par deux scribes différents.
fascicule 2 : tripla et conduits à 3 voix (f. 9–16)
fascicule 3 : dupla – office (fos 17–24)
fascicule 4 : dupla – messe (fos 25-48)
fascicule 5 : clausules à 2 voix (fos 49-54)
fascicule 6 : clausules à 2 voix et 1 conduit à 2 voix (fos 55–62)
fascicule 7 : tripla (fos 63–69)
fascicule 8 : conduits, tripla, clausule, tropes, tous à 3 voix (fos 70–94)
fascicule 9 : conduits à 3 voix, conduits et tropes à 2 voix (fos 95–176)
fascicule 10 : conduits monodiques (fos 177-192)
fascicule 11 : polyphonies à 2 voix pour la Missa de Sancta Maria (fos 193-214)
Manuscrit Egerton 2615 (Londres)
Le manuscrit Egerton 2615, conservé à la British Library de Londres, date de 1240–1255. Il semble avoir été produit dans le même atelier que F pour la cathédrale de Beauvais13,24.
La reliure qui rassemble les trois fascicules dont il est composé, a été effectuée très tôt courant XIIIe siècle13. Le second fascicule contient les plus populaires polyphonies de Notre-Dame25. Le troisième étant dévolu au Jeu de Daniel qui convient aussi pour la fête de la Circoncision.
fascicule 1 : quadrupla et tripla pour la fête de la Circoncision (fos 1–78)
fascicule 2 : quadrupla, tripla, motets et conduits à 3 (fos 79–94)
Manuscrit H 196 de la Bibliothèque de l’École de Médecine de Montpellier26. Le recueil est composé de 400 feuillets de 192 × 136, répartis en huit fascicules. Il y a huit portées par page, mais la disposition varie selon les fascicules. Il fut copié et enluminé entre 1260 et 1280 (fasc. I-VI). Il a été relié au XVIIIe siècle. Le fascicule VII date de la fin du XIIIe siècle et le dernier vers la fin du règne de Philippe le Bel (peut-être pour le début d’un autre recueil).
Il contient une anthologie de 345 compositions dont l’origine est probablement Paris ou non loin (mais il y a quelques traces de parlé picard dans les textes français), représentatives de l’époque. Le répertoire est essentiellement composé de motets profanes à deux ou trois voix, mais aussi de quelques pièces religieuses adoptant la forme du conductus (le conduit), des organa (pluriel d’organum) et des hoquets ; le tout classé d’après le nombre de voix composant les morceaux.
Certains organa, copiés dans une notation plus évoluée, permettent de se faire une idée plus précise du rythme.
Manuscrit W2 (Wolfenbüttel)
Le conduit Salvatoris hodie extrait du Manuscrit W2 de Wolfenbüttel, f°31r.
Manuscrit W227 de la bibliothèque Herzog-August de Wolfenbüttel. L’origine du W2 est française, sans doute du centre de la France. Il est de petite taille, 175 x 130, contient 253 folios, répartie sur 33 cahiers. Copié entre 1250 et 1260 par trois mains différentes : 1) fasc. I-V, a copié des organa, 2) fasc. VII-X, copie des motets, 3) fasc. VI au parchemin différent des autres. Les pages comprennent huit à dix portées. Il y a quelques pertes. Le recueil contient une majorité de motets souvent en français (quelques-uns avec un double texte), seulement 29 conduits et aucune clausule.
Le rythme y est noté plus précisément, sous forme carré modale et conjoncturæ losangées.
fascicule 7 : motets-conduits à 3 voix (latins, français) ; conduits à 2 voix (fos 123–144)
fascicule 8 : motets latins à 2 voix (fos 145–192)
fascicule 9 : motets-doubles français à 3 voix (fos 193–215)
fascicule 10 : motets français à 2 voix (fos 216–153)
Manuscrit Msc.Lit.115 (Bamberg)
Manuscrit Msc.Lit.115 de la Bibliothèque d’État de Bamberg29. Provient de la bibliothèque du chapitre de Bamberg. Il est peut-être originaire de France et fut copié entre 1270 et 1300 sur 80 folios de 26,3 × 18,6 et relié en 1611. Le recueil est articulé en deux parties : les chants (fos 1–64v — sur 10 portées) et deux traités ainsi que deux motets supplémentaires (fos 65–80 — les motets sont notés sur onze portées).
Les traités sont copiés par une main différente, mais de la même époque. Le premier, fos 65–79 est de 1271 par l’Anglais Amerus. Il traite des nuances, des huit modes et de la main guidonienne. Le deuxième, fos 79r & 79v, présente une doctrine mensurabiliste enseignée à Paris de 1240 à 1260.
La musique est composée de 107 motets à trois voix en français ou en latin classés à peu de chose près dans l’ordre alphabétique des incipit, les latins d’abord (44) puis les autres (47 en français et 9 bilingues), outre un conduit (conductus) et sept clausules. Beaucoup de ces motets sont de nature profane et plus anciens que la date de copie (1225–1255 excepté quelques œuvres datées de 1275 maximum). L’essentiel du manuscrit se trouve dans celui de Montpellier.
Le type de la notation, proche du système de Diecritus, est pré-franconiennen 6 et plus évolué que celle du H 196 de Montpellier. Les longues et les brèves sont bien différenciées.
Codex Las Huelgas du monastère des religieuses cisterciennes de Santa Maria la Real de Las Huelgas de Burgos30. Assez tardif, il fut copié à la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle sur 18 cahiers. Au folio 152 verso apparaît le nom d’un compositeur : Johannes Roderici ou Johan Rodrigues qui corrigea sans doute les folios plus anciens.
Le manuscrit totalise 186 pièces de nature très hétérogène. Malgré le mélange avec des pièces de l’Ars nova, du début de l’époque suivante, il contient aussi des organa, conduits et motets de l’ancien style (moins d’une cinquantaine), d’origine hispanique, parfois de style antérieur ou semblable à celui de l’école de Notre-Dame, et très proches du manuscrit W1. Le contenu liturgique se monte au quart du recueil. Les quatre cahiers du début contiennent les organa et les quatre à la fin, les conduits. Les dix cahiers centraux sont constitués de proses et de motets, à parts égales.
Le type de notation est franconienne : « le manuscrit de Las Huelgas a traditionnellement été considéré comme le meilleur exemple que l’on connaisse de la notation franconienne » (Juan Carlos Asensio31).
Manuscrit Vari 42 (Turin)
Le manuscrit Vari 42 de la Bibliothèque Royale de Turin est d’origine française, vers 1300. Son contenu est beaucoup plus réduit mais apparenté au manuscrit de Montpellier.
Autres manuscrits
On peut ajouter encore :
Londres, British Library, Add. 30091
Cambridge, Univerty Library ms. Ff. 2.29
Madrid, BN, Ms 20486 (origine probable : Tolède)
Stary Sącz, Klasztor PP. Klarysek (fragments)
Ainsi que Turin, Darmstadt et Worcester.
Les théoriciens
Jean de Garlande (1195 ? – 1272 ?). Est, avec Francon de Cologne, le plus important des théoriciens. Il enseigne à Paris à la même époque que Francon. Son De mensurabili positio (v. 1240) est le traité le plus précis et le plus clair sur la conception et la notation du rythmen 7. En raison de la date et de la provenance, le traité « est sans doute le plus proche de l’école de Notre-Dame et du Magnus liber organi32. » Il a largement commenté le style des organum à 3 et 4 voix de Pérotin, notamment pour ce qui est de l’ornementation mélodique selon des procédés formulaires des voix supérieures, c’est ce qu’on appelle les colores.
Anonyme IV, un étudiant anglais, qui a décrit (vers 1280) les pratiques de Notre-Dame entre 1270 et 1275, c’est-à-dire un siècle après l’origine de l’activité des compositeurs. Ce texten 8, sans titre, cite des pièces importantes des manuscrits qui peuvent être attribuées à Léonin ou Pérotin. La nomination Anonyme IV provient du musicologue E. de Coussemaker33.
Anonyme de St-Emmeran. Le De musica mensuratan 9 est un manuscrit anonyme daté de 1279, composé en prose et en vers par un théoricien, élève parisien de Maître Henri de Daubuef, chanoine de Notre-Dame. Il connait les traités de Jean de Garlande et de Lambertus. Il figure parmi les traités les plus longs et les plus étendus de l’époque. Comme Anonyme IV, il prend pour modèle le traité de Jean de Garlande32, pour le défendre34,35.
Francon de Cologne, enseignant à Paris au milieu du XIIIe siècle et auteur probable du Ars cantus mensurabilis (vers 1260). Le traitén 10 a eu une faible diffusion, mais il a été connu surtout par des abrégés diffusés dans les maîtrises, collèges ou l’université de Paris36.
Jean de Bourgogne n’a laissé aucun traité, mais Pierre de Picard — voir après — nous laisse beaucoup de notation.
Pierre de Picard. Auteur de Ars mottetorum compilata breviter, un court traité reproduit intégralement par Jérome de Moravie son élève. On pense que Pierre le Picard et Pierre de la Croix (Petrus de Cruce), réformateur de la notation franconienne et précurseur de l’Ars nova, sont la même personne.
Jérôme de Moravie. Plutôt écossais que morave, ce dominicain est actif à Paris jusqu’à la fin du XIIIe siècle. Il était professeur de musique à St. Jacques. Il réalise dans son traité, Tractatus de musica, une somme des connaissances musicales de son temps37.
Traité du Vatican
Le traité de composition du Vatican38, provient du nord de la France entre 1170 et 1180. C’est une sorte de manuel ou traité de l’organum à deux voix. Bien que regorgeant d’exemples, on ne fait mention à aucun moment du rythme. Il permet cependant de se représenter la façon dont les doubles (les deuxièmes voix) étaient composés et montre des passages d’organum de plus en plus fleuri. Le traité donne aussi trois organa complets en annexe.
La notation
La notation de la musique de la fin du XIIe siècle se fait sur quatre ou cinq lignes. Les clés sont d’ut ou de fa (très exceptionnellement celle de sol ou d’ut à l’octave). Les notes sont réduites au carré. Les notes longues sont figurées par un rectangle plus ou moins allongé. Les groupes neumatiques sont séparés par des traits verticaux et une double barre indique la fin du morceau. Pour les altérations, on trouve l’indication du bémol, du bécarre et courant XIIIe siècle apparaît le dièse.
Formes, procédés et genres
Si l’organisation liturgique structure l’ordre les recueils manuscrits sur le modèle du Liber organi (et du calendrier), chaque forme correspond à un usage précis dans cette liturgie39.
Dans les traités théoriques du XIIIe siècle, il y a trois « espèces de polyphonie » contrastées : l’organum, le déchant et la copula. Par exemple Jean de Garlande : « Sciendum est ergo, quod ipsius organi generaliter accepti tres sunt species, scilicet discantus, copula, et organum, de quibus discendum est per ordinem40. »
Espèces de polyphonie
L’Organum désigne, en général, toute la polyphonie et de manière spécifique, un genre particulier de polyphonie41.
Dans la pratique, l’organum n’est nullement pour tous les jours : la polyphonie est réservée aux fêtes les plus importantes et pour un type de pièces particulier : antiennes sur les cantiques, le dernier répons des matines, graduel et alleluia de la messe, pour les hymnes et les séquences42. Contrairement à notre écoute moderne qui privilégie la polyphonie et réduit à son minimum les parties monodiques. C’est donc le contraire qui est la norme des interventions, mettant en valeur l’effet sonore de la polyphonie43.
En tant que genre l’organum est une polyphonie élaborée et ornée qui se développe sur une section de plain-chant. Il se divise en Organum duplum (à deux voix ou diaphonie) et Organum triplum / quadruplum. D’abord procédé d’écriture qui remonte, selon les premiers écrits, au IXe siècle, l’organum a évolué en une forme musicale à part entière.
Sur une mélodie issue du plain-chant et appelée cantus firmus vient s’ajouter la voix organale. Partant de l’unisson, elle progresse jusqu’à la quarte inférieure et s’y maintient en mouvements parallèles. On distingue deux styles, l’un dit fleuri ou mélismatique et l’autre en déchant (note contre note). L’organum duplum alterne ces deux derniers styles au sein d’une même composition. Pérotin a écrit postérieurement des sections alternatives de déchant appelées clausules.
La voix organale des dupla, dans sa partie mélismatique, doit prendre la forme d’un flux non mesuré de caractère essentiellement improvisatoire dont le rythme est assujetti aux articulations du texte et aux rapports de consonance avec le cantus firmus44. Les traités du XIIIe siècle sont peu explicites à ce sujet, et ont occasionné des débats virulents parmi les musicologues du XXe siècle45. Le système de notation des tripla et quadrupla fait usage des modes rythmiques, au nombre de six, la valeur de chaque note étant déterminée par sa position au sein des ligatures de l’écriture neumatique.
Suivant le degré de solennité de la cérémonie, l’organum était d’autant plus lent. Le déchant est un procédé qui utilise le mouvement contraire, base du contrepoint : il apparaît vers 1025 dans le Micrologus de Guido d’Arezzo et sera repris par un traité de John Cotton vers 1100.
Copula
La seconde espèce de polyphonie est la copula. Jean de Garlande ne lui consacre qu’un petit paragraphe, au chapitre 12. Suivant ses mots, Jeremy Yudkin46, a mis en évidence les éléments qui suivent : la copula est subdivisée en sections (de longueurs égales ou non), appelées l’antécédent et le conséquent ; eux-mêmes divisés en motifs répétés, séparés par des lignes de division appelées tractus.
La copula se développe sur la teneur (en note tenues), avec un motif mélodico-rythmique qui se répète et s’organise en deux parties47. L’organum et le déchant ont des textures contrastées, de par leur nature et leur activité rythmiques.
Sa position intermédiaire dans les exposés des théoriciens est ambivalent. « La copula participe de l’organum purum par sa teneur en notes tenues, et du déchant par sa voix supérieure en rythme modal qui sont les deux caractéristiques confirmées par les trois théoriciens47 » (Jean de Garlande, Anonyme IV et l’Anonyme de St-Emmeran). La copula participe aux deux textures : elle emprunte au déchant son rythme modal et sa teneur conserve le cantus firmus de l’organum48.
La dernière espèce de polyphonie définie par les théoriciens est le déchant. Il correspond à une superposition de mélodies en mode syllabique, note contre note et en différents modes rythmiques49, qui apparaît à partir du XIIe siècle. Il existe 6 modes et 36 combinaisons modales possibles50. La voix organale est remplacé par le discantus qui se place cette fois-ci au-dessus du cantus-firmus qui passe à la basse et prend le nom de teneur (qui donnera notre moderne ténor). Cette voix use d’une grande liberté de mouvements contraires, abandonnant le parallélisme ancien. Cette voix est couramment improvisée et ornée ; c’est tout ce qui n’apparaît pas dans les sources qui nous restent.
Le plus couramment, ils sont sur des tropes d’Alleluia ou de Benedicamus.
Dans le discours musical des organa, les trois espèces se succèdent (ponctué et sous-tendu par le plain-chant) et se déroule ainsi : « le début de l’incipit en polyphonie constitué par la succession de trois textures contrastées, la suite et la fin de l’incipit en grégorien, puis le début et la suite du verset selon le même princips48. »
Le Conductus : ou chant de conduite51 qui peut être monodique ou polyphonique. Son nom même indique qu’il est destiné à l’origine, à accompagner une procession52 durant l’office. Cette forme provient directement du versus (verset) de la tradition aquitaine.
Francon de Cologne insiste sur le traitement clairement rythmique de cette forme. Les conduits sont écrits à la manière du discantus, le texte et la musique étant des compositions libres, sans relation avec le texte de la liturgie canonique ou le chant grégorien : le compositeur est désormais face à son inspiration52. Les conduits prennent une forme strophique pour les poèmes.
Le témoignage de l’Anonyme IV apprend que c’était bien Pérotin qui composa le conduit monophonique Beata Viscera, dont le texte a été composé par Philippe le Chancelier. Les conduits existent à une ou à quatre voix égales. Les conduits à deux voix sont les plus riches en variations techniques, les phrases finissent souvent avec une « copula » (liaison) sur la dernière syllabe.
« L’école de Notre-Dame a produit un nombre considérable de conduits. L’écriture à trois voix y acquiert une souplesse considérable et une force d’expression d’autant plus grandes qu’entre les points d’appui consonants, la liberté des notes de passage introduit des harmonies étrangement riche et « modernes ». On trouve (par exemple dans le Crucifigat Omnes, déploration sur la perte de Jérusalem), aux points de consonances, des quintes superposées qui sonnent pour nous comme des accords de « neuvième », accords qu’on ne réinventera qu’avec Wagner et Debussy »
Les clausulæ : ou clausules sont des sections musicales des organa qui remplacent certains passages d’origine. Les clausulæ gardent le cantus firmus de l’original, en déchant. Par ce moyen, Pérotin a modernisé le répertoire laissé par Léonin. Le manuscrit de Florence (fascicule 5), particulièrement riche, en comporte 462 s’appliquant à 75 organa dupla. Un seul passage pouvant en recevoir de neuf à jusqu’à douze clausulæ53.
Motet
Motet : (de motetus, petit mot) un chant polyphonique de type organum sur lequel on ajoute un texte nouveau. Pour citer un motet il faut citer les deux ou trois textes qui composent le morceau. Les pièces les plus anciennes se trouvent dans le W2. Les textes latins ou en français sont apparus en même temps et l’on trouve des mélanges. D’abord à deux voix, c’est vers 1220 que les compositions se voient ajouter une troisième voix, d’abord le triplum qui reprend les paroles du motetus (appelés motets-conduits), vite abandonné au profit du triplum ou quadruplum. N’a aucun rapport avec l’acception du terme au XVIIe siècle.
L’école de Notre-Dame se montre moins parisienne que ne semble le défendre les chercheurs du début du XXe siècle, tel Friedrich Ludwig54. Au XIIIe siècle se propage en Angleterre ou en Espagne, comme les manuscrits W1, de Madrid ou de Burgos, nous le suggèrent des pratiques polyphoniques issues de l’organum parisien2, mais aussi des développements propres, puisque les « versets du Kyrie, des proses, le Santus et l’Agnus qui n’étaient pas traités polyphoniquement à Paris2 », sont d’origine anglaise. La plupart des organa anglais n’utilisent que le premier mode rythmique (noire-croche, noire-croche) et domine aussi dans les motets plus tardifs.
Pérotin & l’École de Notre-Dame, 1165-1245 – Ensemble Gilles Binchois, dir. Dominique Vellard (Ambroisie AMB 9947) (Fiche sur medieval.org) 1165-1245, texte de présentation est d’Edward Roesner.
École de Notre-Dame : Léonin, Pérotin, Plain-chant et organum tirés du Magnus Liber Organi – Ensemble Orlando Consort (1996, Archiv) (OCLC225278208)
Dame de Flors, École Notre-Dame XIIe siècle-XIIIe siècle, Motets, Conduits, Organum – Ensemble Discantus, Dir. Brigitte Lesne (1996, Opus 111 OPS 30-175) (Fiche sur medieval.org), (OCLC38451400)
Musique profane
Les écoliers de Paris, Motets, Chansons et Estampies du XIIIe siècle – Ensemble Gilles Binchois, dir. Dominique Vellard (1992, Harmonic Records H/CD 9245) (Fiche sur medieval.org)
Codex Bamberg
Codex Bamberg – Camerata Nova, Luigi Taglioni (1997, Stradivarius STR 33476) (Fiche sur medieval.org)
Codex de Madrid
Codex de Madrid XIIIe siècle – Ensemble de musique Alfonso X El Sabio, Luis Lozano Virumbrales (24–27 juin 1997, Sony SK 60074) (OCLC884662627)
Éditions
Polyphonies du XIIIe siècle; le manuscrit H 196 de la Faculté de médecine de Montpellier, édité par Yvonne Rokseth, Paris: Éditions de l’Oiseau lyre, 1935-1939
The Rhythm of Twelfth-Century Polyphony: Its Theory and Practice, Edited by William Waite, Yale Studies in the History of Music, vol. 2, New Haven, 1954
Thirty-five Conductus for Two and Three Voices, Edited by Janet Knapp, Y1006. A-R Editions, 1965
Compositions of the Bamberg Manuscript, Edited by Gordon A. Anderson, CMM 75. Corpus Mensurabilis Musicæ, 1977
The Montpellier Codex, Edited by Hans Tischler. Part 1: Critical Commentary, Fascicles 1 and 2, M002-3; Part 2: Fascicles 3, 4, and 5, M004-5; Part 3: Fascicles 6, 7, and 8, M006-7; Part 4: Texts and Translations, M008. A-R Editions, 1978
The Conductus Collections of MS Wolfenbüttel 1099, Edited by Ethel Thurston. Part 1, M011; Part 2, M012; Part 3, M013. A-R Editions, 1980
The Las Huelgas Manuscript, Edited by Gordon A. Anderson. Vol.I Cantus ecclesiastici ad missam pertinentes, CMM 79-1; Vol.II Motetti et Conductus, CMM 79-2. Corpus Mensurabilis Musicæ, 1982, 1984
The Parisian Two-Part Organa: The Complete Comparative Edition, Edited By Hans Tischler. [vol.1: Acknowledgments, preface, indexes, pp. vi-lxviii; Style and Evolution -catalogue raisonné- Office Organa, 631 p.; vol. 2: The Mass Organa and Mass-Ordinary Settings, p. 632-1605.] Stuyvesant, N.Y.: Pendragon Press, 198856
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Vol II, Les Organa à deux voix pour l’Office, Pluteus 29.1, éd. Mark Everist, OL 262, 2003
Vol III, Les Organa à deux voix pour la messe I, Pluteus 29.1, éd. Mark Everist, OL 263, 2001
Vol IV, Les Organa à deux voix pour la messe II, Pluteus 29.1, éd. Mark Everist, OL 264, 2002
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Notes et références
Notes
À l’office, la fonction du grand-chantre est, entre autres, de chanter la phrase d’intonation des prières grégoriennes. D’un point de vue plus général, on peut, en partie, comparer son rôle à celui d’un directeur d’établissement scolaire, alors que le métier de succentor est celui d’interprète et d’enseignant.
Ou : « selon la tradition orale ».
optimus organista
optimus discantor
Ce sont les deux Répons de l’office du fascicule III qui permet de le prouver : Saint-André étant le patron de l’Écosse. Le folio 164r, permet aussi de savoir qu’il faisait toujours partie de la bibliothèque du monastère au XIVe siècle.
Franconien, c’est-à-dire qu’il correspond à la notation que présente Francon de Cologne dans son traité, vers 1260.
Environ 5000 mots : il est court.
Environ 22000 mots.
Et conservé à Munich. Édité et traduit en anglais par H. Sowa, 1990.
Environ 4000 mots.
Célèbres hoquets dans le manuscrit de Bamberg
Références
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Guillaume de Machaut, né probablement à Machault, près de Reims, vers 1300 et mort à Reims en 1377, est un compositeur et écrivain français du XIVe siècle. Il a mené une vie dans le monde laïc, au service de mécènes et en liens étroits avec la Couronne de France. Il a aussi mené une vie ecclésiastique en tant que chanoine de Reims. Clerc lettré et maître ès arts, il a marqué pendant au moins un siècle la production artistique européenne.
Éléments biographiques
Vie dans le monde laïc
Les éléments sur le lieu de naissance de Guillaume de Machaut sont lacunaires, la tradition biographique1, donne la commune de Machault, qui faisait partie à l’époque du diocèse de Reims, comme lieu de naissance du poète-musicien2. Mais si, comme cela est attesté par des pierres tombales, une famille de Machault vivait effectivement dans la commune vers 13403, d’autres Machaut (ou Machau, Machaud, selon les manuscrits), étaient localisés à Attigny, à Reims et Chalons sur Marne dès le XIIIe siècle4.
Aussi incertaine que le lieu, son année de naissance est située entre 1300 et 1302 issu d’une famille roturière. On ne sait rien sur ses vingt premières années sinon qu’il reçut les ordres mineurs étant jeune.
En 1324, il composa la première œuvre que l’on connait de lui, le motetBone Pastor Guillerme dédié au nouvel archevêque de Reims Guillaume de Trie.
Il fut employé comme secrétaire de 1323 à 1346 par Jean Ier de Bohême, avec lequel il acquit l’amour de la fauconnerie, de la chevalerie et des aventures. Il accompagna Jean Ier dans ses divers voyages (principalement des expéditions militaires) à travers l’Europe (en particulier à Prague), participant aux campagnes de Silésie, de Pologne (1327)5, de Lituanie (1329) et d’Italie (1330)6. Ces divers voyages sont racontés dans ses œuvres Le Confort d’Ami et La Prise d’Alexandrie. Machaut parle de Jean de Bohême comme d’un roi idéal : un homme courageux et généreux. Grâce à son protecteur, il obtint successivement des prébendescanoniales à Verdun en 1330, à Arras en 1332, à Reims en 13336 et à Saint-Quentin.
En 1346, Jean Ier fut tué à la bataille de Crécy, et Guillaume de Machaut entra au service de divers seigneurs, parmi lesquels la fille de son ancien maître, Bonne de Luxembourg (pour laquelle il écrivit le Remède de Fortune et un motet) en 1347, puis Charles II de Navarre, aussi appelé Charles le Mauvais (pour lequel il écrivit le Confort d’Ami) de 1349 à 1357. Mais aussi ensuite des fils de Bonne : Jean de Berry à partir de 1357, Philippe le Hardi et Charles, duc de Normandie, qui allait devenir le roi Charles V en 1364. Par ce biais, il se mit sous la protection des princes et se revendiqua à la fois poète de la Cour et poète individu. Vers la fin de sa vie, il servit également Pierre de Lusignan (auquel il dédia la Prise d’Alexandrie) et Amédée de Savoie (pour lequel il écrivit le dit de la Harpe).
Vie ecclésiastique
Machaut s’installa ensuite en tant que chanoine au sein du chapitre de la cathédrale de Reims, ayant renoncé à ses autres postes canoniaux à la demande du pape Benoît XII. La date de son installation est floue. Nous savons qu’il reçut son canonicat en expectative en 1333, puis une confirmation en 1335 lors de l’arrivée du nouveau Pape Benoît XII. Il fit une réception de ce poste par procuration en 1338, et si certaines hypothèses prétendent une installation à Reims en 1340, une étude récente indique que la présence de Machaut en tant que chanoine n’est régulière qu’à partir de 1359. En effet, après la réception de son poste, il continuait ses déplacements et maintenait ses liens avec les princes, ce qui lui permettait de ne pas perdre le contact avec le monde profane. C’est d’ailleurs à cette dernière date qu’il participe à la défense de la ville assiégée par les Anglais d’Édouard III7.
Cette vie de chanoine sera le point de départ de la période la plus féconde pour son œuvre poétique et musicale. Il posséda une maison à Reims au 4 de l’actuelle rue d’Anjou. Il s’y retira à la fin de sa vie. Il mourut en 13778 et repose avec son frère Jean en la cathédrale de Reims.
Guillaume de Machaut survécut à la Peste noire qui dévasta l’Europe, et vécut ses dernières années à Reims, recopiant ses manuscrits et composant. Son poème Le Veoir Dit (vers 1364) est autobiographique selon certains auteurs. Il relate une histoire d’amour tardive pour une jeune femme de 19 ans, supposée être Péronne d’Armentières, bien que cela soit contesté par d’autres.
Œuvres
Dans son œuvre il allie les lumières d’un clerc et la vaillance chevaleresque, il est proche de son contemporain Jean III de Craon. Comme toutes les autres productions pour l’église, ses œuvres liturgiques sont destinées à faire entendre la parole divine au cours d’un office et chantent la gloire de Dieu. Sa production religieuse part ainsi des motifs de plain-chant (ou chant grégorien), dont elle s’éloigne en les ornant et en les développant. Il perpétua alors, en les bouleversant, les traditions médiévales des polyphonistes de l’École de Notre-Dame de Paris et celles de l’Ars antiqua du XIIIe siècle (l’« art ancien » aux yeux des créateurs du XIVe siècle) : ces anciens auteurs avaient fait naître dès la fin du XIIe siècle un langage et des formes musicales que Machaut et ses contemporains contribueront grandement à faire évoluer. Les auteurs du XIVe siècle développèrent ainsi l’Ars nova (l’« art nouveau »), expression par laquelle eux-mêmes caractérisaient fièrement leur art, aussi bien dans le domaine religieux que profane. Machaut est à nos yeux le plus important représentant de cette école. Dans son œuvre profane, il se sert d’allégories et de la nature. Nous les retrouvons à travers les figures d’Amour et ses enfants, le Doux-penser, Plaisance et Espérance pour inspirer le poète à travers le Sens (raison), la Rhétorique (l’art du discours, envisagé sous sa forme poétique) et la Musique, alors indissociable de la parole et du discours poétique.
Tel celui du légendaire Orphée, son « chant » mêle poésie et musique pour exprimer des idées et des sentiments, et s’inscrit ainsi dans la tradition poétique et musicale venue de l’Antiquité, lignée initiée, pour nous, par Homère. Mais il est un héritier encore plus direct des trouvères médiévaux des XIIe et XIIIe siècles (évidemment bien plus proches de lui), à cette différence près que son œuvre n’est plus monodique mais polyphonique.
C’est ainsi qu’il maîtrise les formes lyriques fixes comme le lai, la ballade, le rondeau, le chant royal et donne une impulsion décisive au virelai, forme née à la fin du XIIIe siècle. De manière tout aussi essentielle, il renouvelle l’art des grands polyphonistes d’église, dont il a contribué à faire évoluer les techniques ou les formes musicales, en les complexifiant et en y acclimatant de nombreuses innovations.
Page manuscrite de Dame, mon cuer en vous remaint, rondeau à trois voix de Guillaume de Machaut
L’œuvre lyrique de Guillaume de Machaut comprend près de 400 poèmes, dont 248 ballades, 76 rondeaux, 39 virelais, 80 lais, 10 complaintes et 7 chants royaux : avec une telle production, Machaut a eu une grande importance dans la codification et le perfectionnement de ces formes fixes. Une grande partie de sa production lyrique est insérée dans ses poèmes narratifs, ou dits, tels que Le Remède de Fortune et Le Voir Dit.
Nombre de ces poèmes n’ont pas été mis en musique. Dans plusieurs de ses manuscrits la musique n’a pas été recopiée. L’écriture du poème précédait toujours la composition de la musique. En effet, la musique occidentale était née à l’église, du chant grégorien puis de la polyphonie, qui s’était initialement développée autour de cet axe (la voix appelée teneur grégorienne, celle qui « tient » le chant). Cet art du « verbe » chanté avait eu d’abord pour objectif (chose fondamentale) de mettre en forme et donc de faire entendre ce que le christianisme considère comme la parole divine. Au XIVe siècle, la musique purement instrumentale, qui bien sûr existait, était encore loin d’avoir pris son autonomie9. Longtemps, jusque dans la musique baroque, c’est la parole qui prima, aussi bien dans les œuvres profanes que religieuses : la musique, vocale ou instrumentale, continua à développer ce qu’on peut appeler un discours, un art rhétorique procédant de la voix.
Les motets en latin de Machaut étaient tout naturellement destinés à l’église (cérémonies et offices religieux). Comme d’autres auteurs de son temps, il composa également des motets profanes, aussi bien que des motets sur texte double (latin et français), ce qui peut aujourd’hui sembler être une bizarrerie mais qui se développa jusqu’au XVe siècle et même XVIe siècle.
Dans le domaine profane, hormis quelques poèmes évoquant les misères de la guerre de 100 ans et de la captivité (comme La complainte à Henri), dans un siècle plein de détresse et d’épidémies, l’essentiel de la poésie lyrique de Machaut a pour sujet l’amour courtois. Elle exprime la soumission à une dame, ainsi que les joies et les peines du poète.
Pour F. Autrand, Guillaume de Machaut poète a porté à ses sommets le style dit « courtois international »10. Son œuvre narrative est dominée par le dit, un poème qui, comme son nom l’indique, n’était pas destiné à être chanté. Ces poèmes narratifs à la première personne (tous sauf un sont écrits en couplets d’octosyllabes à rimes plates, comme le roman de la même époque) suivent en général les conventions du Roman de la Rose, comme le recours au rêve, à des personnages allégoriques, et la situation du narrateur : amant cherchant à revenir vers sa dame ou à la satisfaire. Machaut est également l’auteur d’une chronique poétique d’exploits guerriers (la Prise d’Alexandrie) et de poèmes de consolation et de philosophie morale.
À la fin de sa vie, Machaut rédigea un traité poétique sur son métier (son Prologue) qui donne a posteriori une unité à l’ensemble de son œuvre lyrique.
Principales œuvres narratives de Guillaume de Machaut
Jugement dou Roy de Behaingne (Jugement du Roi de Bohême, fin des années 1330) – Le narrateur entend une conversation entre une dame (dont l’amant est mort) et un chevalier (trahi par sa dame) ; afin de déterminer lequel des deux est le plus malheureux, le narrateur va demander l’avis du roi de Bohême, qui consulte des allégories, et le chevalier malheureux est déclaré vainqueur (2079 vers).
Le Remède de Fortune (vers 1341) – Le narrateur se voit demander par sa dame si le poème qu’elle a trouvé est de lui ; il la fuit et arrive dans un jardin où Espérance le console et lui apprend comment être un bon amant ; il revient alors auprès de sa dame (environ 4300 vers ; sont insérés 8 poèmes lyriques, dont 7 mis en musique).
Dit dou Lyon (Dit du Lion, achevé le 3 avril 1342) – Le narrateur arrive sur une île magique où un lion le guide vers une belle dame ; un vieux chevalier s’approche du narrateur et lui révèle la signification de ce qu’il voit, puis lui donne des conseils pour être un meilleur amant.
Dit de l’Alérion, ou Dit des Quatre Oiseaux (avant 1349) – Un conte symbolique d’amour : le narrateur élève quatre oiseaux différents, mais chacun d’entre eux s’enfuit ; un jour, le premier oiseau, son favori, revient auprès de lui.
Jugement dou Roy de Navarre (vers 1349) – Suite du Jugement dou Roy de Behaingne : une dame reproche au narrateur d’avoir accordé le prix au chevalier ; le roi de Navarre est consulté et condamne le poète (4212 vers). Au début de son ouvrage Le Bouc émissaire, René Girard commente un extrait du Jugement du Roy de Navarre.
Confort d’Ami (1357) – Dédiée à Charles II de Navarre, qui était prisonnier en France, cette consolation poétique donne des exemples (exempla) de force d’âme tirés de récits bibliques et classiques.
Dit de la Fonteinne amoureuse, ou Livre de Morphée (écrit pour Jean de Berry, vers 1360) – Le narrateur rencontre un amant désespéré qui doit se séparer de sa dame ; les deux hommes se rendent devant une fontaine magique où ils s’endorment, et en rêve la dame vient consoler son amant (2848 vers).
Le Veoir Dit (Le Voir Dit, le dit de la vérité, vers 1364) – Chef-d’œuvre de Machaut, ce poème (parfois vu comme autobiographique) raconte la tristesse de la séparation d’un amant de sa dame (Toute-Belle) et les fausses rumeurs répandues sur lui ; des lettres en prose et des poèmes lyriques échangés par les amants malheureux sont intégrés dans un récit narratif (près de 10000 vers) qui donne à cette œuvre sa structure complexe et nouvelle pour le XIVe siècle.
Prise d’Alexandrie (vers 1370) – Récit poétique des exploits de Pierre de Lusignan, roi de Chypre, écrit après la mort de celui-ci à la demande de Charles V (près de 9000 vers).
Prologue – Conçue comme une préface à l’édition de ses œuvres réunies, qu’il rédige vers 1371, cette allégorie décrit les principes de Machaut en matière de poésie, musique et rhétorique ; il y célèbre ses deux sources d’inspiration, Nature et Amour ; Nature lui a donné trois enfants : Sens, qui tient son esprit informé, Rhétorique, qui lui enseigne l’art de construire, et Musique, qui « porte joie » partout où elle est ; Amour lui a donné trois autres enfants, Doux penser, Plaisance et Espérance : ce sont les thèmes sur lesquels vont travailler les dons de Nature.
La Louange des Dames – Œuvre dans laquelle le personnage-poète chante son amour aux Dames et décrit ses émotions, qu’elles soient heureuses ou malheureuses. Cette œuvre peint aussi le paradoxe de l’amour courtois avec l’entre-deux de la distance et de la proximité, et la douleur provoquée par le désir acharné de la Dame.
Musique et poésie étaient intimement liées chez le compositeur. Son œuvre lyrique comprend près de 400 poèmes dont l’écriture précédait toujours la composition. Il fut la figure la plus importante de l’Ars nova, mouvement musical moderniste qui poursuivit le développement de l’art polyphonique dans la musique (technique qui était apparue en France au IXe siècle et qui s’était grandement développée au XIIIe siècle). Si ses talents de poète sont moins connus, il fut pourtant considéré comme un auteur essentiel de son temps. Il était à la fois poète de cour et poète solitaire, individu privé qui écrit des chefs-d’œuvre de la poésie courtoise comme Le livre du veoir dit12. Dans les années 1330, il devint chanoine à la cathédrale de Reims, ce qui lui offrit une grande liberté pour composer, tout en lui créant également des obligations, fécondes elles aussi. Il peut être considéré comme un des derniers trouvères (cependant tous attachés à la musique monodique des XIIe et XIIIe siècles13). Succédant aux brillants polyphonistes de l’Ars antiqua, qui avait tout d’abord « fleuri » chez les interprètes/improvisateurs/compositeurs de l’École de Notre-Dame de Paris, plus d’un siècle auparavant, Machaut développa un langage polyphonique résolument moderne (on pourrait même dire d’avant-garde, comme chez les autres compositeurs de son siècle : il est le plus significatif d’entre eux). Reprenant malgré tout les canons liturgiques et artistiques des époques précédentes, il continua à se référer au plain-chant, dans certaines de ses partitions produites pour l’église (les œuvres destinées à l’église ne peuvent pas toutes être bâties sur une teneur grégorienne). Machaut écrivit des motets complexes (religieux aussi bien que profanes, selon les habitudes de ce temps). Ils sont d’une grande beauté.
Ses motets isorythmiques à 3 ou 4 voix illustrent notamment les innovations rythmiques de l’Ars Nova, rendues possibles par l’évolution de la notation musicale.
Machaut a contribué au développement de la musique polyphonique, non seulement dans ses motets, mais aussi dans ses rondeaux et ses ballades. Sa célèbre Messe Nostre Dame en cinq parties, composée entre 1360 et 1365, est considérée, en l’état actuel des connaissances, comme la première messe polyphonique complète écrite par un seul auteur. Elle est à quatre voix.
Au sujet de cette messe, Lucien Kandel écrit : « Nos recherches approfondies sur la « musica ficta » au XIVe siècle, sous la conduite très avisée du musicologue Gérard Geay, révèlent une œuvre aux sonorités inouïes à ce jour. [...]. La lecture sur manuscrit impose d’emblée un souffle et une interprétation amples, lié à l’utilisation de la valeur longue et de sa division ternaire (modus perfectus) »14.
Sa Messe Nostre Dame est d’une écriture polyphonique complexe, du point de vue mélodique aussi bien que rythmique. Ces avancées, qui résument l’Ars nova du XIVe siècle, sont inscrites dans un avant-gardisme que décrit le musicologue Jacques Chailley. Et c’est sans réelle surprise qu’elles furent saluées par Pierre Boulez, figure de proue du modernisme musical français et européen dans la seconde moitié du XXe siècle15.
Comte de Caylus, Premier mémoire sur Guillaume de Machaut, poète et musicien dans le XIVe siècle, contenant des recherches sur sa vie, avec une notice de ses principaux ouvrages, dans Mémoires de littérature tirés des registres de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres, 1744, tome 34, p. 147-173 (lire en ligne) [archive]
Comte de Caylus, Second mémoire sur les ouvrages de Guillaume de Machaut, contenant l’histoire de la prise d’Alexandrie, et des principaux évènemens de la vie de Pierre de Lusignan, roi de Chypre et de Jérusalem, tirée d’un poème de cet écrivain, dans Mémoires de littérature tirés des registres de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres, 1744, tome 34, p. 174-216 (lire en ligne) [archive]
Ernest Hoepffner, Œuvres de Guillaume de Machaut, E. Champion, Paris, 1908-14, III tomes.
Armand Machabey, La vie et l’œuvre de Guillaume de Machault, t. 1, Paris, Richard Massé éditeur, 1955
Ernest Kalas, La Vie rémoise à travers les âges, Impr. de la « Dépêche », Reims, 1921, pp93-198.
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Jacqueline Cerquiglini-Toulet, Guillaume de Machaut, Le Livre du Voir Dit, Un art d’aimer, un art d’écrire, Paris, SEDES, 2001
Comme mon cœur désire : Le livre du voir dit. Guillaume de Machaut, Denis Hue, préface de Jacqueline Cerquiglini-Toulet, éditions Paradigme
Nigel Wilkins, ed., Guillaume de Machaut: la Louange des Dames, Edinburgh, Scottish Academic Press, 1972.
Nigel Wilkins, Guillaume de Machaut 1300-1377, in The Consort Vol. 33 (1977), pages 213-221.
Dictionnaires
Dictionnaire du Moyen Âge, dir. Claude Gauvard, Alain de Libera et Michel Zink, Paris, PUF, 2004
Littérature française du Moyen Âge, Michel Zink, Paris, PUF (Quadrige-Manuels), 1re éd. 1992
1997 – Dreams in the Pleasure Garden: Machaut Chansons, Orlando Consort, Deutsche Grammophon DG Archiv 477 6731.
2004 – Zodiac : Ars Nova and Ars Subtilior in the Low Countries and Europe, Capilla Flamenca, Eufoda 1360. Contient les enregistrements de Riches d’amour et mendians d’amie et Quant je suis mis au retour de Guillaume de Machaut.
2004 Motets – Guillaume de Machaut – The Hilliard Ensemble : David James, David Gould, Rogers Covey-Crump Steven Harrold et Gordon Jones – ECM Records GmbH
2009 – En un gardin. Les quatre saisons de l’Ars Nova. Manuscrits de Stavelot, Mons, Utrecht, Leiden, Capilla Flamenca. MEW 0852. Contient un enregistrement de Se vous n’estes de Guillaume de Machaut.
Georges Minois, La Guerre de Cent ans, Perrin 2008 p. 161
D. Queruelle et J.Pape, La Fin du chant courtois et les nouvelles formes poétiques, Reims, Bonneton, 1990
Cela n’interviendra complètement qu’à partir du XVIIe siècle.
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Si l’on excepte Adam de la Halle, mort à la fin du XIIIe siècle et dont l’art se situe à la charnière de la monodie et de la polyphonie.
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N’ayant accès à la totalité de l’article, je ne peux rien dire sur son différend avec Sciences Po.
Mais moi aussi, je déplore que ces écoles aient en quelques sorte institutionnalisé la promotion canapé pour des nuls en tout tout justes capables de décrocher un demi-bac quoiqu’ils soient tous issus de classes financièrement aisées (le montant des frais de scolarité à Sciences Po en exclut les plus modestes), ou peut-être précisément parce qu’ils ont toujours baigné dans un environnement qui leur aura quand même permis de faire le demi-bac pseudo « littéraire » à défaut d’autre chose, quand des débiles mentaux socialement moins favorisés terminent leur scolarité au mieux avec un CAP.
Voyez ce qui nous arrive propulsé au sommet de l’Etat par ces écoles de cul pour y foutre un souk pas possible, puisque c’est tout ce qu’ils savent faire :
Peggy Sastre : « Ce qui m’inquiète, c’est que Sciences Po forme 90% de l’élite française »
Après l’annulation de son séminaire intitulé « Biologie, évolution et genre » à Sciences Po, l’essayiste répond aux critiques de l’IEP.
Article réservé aux abonnés Durée : 13 min
La journaliste scientifique et docteur en philosophie des sciences Peggy Sastre.
Natacha Nikouline
Propos recueillis par Laetitia Strauch-Bonart et Alix L’Hospital
Publié le 09/08/2022 à 17:00, mis à jour à 18:12
En juin dernier, L’Express révélait que deux séminaires ancrés dans la théorie de l’évolution, dont l’un devait être assuré par la journaliste au Point et essayiste Peggy Sastre, avaient été annulés sans plus d’explication par Sciences Po Paris. Répliquant à notre enquête, la direction de l’IEP répondait entre autres que ces cours avaient été refusés pour des motifs scientifiques ou encore que « les conceptions de Mme Sastre peuvent presque conduire à légitimer le viol ». Dans cet entretien, l’auteure de La Haine orpheline (Anne Carrière) réfute fermement ces accusations.
L’Express : Pourquoi avez-vous proposé un cours à Sciences Po ? Dans quelles circonstances ?
Peggy Sastre : J’ai été contactée en février 2019 par Leonardo Orlando. Je venais de donner une conférence à Sciences Po Paris, invitée par une association étudiante, et il en a profité pour me demander de participer, en tant qu’enseignante, à un cours qu’il comptait proposer à l’établissement à la rentrée suivante, une fois son doctorat obtenu, avec pour thématique générale « Biologie, Évolution et Sciences sociales ». Ce qui a été fait, sous l’intitulé « Evolution, Nature humaine et Sciences sociales ». Le cours, accepté en juin, était programmé pour la rentrée 2019-2020. Il a été annulé quelques semaines avant sous prétexte d’un problème d’effectifs et on nous a conseillé de le proposer sur le campus de Reims. La pandémie est passée par là, mais c’est ce que nous avons fait pour le semestre de printemps 2022. Le cours a été accepté à l’automne 2021 et la suite de l’histoire a été racontée dans vos colonnes…
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Comment avez-vous réagi à l’annulation de ce cours ?
Sincèrement ? De manière totalement blasée, à mes yeux c’était inévitable. Depuis le départ, je pensais que le projet n’avait aucune chance d’aboutir, mais je me suis laissée embarquer par l’optimisme de Leonardo Orlando. Et en voyant les cours, dans leurs différentes formes, passer les barrages pédagogiques, j’ai pu me dire que, finalement, un tel espoir n’était peut-être pas si vain. Mais au fond, non, je n’y ai jamais cru.
En perdant ce cours, vous avez perdu aussi une source de rémunération. Avez-vous été défendue par des féministes choquées qu’une femme soit « cancellée » de façon si brutale ? Pourquoi selon vous ?
Alors, déjà, au risque de casser un mythe, je dois préciser que ma rémunération aurait davantage tenu de l’argent de poche qu’autre chose. Je ne sais pas si tous les vacataires de Sciences Po sont tous logés à la même enseigne, mais en ce qui me concerne, c’était maigre. Un cours m’aurait moins rapporté qu’une pige dans à peu près tous les journaux où j’ai pu travailler, et ce en me bloquant une bonne journée de travail. On a fait plus rentable. Mais sinon, non, eu égard au soutien de féministes à une femme honteusement entravée dans sa marche vers l’éclatement du plafond de verre, je n’ai rien senti. Pourquoi ? Il faudrait leur demander. Peut-être parce que votre article est sorti au début de l’été et que les féministes militantes, aussi, ont besoin de vacances ?
Pour répondre à l’enquête de L’Express, la direction de Sciences Po a avancé de nombreux arguments. Le premier, que « les deux cours avaient été refusés pour des motifs purement
Bruno Crépin est un ancien conseiller de la Chambre de l’Instruction de Rennes, une juridiction dont certaines fantaisies ne sont pas passées inaperçues jeudi dernier :
Il semble avoir fait toute sa carrière de magistrat en Bretagne, d’abord à Saint-Malo, dans un tribunal que l’on dit aussi pourri que celui de Brest, également en raison de l’influence de la franc-maçonnerie dans cette ville, puis à Rennes où je l’ai vu à plusieurs reprises comme conseiller de la Chambre de l’Instruction de la Cour d’Appel de Rennes depuis le début de mes déboires avec la juge ultra CORROMPUE Céline Verdier du TJ de Brest, une femme ayant un profil de commerciale ou de perverse narcissique – ce qui est la même chose, le commercial n’étant en réalité qu’un PN ayant fait de cette caractéristique son métier : tous les commerciaux sont en effet des PN à divers degrés, les techniques de vente sont toutes des techniques de manipulation, elles sont toutes basées sur le mensonge, la tromperie et l’irrespect et présupposent donc automatiquement des carences éducatives chez ceux qui les emploient; les meilleurs vendeurs sont d’ailleurs les plus frustres, les moins éduqués, les moins intelligents, ils sont très performants parce qu’ils ne doutent de rien et ne respectent rien ni personne, et tous les PN présentent de même des carences éducatives assez importantes et un tel profil est bien évidemment totalement antinomique de toute fonction de magistrat, si bien que la présence de Mme Céline Verdier dans la magistrature, alors qu’elle n’a même rien à faire dans la fonction publique, où la notion de respect ainsi que la probité des agents devraient toujours et partout être primordiales, prouve à quel point l’institution judiciaire française s’est délitée depuis qu’elle recrute à demi-bac + école de cul.
Mais revenons à la Chambre de l’Instruction de Rennes, dont la mission est théoriquement de contrôler le travail des juges d’instruction et des juges des libertés et de la détention exerçant dans le ressort de la Cour d’Appel de Rennes.
En date du 15 décembre 2017, alors qu’il venait tout juste de rendre avec deux de ses collègues sa dernière décision me concernant, Bruno Crépin a été admis à prendre sa retraite à sa demande à compter du 1er octobre 2018 (voir ci-dessous).
Je ne sais s’il était d’accord avec cette dernière décision par laquelle la formation de trois magistrats dont il faisait partie m’a donné entièrement raison contre le juge d’instruction dont j’avais contesté une ordonnance. Même chose concernant leur précédente décision, qui en fait le déjugeait, lui, pour sa confirmation avec deux autres magistrats du faux criminel d’octobre 2014 du juge Pierre Jourdin en faveur de mes harceleurs de la bande du pédophile Pascal Edouard Cyprien Luraghi, un arrêt de l’automne 2015 que j’avais ensuite fait casser comme expliqué dans cet article :
Lors des deux audiences de la Chambre de l’Instruction correspondantes, où à chaque fois, comme la plupart du temps, j’étais venue plaider ma cause absolument seule, il était manifestement gêné, il faisait la gueule, ce qui n’avait jamais été le cas lorsque sa formation confirmait allègrement toutes les inventions les plus délirantes des juges d’instruction finistériens à mon encontre, une époque où il se montrait même plutôt de bonne humeur, jusqu’à rigoler ou ricaner de manière extrêmement légère à l’évocation des attentats islamistes commis sur le sol français à compter de mars 2012, et bien sûr, au mois de janvier 2015 – les attentats du 13 novembre 2015 approchaient alors à grands pas, j’en avais prévenu les magistrats bretons, qui donc en rigolaient pour certains ou me regardaient de travers pour d’autres, quoiqu’ils aient bien relevé qu’au printemps 2012 déjà je les avais prévenus avec plusieurs mois d’avance et une grande justesse de projets d’attentats de la cellule dite de Cannes-Torcy qui sera démantelée à l’automne suivant après un premier passage à l’acte.
En fait, Bruno Crépin a toujours été l’un des trois magistrats ayant examiné mes différents recours contre les décisions illégales et parfaitement délirantes des juges d’instruction du Finistère au cours de ces années 2010, mais lui plus que les autres, puisque, d’une part, c’est le seul à avoir toujours été présent, les autres conseillers ayant régulièrement changé, et d’autre part, il a presque toujours officié comme rapporteur de la formation, ce qui signifie que contrairement à ses collègues, il avait déjà pris connaissance de l’entier dossier qui leur était soumis au moment de l’audience, ayant dû travailler à la production de son rapport.
C’est donc a priori le magistrat de la Cour d’Appel de Rennes qui connaît le mieux tous ces dossiers jusqu’à son départ en retraite, les ayant tous vus, tandis que le représentant du Ministère public, tout comme les autres conseillers de la Chambre de l’Instruction, n’était pas toujours le même magistrat.
Il connaît bien aussi les précédents, lesquels ont naturellement été évoqués à plusieurs reprises lors de ces audiences portant en fait sur une continuation des harcèlements et agressions diverses dont j’ai toujours été victime depuis le début des années 1990, à la fois dans le travail et dans tous les autres domaines de mon existence, pour avoir à cette époque refusé de mettre mes compétences d’ingénieur d’études en informatique au service de complices mafieux de la criminelle Josette Brenterch du NPA de Brest, avec les dimensions nouvelles que constituent désormais une publicité extrêmement dangereuse qui s’instaure d’ailleurs, en juin 2010, en même temps que commence à s’organiser la préparation des attentats islamistes qui seront commis à compter de mars 2012, et les harcèlements multiformes de la bande de malades mentaux du cybercriminel et pédophile notoire Pascal Edouard Cyprien Luraghi à compter de l’année 2008 : piratages informatiques, cyberharcèlements, dénonciations calomnieuses multiples auprès de diverses autorités, harcèlements judiciaires à base de procédures abusives à répétition.
Une fois, ce magistrat s’est même amusé à compter tous mes recours contre des décisions de juges d’instruction depuis les années 1990. Il y a eu en fait autant de recours à la Chambre de l’Instruction que de décisions de juges d’instruction, ce qui est tout à fait normal à partir du moment où les juges d’instruction, tous CORROMPUS, ne cessent d’inventer absolument n’importe quoi en droit comme en faits pour tenter de justifier des refus d’informer tous illégaux (bien évidemment, je n’évoque ici que mes propres plaintes, toutes parfaitement justifiées, et pas les dénonciations calomnieuses de la criminelle Josette Brenterch à mon encontre, une procédure pour laquelle je m’étais entièrement remise à mon avocat jusqu’à la condamnation du 11 juin 2013, mais il m’a toujours trompée, il travaillait en réalité pour mes harceleurs, et principalement la cheftaine brestoise Josette Brenterch qui m’accusait mensongèrement de n’importe quoi, et spécialement de faits de même nature que ceux dont elle se rendait, elle, réellement coupable à mon égard; je rappelle encore à ce sujet que l’annulation de procédure qu’il avait demandée à l’audience du 9 avril 2013 et qui ne fut obtenue qu’en appel à Rennes le 2 décembre 2015 aurait pu et dû être demandée bien avant le procès, afin de m’éviter cette épreuve inutile et excessivement coûteuse à tous points de vue, puisqu’à toutes les étapes de cette procédure des irrégularités graves avaient été commises; les deux plaintes avec constitution de partie civile de Josette Brenterch étaient elles-mêmes toutes les deux nulles et auraient dû être rejetées d’emblée pour cette raison par le doyen des juges d’instruction de Brest, alors le juge Raymond André; puis la juge d’instruction désignée pour conduire l’information judiciaire, la juge Mathilde Boissy, ayant constaté que tous les faits présumés d’injures et de diffamations allégués par la plaignante étaient de toute façon prescrits, s’était auto-saisie des premiers faits de la poursuite, raison pour laquelle dans ses réquisitions d’octobre 2012, le procureur constatant la nullité de la poursuite avait requis un non-lieu sur cette partie des faits, qui me sera accordé par la juge d’instruction Muriel Corre, mais pas à OverBlog qu’elle mettra en examen pour ces faits avant de nous renvoyer en correctionnelle… enfin bref, n’importe quoi de bout en bout, et mon avocat ne m’informait de rien…).
Je n’ai pas beaucoup de chance. Dès le début, je me suis fait attaquer par des trafiquants d’armes également proxénètes. Or, ces gens-là ont toujours eu les moyens d’acheter tous ceux qui étaient disposés à se laisser corrompre : élus, fonctionnaires, magistrats, avocats, médecins, syndicalistes, journalistes, etc… et disposent aussi de milices très conséquentes.
En tous les cas, voilà donc un magistrat qui tout comme ceux du TJ de Brest avait encore accès à d’anciens dossiers et connaissait très bien tout mon parcours professionnel réel et toutes les difficultés, extrêmement graves, auxquelles je me suis trouvée confrontée à compter des années 1990.
Il a vu aussi tous les nouveaux dossiers : les preuves formelles des piratages informatiques dont j’étais victime, la totalité des textes publiés sur le blog Tique Toc du malade mental Pascal Edouard Cyprien Luraghi depuis l’ouverture de ce blog au mois de juin 2010 jusqu’à sa fermeture au public fin août 2010, de nombreux autres textes publiés sur le blog principal du même psychopathe, les différents blogs que ses complices et lui ont pu ouvrir en usurpant mon identité pour me faire tenir des propos publics délirants, différents autres textes calomnieux à mon égard qu’ils ont publiés encore ailleurs, toujours en commettant de multiples atteintes à l’intimité de ma vie privée, leurs très nombreuses menaces de mort et de viol, leurs appels récurrents au meurtre ou au viol à mon encontre, etc, etc… et aussi, bien sûr, leurs différentes menaces, notamment des menaces de mort, à l’égard de mes proches, mais également de toutes mes anciennes connaissances, tous les témoins de ma vraie vie étant activement recherchés par la bande de malades mentaux pour être éliminés et ainsi, ne plus jamais déranger le psychopathe en chef Pascal Edouard Cyprien Luraghi pour ses projets soi-disant « littéraires » me concernant (écrire et publier une version de ma biographie entièrement fausse et hautement calomnieuse pour de très nombreuses personnes m’ayant connue comme pour mes proches et moi-même).
Or, même si à plusieurs reprises, et pas seulement deux fois, j’ai pu obtenir ce que je voulais de le Chambre de l’Instruction, quoiqu’en règle générale elle se comporte comme une chambre d’enregistrement des décisions des juges au lieu de contrôler leur travail (tous les avocats s’en plaignent et certains jalousent même mon taux de réussites devant cette Chambre au point, pour l’un d’entre eux, d’avoir tenté de me voler tout mon travail personnel tout en me le faisant payer extrêmement cher par le biais d’une procédure en taxation d’honoraires, fort heureusement sans aucun succès, ni devant son Bâtonnier, ni en appel devant le Premier Président de la Cour d’Appel, qu’il n’a pas pu berner avec tous ses mensonges – bien évidemment, il s’agissait encore d’un complice du pédophile Pascal Edouard Cyprien Luraghi… mais c’est quand même assez fou : des jaloux ou jalouses me volaient déjà mon travail à l’école tout en m’accusant mensongèrement de n’importe quoi pour me faire exclure ou mettre en quarantaine, cela a continué dans le domaine professionnel, puis dans le domaine associatif où les chefs brestois de la LCR ont bien repris à leur compte plusieurs de mes idées après m’avoir cassée à mort un peu partout, et encore sur la toile à compter de 2008, mon harceleur et calomniateur en chef le psychopathe Pascal Edouard Cyprien Luraghi lui-même s’étant lui aussi approprié de mes idées tout en pillant également l’intégralité de ma vie privée, qu’il viole au quotidien par divers moyens illégaux, et enfin cet avocat escroc qui tente de me voler doublement mon travail et de l’argent tout en m’accusant encore une fois mensongèrement de n’importe quoi, mais notamment, moi, de malhonnêteté… alors qu’il n’était pas mon avocat et ne m’a jamais représentée ni assistée dans aucune procédure devant la Chambre de l’Instruction, ce qui a été établi de manière indiscutable sans aucune difficulté, et même, qu’il s’était en fait violemment opposé au travail en question dans un écrit dont il n’a pu nier avoir été l’auteur… et en justifiant bien évidemment l’énormité des sommes réclamées en guise d’honoraires par l’excellence du travail réalisé, puisque la Chambre de l’Instruction m’avait au final donné raison sur toute la ligne; le principe est toujours le même : on vous pille tout en tentant également de vous conduire au fond du trou de manière à éviter toute contestation ultérieure de votre part, et cela se fait toujours avec l’appui d’une autorité « morale » en réalité totalement immorale, en l’occurrence les magistrats ultra CORROMPUS du TJ de Brest; mais cette fois-ci, il se dégage très nettement de sa procédure abusive de taxation d’honoraires que cet avocat qui comme tous mes autres harceleurs ne se gêne pas pour me faire passer mensongèrement pour une prostituée débile mentale et folle à lier, encense aussi mon travail dans un domaine de compétences qui est le sien et non le mien, puisqu’il a tenté de me le voler notamment pour cette raison, en soulignant son excellence; notons encore à ce propos que ceux qui ont réellement été mes avocats ont eux aussi tous reconnu, mais de manière honnête, que je n’étais pas nulle en droit, et par voie de conséquence, certainement pas la personne décrite par mes harceleurs), globalement, j’ai bien aussi à me plaindre d’avoir vu entériner par ses magistrats des choses absolument incroyables, notamment, à l’automne 2015, toutes les inventions délirantes des magistrats brestois pour blanchir totalement mes harceleurs de la bande du pédophile notoire Pascal Edouard Cyprien Luraghi.
Bien sûr, il m’est impossible de savoir quel était à chaque fois l’avis de Bruno Crépin, puisque ces décisions résultent toutes d’une délibération de trois magistrats. Sauf pour les deux dernières qui m’ont été entièrement favorables et qu’il me semble avoir davantage subies que voulues, il est toutefois permis de penser que son avis fut prépondérant, puisqu’il était toujours celui qui connaissait le mieux le dossier.
A priori, donc, pour Bruno Crépin, qui avec ses collègues de la Chambre de l’Instruction de Rennes, l’a quand même plusieurs fois confirmé dans les décisions de cette Chambre me concernant, rien de tout ce que le pédophile Pascal Edouard Cyprien Luraghi a pu publier me concernant n’a jamais posé le moindre problème d’ordre légal : d’abord tout serait vrai, autant en ce qui concerne ma personnalité que ma biographie, je serais bien une prostituée débile mentale et folle à lier ayant eu pour amant le non moins fou à lier Joël Roma (je rappelle que c’est faux : la criminelle Josette Brenterch du NPA de Brest et ses complices m’inventent des tas de relations complètement débiles avec des tas de messieurs que je ne connais d’ailleurs pas forcément tous), je m’inventerais une vie d’ingénieur informaticien que je n’aurais jamais eue, et au lieu de travailler comme tout le monde, j’aurais en fait passé le plus clair de mon temps en HP. Bien évidemment, je serais aussi très très très très méchante et manipulerais tout le monde pour faire le mal, je mentirais tout le temps, etc, etc, etc… Il n’y a vraiment aucun problème dans tous les délires habituels du pédophile Pascal Edouard Cyprien Luraghi et de ses complices me concernant. Il n’y a pas non plus de problème à révéler au public toutes ces « informations » et bien d’autres me concernant et concernant aussi mes proches, par exemple mes parents, et qui relèvent à l’évidence de l’intimité de nos vies privées respectives. Et il n’y a pas non plus le moindre problème concernant les moyens utilisés par cet individu qui au départ ne me connaît que comme un anonyme internaute pour avoir accès à toutes ces « informations » me concernant qu’il livre au public. Même chose pour les menaces de mort et de viol : tout est normal.
Pourtant, Bruno Crépin m’a vue venir me défendre seule à plusieurs reprises.
A plusieurs reprises, il a aussi validé de mes argumentations juridiques contre les décisions délirantes de juges d’instruction à mon encontre. Il sait très bien que je n’ai rien d’une folle ni d’une débile mentale. Quant à la prostituée… ce n’est pas plus crédible, surtout pour lui qui connaît bien, tout comme les magistrats brestois, tout mon parcours professionnel bien réel d’ingénieur d’études en informatique ayant notamment travaillé sur des projets classés Secret et Confidentiel Défense.
Au final, avec ses collègues de la Chambre de l’Instruction, il a plusieurs fois réaffirmé que j’étais en droit de demander et d’obtenir l’ouverture d’informations judiciaires. Pour autant, je n’en obtiens toujours pas, les juges d’instruction du Finistère continuent, tous, à n’obéir qu’au pédophile Pascal Edouard Cyprien Luraghi.
Je suis en droit, mais on en reste là, l’essentiel étant que les viols multiformes dont je suis quotidiennement victime depuis des années puissent perdurer aussi longtemps que je reste en vie, avec toutes les campagnes de calomnies phénoménales dont je suis également toujours victime, et toutes les tentatives d’escroqueries au jugement et autres extorsions commises en bande organisée débutées en 2010.
Depuis le temps que ça dure, il va de soi que de nombreux témoins gênants de ma vraie vie ont bien été identifiés puis assassinés, à commencer par plusieurs ingénieurs de ma famille.
Mais c’est normal, tout est normal.
Les attentats islamistes ? Des gamineries… des plaisanteries qui toutes font rire aux éclats le pédophile, laissons-le faire, il a bien le droit de s’amuser, il est pédophile.
Depuis qu’il a pris sa retraite en octobre 2018, le nom de Bruno Crépin n’est apparu que dans l’article recopié ci-dessous, du 7 février 2020, jour où le pédophile Pascal Edouard Cyprien Luraghi, né le 7 février 1958 à Strasbourg, a eu 62 ans.
Le lecteur y apprend que Bruno Crépin a participé à une journée de formation de diacres sur la question des abus sexuels dans l’Eglise.
Bien sûr, l’Eglise, ce n’est pas l’Education nationale ni le Nouveau Parti Anticapitaliste.
La franc-maçonnerie existe aussi à Saint-Malo. Elle regroupe environ 300 adhérents au sein de sept loges,dont celle du Grand Orient de France.
Entretien
Yves Picard.
Vénérable de la République malouine, loge du Grand Orient de France.
Pourquoi sortir de l’ombre ?
Car on raconte tout et n’importe quoi, le sujet alimente les fantasmes. En fait, les francs-maçons ne sont pas secrets mais discrets. La franc-maçonnerie n’est ni une secte, ni une religion mais un ordre initiatique.
Comment avez-vous connu la franc-maçonnerie ?
Je suis Vénérable (président) de la loge malouine depuis juin 2008. J’ai été initié en 2001. J’ai été approché deux fois avant d’accepter, mais j’ai préféré attendre la retraite. Bien des francs-maçons sont engagés dans la vie de la cité : élus, militants syndicaux, bénévoles dans des associations, etc.
Quand se tiennent vos réunions ?
Nous nous réunissons deux fois par mois au Temple, dans les environs de Saint-Malo. Pendant la Tenue (réunion), un frère fait un exposé sur un sujet qu’il a librement choisi. Nul ne peut l’interrompre durant sa lecture. Puis chacun apporte sa pierre, en intervenant à son tour, afin de parfaire l’ouvrage. Tous les thèmes peuvent être abordés, sauf ceux qui sont contraires à nos principes, comme le racisme, la xénophobie, la haine de l’autre.
Dans quel but ?
Pour rechercher la vérité, élever l’Homme et la Société. La franc-maçonnerie est un cheminement pour se remettre en question, s’améliorer, s’ouvrir aux autres, apprendre à être tolérant, fraternel, solidaire. Cette démarche débouche sur un projet humaniste. Un franc-maçon doit porter à l’extérieur l’oeuvre commencée au Temple.
Parlez-nous de vos rites ?
Ces rites sont l’héritage de notre Histoire. Un franc-maçon en reconnaît un autre à sa façon de serrer la main, d’observer le silence, d’éviter de couper la parole. Après la Tenue, place aux Agapes en salle humide. C’est une salle où l’on partage ensemble un repas fraternel. La rigueur des débats fait place à des conversations plus profanes.
Et pour entrer en franc-maçonnerie ?
Contrairement à une secte, il est difficile d’y entrer mais facile d’en sortir. Il faut se plier à une longue période d’observation, avec trois enquêtes. Ensuite, vous devrez « passer sous le bandeau », les yeux bandés de noir. Les frères votent alors avec des boules noires et blanches. Si vous êtes initié, vous restez apprenti une année entière, en observant le silence. Puis, vous devenez compagnon et maître maçon.
Quels sont les événements à venir ?
D’ici la fin de l’année, des conférences publiques aborderont des sujets tels que la bioéthique, l’accompagnement de la fin de vie ou la laïcité. Le temps fort, ce sera la grande exposition sur la franc-maçonnerie en Bretagne. Elle aura lieu en octobre, à Dinard, avec des pièces prêtées par le musée du Grand Orient (l’épée de La Fayette, le tablier de Voltaire) et des personnalités invitées.
Les diacres du diocèse se forment au sujet des abus sexuels
Publié le 07 février 2020
Deux fois par an, la fraternité diaconale diocésaine se retrouve pour un temps de formation, de prière, et une rencontre conviviale. Le 18 janvier 2020, nous étions 70 personnes (diacres et épouses de diacres) à nous retrouver pour réfléchir et nous former au sujet des abus sexuels dans l’Église.
Vincent Massart, diacre, délégué diocésain adjoint au diaconat
C’est un sujet difficile, sur lequel l’Église reste active et constamment attentive. L’actualité ne cesse de rapporter des histoires pénibles et scandaleuses qui nous font mal. Notre douleur concerne d’abord toutes les victimes concernées, mais elle est renforcée par notre appartenance à l’Église, entachée par ces affaires, et par le lien de l’ordination qui nous relie sacramentellement à l’ensemble des ministres de l’Église dont certains sont coupables. Les diacres sont souvent invités à se positionner en tant que représentants de l’Église, par exemple dans les groupes qu’ils peuvent accompagner, ou dans leur milieu professionnel.
Un temps de formation avait déjà été proposé en 2019 pour les prêtres du diocèse et il était donc nécessaire de prendre le temps d’une formation également pour les diacres. Dans ces situations délicates, il faut se donner quelques repères, en particulier sur la façon de réagir, et connaître le cadre légal. Sur ce sujet complexe, il est nécessaire d’envisager des regards différenciés : témoignages de victimes, et interventions de différents professionnels concernés : psychologue, magistrat, juge ecclésiastique.
Différents regards sur un sujet complexe
Cette journée était centrée par la célébration eucharistique comportant un temps pénitentiel plus marqué qu’à l’habitude pendant lequel la fraternité diaconale du diocèse a demandé pardon au Seigneur, au nom de l’Église. Pour cette célébration, présidée par Mgr d’Ornellas, les diacres ont repris les paroles du pape François. « Nous demandons pardon pour les abus, abus de pouvoir et de conscience, abus sexuels de la part des membres de l’Église. D’une façon spéciale, nous demandons pardon pour tous les abus commis dans divers types d’institutions dirigés par des religieux et des religieuses et d’autres membres de l’Église. Et nous demandons pardon pour les cas d’exploitation par des personnes qui, dans le cadre de leur travail ont eu affaire à de nombreux mineurs (…). »
Mme Stéphanie Hubert, psychologue criminologue, spécialisée dans les affaires de protection de l’enfance, a longuement exposé les conséquences à long terme des actes subis pendant l’enfance. Une agression a d’autant plus de gravité qu’elle concerne une victime plus jeune, sur des durées plus longues. Cependant, une agression unique, même chez un adulte, peut entraîner des conséquences psychologiques sévères à long terme. Il est donc bien question de casser les représentations toutes faites, les idées préconçues. L’église est concernée, mais ces agressions sont malheureusement présentes aussi dans beaucoup d’autres domaines de la société où cela n’est pas encore suffisamment mis au jour. La plupart des actes d’agression sexuelle sur les mineurs se déroulerait dans les associations, en particulier sportives, les milieux de l’éducation, et les familles. À vrai dire, les statistiques restes difficiles sur ce sujet, car les chiffres venant de sources pénales ne représentent qu’une partie de la réalité, il y a beaucoup de paramètres contradictoires pour une statistique fiable.
Des questions… des réponses nuancées
Éclairé par un témoignage réel, et par l’expérience de l’intervenante, le propos de la psychologue a permis d’envisager la complexité de chaque situation. Comment se fait-il que les victimes ne s’expriment pas plus tôt ? Comment ces agressions sont véritablement destructrices pour la personnalité ? Quel regard la victime porte-t-elle sur elle-même après de tels actes ? Comment la confiance des enfants vis-à-vis des adultes est abolie ? Comment la possibilité d’une parole sur l’agression est-elle exclue par la victime elle-même ? Comment une victime pourra-t-elle retrouver une relation sociale satisfaisante ? Autant de questions et des réponses toujours nuancées en évitant bien souvent la généralisation abusive.
Quant à la psychologie clinique de l’agresseur,il n’y a pas un seul type de structure psychologique, mais différents tableaux possibles, entraînant des agressions selon des modes différents. Enfin, la psychologue a donné quelques clés essentielles pour l’adulte amené à accueillir la parole d’une victime : recevoir ce témoignage immédiatement, dans un lieu rassurant, ne pas déléguer à une autre personne, ne pas faire répéter, mais noter chaque mot dans leur précision, ne pas banaliser mais ne pas faire un interrogatoire, ne pas garder le silence et ne pas rester seule avec cette information.
Deux éclairages plus légalistes
Pendant l’après-midi, deux éclairages plus légalistes ont été proposés : M. Bruno Crépin, magistrat, a exposé le cadre du droit français à ce sujet : il n’y a pas d’abus sexuels, dit-il, il n’y a que des agressions. Ce propos difficile a pu être éclairé par des exemples de situations permettant d’évoquer toute la difficulté pour les juges à comprendre les faits, parfois bien longtemps après leur déroulement, en questionnant des victimes dont la personnalité a été profondément touchée.
Hervé Queinnec, juge ecclésiastique, a pu exposer également les aspects du droit canonique. C’est une législation propre à l’Église, entraînant des peines internes à l’Église. À chaque fois, il faut considérer le for interne et le for externe c’est-à-dire les conséquences des actes pour la personne elle-même, spirituellement surtout, mais aussi pour l’Église dans son fonctionnement. Pour terminer sur le côté juridique de la question, M Crépin et P. Queinnec ont pris un temps au sujet du secret professionnel, c’est à dire en Église la question du secret de la confession, et du secret de l’accompagnement spirituel.
Conclusion par Mgr d’Ornellas
Monseigneur d’Ornellas a conclu la journée avec trois remarques :
Nous sommes tous pêcheurs, et il n’y a pas deux catégories de personnes, les uns et les autres, les bons et les mauvais, ceux qui font des actes mauvais, et ceux qui en subissent les conséquences. Ce clivage n’est pas évangélique. L’église est une : quand un membre souffre, c’est toute l’Église et toute l’humanité qui est en souffrance.
Le cléricalisme est un mal contre lequel il faut lutter, sachant qu’il n’est pas le fait seulement des prêtres, les laïcs aussi y participent. « Lutter contre l’abus des pouvoirs, c’est un travail de tous ».
Enfin et surtout, il faut aimer l’Église, c’est un profond travail de conversion, dans les fibres les plus intimes de notre être (humain, spirituel, sexuel). Rien n’est étranger au Christ. Même dans les scandales et dans les douleurs, il y a un appel à la sainteté, grâce à la parole libérée. Cette parole peut parfois arracher les lèvres et faire souffrir. Mais c’est une parole qui peut nous convertir.
Justice à Rennes. La chambre de l’instruction esquive-t-elle les avocats ?
Jeudi 4 août 2022, devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes, deux avocats sont montés au créneau, évoquant la présence dans le dossier de leur client d’un document antidaté, mentionnant une décision, avant même qu’ils aient plaidé.
Ouest-France Agnès LE MORVAN. Publié le 04/08/2022 à 17h59
« Les mots me manquent. En arrivant ce matin, j’imaginais tout, sauf sur quoi j’allais tomber. » Devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes, jeudi 4 août 2022, l’avocate Me Pauline Kerloegan évoque le document qu’elle a découvert en ouvrant le dossier de son client, qui faisait appel du rejet d’une demande de mise en liberté. « Un document antidaté au 5 août 2022, où il est déjà notifié « confirmation » noir sur blanc, avec des réponses à tous les arguments de mon mémoire », explique l’avocate, dans…
Ce blog a été créé le 6 janvier 2015 pour prendre le relais du Petitcoucou venant d'être suspendu sans préavis ni avertissement en milieu de journée. Ayant eu cette fonction jusqu'au 1er février 2015, il devient un doublon du Petitcoucou suite à la réouverture de ce dernier après trois semaines de suspension, et sa reprise d'activité à compter du 2 février 2015.
Les statistiques de ce blog sont bloquées depuis le 21 janvier 2015. Plus aucun compteur n'est incrémenté, ceux des visites du jour restent à zéro, les mises à jour ne se font plus.
Avis du 24 janvier 2015
Mes statistiques "avancées" sont de retour et font apparaître un record de visites le 21 janvier 2015 - record très modeste, mais néanmoins record pour ce blog nouveau-né.
En revanche, les statistiques "basiques" sont toujours bloquées.
Tout cela m'évoque bien évidemment les petites manies de Cyprien Luraghi qui n'a jamais pu supporter de voir s'envoler le nombre de mes lecteurs, qu'il surveille comme le lait sur le feu depuis la création de mon premier blog, sur Le Post, début septembre 2009.
Avis du 26 janvier 2015
Mes statistiques "basiques" sont de retour. Tout se passe normalement. Le Chinois de Thaïlande est inactif sur ce blog.
Avis du 31 janvier 2015
Mes statistiques "basiques" sont de nouveau bloquées depuis le 29 janvier.
Avis du 1er février 2015
Retour de mes statistiques "basiques".
Avis du 3 février 2015
Statistiques "basiques" de nouveau bloquées depuis le 1er février.
Avis du 6 février 2015
Mes statistiques "basiques" sont de retour. Tout fonctionne.
Avis du 11 février 2015
Mes statistiques "basiques" sont de nouveau bloquées depuis le 8 février.
Avis du 26 février 2015
Statistiques "basiques" enfin débloquées !
Avis du 27 février 2015
Statistiques "basiques" de nouveau bloquées depuis le 26 février. Ce petit jeu pourrait-il cesser ? On n'en voit pas l'intérêt...
Complément de 22 h: merci de m'avoir rendu ces statistiques !
Avis du 4 mars 2015
Statistiques "basiques" de nouveau bloquées depuis le 1er mars. Merci de les débloquer et ne plus les bloquer ou les oublier en cet état à l'avenir.
Avis du 7 mars 2015
Statistiques "basiques" bien débloquées. Merci.
Avis du 25 mars 2015
Statistiques "basiques" bloquées depuis le 14 mars.
Avis du 2 avril 2015
Mes statistiques "basiques" sont de retour.
Avis du 26 avril 2015
Les statistiques "basiques" de ce blog sont encore bloquées, depuis le 10 avril 2015.
Avis du 28 avril 2015
Statistiques de retour. Merci.
Avis du 7 mai 2015
Je n'ai de nouveau plus de statistiques "basiques" depuis le 2 mai. Comme pour Petitcoucou, les statistiques "avancées" ont également disparu depuis deux jours.
Avis du 10 mai 2015
Statistiques "basiques" débloquées. Merci. Me manquent encore les statistiques "avancées".
Avis du 14 mai 2015
Toutes mes statistiques sont de retour depuis hier. Merci.
Avis du 3 octobre 2015
Les compteurs de mes statistiques avancées sont tous à zéro depuis le 1er octobre. Merci de me les rendre.
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