Très mauvaise journée pour tout le monde, les manipulateurs qui paieront cher leurs saloperies du jour, les abusés qui se fourvoient, comme les victimes des uns et des autres.
Mercure et Pluton sont fâchées jusqu’à dimanche, fin du 2e décan prévoyez une difficulté à communiquer avec un proche ou un collègue. Vous serez face à un mur, à quelqu’un qui ne veut pas vous écouter ou qui retourne votre discours contre vous. A moins que vous ne soyez obligé à garder un secret, que vous ne pouviez pas révéler certaines choses, ce qui vous contrariera. En tout cas, ne poussez pas l’autre dans ses retranchements et si c’est vous qui êtes » poussé « , prenez le large.
Taureau
Il faudra faire avec un dysfonctionnement. Il peut autant s’agir d’un objet qui soudain marche mal, que d’une relation où les échanges sont pénibles et contradictoires. La dissonance en cause, celle de Mercure et Pluton durera jusqu’à dimanche mais il est possible que vous n’y soyez pas très sensible ; ou alors cela concernera quelqu’un de votre entourage qui vous prendra à témoin de ses problèmes relationnels et que vous chercherez, souvent en vain, à aider.
Gémeaux
Vous avez probablement un projet, natif de mai, personnel ou professionnel, que vous ne pourrez concrétiser qu’au mois de mai quand Vénus ne sera plus rétrograde. En effet, la planète a avancé en Bélier, puis elle recule à présent et ira jusqu’à retourner en Poissons tout le mois d’avril. Elle y sera en dissonance avec Saturne, ce qui n’est pas de très bon augure pour ceux qui sont nés après le 15 juin. Vous vous sentirez attristé, ou bloqué dans votre volonté d’avancer, de bouger.
Cancer
Vous serez sensible à la mésentente Mercure/Pluton, fin du 2e décan et début du 3e. Vous constaterez qu’on ne vous laisse pas vous exprimer : vous êtes bâillonné ! Le mot est peut-être un peu fort, mais il est vrai que si vous êtes né autour des 11 et 12 juillet, vous êtes actuellement dans une relation où l’autre a pris le pouvoir et en abuse, que ce soit au boulot ou à la maison. Et vos paroles sont raillées ou retournées contre vous. Mais vous avez commencé à en prendre conscience…
Lion
Vous sentez que vous devez faire la démonstration de votre volonté et de votre détermination, natif de fin juillet, début août. Mais est-ce vraiment nécessaire ? En tout cas, prenez des gants avec votre hiérarchie ou avec un parent. A priori, vous devriez obtenir que vous désirez mais votre manière d’agir risque de se retourner contre vous. La conjoncture peut aussi s’appliquer à votre vie sentimentale (mêmes natifs) et révéler qu’il y a un obstacle à une relation naissante.
Vierge
Aujourd’hui encore, la conjoncture semble servir vos intérêts, et surtout en matière de finances. Mais vous aurez affaire à un interlocuteur qui sera des plus coriaces. Cette personne cherchera à vous coincer, à trouver la faille, le mensonge, alors que vous n’avez rien fait ou dit de répréhensible. Né autour du 12 septembre, si vous devez vous justifier faites-le par les faits, uniquement par des faits concrets. Des papiers, des justificatifs qui seront les meilleures preuves de votre bonne foi.
Balance
Ce n’est pas le moment d’entamer une discussion ou une négociation, vos interlocuteurs seront insensibles à vos paroles. Attendez la semaine prochaine, la dissonance Mercure/Pluton sera terminée et vous pourrez enfin faire entendre votre voix. Cela concerne surtout ceux qui sont nés autour des 12 et 13 octobre, qui reçoivent actuellement la pénible dissonance de Pluton. Elle crée des situations de crise, qui sont révélateurs de vos craintes, de vos angoisses ou blocages.
Scorpion
Un partenaire affectif ou professionnel vous cherche des poux, vous vous demandez s’il ne s’agit pas d’une volonté de se venger, mais vous ne savez pas de quoi. Ce sont ceux qui sont nés début novembre qui sont les plus concernés par cette conjoncture qui mobilise leurs forces intellectuelles et qui donc les font réfléchir en boucle. Vous vous posez des questions sur l’autre, sur ses comportements, ses buts, mais il faut aussi vous en poser sur vous et sur vos comportements à vous !
Sagittaire
Ça sent bon pour les natifs du 1er décan, qui bénéficient de la rencontre Soleil/Vénus qui va avoir lieu dans un des secteurs les plus valorisants de leur zodiaque. Vous y serez peut-être plus sensible jeudi que les autres jours, mais elle sera active jusqu’au début de la semaine prochaine. Certes, l’aspect n’est pas très fort, certains se sentiront simplement plus confortables matériellement, mais une histoire de coeur débutante peut aussi être au programme.
Capricorne
La Lune est chez vous et ne forme pas de bons aspects. Ne vous étonnez pas si vous vous sentez balloté par la vie, natif du 3e décan. Vous avez une décision à prendre, et vous suivez les injonctions d’Uranus, c’est-à-dire qu’un jour vous avancez et le lendemain vous reculez. Vous êtes polarisé sur le problème, qui vous demande de passer un cap ou de tourner une page, mais il y a des choses à laisser derrière vous et c’est probablement ce qui vous empêche d’aller de l’avant.
Verseau
Soyez attentif aujourd’hui, surveillez une tendance à la distraction, dont vous savez qu’elle peut vous mener loin dans les lapsus et autres erreurs de lecture ou d’écriture. A priori, cela s’adresse surtout aux natifs du 3e décan, qui sont par ailleurs plutôt bien traités par les astres. C’est juste la Lune de ce mercredi qui ne vous sera pas très favorable dans la mesure où vous aurez la tête trop encombrée de pensées et que vous risquez de rater la marche.
Poissons
L’actuelle dissonance de Saturne peut autant gêner ceux du 3e décan, qu’accentuer de beaucoup leur ambition. Certains pourraient s’être fixés un important objectif. Cela ne va pas sans difficultés, bien sûr, avec Saturne ce n’est pas le règne de la facilité et le temps compte énormément : il faut être patient. Et ce mois d’avril qui arrive vous verra justement affronter des obstacles ou être obligé de reculer momentanément. Mais vous repartirez de plus belle après avril.
Brest. Un jeune homme interpellé pour avoir déclenché des feux
Publié le 18 mars 2017 à 07h17
Modifié le 18 mars 2017 à 07h22
Plusieurs feux se sont déclarés cette nuit au petit matin dans les rues de Brest. C’est d’abord un abri-bus qui a brûlé à 6h19 boulevard Léon Blum. Puis une voiture rue Paul Masson ainsi que plusieurs conteneurs à poubelles dans une rue avoisinante.
Selon nos informations, un suspect aurait été interpellé à proximité des incendies. Il s’agit d’un jeune homme.
Quatre voitures et plusieurs poubelles ont été incendiées, dans la nuit de vendredi à samedi, à Brest. | Crédit infographie : Ouest-France
Quatre voitures et plusieurs poubelles ont été incendiées, dans la nuit de vendredi à samedi, à Brest.
Il est 3 h 20 quand les pompiers sont appelés pour se rendre rue Sully, dans le quartier de Kerinou, à Brest. Quatre voitures sont en flamme. Des poubelles ont également été victimes du feu.
Un peu plus de deux heures plus tard, à 5 h 45, rebelote. Ce sont cette fois-ci quatre conteneurs qui ont été incendiés, rue Paul-Masson, en face d’un arrêt de bus du haut de la rue. Sur place, ce samedi matin, une voisine témoigne : « Ce n’est pas la première fois, il y en a marre ! Les poubelles ne sont vidées qu’une fois par semaine. Résultat : elles débordent. C’est très dangereux ! »
Une interpellation
D’autres poubelles sont incendées dans la nuit. Les pompiers interviennent à 6 h 04 rue Saint-Pol Roux et à 6 h 40 rue de Kertatupage, à Lambezellec.
Ce samedi matin, la police a confrmé avoir procédé à l’interpellation d’un « jeune » homme, « pour des feux de poubelles »
La plus grande ville du Finistère, Brest (140 000 habitants), n’est pas sa préfecture. C’est Quimper et ses 63 000 habitants qui joue ce rôle. Brest est en outre la plus petite métropole de France : malgré sa taille en dessous du seuil fixé par la loi (206 000 habitants au lieu de 400 000), la communauté urbaine de Brest (CUB) est devenue au 1er janvier 2015 la plus petite des 14 métropoles du pays, Brest Métropole Océane.
Dès sa création en 1974, la CUB se caractérisait par une forte intégration des communes et des services mutualisés entre la ville centre et sa communauté. Brest est donc une ville en avance sur les évolutions institutionnelles.
Le FN y réalise des scores très bas
Sur le plan politique, Brest est à l’image du département : de gauche, mais sans excès. Le maire François Cuillandre a été réélu en 2014 avec 52,7 % des voix face à Bernadette Malgorn, tête de liste UMP en Bretagne aux régionales de 2010. À l’époque, elle n’avait reçu que 28,8 % des suffrages brestois contre 54 % à Jean-Yves Le Drian.
Avec près de 48 % d’abstention, Brest était très au-dessus de la moyenne nationale aux municipales de 2014. Le Front national y réalise des scores nettement inférieurs au reste du pays (10 % en 2014, 12 % pour Marine Le Pen à la présidentielle de 2012). Fait marquant : la population de la ville a explosé durant les 30 glorieuses (de 75 000 à 166 000 habitants), mais a perdu plus de 25 000 habitants depuis 1975.
Célèbre pour son urbanisme et… son climat
Son climat est célèbre pour la forte influence de l’océan, tout au long de l’année. Son urbanisme a lui aussi sa petite renommée : d’abord louée comme la ville la plus moderne de Bretagne dans les années 1950-1960, l’image de la ville ne tarda pas à se ternir dans les années 1970. Dernièrement les façades, dont beaucoup étaient devenues grises avec le temps, ont été recolorisées.
Son développement et son économie se sont toujours construits autour de son arsenal, à l’embouchure de la rivière de Penfeld. La rive gauche, francophone et bourgeoise, s’est développée autour de son château alors que la rive droite, connue pour son quartier de Recouvrance, s’est constituée autour d’une tour médiévale, a toujours été populaire et est restée bretonnante jusqu’au début du XXe siècle.
Bon an, mal an, les assassins d’ingénieurs ont toujours leurs parrainages pour se présenter à l’élection présidentielle grâce aux coups de pouces de quelques gros naïfs, et surtout, de milices qui ne valent guère mieux que la leur.
Une exception française de plus en plus singulière alors qu’ailleurs dans le monde l’heure est au désarmement de ces organisations criminelles.
Philippe Poutou, porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), a revendiqué aujourd’hui devant la presse « 523 parrainages » arrivés selon lui au Conseil constitutionnel pour lui permettre d’être candidat à la présidentielle.
Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, annoncera samedi à 11H30 quelles candidatures auront reçu suffisamment de signatures d’élus pour être validées.
« C’est la première fois qu’on a envie d’entendre Laurent Fabius », a ironisé M. Poutou, expliquant lors d’une conférence de presse à Montreuil (Seine-Saint-Denis) avoir « une inquiétude sur le fonctionnement et sur le traitement » de la part de cette instance.
« On s’est donné les moyens de réussir, on est plutôt confiant, on est fier de ce qu’on a réalisé, c’est un soulagement », a ajouté le candidat, qui avait alerté il y a plusieurs semaines sur sa difficulté à réunir des parrainages en nombre suffisant. « A chaque fois, on doit passer un examen pour avoir le droit de participer à la présidentielle », a-t-il regretté, évoquant la nouvelle loi « raffinée pour réduire les mailles du filet ».
Présidentielle: Pourquoi le FN appelle-t-il soudainement les élus à parrainer Poutou et Guaino?
PARRAINAGES Marine Le Pen et Louis Aliot veulent adresser un message à la « droite hors-les-murs » tout en se posant en parti institutionnel…
Louis Aliot et Marine Le Pen, un couple en campagne, le 2 décembre 2015 après un meeting à Nîmes avant les élections régionales. – APERCU/SIPA
Olivier Philippe-Viela
Publié le 15.03.2017 à 12:36
Mis à jour le 15.03.2017 à 17:42
On ne l’avait pas vu venir, et pourtant, Louis Aliot, vice-président du Front national, a bien appelé mardi sur BFMTV à parrainer… Philippe Poutou, le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste, totalement à l’opposé du spectre politique. « Qu’on le veuille ou non, il représente un pan de l’opinion française », a justifié le député européen.
« Le FN a longtemps eu des difficultés à réunir des parrainages »
Pourquoi donc la candidate du Front national et son vice-président soutiennent-ils des politiques d’autres bords idéologiques ? Philippe Poutou n’a pas cherché à comprendre, refusant dans un tweet le coup de main d’Aliot.
Il y a pourtant des choses à dire sur l’appel de Louis Aliot. Selon le politologue Gilles Ivaldi, chercheur au CNRS à l’Université de Nice-Sophia Antipolis, le geste a une charge symbolique : « Le FN a longtemps eu des difficultés à réunir des parrainages, et en a joué pour se poser en parti antisystème. Soutenir Poutou, cela leur permet de dire d’un que, maintenant, le Front national est un grand parti institutionnel, qui a la force d’appeler à parrainer même ses adversaires ; et de deux, ça leur permet de jouer les grands seigneurs et d’insister sur le respect de la démocratie. »
Ce coup de pouce de Louis Aliot ne coûtera de toute manière pas grand-chose à son parti, car Philippe Poutou risque de ne pas pouvoir se présenter (il a 357 signatures à trois jours de la date limite) et, s’il réussit, il n’est pas une menace électorale pour le FN, avec environ 1 % d’intentions de vote dans les sondages.
Les législatives dans le viseur frontiste
Le parrainage officiel de Marine Le Pen adressé à Henri Guaino est en revanche bien plus éclairant sur la stratégie du parti. « Elle essaie aujourd’hui de toucher cette droite d’interstice, « hors-les-murs », située quelque part entre Les Républicains et le Front national », explique Gilles Ivaldi.
Trois personnalités en particulier sont concernées :
Nicolas Dupont-Aignan, que le FN vise depuis un moment pour créer une dynamique en vue des législatives.
Philippe de Villiers, qui s’est rapproché du FN par le biais de la très catholique Marion Maréchal-Le Pen.
Et Henri Guaino, devenu un électron libre chez LR.
Henri Guaino assis sur les bancs de l’Assemblée nationale, le 18 septembre 2013 – Patrick Kovarik AFP
Le chercheur du CNRS y voit un message du FN, non pas pour la présidentielle, mais pour les législatives dans la foulée, en juin 2017 : « Ce parrainage est une manière de lui faire un appel du pied, avec l’idée que Guaino pourrait grossir les rangs de ce que sera le Rassemblement bleu Marine (RBM). Car quel que soit le résultat de la présidentielle, le défi du FN sera de réussir ce que le RBM n’avait pas réussi en 2012, c’est-à-dire élargir la base du parti au niveau local. En attendant, le FN reste un parti isolé, qui a besoin de trouver des alliés sur le terrain. »
Avec en tête, pour Marine Le Pen, l’idée qu’une élimination de François Fillon au premier tour le 23 avril pourrait provoquer l’implosion de la droite, « rêve du FN depuis des années, rappelle Gilles Ivaldi. Si cela se produit, dans certaines régions, notamment le sud de la France, le Front national pourrait créer des passerelles avec des candidats de droite qui seraient déboussolés et qui voudraient chercher refuge dans un mouvement qui aurait le vent en poupe. »
Déjà 14 000 d’armes des FARC répertoriées par le gouvernement colombien
Le processus de dépôt des armes, qui a commencé au début de mars, doit se terminer au plus tard à la fin de mai. La taille de l’arsenal des guérilleros est encore inconnue.
Le Monde.fr avec AFP | 18.03.2017 à 02h53 • Mis à jour le 18.03.2017 à 14h37
Bogotá a annoncé vendredi 17 mars que les guérilleros des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) remettraient sous peu près de 14 000 armes aux Nations unies, dans le cadre de l’accord de paix conclu en novembre.
« Il y a déjà un inventaire de 14 000 armes des FARC qui seront remises prochainement aux mains de@MisionONUCol [la mission de l’ONU en Colombie], pour garantir une paix stable », a écrit le président colombien, Juan Manuel Santos, sur Twitter.
Cet arsenal comprend près de 11 000 fusils, a précisé pour sa part le ministre de la défense, Luis Carlos Villegas.
Nombre total d’armes inconnu
Depuis près d’un mois, les membres de la guérilla marxiste, au nombre d’environ 7 000, se trouvent dans 26 points de regroupement à travers le pays, conformément à l’accord de paix. Le processus de dépôt des armes, qui a commencé au début de mars, doit se terminer au plus tard à la fin de mai et les ex-combattants devront ensuite retourner à la vie civile.
La Mission des Nations unies a précisé dans un communiqué qu’elle connaîtrait le nombre total des armes détenues par les FARC uniquement « quand sera fini le processus d’enregistrement et d’identification en cours ».
Les Forces armées révolutionnaires de Colombie, plus ancienne et importante guérilla du pays issue en 1964 d’une insurrection paysanne, ont signé en novembre le traité de paix avec le gouvernement pour mettre fin au plus vieux conflit d’Amérique latine, qui a fait au moins 260 000 morts, plus de 60 000 disparus et 6,9 millions de déplacés.
La Havanne. Vendredi 17 mars 2017. Bolivarinfos/CCN. Cuba a offert un millier de bourses au gouvernement colombien et à l’organisation des guérillas, FARC-AP, les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie – Armée du Peuple.
L’ambassadeur de Cuba en Colombie, José Luis Ponce, a fait cette offre devant la Commission de Suivi, de Développement et de Vérification de l’Accord de Paix, signé par le gouvernement colombien et les FARC-AP.
L’ambassadeur cubain a qualifié la distribution des bourses, 200 par an, sur une période de 5 ans, de contribution au processus de mise en application des accords de paix négociés à La Havane.
Ces bourses seraient destinées aux jeunes guérilleros démobilisés et aux déplacés de guerre. Ces derniers seraient choisis par le gouvernement.
Cuba, rappelons-le, a accueilli les conversations de paix entre le gouvernement et la principale organisation de la guérilla pendant plus de 4 ans et s’en est portée garant aux côtés de la Norvège.
Sur son compte Twitter, Ivan Marquez, membre du secrétariat des FARC-AP, a qualifié l’offre de Cuba de geste pur d’humanisme
«Au général d’armée Raul Castro, notre gratitude pour combler la Colombie de son amour et de sa solidarité. Il nous aide à la paix et nous offre des médecins » a-t-il écrit.
Cette perverse et criminelle notoire a une vraie manie : dès qu’elle se sent menacée d’être démasquée, comme ce fut le cas par exemple à l’automne 2008 en conséquence de ce qui se passait alors sur le site Rue89 me concernant – depuis lors, nous avons eu maintes confirmations qu’avec sa clique de « militants » brestois elle suivait bien tous les faits de harcèlements dont j’y étais victime, et avec moi mes différents soutiens, et pour cause, elle en était l’instigatrice… – elle organise des manifestations à tout casser histoire de rappeler à ses ouailles qu’elle est bien de « gôche » , n’est-ce pas, et de galvaniser ses troupes pour toutes les violences qu’elle les incite à commettre à l’encontre de ses cibles.
En l’occurrence, au mois de décembre 2008, il s’agissait de revigorer la bande de cybercriminels du malade mental extrêmement dangereux Pascal Edouard Cyprien Luraghi dont le chef se lamentait de n’avoir pu obtenir les exclusions de Rue89 qu’il réclamait à grands cris depuis le début du mois.
Et donc, eh bien voilà, le pli est pris.
Que dire de plus ?
Qu’elle utilise régulièrement des jeunes pour tout casser ?
Tout le monde le sait.
Pour illustrer un peu plus mon propos, je ne me contenterai que d’une anecdote concernant, encore, une manifestation lycéenne, remontant celle-là à l’automne 2001.
J’avais alors eu la surprise d’être interpellée par un petit groupe de manifestants du cortège qui, passant à proximité de mon domicile, se dirigeait vers le lycée Dupuy-de-Lôme. Il s’en était détaché pour venir gueuler jusque sous mes fenêtres et la police avait dû le ramener dans le droit chemin.
Il faut bien dire que cette année-là j’avais porté plainte contre un certain nombre de complices de Josette Brenterch qui alors ne comptaient pas leurs coups pour m’empêcher de retrouver du travail, me démunir de toutes mes ressources, et parvenir enfin à me contraindre à la prostitution – ils n’y sont jamais arrivés.
Mea maxima culpa ! Je suis bien trop méchante pour avoir l’ « empathie » d’une péripatéticienne !
Ce jeudi, un coup de feu a retenti dans l’enceinte du lycée Dupuy-de-Lôme à Brest. Il s’avère que le tir proviendrait d’un pistolet à gaz qu’un élève de bac pro électricité portait dans son sac à dos. Le bruit a été assourdissant mais selon certaines sources, l’élève n’aurait pas sorti l’arme de son sac ni menacé quelqu’un directement. Le coup serait donc parti accidentellement et n’a pas fait de victimes.
Le parquet confirme cette version en indiquant que le jeune homme, un mineur, sera convoqué devant le délégué du procureur pour un rappel à la loi. Une sanction qui semble indiquer la relative gravité du geste au regard du trouble causé à l’ordre public. De son côté, l’établissement a confirmé l’incident et le rectorat a fait savoir laconiquement que toutes les mesures avaient été prises à la suite de l’incident.
Après l’agression dont il a été victime, Jean-Yves Guengant, proviseur de l’Iroise, est relevé par des élèves et personnels de son établissement, puis conduit à l’infirmerie.
Hier, à deux reprises, le lycée a été la cible de jeunes. Jean-Yves Guengant a été frappé deux fois et blessé. Les lycéens sont choqués et indignés.
Il est 14 h 15. Dans la cour de l’Iroise, Jean-Yves Guengant, proviseur du lycée, gît par terre. Sans bouger durant quelques minutes, sonné par le coup qu’il vient de recevoir à la tête et par sa chute. Et inconscient semble-t-il. L’auteur du coup s’enfuit sans demander son reste. Le proviseur, légèrement blessé, est relevé par des élèves et des personnels de son lycée, et transporté à l’infirmerie. «Il va bien», a précisé hier soir un membre de l’établissement. Selon l’AFP, il aurait tout de même été hospitalisé.Le mouvement est parti de la cité scolaire de Kérichen. Une action spontanée, peu organisée. Sans banderoles, ni tracts. Ni revendication précise. Exceptés quelques termes injurieux contre le ministre Xavier Darcos.
Déjà, le matin, le lycée de la place de Strasbourg en a fait les frais : une porte cassée, des extincteurs vidés, une classe remplie d’élèves caillassée. Certains ont reçu des projections de verre cassé, mais il n’y a pas de blessés.
Vers 13 h 30, la manif se reconstitue. Départ du lycée Vauban. Ils sont environ 200. Ils vont d’abord à la Croix-Rouge. Certains pénètrent à l’intérieur, en ressortent vite. Direction l’Iroise. Sur la route, les poubelles sont jetées sur la chaussée, et les vitres de quelques abribus sont cassées.
À l’Iroise, ils rentrent sans problème. Mais, dans le bâtiment principal, les entrées sont gardées par des adultes… ou des élèves, comme au préau couvert. Des jeunes font pression. Un lycéen de l’Iroise s’interpose et se fait bousculer. Jean-Yves Guengant intervient. Il fend la foule, repousse les jeunes les plus agressifs. Il reçoit des crachats. Soudain, un jeune le gifle. Le proviseur répond de la même façon. Alors le jeune lui lance un coup dans la tête. Les lunettes du proviseur volent. Déséquilibré, il tombe lourdement, tandis que les « manifestants » prennent la fuite… laissant les membres de l’établissement, estomaqués, et indignés.
« C’est inadmissible ! »
«C’est inadmissible! Je n’ai jamais vu ça!», réagit un enseignant, syndiqué de longue date au Sgen-CFDT, très choqué. Émotion partagée par les lycéens de l’Iroise. «C’est lamentable! Aujourd’hui, aucune manifestation n’était prévue. Ils ne sont là que pour casser. Ils décrédibilisent notre mouvement. On ne peut pas accepter ça!» proteste Lancelot. C’est ce lycéen qu’a défendu Jean-Yves Guengant. «Je remercie le proviseur», dit-il.
Lancelot est engagé dans le mouvement de protestation contre les réformes, mais de façon pacifique. Hier, selon lui, l’action des jeunes n’avait rien à voir avec la manifestation de vendredi dernier, organisée par un syndicat lycéen. Avec quatre autres collègues, Lancelot tente d’organiser un comité pour structurer leur action. «Si des casseurs interviennent dans nos manifs, on arrêtera tout.»
Charles, un lycéen de l’Harteloire,dénonce : « C’est une bande de casseurs qui se sert des manifestations lycéennes comme prétexte.» Le recteur d’académie condamne «fermement» le climat de violence de la part de ce «groupe non identifié de 30 à 40 individus, se mêlant à des lycéens» et qui « dessert toute forme d‘expression lycéenne».
Des lycéens manifestaient ce mercredi matin à Brest. Un groupe constitué de près de deux cents adolescents a sillonné les rues de Brest avant de vouloir pénétrer à l’intérieur du groupe scolaire privé La Croix-Rouge, non loin du centre-ville.
De nombreuses voitures ont été dégradées à leur passage et des grenades lacrymogènes ont été tirées par les gendarmes mobiles (voir le reportage photos).
Un lycéen a été brièvement interpellé par la police alors qu’il escaladait les grilles de l’établissement scolaire.
A l’arrivée des gendarmes mobiles, les manifestants se sont ensuite dirigés vers le groupe scolaire public Kerichen, le plus important établissement de la ville proche de la Croix-Rouge, en dégradant à leur passage les voitures en stationnement.
De nombreux rétroviseurs ont été arrachés et la vitre d’une voiture de police a été brisée.
Depuis deux jours, des jeunes sèment la panique dans les lycées de la ville finistérienne. Hier, quatre d’entre eux avaient été interpellés.
Quelque deux cents lycéens manifestaient ce matin dans les rues de Brest où de nombreuses voitures ont été dégradées à leur passage et des grenades lacrymogènes ont été tirées par les gendarmes mobiles.
Un groupe constitué de près de deux cents adolescents a sillonné les rues de Brest avant de vouloir pénétrer à l’intérieur du groupe scolaire privé La Croix-Rouge, non loin du centre-ville.
Un lycéen a été brièvement interpellé par la police alors qu’il escaladait les grilles de l’établissement.
A l’arrivée des gendarmes mobiles, les manifestants se sont ensuite dirigés vers le groupe scolaire public Kerichen, le plus important établissement de la ville proche de la Croix-Rouge, en dégradant à leur passage les voitures en stationnement.
De nombreux rétroviseurs ont été arrachés et la vitre d’une voiture de police a été brisée.
Les gendarmes mobiles ont lancé quelques grenades lacrymogènes en réponse à des jets de pierre des manifestants.
Lundi et mardi déjà, plusieurs dizaines de jeunes, sans mot d’ordre ni revendication particulière, avaient dégradé du mobilier urbain et perturbé les cours de plusieurs lycées de Brest lors de manifestations dans les rues de la ville.
A Brest, les lycéens protestataires se font déborder par des « radicaux » casseurs. | Ouest-France
BREST.- « Toute cette violence, c’est incompréhensible ! » Paul Merdy, directeur du lycée Anne-Marie-Javouhey, est sidéré. Ce n’est tout de même pas la réforme du lycée – dont on ne sait encore pas grand-chose – qui peut expliquer cette débauche? »
Hier matin, son établissement a été la cible des « casseurs»: une dizaine de vitres de classes caillassées; des élèves apeurés; la porte d’entrée a failli céder. Un passant s’est interposé. Il a été jeté à terre et a reçu une volée de coups de pied.
Lundi, au lycée de l’Iroise, le proviseur avait été frappé et blessé ; une salle de classe remplie d’élèves, caillassée ; et une porte, cassée. «Jamais vu ça.On a le droit de protester, mais il faut le faire pacifiquement et dans la concertation!», s’indigne Yves Garçon, professeur à l’Iroise, syndiqué au Sgen-CFDT.
«Ils veulent discréditer le mouvement de lycéens. C’est révoltant !», proteste Lancelot. Élève en première, il était aux premières loges pour empêcher les autres jeunes d’entrer dans les bâtiments. C’est pour le défendre que le proviseur est intervenu.
Sans leader ni revendications
Lancelot, comme d’autres camarades, est engagé contre les mesures de Xavier Darcos. La semaine dernière, ils ont participé à la manifestation-pacifique-qui a réuni 200 lycéens contre la suppression des postes d’enseignants ; les classes trop chargées ; la réforme du lycée et la suppression supposée des filières ; le nouveau recrutement des enseignants,etc.
Ces jeunes ont voulu constituer un comité. Mais les «radicaux» tentent de saboter leurs actions et lancent de fausses informations via les SMS et Facebook. « On a passé notre week-end à démentir des rumeurs comme quoi l’Iroise serait bloqué toute la semaine et qu’une manifestation était prévue lundi. »
Qui sont ces « radicaux » qui se font déborder par des casseurs, qui se lancent dans les rues sans leader ni revendications précises? Ce type d’interventions est parti de Vauban et Lesven, des lycées industriels et professionnels. « Des élèves en profitent pour ne pas aller en cours et s’amuser. D’autres ont envie de casser : des lycéens, mais aussi des jeunes qu’on ne connaît pas, qui viennent de Pontanézen (Un quartier « chaud ») », indiquent des élèves de Vauban.
Hier, quatre jeunes ont été interpellés pour jet de pierres sur des policiers et destruction d’abris-bus. L’un d’entre eux, âgé de 18 ans, n’est pas lycéen. Au total, dix-sept plaintes ont été déposées.
L’an dernier, début décembre, plusieurs manifestations issues de la cité scolaire Kérichen avaient viré en échauffourées avec les forces de l’ordre. Sauf que le bac professionnel en trois ans est une réalité. Et qu’en janvier, quand leurs lycées se sont portés volontaires pour cette réforme, il n’y a eu aucune réaction.
Ce midi, les « pacifiques » organisent une manifestation. Et les syndicats d’enseignants, avec prudence, une table ronde.
Les lycéens mobilisés contre la politique de Xavier Darcos
Les jeunes ont bien participé à la journée d’action, sans grève, à l’appel des syndicats enseignants.
Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 10.12.2008 à 18h20 • Mis à jour le 10.12.2008 à 19h57
« Ne rajoutons pas à la crise celle de l’éducation : investissons pour elle ! », tel est le mot d’ordre des mobilisations de mercredi 10 décembre, destinées à dénoncer les treize mille cinq cents suppressions de postes de 2009, ainsi que les réformes du primaire, du lycée et de la formation des enseignants. Des rassemblements – non assortis d’appels à la grève – que le ministre de l’éducation Xavier Darcos a qualifié de « presque habituels », ont eu lieu dans plusieurs villes de France.
A Montpellier, entre dix-sept cents et trois mille personnes ont manifesté. Le cortège, composé d’enseignants, de lycéens, d’étudiants, de parents d’élèves et retraités de l’éducation nationale, a défilé aux cris de « Darcos, t’es foutu », ou « Non à la suppression des Rased ». Trois mille postes au sein des réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased) doivent être supprimés l’an prochain.
Entre mille et quinze cents personnes, selon les estimations, ont défilé dans les rues de Toulouse derrière une banderole « Ensemble défendons l’école publique ». A Marseille, près de quinze cents personnes, selon la police et les organisateurs, ont défilé sous la pluie dans le centre-ville. « Un pays, une école, notre avenir, Académie Aix-Marseille« , pouvait-on lire sur la banderole en tête du cortège composé d’enseignants, de parents d’élèves, d’écoliers de maternelles et de primaires, de lycéens et d’étudiants d’IUT. Les parents de la FCPE ouvraient la marche et étaient pour la plupart vêtus de gilets de sécurité jaune fluorescent sur lesquels on pouvait lire « Association éducative en danger de mort, chantier de démolition de l’école publique ».
A Paris, plusieurs centaines d’enseignants, de lycéens et de parents se sont rassemblés à la gare Saint-Lazare en fin d’après-midi. Portant des bonnets de Père Noël, voire l’habit complet, ils ont distribué des tracts aux passants. Ils scandaient « Darcos, c’est pas un cadeau pour l’éducation » et « Des sous pour les écoliers, pas pour les banquiers ». Des lycéens, venus entre autres de Seine-Saint-Denis et des Hauts-de-Seine, lançaient des slogans comme « Lycéens en colère, on va pas se laisser faire », ou encore « Dans tous les quartiers, dans toutes les régions, un même droit à l’éducation ».
Près de deux mille personnes, selon la police, manifestaient dans l’après-midi à Bordeaux, en majorité des lycéens. D’autres rassemblements ont émaillé la journée de mardi, au cours desquels plusieurs lycéens ont été interpellés. Deux ont été présentés mercredi à un juge pour enfant pour des dégradations commises en marge des défilés et un troisième, âgé de 18 ans, a fait l’objet d’une comparution immédiate pour « violences » contre un policier.
A Rennes, près de deux mille lycéens, selon la police et les manifestants, ont défilé toute la matinée et au moins huit lycées étaient perturbés. Les manifestants ont commencé la journée aux cris de « Darcos, t’es foutu, la jeunesse est dans la rue » et sous une banderole proclamant « Non aux réformes bidons », dans un cortège dirigé par l’Union nationale des lycéens et SUD-Lycéens. Une quinzaine d’établissements étaient bloqués à Nantes,où un millier de lycéens ont manifesté avant de tenir une assemblée générale en plein air. A Cherbourg, entre mille et quinze cents lycéens, selon les estimations, se sont rassemblés dans la matinée. D’autres manifestations et blocages de lycées ont été signalés dans de nombreuses villes de l’Ouest, perturbant parfois la circulation, comme à Saint-Nazaire ou au Mans.
A Brest, où des jeunes et les forces de l’ordre s’affrontent dans la rue depuis lundi, quatre interpellations ont eu lieu mardi, et la manifestation de mercredi a été houleuse. Un groupe de quelque deux cents jeunes a sillonné les rues en tentant de pénétrer dans un groupe scolaire privé et en dégradant des voitures en stationnement. Les gendarmes mobiles ont lancé quelques grenades lacrymogènes en réponse à des jets de pierres. A la mi-journée, le calme était revenu. « On ignore pourquoi ils manifestent », avait cependant déclaré plus tôt dans la journé Paul Merdy, directeur du lycée Anne-Marie-Javouhey, dont une vingtaine de vitres ont été brisées par des cailloux mardi.
« JE NE SUIS PAS MINISTRE DE L’HÉSITATION NATIONALE »
Xavier Darcos a dénoncé sur Europe 1« un mélange de mensonges ou d’informations erronées de nature à affoler les opinions publiques, qui est de la véritable désinformation ». Le ministre a assuré qu’il n’était pas question pour lui « de supprimer la maternelle », ni les « mathématiques« au lycée. Interrogé sur les violences survenues dans plusieurs villes, dont Brest, en marge de manifestations lycéennes, il a reconnu que « cela l’inquiétait », mais a indiqué qu’il ne « confondait pas les lycéens avec des bandes radicalisées qui viennent tout casser ». Quant à savoir s’il va revoir ses réformes, il a répondu : « je ne suis pas ministre de l’hésitation nationale, j’ai un devoir pour les générations futures. Il s’agit de réformer dans un pays qui en a besoin », défendant en particulier sa réforme du lycée.
Comme en écho, l’ex-ministre PS Jack Lang a déclaré sur RMC, à l’adresse de M. Darcos : « Si vous continuez comme ça, l’éducation nationale, ce sera votre Vietnam. »« Il y a un ras-le-bol, une colère (…) Les professeurs ne manifestent pas pour défendre des intérêts personnels, et je leur dis bravo. Bravo de faire ce travail de prise de conscience. Ils se battent parce qu’ils savent que l’école de la République est en grave danger », a-t-il ajouté. Pour lui, les réformes constituent « un plan pluriannuel de destruction de l’éducation nationale ». « En demandant que chacun respecte les règles et les biens, j’appelle l’ensemble des Français à se dresser avec force, avec détermination, contre ce plan de destruction », a-t-il dit.
Une pétition, lancée fin novembre sur Internet par une centaine de maîtres d’écoles primaires, pour demander l’arrêt de la politique éducative menée par le gouvernement et la démission de Xavier Darcos, avait recueilli, mercredi, plus de treize mille six cents signatures électroniques. Elle n’était plus accessible en fin d’après-midi.
A Brest, le difficile apprentissage de la coordination
Publié le 11 décembre 2008
Affrontements, hier, boulevard Léon-Blum, à Brest : jets de pierre contre grenades lacrymogènes.
Photo Dominique Leroux
600 lycéens ont manifesté, hier, à Brest. Ceux qui s’étaient donné pour mot d’ordre de casser ont vite été freinés par les forces de l’ordre.
600 lycéens ont manifesté, hier, à Brest. Ceux qui s’étaient donné pour mot d’ordre de casser ont vite été freinés par les forces de l’ordre. Les autres s’organisent pour ne pas se laisser happer par les débordements. Trente policiers en tenue, sept équipes d’interpellation, cinq pour réguler la circulation et un escadron de 60 gendarmes venu de Chateauroux en renfort… Suite aux excès de violence générés, lundi et mardi, dans les rues de Brest par une cinquantaine de lycéens incontrôlables, le préfet a pris des mesures, hier, pour stopper les ardeurs des agitateurs. Dès 7 h 15, 200 élèves se sont postés devant le lycée Dupuy-de-Lôme. Objectif affiché : faire un barrage filtrant. Barrage devenu barricade, feux de poubelles et de palettes à la clé. Les pompiers ont dû intervenir pour éviter qu’il ne se propage aux voitures. Les policiers, eux, ont lancé quelques fumigènes pour disperser les troupes. Une partie a alors mis le cap sur le centre-ville en bloquant au passage la circulation sur le pont de l’Harteloire.
Deux lycéens interpellés
Pendant ce temps, quelque 80 lycéens de Vauban ont entrepris de faire irruption à La Croix-Rouge. La procession s’est vite transformée en affrontements avec les CRS, boulevard Léon-Blum : jets de pierres contre grenades lacrymogènes. Bilan : des vitres de voitures en éclats et un élève de Vauban, âgé de 15 ans, interpellé puis placé en garde à vue. Un second de 16 ans a été arrêté, un peu plus tard. Les deux seront présentés aujourd’hui au parquet.
Nouvelles actions attendues aujourd’hui
Déplorant ces agitations « gratuites et nuisibles », les lycéens de l’Iroise ont mis en place un véritable comité. Ici, pas d’appel à se regrouper lancé par SMS mais des assemblées générales en bonne et due forme et un message clair : « Non à la suppression de postes dans l’Éducation, encore non à la suppression de certaines matières et options, toujours non au projet de réforme des lycées même si ce n’est pas encore très clair ». Soutenus dans un communiqué par la FCPE du Finistère, ils ont défilé hier midi, calmement, tracts à la main, de leur établissement jusqu’à la sous-préfecture. Souhaitant éviter tout débordement, ils ont mis en place leur propre service d’ordre. Pour Lancelot, porte-parole du mouvement : « Pas question de se laisser discréditer par quelques casseurs inconscients ». En contact avec des représentants d’élèves de l’Harteloire et Amiral Ronarc’h notamment, il tente depuis deux jours de coordonner des actions. Pas facile. Le lycée Dupuy-de-Lôme a annoncé un nouveau blocus ce matin. Les autres préfèrent ne pas bouger…
Des incidents se sont produits ce matin à Brest, pour la quatrième journée consécutive, entre quelques dizaines de jeunes manifestants opposés à la réforme Darcos et les forces de l’ordre.
Les gendarmes mobiles ont tiré quelques grenades lacrymogènes contre un petit groupe de 150 à 200 jeunes, pour la plupart lycéens, qui tentaient de bloquer l’accès au pont de Recouvrance. Ces manifestants, sans banderoles ni slogans, ont de leur côté jeté des pierres contre les forces de l’ordre.
Le petit groupe, qui avait auparavant défilé dans la ville sans violences mais en perturbant le trafic, s’est ensuite rendu devant le lycée Dupuy de Lome, à proximité du pont, où il se trouvait en milieu de matinée.
Suite aux incidents répétés depuis le début de semaine dans de nombreux lycées brestois, blessant plusieurs personnes dont un proviseur, allant en s’accentuant au point que des tirs de grenades lacrymogènes ont été aujourd’hui effectués depuis la rue sur la cour et un toit du lycée Dupuy de Lôme, incommodant des centaines d’élèves et de personnels, semant la panique, (voir le reportage d’un collègue) Ci dessous.
La FSU du Finistère, réunie en CDFD à Châteaulin le 11 décembre :
exige la fermeture administrative de ces lycées tant que les autorités ne seront pas en mesure d’y assure la sécurité des biens publics et des personnes, dont des élèves mineurs ; exige que le ministre renonce aux milliers de suppressions de postes ainsi qu’à toute précipitation en matière de réforme du lycée, projets directement responsables de ces incidents graves
A Brest, les élèves demandent plus que le simple report du projet Darcos.
Le Finistère jusqu’au-boutiste
BREST, envoyé spécial
Jour calme hier à Brest où l’agitation lycéenne qui a sévi la semaine dernière, avec dégradations sur la voie publique et jets de pierres et de grenades lacrymogènes entre jeunes et forces de l’ordre, a connu un net reflux.
Depuis vendredi, les lycéens brestois ont commencé à s’organiser pour éviter les débordements. Des représentants ont été désignés et reçus en sous-préfecture hier matin. La décision de Xavier Darcos de reporter sa réforme de l’éducation n’a en revanche rien changé à leur détermination. Et, à l’entrée de la ville, devant les grilles du lycée de l’Iroise, dont le blocus avait été voté en assemblée générale vendredi et où ont été alignées des poubelles, la défiance reste grande vis-à-vis du ministre de l’Education nationale. «S’il se contente de reporter sa réforme d’un an, cela ne sert à rien, estime William, solide garçon de 18 ans, en terminale littéraire. En tout cas, il n’a pas dit qu’il la retirait et ce que nous voulons, ce sont de vraies modifications. On pense aussi aux générations qui vont venir derrière nous.» Foulard rouge autour du cou et petite barbichette au menton, Rémy campe sur la même position. «Xavier Darcos se prétend ouvert à la discussion mais ce ne sont que des mots, lâche-t-il. Quand on traite des manifestants d’analphabètes, c’est grave. Il n’a aucune intention de changer son texte. Il pense seulement que ce n’est pas le moment. Mais s’il reste sur ses positions, on fera pareil et on continuera tant qu’il n’y aura pas de changements».
«Paumés». Si certains élèves se sont intéressés de près aux projets de réformes du ministre de l’Education, il semble que la violence qui a pu éclater à Brest la semaine dernière, avec caillassages de salles de classes, bagarres entre jeunes ou destruction de mobilier urbain, soit aussi le symptôme d’un malaise plus profond. Ce n’est sans doute pas un hasard si le mouvement est parti des deux principaux lycées techniques et professionnels de la ville, les lycées Vauban et Dupuy-de-Lôme. «Dans les manifestations de la semaine dernière, il n’y avait aucun slogan, relève Jean-Christophe Quenéhervé, conseiller principal d’éducation à Dupuy-de-Lôme. Mais aux premiers rangs, on retrouvait les plus paumés, les plus déscolarisés. Ceux qui cumulent tous les problèmes familiaux et sociaux. On a senti une angoisse qui n’est sans doute pas sans rapport avec les effets de la crise mondiale. Avec des jeunes qui se demandent ce qu’ils vont faire et comment ils vont trouver leur place dans ce monde». Sur les deux panneaux accrochés aux grilles de ce lycée où 43 % des élèves sont issus des catégories socio- professionnelles défavorisées, on lit d’ailleurs aussi bien le nom de Xavier Darcos qu’une évocation de la «crise financière». Même si la suppression des BEP, des«parcours sans possibilités de réorientation» et une «sélection plus forte» sont aussi des craintes récurrentes.
Confinés. Tous ou presque s’accordent en tout cas à dire que les véritables «casseurs», pas toujours lycéens, qui ne sont là que pour en découdre, ne représentent qu’une minorité. «On voudrait organiser les manifestations proprement, souligne Pierre, 18 ans, en BTS de génie civil. Mais dès qu’il y a contact avec les CRS, ça déborde, on subit et on se fait gazer.» C’est ainsi que les 1 000 élèves du lycée Dupuy-de-Lôme se sont retrouvés confinés dans les salles de classes jeudi matin tandis qu’une bonne trentaine de grenades lacrymogènes tombaient dans la cour. Elèves de première et terminale générale dans un autre lycée, Camille et Marine, 16 ans et demi, gardent quant à elles les stigmates des dernières manifs pour avoir voulu s’interposer face à quelques jeunes «avec des capuches, venus seulement pour s’occuper». Trace d’hématome au front pour l’une, entorse pour l’autre, elles n’en demeurent pas moins mobilisées. «Avec les suppressions de postes, on va être combien par classe ? S’inquiète Camille. Et si on supprime les différences au niveau du bac, quelle valeur aura-t-il?»
C’ÉTAIT un risque. En annonçant lundi, en plein déplacement à l’étranger, qu’il reportait la réforme de la seconde pour se donner le temps de mettre à plat, dans un climat plus serein, la refonte totale du lycée, Xavier Darcos savait que le geste pouvait donner des ailes aux lycéens qui manifestent depuis dix jours. Qu’interprété comme une « reculade » de sa part, ou « une première victoire » contre lui, il pouvait faire renaître le lot de revendications sur les suppressions de postes par exemple. « Cela dit, nous confiait-il il y a deux jours, pour ce qui est des postes, le budget est fait ! » De façon prévisible donc, certaines organisations ont appelé à… amplifier la mobilisation. A l’image de la Fidl, un des principaux syndicats lycéens, qui a maintenu son mot d’ordre pour hier.
« La suspension n’est destinée qu’à casser et décrédibiliser notre mouvement »
De Rennes à la région Midi-Pyrénées, en passant par la Bourgogne, des établissements ont été bloqués, pour la première fois à Paris notamment. En province, on a défilé, parfois en cortège de plusieurs milliers de manifestants, dans les grandes villes, comme Nantes. « Lycéens révoltés, on ne veut pas être réformés » affichaient de nombreuses banderoles à Bordeaux. « La suspension annoncée n’est destinée qu’à casser et décrédibiliser notre mouvement », jure la Fidl locale.
La présidente nationale, Alix Nicolet, réclame carrément que le ministre « efface » sa réforme, redoutant… une stratégie machiavélique : « Nous craignons que Xavier Darcos fasse passer sa réforme en fin d’année ou pendant les vacances scolaires ». L’UNL, autre organisation lycéenne, enfonce le clou, sous le slogan « Le ministre recule, les lycéens avancent ». Mêmes arguments, même appel à renforcer la mobilisation, jeudi, puis à la rentrée de janvier. Devant les lycées bloqués, où l’on a pu voir flotter parfois un drapeau noir et où les mots d’ordre radicaux l’emportent sur le nombre de lycéens mobilisés, on évoque toujours les mêmes craintes : suppression du bac ou de certaines matières en seconde, des lycée au rabais…
Côté adultes, à l’exception du Snes, de SUD, ou du Parti des ouvriers indépendants (trotskiste) où l’on appelle à renforcer la mobilisation sur fond de « première victoire », un léger fossé semble s’être creusé hier avec les revendications des lycéens. Si les parents de la PEEP (à droite) déplorent le recul du ministre, l’Unsa, la Ligue de l’enseignement côté enseignants et même la FCPE, l’autre fédération de parents (à gauche) « prennent » sobrement « acte » de la décision de Darcos, tout en souhaitant toujours une réforme dont le lycée a besoin. Devant l’Assemblée hier, le ministre a répété qu’il ne reculait que « pour mieux sauter » et faire cette réforme en repartant de zéro. A Strasbourg, Nicolas Sarkozy a également assuré : « Cette réforme, je la soutiens, et elle se fera, en prenant le temps de l’écoute et de la concertation. »
Cette affaire riche en rebondissements débutée avec l’incendie de la maison de Jean-Jacques Le Page à Plougonvelin le 24 juillet 2009 a été examinée par la Cour d’assises du Finistère jusqu’à vendredi dernier, 10 mars 2017, à compter du mardi 28 février 2017.
La principale accusée a été condamnée à une peine de vingt ans de réclusion criminelle assortie de dix ans de sûreté.
Elle a sitôt fait connaître son intention de faire appel, et Jacques Pradel consacrait déjà à cette affaire l’une de ses émissions sur RTL, hier, lundi 13 mars 2017.
En effet, à l’issue de ce premier procès, de nombreuses zones d’ombre concernant l’ensemble des faits en question interrogent toujours, rendant la vérité judiciaire bien incertaine.
Pour ma part, je rappelle que j’avais été définitivement bannie du site Rue89 le 31 juillet 2009 alors que je commentais un article relatif à cette affaire et me faisais copieusement insulter par le « déconnologue » répondant au pseudonyme de « Homere ».
Originaire de l’Hérault et résidant en Thaïlande où il exerce notamment comme hôtelier depuis de nombreuses années, cet homme d’affaires très trouble se signalant depuis 2008 comme l’un des membres les plus éminents de la bande de cyberdélinquants du malade mental extrêmement dangereux Pascal Edouard Cyprien Luraghi tenait absolument à me faire taire sur le milieu dans lequel le crime s’était produit.
Par la suite, il se revendiquera « bras armé du NPA en Thaïlande » et avouera être l’organisateur de tous les harcèlements et campagnes de calomnies publiques dont j’étais victime depuis le mois de février 2009, ayant également concerné mon médecin-traitant, touché par ce crime de Plougonvelin.
Or, cette affaire criminelle a été instruite par les mêmes juges ultra CORROMPUS qui ont aussi toujours traité à l’envers toutes les affaires m’opposant à Josette Brenterch du NPA de Brest et ses divers complices, notamment ceux de la bande du psychopathe Pascal Edouard Cyprien Luraghi.
Leur instruction, terminée très précisément le jour de ma condamnation illégale, le 11 juin 2013, est aujourd’hui clairement mise en cause par les avocats de la défense.
Affaire Le Page. Vers un procès aux assises en 2016
Publié le 30 avril 2015
Modifié le 30 avril 2015 à 07h34
Revoilà le meurtre de Jean-Jacques Le Page, survenu dans la nuit du 23 au 24 juillet 2009 dans sa résidence de Plougonvelin, en première ligne. Mais cette fois-ci, il s’agira d’en écrire l’épilogue puisque la cour d’appel de Rennes vient de confirmer, dans un arrêt du 27 mars, la décision du juge d’instruction brestois de renvoyer William Rolland et Laëtitia Monnier, dite « Lola », devant la cour d’assises du Finistère.
En revanche, Habib, le troisième homme, un temps dénoncé par Laëtitia Monnier et suspecté d’être le « corbeau » de cette histoire à rallonge, n’est pas renvoyé devant la juridiction criminelle. Presque cinq ans après les faits, les deux jeunes gens renvoyés aux assises sont libres. Ce qui ne devrait pas inciter la cour d’assises à aller vite pour programmer un procès que l’on devine fleuve et qui pourrait occuper la juridiction entre une et deux semaines. Joint, l’avocat de William Rolland, Me Patrick Larvor, estime que le procès pourrait se tenir lors du premier semestre 2016. Mais pour l’heure, aucune date n’est arrêtée.
Reste que l’audience promet d’être animée, même quelques années après les faits et cette procédure qui n’en a jamais fini de rebondir. Car à cette heure, Lola nie en bloc et William Rolland joue toujours sur quelques incohérences qui lui sont favorables mais aussi sur la rétractation d’aveux passés une fois en garde à vue mais jamais renouvelés depuis. Bref, la tâche de la cour d’assises s’annonce des plus ardues.
Meurtre de Plougonvelin (29). Retour sur les lieux du crime [Diapo]
Publié le 09 novembre 2009 à 12h22
Modifié le 10 novembre 2009 à 07h43
Un pas de plus vers l’éclatement de la vérité.
Les juges d’instruction saisis de l’affaire Jean-Jacques LePage se sont rendus hier sur les lieux du meurtre, à Plougonvelin, en compagnie de tous les protagonistes de l’affaire. La reconstitution de la nuit du 23 au 24 juillet derniers a duré toute la journée.
«Faites venir mademoiselle Monier». La voix claire de la juge d’instruction Mathilde Boissy met fin aux conversations qui se tiennent aux abords de la grille de la villa de Jean-Jacques Le Page, fermée depuis le drame par des scellés et un cadenas. En une seconde, le silence devient lourd autour de la procession judiciaire qui se met en route le long du chemin de gravillons qui mène à la porte d’entrée de la belle demeure totalement sinistrée. Un camion de pompiers suit, une voiture de gendarmerie aussi. La bâche, battue par les vents et mangée par la pluie depuis le jour du sinistre, qui hier encore laissait voir le lieu du drame à travers sa béance, est à nouveau totalement déployée. Quatre gendarmes se postent devant. Il est 9h15, dans le matin clair illuminant ce lieu idyllique, juché au-dessus de la mer, au milieu de résidences cossues. La reconstitution du meurtre de Jean-Jacques Le Page commence. Circulez, il n’y aura plus rien à voir.
Une heure avant l’entrée pesante du drôle de cortège. Une première voiture de gendarmerie arrive. Personne ne sait combien de temps va durer la reconstitution ordonnée dans le cadre de l’enquête par les juges Boissy et André. Petit à petit, le déploiement de gendarmes devient imposant. L’on s’affaire. Des plots sont disposés le long de la chaussée, un mannequin en mousse et un couteau en plastique sont apportés. Les avocats de la défense et des parties civiles arrivent au compte-gouttes, presqu’avec la procureure Lemoine. Les juges suivent. Laëtitia Monier, dite Lola aussi. En toute discrétion, ou presque. À l’arrière d’une voiture simple de la gendarmerie, la jeune fille cache son visage à l’aide d’un gros anorak sans forme. Un moment, elle sort de la voiture et montre brièvement, de dos, sa frêle silhouette. Elle porte des habits amples, et sa féminité n’apparaît qu’au hasard d’ongles vernis entraperçus.
Quel impact?
Le dernier à arriver est l’avocat de William Rolland, le prétendu complice libéré depuis le 12 octobre. Son client le suit, libre comme l’air. Il marche d’un pas lent. Grand, mince, les cheveux noirs dressés par du gel, il semble un peu perdu dans le cortège. Son rôle sera déterminant, pourtant. À son innocence proclamée, Laëtitia Monier continue de marteler son implication. Que s’est-il dit de plus dans le huis clos savamment pensé hier? Mystère. Le secret de l’instruction est impénétrable, mais il n’est pas besoin de sortir de Polytechnique pour savoir que la vérité mettra bien du temps à éclater, dans l’«affaire Le Page». Peut-être que cette reconstitution fleuve, achevée après 18h sur la plage où Laëtitia Monier a été vue le lendemain, permettra de faire avancer certaines convictions.
Meurtre de Plougonvelin (29). La libération de Lola se décide aujourd’hui
Publié le 04 février 2011
Modifié le 04 février 2011 à 07h24
Le corps de Jean-Jacques Le Page avait été retrouvé dans sa maison de Plougonvelin, le 24 juillet 2009. Photo archives Eugène Le Droff
Depuis 18 mois, Lola est en prison. Mise en examen pour l’assassinat d’un retraité de Plougonvelin (29), la jeune femme clame son innocence, crie à l’injustice, et veut être libérée. La cour d’appel de Rennes, qui dira aujourd’hui si la détention doit être prolongée.
C’est une jeune fille mince aux longs cheveux clairs et au visage d’adolescente. Seuls son regard sûr et la clarté de son élocution trahissent ses 26 ans. Sans doute reflètent-ils aussi les difficultés d’une vie peu commune: elle n’a jamais connu l’école durant dix ans de nomadisme à travers l’Europe, en compagnie de sa mère. Elle s’est installée seule à Brest à l’âge de 20 ans. Après avoir exercé des petits boulots, elle est embauchée dans un bar à hôtesses. C’est là qu’elle sombre dans l’alcool et les drogues dures et qu’elle rencontre Jean-Jacques Le Page.
Le 24 juillet 2009, trois semaines après leur rencontre, le corps carbonisé de Jean-Jacques Le Page est découvert dans les décombres de sa maison du Trez-Hir, à Plougonvelin. L’autopsie révèle qu’il est mort d’un «traumatisme cérébral majeur» suivi de coups de couteau. Plus tard, on devait aussi retrouver un plomb d’arme à grenaille dans l’une de ses orbites. Lola (Laëtitia Monier pour l’état civil) avait été aperçue la veille au soir non loin de là et le jour du drame, des témoins l’ont vue, l’air égaré, portant un sac contenant un couteau. Elle est interpellée peu de temps après et mise en examen pour assassinat. La forte consommation d’alcool de la soirée, ajoutée au valium ingurgité en substitution à l’héroïne, a sans doute rendu ses souvenirs nébuleux. Mais elle tente de raconter cette soirée au Trezh-Hir au cours de laquelle elle aurait fait entrer dans la maison de la victime son complice, William Rolland, venu pour voler argent et objets de valeur. Selon elle, les deux hommes se seraient battus à l’étage. Lorsqu’elle est montée, Jean-Jacques Le Page était au sol mais vivant. Elle aurait alors quitté les lieux dans un état second. À l’en croire, c’est son complice qui aurait ensuite tué la victime et mis le feu à la maison pour faire disparaître le cadavre. William Rolland, parti à Marseille après les faits, a été interpellé là-bas.
Des aveux mais pas d’ADN
Placé en garde à vue, il aurait fait des aveux aux enquêteurs. Des aveux sur lesquels il est revenu, dénonçant «la pression» dont il avait fait l’objet lors de l’interrogatoire. La police scientifique a retrouvé des traces de l’ADN de Laëtitia Monier mais elle n’a rien trouvé qui puisse établir la présence de William Rolland. Ce dernier a d’ailleurs été remis en liberté, voici un peu plus d’un an. La jeune femme, qui maintient ses accusations et ses déclarations d’innocence, a vécu cette libération comme une injustice. Le juge d’instruction de Brest a d’ailleurs estimé, la semaine dernière, que la détention avait assez duré, en rendant une ordonnance de mise en liberté sous contrôle judiciaire. Le parquet avait alors fait appel et c’est la chambre de l’instruction de la cour qui va maintenant décider.
Confrontation le 17 février
Pour l’avocate générale, il convient de prolonger la détention. «Il faut pouvoir continuer les investigations», a-t-elle dit. «Une expertise sur des traces de chaussures est en cours et des confrontations doivent avoir lieu rapidement». Le résultat de ces expertises, qui pourraient établir la présence sur les lieux de William Rolland, devrait être connu avant trois mois. Quant aux confrontations, la prochaine est prévue le 17 de ce mois. Selon la défense, Laëtitia Monier «porte le chapeau» et tout, dans ce dossier, concourt à établir qu’elle n’a pas tué: pas de mobile, des vêtements sans taches de sang, un couteau dont elle se serait évidemment débarrassé si elle avait tué et le fait qu’elle soit restée à Plougonvelin. Pour Me Appéré, son maintien en détention n’est dû qu’à une chose: «La justice n’aime pas reconnaître ses erreurs», a-t-il lancé en remarquant que les investigations en cours concernent uniquement William Rolland. «Il est difficile de se dire qu’on a peut-être remis le coupable en liberté».
L’instruction n’ayant pas «démontré ce qu’il s’est réellement passé» dans la nuit du 23au 24juillet 2009, la cour d’appel a décidé de la remise en liberté de Lola. Photo archives Steven Le Roy
Incarcérée depuis deux ans dans l’affaire du meurtre de Jean-Jacques Le Page, retraité de Plougonvelin (29), Laëtitia Monier – dite Lola – va être remise en liberté. Ainsi en a décidé, hier, la chambre de l’instruction de la cour d’appel.
Le matin du 24 juillet 2009, les pompiers retrouvaient le corps calciné de Jean-Jacques Le Page dans les décombres de sa maison du Trez-Hir, à Plougonvelin, détruite par un incendie. L’autopsie devait révéler que l’homme était mort après avoir reçu un choc violent à la tête, quinze coups de couteau et un plomb de pistolet à grenaille dans l’oeil.
Médicaments alcool et confusion
Laëtitia Monier, qui avait été vue sur les lieux dans la soirée du 23, était interpellée peu de temps plus tard. La jeune femme, une employée de bar de Brest connue de la victime sous le nom de Lola, a livré un témoignage d’une grande confusion en raison des anxiolytiques et de l’alcool qu’elle avait absorbés. À l’en croire, elle se serait rendue chez Jean-Jacques Le Page, qu’elle connaissait depuis peu, en compagnie d’un ami qui devait y commettre un cambriolage. L’opération se serait mal passée, s’achevant par un pugilat au cours duquel son complice aurait tué la victime avant d’allumer l’incendie et de prendre la fuite. Elle-même est restée au Trez-Hir où elle a été retrouvée-errant sur la plage-par des baigneurs qui ont, par ailleurs, indiqué avoir aperçu un couteau rougi dans son sac à main.
Aveux et rétractation
Le complice désigné, William Rolland, avait pris le train à Brest quelques heures après l’incendie, pour se rendre à Marseille où il a été interpellé quelques jours plus tard. Interrogé durant sept heures, il a avoué le meurtre en corroborant la version nébuleuse de Laëtitia Monier. Avant de se rétracter. Les deux jeunes gens ont été mis en examen pour assassinat, et placés en détention. William Rolland devait être mis en liberté deux mois plus tard, sous contrôle judiciaire. Lola, sans doute victime de l’imprécision de son témoignage et des modifications de versions livrées aux enquêteurs, aura dû attendre deux ans.
Mystérieuse lettre anonyme
«À chaque investigation, les charges contre Mlle Monier s’affaiblissent», a plaidé, devant la cour, son avocat Pierre Tracol, en décrivant une jeune femme bien plus maladroite que manipulatrice. «Il n’y a pas de mobile et aucun élément ne la relie au crime, sauf le fait d’avoir été vue sur les lieux», porteuse d’un «couteau souillé de traces apparemment anciennes». Un couteau qui n’avait pas été retrouvé au Trez-Hir là où Laëtitia Monier avait indiqué avoir laissé son sac, mais découvert à Brest plus de 20 mois plus tard grâce à une mystérieuse lettre anonyme indiquant le lieu où il avait été caché. «On n’y a décelé aucune trace de sang, ni aucune empreinte génétique», poursuit l’avocat. «L’instruction n’a pas démontré ce qu’il s’est réellement passé», a reconnu l’avocat général en requérant néanmoins- mais sans grande conviction-le maintien en prison. Cette fois, la cour ne l’a pas suivi et a infirmé l’ordonnance de prolongation de détention prise par le juge des libertés et de la détention. Les investigations qui vont se poursuivre devront éclaircir bien des mystères avant qu’un procès puisse avoir lieu.
Saura-t-on jamais ce qu’il s’est réellement passé dans la nuit du 23 au 24 juillet 2009, au sein du domicile de Jean-Jacques Le Page ? (Photo Archives Eugène Le Droff)
Plus de deux ans après le meurtre de Jean-Jacques Le Page, à Plougonvelin (29), les deux mis en examen sont libres, placés sous contrôle judiciaire et attendent désormais les suites judiciaires à cette affaire. À l’heure où l’instruction de cet incroyable dossier tire à sa fin, «Lola» et William Rolland n’en finissent plus de clamer leur innocence.
Lola
Laëtitia Monier, dite «Lola» ou encore appelée «Marie» par William Rolland est incontestablement le personnage clé de cette affaire. Cette jeune femme, aujourd’hui âgée de 27 ans, a été la première interpellée le 29 juillet 2009, cinq jours après le meurtre de Jean-Jacques Le Page. Employée au «46», un bar à hôtesses du centre-ville de Brest, elle l’avait rencontré peu de temps avant et avait accepté, ce fameux soir du 23 juillet, de le suivre dans sa résidence plougonvelinoise.
Que s’est-il passé là-bas ? Quelques certitudes : elle et lui ont mangé vers 20 h dans une cafétéria brestoise puis se sont rendus sur la côte vers 20 h 35. Dans la résidence de ce retraité, ils ont bu un verre ensemble. Des traces d’ADN appartenant à la jeune femme ont ainsi été collectées sur le verre. Il ressort également que Lola a rencontré un groupe de jeunes à la sortie d’un bar de la station balnéaire. Il est alors 23 h 30, une photo sera prise avec un téléphone portable à 23 h 57. Elle se rend ensuite dans une villa où la fête se poursuit. L’un des jeunes va voir deux couteaux dans un gros sac. Les lames seraient ensanglantées, «mais avec du vieux sang, comme le disent les témoins», corrige le nouvel avocat de Laëtitia Monier, Me Pierre Tracol.
Il apparaît encore qu’à l’heure de midi, le lendemain, Lola va aller se baigner à la plage du Curé tout habillée. Là encore, les couteaux sont vus comme ils seront vus par ceux qui vont finalement la prendre en stop jusqu’à Brest. En juin 2011, près de deux ans après les faits, la juge Mathilde Boissy reçoit une lettre anonyme lui indiquant que les couteaux et le sac se trouvent dans le quartier de Recouvrance, à Brest. Sur l’enveloppe, une trace d’ADN a été trouvée, mais pas identifiée. Les objets sont pourtant récupérés, analysés. Les lames sont souillées, «mais par aucune trace de sang humain», avance son avocat qui estime que cette piste s’essouffle et joue aujourd’hui en faveur de Lola.
Car la jeune femme a toujours nié le crime, même si ses versions sur la scène qu’elle aurait vue, puis seulement aperçue, ont varié au fil du temps. La faute, selon sa défense, à «une personnalité plastique qui épouse toujours la version de son contradicteur». Elle n’a jamais contesté s’être rendue chez Jean-Jacques Le Page mais a mis en cause tour à tour William Rolland puis un certain Habib comme responsables du meurtre. Elle assure même s’être sauvée de la maison lorsque, selon elle, une bagarre aurait éclaté entre le retraité et William Rolland qui serait venu cambrioler la maison. Mais où ? Au rez-de-chaussée de la résidence comme elle a commencé par le dire ? Ou dans la chambre à l’étage où le corps dénudé, seulement vêtu d’une ceinture herniaire, et calciné de Jean-Jacques Le Page a été retrouvé ? Là encore, ses versions divergent.
Lors d’audiences publiques, la jeune fille a montré un visage mystique, habitée par une grande foi catholique. Il a été prouvé par le biais d’une expertise qu’elle est toujours vierge. Elle n’a cessé de demander sa libération qui est finalement intervenue à la mi-août. «Six mois avant, le juge brestois Fransois avait déjà raison en la libérant», s’indigne Me Tracol.
William Rolland
Une constante : ce grand échalas lymphatique, vu errant à la reconstitution du 9 novembre 2009, a toujours été mis en cause par Lola. Aujourd’hui âgé de 24 ans, William Rolland n’a purgé que deux mois de détention provisoire à la suite d’aveux passés en garde à vue, à Marseille. Il s’est rétracté lors de sa première audition devant le juge d’instruction et depuis, il certifie ne s’être jamais rendu sur les lieux. Épaulé par Me Patrick Larvor, William Rolland met en avant des horaires incompatibles avec la commission du meurtre : son portable a déclenché une borne à Brest à 22 h 30 et son voisin l’a accueilli à 23 h 58. Il a ensuite été vu en bas de la rue de Siam, à Brest, à plus de 30 km de la scène de crime. Il lui reste donc une heure et demi pour faire l’aller-retour mais William Rolland n’a ni voiture ni permis de conduire. Aucun taxi n’a fait la route.
Contre lui, il ne reste que les versions de Lola, une trace de chaussure laissée sur la cuvette des toilettes «compatible avec la sienne mais il n’est pas certain que ce soit la sienne», dit l’expertise, et les aveux. Aveux érodés par l’expertise psychologique du jeune homme qui montre un comportement infantile et l’impossibilité de subir la pression sans craquer. Il aura aussi à expliquer pourquoi, au lendemain du crime, il a pris le train avec son voisin pour Marseille. Une coïncidence, a-t-il toujours expliqué.
La victime
Alors qui ? Lola et William Rolland ? Un des deux ? Aucun des deux ? «Je m’interroge sur le mobile et sur la présence d’un tiers», suppute aujourd’hui Pierre Tracol. Il a dans ses cartes une empreinte ADN n’appartenant à personne de connu et retrouvée sur un bouton de volet. Et il reste encore l’emploi du temps de Jean-Jacques Le Page à éclaircir. Pourquoi a-t-il téléphoné à Lola le soir fatal, à 21 h 40 ? Pourquoi a-t-il été vu en train «de chercher quelqu’un» dans un café voisin entre 20 h 30 et 21 h 45? Lola dit avoir été la dernière personne à l’avoir vu vivant, avant la rixe. Peu après, certainement, un voisin l’ayant reconnu route de la Corniche, près de chez lui. Il était alors 22 h 30…
Publié le 16 octobre 2011 à 11h58
Modifié le 16 octobre 2011 à 14h47
Laëtitia Monier, dite « Lola », impliquée dans une rixe à la sortie d’une discothèque, au port de commerce à Brest, dans la nuit de vendredi à samedi, a été placée en garde à vue. Elle sera déférée devant le parquet de Brest, cet après-midi.
Alcoolisée, « Lola« , âgée de 27 ans a tenté de subtiliser le téléphone portable d’une jeune femme de 24 ans, à l’aide d’une bombe lacrymogène et d’un couteau dont elle aurait menacé sa victime.
Publié le 10 novembre 2011 à 19h00
Modifié le 10 novembre 2011 à 19h09
L’affaire Le Page rebondit encore, trois ans et demi après le meurtre de Jean-Jacques Le Page, à Plougonvelin, près de Brest. Selon nos sources, l’enquête est relancée et pourrait durer encore une bonne année. Cette actualité tient à deux faits nouveaux.
D’une part, un caméscope, partiellement calciné, aurait été retrouvé dans les décombres de la chambre de la victime. Il serait en bon état et montrerait des scènes assez chaudes, mais sans Lola.
Par ailleurs, une expertise graphologique de la lettre anonyme reçue par les juges d’instruction et qui indiquait, avant l’été, où se trouvaient un sac et des couteaux ayant peut-être servi au crime, est en cours.
Dire que l’affaire Le Page rebondit encore, trois ans et demi après le meurtre initial de Plougonvelin, peut paraître surréaliste. Et pourtant! Selon nos sources, l’enquête repart pour un tour qui pourrait encore durer une bonne année. Cette actualité tient à deux faits nouveaux. D’une part, la fille de Jean-Jacques Le Page, lors d’une visite de la maison, située route de la Corniche, aurait retrouvé dans les décombres de la chambre un caméscope partiellement calciné mais dont la cassette VHS serait en bon état et montrerait des scènes assez chaudes, mais sans Lola. Ce matériel sera bien évidemment examiné avec le plus grand soin mais à cette heure, le parquet se refuse à imaginer que l’appareil ait pu être déposé postérieurement au crime de l’audioprothésiste. Pour autant, il a demandé de dater l’appareil. Dans le même ordre d’idée, sans qu’il n’y ait nécessairement de cause à effet, une expertise graphologique de la lettre anonyme reçue par les juges d’instruction et qui indiquait, avant l’été, où se trouvaient un sac et des couteaux ayant peut-être servi au crime, est en cours. Il y a deux semaines, William Rolland et Laëtitia Monnier, les deux seuls mis en examen pour l’assassinat de Jean-Jacques Le Page, ont été priés de se présenter au palais de justice pour des exercices d’écriture. Les résultats ne sont pas encore connus. Mais une question demeure. Quelqu’un, très proche de l’enquête et qui, selon nos informations, disposerait d’informations encore tenues secrètes, semble désormais tourner très près de la gigantesque nébuleuse de ce fait divers qui tient en haleine enquêteurs et machine judiciaire depuis maintenant trois ans.
Dégradations à Brest. « Lola » hospitalisée d’office
Publié le 13 janvier 2012 à 09h10
Décidément, « Lola » n’a pas fini de faire parler d’elle. Mise en examen depuis juillet 2009 dans l’enquête sur l’assassinat de Jean-Jacques Le Page à Plougonvelin (29), Laëtitia Monier, dite « Lola« , a purgé deux ans de détention provisoire. Remise en liberté, sous contrôle judiciaire, en août dernier, elle a de nouveau été interpellée en octobre.
La justice lui reprochait cette fois un vol de téléphone portable avec violence ayant entraîné une incapacité de travail et un port d’arme illégal (un couteau). Pour ce délit, elle a été condamnée en décembre dernier à quatre mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel. À peine un mois plus tard, « Lola » s’est encore fait remarquer.
Mardi soir, place Guérin, à Brest, elle a été arrêtée après avoir dégradé une dizaine de véhicules en stationnement. La jeune femme n’était visiblement pas dans un état normal. Incapable d’être entendue par la police, elle a fait l’objet d’une procédure d’hospitalisation d’office.
Meurtre de Plougonvelin. Le procès du 28 février au 10 mars à Quimper
Publié le 03 novembre 2016 à 20h17
Photos d’archives Steven Le Roy
Le meurtre de Jean-Jacques Le Page, en juillet 2009, à Plougonvelin (29), donnera lieu à un procès fleuve qui se tiendra du 28 février au 10 mars 2017, à Quimper.
Presque huit ans. C’est le temps qu’il aura fallu pour pouvoir audiencer le procès aux assises de Laetitia Monier, dite « Lola », et de William Rolland. Ils seront renvoyés à Quimper du 28 février au 10 mars pour le meurtre de Jean-Jacques Le Page, survenu à Plougonvelin (29), en juillet 2009.
Ils sont également mis en accusation pour la destruction du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes. La cour s’est donc donné du temps pour plonger dans cette nuit mystérieuse où cet audioprothésiste de 68 ans a été lardé de quinze coups de couteau avant que sa résidence surplombant la mer ne soit incendiée.
Dix jours de débats
L’enquête, riche en rebondissements et controverses, permettra-t-elle d’asseoir la culpabilité des deux accusés ? Les dix jours de débat ne seront sans doute pas de trop pour parvenir à une vérité judiciaire qui sera, sans nul doute, difficile à établir.
L’accusation sera portée par l’avocat général Emmanuel Phelippeau tandis que Laetita Monier sera défendue par Mes Pierre Tracol et Pierre Rustique. William Rolland, libre depuis octobre 2009, sera pour, sa part, assisté de Mes Patrick Larvor et Thierry Fillon. Trois parties civiles seront également représentées.
Une reconstitution du crime avait eu lieu le 9 novembre 2009, dans la maison bourgeoise, à Plougonvelin.
Ce mardi, un procès hors normes s’ouvrira aux assises de Quimper. Un procès qui affole le temps, qui affole la raison, qui affolerait même les scénaristes les plus fous. Ce mardi, s’ouvrira à Quimper le procès de Lola et de William Rolland, renvoyés tous deux pour l’assassinat de Jean-Jacques Le Page, à Plougonvelin (29), il y a presque huit ans.
Les pompiers auraient dû écouter la voix de cette femme, qui les appelle dans la nuit du 23 au 24 juillet 2009. Elle habite Plougonvelin, station balnéaire sur la mer d’Iroise, à une trentaine de kilomètres de Brest. De sa fenêtre, route de la Corniche, elle voit de la fumée s’échapper de la maison de Jean-Jacques Le Page. Mais par un hasard lourd de conséquences, les pompiers ne se déplacent pas ou tout au moins pas avant la matinée du lendemain. En ouvrant la porte, les flammes bondissent en trouvant de l’air et embrasent en un rien de temps la coquette villa d’un retraité de 68 ans, bien connu dans son lieu de villégiature mais également à Brest où il fut un audioprothésiste de renom. Ce sont les pompiers qui seront les premiers mis sur le gril, s’excusant de leur négligence une fois le corps calciné du propriétaire retrouvé dans des décombres brûlés puis noyés par l’eau.
Mais à l’autopsie du corps, la responsabilité des pompiers va s’évanouir illico. Avant d’être la proie des flammes, Jean-Jacques Le Page a été lardé de quinze coups de couteau. Personne ne se doute encore que s’ouvre à ce moment précis une histoire criminelle qui ne donnera jamais, quoi qu’il arrive, son intégrale vérité.
La faute à plusieurs éléments. Factuels d’abord : sur place, les gendarmes peinent à collecter des éléments fiables dans cette maison trop endommagée. Mais surtout, l’arrestation quelques jours plus tard de Laëtitia Monnier, une call-girl surnommée Lola, alors âgée de 24 ans, va faire basculer l’affaire au-delà du raisonnable, notamment en raison de la personnalité de celle qui sera dès demain, au coeur du procès.
William, Habib et les versions dissonantes
Jean-Jacques Le Page a rencontré Lola dans un bar à hôtesses de Brest, le « 43 », en plein centre-ville, quelques semaines ou mois plus tôt. Après son arrestation, Lola ne restera constante que sur deux points. Oui, elle a été chez lui ce soir-là et non, elle ne l’a pas tué. Pour le reste, elle va servir aux enquêteurs des explications aussi mouvantes que les sables. Dès le début de l’enquête, elle met en cause William Rolland, un échalas un peu mou, copain de galère de la jeune fille, sur la rive droite brestoise. Il est arrêté à Marseille, début août 2009, et avoue en garde à vue le meurtre du sexagénaire. Avant de se rétracter presque aussitôt.
Plusieurs questions se posent rapidement. Contre lui, celle de son voyage à Marseille au lendemain du meurtre. « Un hasard » répondra-t-il constamment. Pour lui, ce bornage téléphonique de la soirée du 23 juillet qui montre son impossibilité temporelle d’avoir fait le voyage Brest-Plougonvelin aller-retour. Surtout que William Rolland n’a pas de permis, pas de voiture et qu’aucun taxi n’a fait la route ce soir-là. Contre toute attente, William Rolland est remis en liberté à peine plus de deux mois après son arrestation, ne subissant qu’un contrôle judiciaire spécialement léger.
Lola mettra aussi en cause un certain Habib qui parviendra à se dédouaner sans difficulté. Mais des mois après le crime, la juge d’instruction Mathilde Boissy reçoit une lettre anonyme lui indiquant où se cachent les couteaux ayant servi au meurtre. Ils sont retrouvés dans un sac, à Recouvrance, ensanglantés mais le sang s’avérera être animal. Il s’avérera de la même manière que c’est Habib qui a écrit la lettre…
Le mystère Lola
Et il y a Lola. Catholique convaincue, brandissant devant le juge des libertés et de la détention un certificat de virginité. Lola, récupérée errant dans les rues de Plougonvelin le soir du drame par une troupe de jeunes en goguette et qui l’amèneront chez eux. Où des couteaux seront vus. Et seront revus le lendemain par une famille pique-niquant sur une petite plage dite du Curé, alors que Lola se baigne habillée.
Que s’est-il passé chez Jean-Jacques Le Page ce soir du 23 juillet 2009 ? Pourquoi le retraité a-t-il été vu rue de la Corniche vers 22 h 30, « en cherchant quelqu’un » ? Huit ans d’instruction, de navettes judiciaires et de rebondissements n’auront pas suffi à faire la lumière intégrale. Le procès d’assises permettra-t-il de lever les zones d’ombre ?
Affaire Le Page. Neuf jours d’audience pour un stock de questions
Publié le 27 février 2017 à 00h00
Modifié le 27 février 2017 à 05h07
Le procès de Lola et de William Rolland s’ouvrira demain et durera jusqu’au vendredi 10 mars. Il faudra, en effet, du temps pour éclaircir les zones mystérieuses qui planent encore sur ce dossier.
La personnalité de la victime. La personnalité de Jean-Jacques Le Page devrait aussi prendre du temps aux juges et aux jurés. Homme reconnu et apprécié, il avait toutefois un goût pour les bars à hôtesses où il avait rencontré Lola. Quelle était la nature de leur relation ?
Certaines sources proches de l’enquête affirment qu’à l’époque du printemps 2009, l’homme aurait nourri un sérieux béguin pour la jeune fille. Une époque où en parallèle, il avait reconnu une fille naturelle déjà majeure, qui sera partie civile au procès, ainsi que son fils et sa soeur.
Le mystère de la bille de plomb. Lors de l’autopsie, le médecin légiste a retiré de l’orbite de la victime une bille de plomb semblable à une grenaille tirée à l’aide d’une arme à feu. Mais aucun pistolet n’a été retrouvé… De la même façon, comment expliquer qu’un caméscope ait été retrouvé lors de la rétrocession de la maison à la famille plus d’un an après le drame ? L’appareil se trouvait en état de marche sous le lit. Et encore, cette trace de semelle de chaussure de marque Van’s sur la lunette des toilettes. « Elle est compatible avec les chaussures de William Rolland mais rien n’indique que ce soit la sienne ».
L’avant-soirée à Plougonvelin. Il est acquis qu’en début de soirée Jean-Jacques Le Page a récupéré Lola et qu’ils ont fait route ensemble de Brest vers son domicile.
Il l’a invitée à dîner dans une cafétéria puis ils sont rentrés. Après ? On sait que l’homme a été vu dans un café voisin entre 20 h et 21 h 45 « en train de chercher quelqu’un ». On sait aussi qu’il a téléphoné à Lola vers 21 h 40. Pourquoi ? Pas de réponse connue pour l’instant.
Un témoin clé s’est fait porter pâle, hier, à une semaine de son audition, soulevant la colère de Mes Rajjou, Balan et Launay, avocats des parties civiles.
Une nouvelle fois, Lola a varié dans ses explications, ce mardi, au premier jour du procès du meurtre de Jean-Jacques Le Page, en 2009, à Plougonvelin. La cour d’assises du Finistère a commencé à se pencher sur la personnalité des deux accusés.
« Je prends du valium depuis dix ans. J’ai des trous de mémoire ». Cheveux noirs tirés en arrière, Laëtitia Monier, dite Lola, a perdu de sa superbe. « À l’époque, vous étiez drôlement jolie. Ça ne veut pas dire que vous ne l’êtes plus », commente Me Balan, l’un des avocats des parties civiles. Hier, au premier jour du procès du meurtre de Jean-Jacques Le Page, tué dans la nuit du 23 au 24 juillet 2009, à Plougonvelin, la jeune femme qu’il avait rencontrée au « 43 », un bar à hôtesses brestois, a livré une nouvelle version des faits.
Lola a continué à crier son innocence, évoquant un projet de cambriolage imaginé par William Rolland, son coaccusé. Un projet qui aurait mal tourné, conduisant à la mort du commerçant, retraité de 67 ans. Son corps calciné, lardé de quinze coups de couteau, avait été retrouvé dans les décombres de sa maison du boulevard de la Corniche.
Selon sa nouvelle version, elle aurait été invitée à quitter les lieux par la victime qui était parvenue à désarmer son ami. Évoquant la présence d’un certain Habib -dont l’implication a été écartée au cours de l’instruction- elle décrit, de façon décousue et incohérente, avoir ramassé le couteau sur la plage pour le placer dans son sac, avant d’être appelée par la victime. L’un des deux couteaux ensanglantés vus dans la nuit par un groupe de jeunes qui l’avait prise en stop, puis par des témoins, le lendemain, sur la plage.
« Ça fait beaucoup de choses qui changent », lui fait remarquer la présidente, Claire Fouquet-Lapar. « Ce n’est pas clair dans ma tête », admet Lola.
« J’ai menti »
Une jeune femme sous le joug de sa mère qu’elle qualifie d’accaparante. Depuis ses 7 ans, les deux femmes ont longtemps vécu en vase clos. Privée de scolarité au gré de la pérégrination des deux femmes en Europe, elle évoque la prostitution de sa mère comme modèle. Elle était devenue à son tour hôtesse dans des bars brestois, « parce qu’on ne couche pas en France », insiste celle qui défend la virginité par conviction religieuse. « Ce n’est pas contradictoire ? », questionne Claire Fouquet-Lapar. « La masturbation, pour moi, ce n’est pas de la prostitution. C’est une sorte de massage », soutient Lola.
Si elle n’a jamais formellement désigné « Will » comme l’auteur des coups de couteau, la jeune femme s’est montrée encore plus prudente, hier : « Je ne pense pas qu’il ait tué le monsieur. Il a dû s’enfuir avant. Tout ce qu’il voulait, c’était l’argent ». « Lors de votre première audition, vous avez dit avoir vu Jean-Jacques Le Page avec du sang », lui rappelle la présidente. « J’ai menti », répond l’accusée.
Le témoin clé absent
« On m’a traîné dans la boue », martèle William Rolland. Le jeune homme, âgé de 29 ans, s’était rétracté devant le juge d’instruction après avoir livré des aveux qu’il dit extorqués. Pourtant décrit comme intelligent, il avait reconnu être l’auteur des coups. « William, c’était une proie facile. Je sais qu’il est innocent », défend sa tante. Un témoignage tempéré par les bagarres et une affaire d’extorsion pour laquelle il avait été condamné après sa sortie de détention provisoire. « Vous ne pensez pas que c’est de la violence d’être accusé à tort ? Il a vécu l’horreur en détention », martèle la tante.
William Rolland avait été remis en liberté grâce, notamment, à l’alibi d’un ami qui l’avait accompagné à Marseille, au petit matin du 24 juillet. Un homme, témoin clé, qui s’est fait porter pâle, hier, à une semaine de son audition, soulevant la colère des parties civiles. La cour dira, ce matin, si elle entend se passer de son audition.
Une reconstitution de l’affaire s’était déroulée dans les décombres de la villa brûlée de la victime. (Photo d’archives Eugène Le Droff)
Appelée à témoigner devant les assises de Quimper, ce mercredi, la mère de Lola, incapable de justifier de son emploi du temps la nuit du meurtre de Jean-Jacques Le Page, s’est retrouvée sur la sellette. Son téléphone avait borné près de Plougonvelin (29), au matin des faits.
« Est-ce que votre mère était présente ce soir-là avec vous ? » Questionnée par Me Rajjou, partie civile, Lola cherche de l’aide dans le regard de ses avocats. Après un long moment d’hésitation, la jeune femme, coaccusée du meurtre de Jean-Jacques Le Page, dans la nuit du 23 au 24 juillet 2009, à Plougonvelin (29), répond par la négative. Avant de tempérer ses explications: « Elle est incohérente ».
La deuxième journée de procès a ajouté un peu plus d’incertitudes aux débats de l’affaire Le Page, ce mercredi, devant la cour d’assises du Finistère. Appelée à témoigner de la personnalité de sa fille, la mère de Laëtitia Monier n’a pas supporté le feu des questions des parties civiles et de l’avocat général. « Je suis malade, ne me triturez pas trop », insiste le témoin, avant de s’effondrer en larmes à la barre.
À plusieurs de ses codétenues, Lola avait pourtant confié que sa mère était présente ce soir-là. « Elle aurait pu, mais elles mentent », répond l’accusée. « Elle a de l’imagination, elle peut inventer des scénarios », confiait, plus tôt, la retraitée, en réponse à une question de Me Larvor, l’avocat de William Rolland, sur la mythomanie de sa fille soulevée par le Dr Cozic, l’un des experts psychiatres.
Son téléphone tout près de la villa
Oui mais voilà, plusieurs questions restent sans réponse, de l’avis du ministère public et des parties civiles. À commencer par son arrivée en train, dans l’après-midi du 23 juillet. Une simple coïncidence, selon la mère de Lola : « Je voulais l’éloigner de Brest ».
Elle réfute l’avoir vue ce jour-là. Entendue par les gendarmes, elle avait expliqué avoir passé la soirée aux Jeudis du port. Ce mercredi, en réponse à une question de Me Rajjou, la femme a soutenu être restée se reposer dans l’appartement de sa fille, avant de se défendre en expliquant ne plus s’en souvenir, huit ans après les faits. Une nuit au cours de laquelle son téléphone était resté muet. Avant de borner, au matin des faits, près du Conquet, à seulement quelques kilomètres de la villa de Jean-Jacques Le Page. « Je suis allée au Conquet en bus, je n’y étais pas. Je n’y suis jamais allée », insiste-t-elle après avoir parlé de « la grande maison » de la victime.
À la disposition de la justice
Baskets aux pieds, la retraitée n’est pas davantage à l’aise quant aux enregistrements de ses conversations avec sa fille, les jours suivant. Les deux femmes parlaient par code, Lola cherchant à savoir si les gendarmes étaient venus à son appartement de Recouvrance. « Vous portez des Adidas. Il vous arrive de porter des Vans ? », questionne, à son tour, Stéphane Cantéro.
Sans le dire, l’avocat général fait référence aux traces de semelles relevées dans les toilettes de la maison incendiée. « Non… Moi, c’est du 42, je crois qu’on avait retrouvé du 43″, justifie-t-elle, conduisant l’avocat général à demander à la présidente d’acter les déclarations du témoin. Des éléments qui, pour Me Rajjou, « permettent de penser que la mère de Lola n’a pas tout dit ».
À la demande des parties civiles et du ministère public, la cour a ordonné que le témoin reste à la disposition de la justice.
Pierre-Hector Rustique et Pierre Tracol, avocats de Lola. | Crédit photo : Thierry Creux
Mickaël LOUÉDEC.
Au tribunal ce jeudi, les experts se sont attardés sur les circonstances de la mort de Jean-Jacques Le Page, via le témoignage d’experts. Un avocat a évoqué « un acharnement ».
« Un vrai massacre. » La phrase est lâchée jeudi matin, devant la cour d’assises du Finistère, par Me Balan, avocat des parties civiles. Il commente l’expertise du Dr Saccardy, médecin légiste qui a examiné le corps « carbonisé » de Jean-Jacques Le Page, le 25 juillet 2009.
La veille, le cadavre de cet audioprothésiste réputé de la région brestoise était retrouvé dans sa villa en flammes, à Plougonvelin.
Le Dr Saccardy explique avoir noté la présence de quinze plaies au niveau du thorax de la victime. La cause du décès ? Pas sûr. « J’ai aussi constaté un saignement interne de la boîte crânienne, qui peut être dû à un traumatisme », assure la légiste.
Une analyse contredite quelques minutes plus tard par d’autres professionnels de la médecine légale. Les Dr Bouvet et Le Gueut expliquent que « ce traumatisme cérébral serait le fait de la carbonisation ».
Les trois experts s’accordent au moins sur un point : un projectile a été retrouvé dans l’orbite droit de la victime. « Un calibre 11, tiré a priori d’un pistolet à grenaille », selon Marcel Ballester, expert en balistique. Un « plomb » qui ne provient pas du pistolet retrouvé près de la victime.
Signes de lutte
Cette blessure n’aurait pas été fatale à Jean-Jacques Le Page, mais elle rajoute au calvaire qu’a pu endurer le retraité de Plougonvelin, qui présente aussi des entailles au niveau des avant-bras. Probable signe d’une lutte, selon le Dr Saccardy.
La matinée de jeudi a aussi été l’occasion, pour les avocats de Laëtitia Monier – alias Lola – une ex-call girl, de mesurer le degré d’implication possible de leurs clients. Me Rustique rappelle qu’une voisine a vu une lumière s’éteindre à 5 h du matin, dans la villa de la victime. À cette heure, sa cliente était en soirée.
« L’acharnement »
Il n’a pas non plus manqué de faire dire à l’experte qu’il fallait « une certaine force » pour sectionner un des cartilages de la victime, au niveau des côtes. Laëtitia Monier est chétive, presque frêle.
A-t-elle pu tout de même porter les coups de couteau ? A-t-elle été aidée ? William R., co-accusé, nie toujours sa participation aux faits. Le bornage de son téléphone, à Brest au moment des faits, parle pour lui.
« Aucune chance »
Lundi, l’audition des accusés devrait apporter un éclairage sur « l’acharnement » dont a été victime Jean-Jacques Le Page, dixit Me Balan. À la barre, une des expertes est lapidaire : « La victime n’avait aucune chance de s’en sortir. »
Pendant ce temps, Lola, les yeux clos, la tête penchée, semble ne plus lutter contre le sommeil. Ce vendredi, démarre le quatrième jour d’audience. Il en reste six.
De gauche à droite : Me Tracol, MeLarvor et Me Rustique, les avocats de la défense.
Attachée à sa virginité, elle travaillait pourtant dans un bar à hôtesses. Personnalité complexe, Lola a été décrite par les experts comme une jeune femme à l’enfance carencée, hier, lors d’une journée plus favorable à son coaccusé.
Voûtée dans le box, Laëtitia Monier a écouté, d’une oreille attentive, les experts défiler à la barre de la cour d’assises, hier, au troisième jour du procès de l’affaire Le Page. Une posture corporelle lourde de sens pour Françoise Keruzoré. L’experte psychologue avait été marquée par la tenue de la jeune femme lors de son expertise. Comme dans le box, elle portait des vêtements fermés jusqu’au menton. Une tenue tout en contradiction avec « la robe sexy portée comme tenue de travail ». Une attitude qui témoigne, de son avis, d’un rapport au corps compliqué pour cette jeune femme « à la personnalité très complexe ». Mardi, Claire Fouquet-Lapar, la présidente de la cour d’assises, avait déjà évoqué les condamnations prononcées après le meurtre de Jean-Jacques Le Page, en juillet 2009, à Plougonvelin. Notamment l’affaire d’un coup de couteau qu’elle avait porté à un homme au flirt trop poussé. « Elle a un sentiment de danger à l’idée d’effraction de son corps », estime Françoise Keruzoré. L’experte psychologue y voit la conséquence d’une enfance carencée : « Elle a été élevée dans une grande pauvreté de contacts familiaux ».
« Elle finit par se mentir à elle-même »
Cette absence de socialisation est la conséquence d’une relation qualifiée de pathologique entre Lola et sa mère. « Elles fonctionnaient sur la méfiance. Le noyau paranoïaque, c’était elles contre le reste du monde. » Qualifiée d’intelligente, « elle est fine pour obtenir ce qu’elle veut ». Des carences à l’origine des troubles de la personnalité, décrits par l’ensemble des experts. Elle se réfugiait dans l’alcool et les stupéfiants, la conduisant à des épisodes de violence mal contenue. Ou à avoir recours au mensonge : « Elle finit par se mentir à elle-même et ne plus être en mesure d’accéder à la réalité », décrit, pour sa part, le Dr Cozic. Son confrère, le Dr Masson, y voit de la psychoplasticité modifiant son discours en fonction de l’interlocuteur. « Est-ce une démarche volontaire ? », questionne Me Tracol, avocat de Lola. « En général, c’est volontaire », estime l’expert. Il émet l’hypothèse d’une amnésie défensive : « Elle s’exprime facilement sur un sujet neutre. Quand on aborde les faits, c’est différent ». Avant de tempérer son propos en réponse à une interrogation de Me Rustique, le second conseil de Lola, sur l’influence de l’alcool sur les troubles de la mémoire : « Ça peut y contribuer ».
Un revolver introuvable
La journée d’hier a été plus favorable à William Rolland. Coaccusé du meurtre et de la destruction de la villa de Plougonvelin par incendie, le jeune homme a bénéficié de l’audition des experts en médecine légale, auteurs de la deuxième autopsie de la victime. Les deux médecins ont confirmé que les quinze coups de couteau étaient bien à l’origine de la mort, balayant l’idée d’un violent coup sur la tête. Ils ont aussi qualifié d’incompréhensible l’une des expertises, à charge pour le jeune homme. Elle estimait que les blessures, qu’il évoquait comme la conséquence de chutes anciennes, étaient liées à sa présence dans un foyer d’incendie. Reste le mystère des plombs retrouvés sur le corps de la victime. De la grenaille tirée par un revolver 22 long rifle. L’arme n’a jamais été retrouvée.
Après quatre jours de procès, le mystère reste entier quant à ce qui s’est passé il y a huit ans dans la villa du Treiz Hir, à Plougonvelin…
Huit ans après la mort de Jean-Jacques Le Page, sa famille attend toujours la vérité. Une vérité qui n’est pas sortie de cette première semaine de procès. Les débats reprendront lundi, à Quimper, devant la cour d’assises.
Dans le box, face aux explications du professeur Villerbu, l’expert psychologue, Laëtitia Monier s’est agacée, hier, pour la première fois depuis l’ouverture du procès du meurtre de Jean-Jacques Le Page dont le corps calciné avait été retrouvé dans les décombres de sa villa de Plougonvelin, le 24 juillet 2009. Évoquant une rage de dent, la jeune femme a quitté l’audience quelques minutes, avant de revenir. « Elle ne fait face à l’insoutenable qu’en fuyant », commente l’expert. Toujours impassible malgré les sentiments qu’elle dit avoir eus pour la victime, « Lola » n’a pas varié face aux familles.
Dignes depuis l’ouverture du procès, les enfants et le filleul du commerçant retraité se sont succédé à la barre des assises pour témoigner de la personnalité de leur père et parrain. Un homme décrit de toutes parts comme gentil, amusant et respectueux. À 67 ans, la victime n’avait pas changé, attirée depuis toujours par les femmes. « Toute sa vie, il s’est rassuré en plaisant aux femmes. Il avait de nombreuses conquêtes », reconnaît son fils.
À sa fille, le petit homme, « frêle » depuis un grave accident en 2008, avait confié son amour pour Lola, rencontrée au « Club 46 », un bar à hôtesse du centre-ville de Brest. « Il parlait de mariage ? », questionne la présidente, Claire Fouquet-Lapar. « Oui », confirme sa fille, à qui il avait dit que la jeune femme était une étudiante en médecine.
« Il n’y a qu’une personne qui a les clés »
Huit ans après les faits, les enfants de l’ancien audioprothésiste ne parviennent pas à faire leur deuil. « Nous attendons la vérité. Qu’on arrête de nous trimbaler. Ça fait huit ans qu’on nous raconte n’importe quoi », martèle le fils de la victime. Sa soeur tourne le regard vers Laëtitia Monier : « Il n’y a qu’une personne qui a les clés. Dites-nous ce qu’il s’est passé ».
Invitée par la présidente de la cour à se lever, Lola reste invariable : « La dernière fois que je l’ai vu, il m’a dit : » prends vite un taxi » et il a fermé la porte », soutient la jeune femme. « Vous êtes impliquée, insiste Claire Fouquet-Lapar, c’est vous qui le connaissiez, qui faites, le cas échéant, venir quelqu’un et qu’on voit avec des couteaux ». « C’est une personne que j’aimais bien. Je ne sais pas qui a fait ça… J’aurais été incapable de faire ça, surtout pas à ce monsieur ».
L’hypothèse d’aveux face à une situation compliquée
Une réponse toute faite, de l’avis du professeur Villerbu : « Elle ne cherche pas à convaincre », analyse-t-il. Face aux questions plus pressantes de la présidente, Lola évoque deux hypothèses : « Peut-être Will (son coaccusé) ou quelqu’un d’autre ».
Le jeune homme, à la personnalité qualifiée de « fragile et influençable », a bénéficié, hier, de deux expertises à nouveau favorables. Pour le Dr Chanoine, expert psychologue, William Rolland – désigné par Lola comme celui qui l’accompagnait cette nuit-là – aurait pu passer aux aveux, sous la pression de la garde à vue, pour se débarrasser d’une situation qui devenait très compliquée. « C’est assez dans sa manière de fonctionner », témoigne l’expert, auquel s’associe le professeur Villerbu.
À la lumière de ces personnalités, la cour d’assises se penchera la semaine prochaine sur les faits. Le verdict devrait être rendu jeudi soir.
Le procès des deux accusés, « Lola » et William Rolland, a repris par les auditions des enquêteurs brestois et rennais de la gendarmerie, dont les points de vue divergent.
La cour d’assises du Finistère a commencé à se pencher sur les faits de l’affaire Le Page, ce lundi. L’occasion d’entendre des appréciations parfois divergentes entre les différents enquêteurs.
« Quel intérêt avait Laëtitia Monier à mentir ? » L’enquêteur de la brigade de recherches de Brest est formel : « Aucun ». La réponse a fait bondir la défense de William Rolland, hier soir. Le jeune homme avait été désigné par « Lola » comme présent, le soir de la mort de Jean-Jacques Le Page, dans sa villa de Plougonvelin.
Le procès des deux accusés a repris par les auditions des enquêteurs brestois et rennais de la gendarmerie. Leurs points de vue divergent.
Le dossier paraissait pourtant « clair et limpide au départ », reconnaît le directeur d’enquête de la section de recherches de Rennes. Sur les déclarations de Lola qui reconnaissait sa présence au domicile de la victime, la nuit des faits, William Rolland avait reconnu son implication dans la mort du sexagénaire. « Il n’apportait pas d’élément corroborant ce qu’il s’est passé sur place », tempère le directeur d’enquête. « Il a fait une description de la maison. Mais des photos de la maison lui sont présentées en garde à vue », souligne-t-il, questionné par Me Fillion, l’avocat du jeune homme.
Sous le feu des questions de la défense, l’enquêteur de la brigade des recherches de Brest qui avait recueilli ses aveux reste droit dans ses bottes. Il admet avoir pu montrer des photos de l’extérieur de la maison et avoir lu quelques passages de l’audition de Lola : « Mais jamais on ne lui a dit dans quelle pièce se sont déroulés les faits, ni par où l’auteur s’est enfui », explique-t-il.
« On manquait de temps »
L’interpellation de William Rolland, à Marseille, avait pourtant placé les enquêteurs dans une position délicate, contraints de débuter leurs auditions à la dix-huitième heure de garde à vue. « On manquait de temps… On était trop court en personnel », confirme une enquêtrice de la section de recherches.
Dans ces conditions, l’enquêteur de la brigade de recherches de Brest s’était chargé seul de la dernière audition du jeune Brestois. Plus de cinq heures d’audition – après deux longues auditions durant de la nuit – au cours de laquelle il avait fini par craquer. Questionnée par la présidente de la cour d’assises, Claire Fouquet-Lapar, sur la description du gardé à vue assis sur le sol, pris de tremblements et en pleurs, la gendarme explique qu’elle aurait fait une pause. Son collègue en charge de l’audition, lui, avait qualifié l’état du jeune homme de « serein » devant la juge d’instruction. « Il était fragile », lui fait remarquer Me Larvor, son avocat. « En garde à vue pour assassinat, il n’était forcément pas à son aise », se défend l’enquêteur.
Sans arme du crime
L’officier de police judiciaire s’appuie sur des éléments techniques du dossier. À commencer par la téléphonie qui lui aurait laissé le temps de se rendre au Trez-Hir. Une théorie balayée par un troisième enquêteur de la section de recherches. « Il y a peu de probabilité qu’il ait pu commettre un tel scénario ».
Seule certitude, l’hôtesse, vue à plusieurs reprises en possession de couteaux, était bien à Plougonvelin. « Sa culpabilité ne tient que si ces couteaux sont les armes du crime ? », questionne à son tour Me Tracol, son avocat, en l’absence de l’arme du crime, jamais retrouvée. « Oui », admet le directeur d’enquête. L’analyse des vêtements des deux accusés n’a jamais permis de découvrir la moindre trace de sang, réduisant les éléments à charge. « À moins qu’ils n’en aient pas porté », corrige le directeur d’enquête.
La reconstitution du meurtre de Jean-Jacques Le Page s’était déroulée le 9 novembre 2009, dans les décombres de la villa brûlée de la victime, à Plougonvelin.
Dix témoins se sont succédé, ce mardi, à la barre de la cour d’assises du Finistère. Six d’entre eux ont vu Laëtitia Monier en possession d’un ou de deux couteaux, quelques heures après le meurtre de Jean-Jacques Le Page.
« Ce n’est pas banal, une fille qui se balade avec un couteau de cuisine dans son sac ». Par « pitié », le peintre en bâtiment avait accepté de transporter Lola, dans l’après-midi du 24 juillet 2009, entre Plougonvelin et Brest. Dans le fourgon, les deux ouvriers avaient vu – comme cinq autres témoins à s’être relayés à la barre, hier – le manche d’un couteau de cuisine dépasser du sac à main de la jeune femme.
« Il me semble qu’elle a dit « j’irai en prison », dans la fourgonnette. Qu’ils la prendraient pour une folle et qu’elle irait en hôpital psychiatrique… Je lui ai demandé des explications, mais elle ne m’a rien dit », témoigne l’ouvrier. Elle se serait débarrassée du ou des couteaux dans une poubelle, rue de Glasgow, à son retour à Brest. L’arme n’a jamais été retrouvée.
Hier, tout au long de la sixième journée du procès, ceux qui avaient croisé le chemin de Laëtitia Monier, durant les heures qui ont suivi le meurtre de Jean-Jacques Le Page, sont venus témoigner de leur rencontre peu ordinaire avec l’accusée.
Peu avant minuit, elle avait suivi trois jeunes hommes en camping non loin de là, invités à une soirée, dans une villa proche de la maison incendiée. Après avoir bu et s’être baignée dans la piscine, la jeune femme avait accompagné un des trois campeurs participant à la soirée sous la douche.
Un flirt à l’issue duquel le sac à main de Lola s’était renversé, laissant apparaître un couteau de boucher présentant des traces rouges. Un couteau vu par un copain du campeur dans la nuit. Puis, le lendemain matin, par l’un des deux jeunes hommes qui avaient invité le groupe à finir la soirée dans la villa. À la recherche du portefeuille de Lola, hystérique à son réveil parce qu’elle ne retrouvait pas son argent, il avait plongé la main dans le sac à main.
« J’ai sorti un couteau maculé de sang, puis un deuxième dont la lame était plus courte ».
Mémoire sélective
Menacée d’un appel à la police pour qu’elle quitte la villa où s’était passée la nuit, Lola avait réagi immédiatement en sortant de la piscine. Mais elle avait refusé de partir. Le couteau, l’accusée redit l’avoir ramassé sur la plage, abandonné, selon elle, le soir des faits, par William Rolland.
Sous le feu des questions de Me Balan, Lola peine à expliquer la raison pour laquelle elle avait mis l’arme dans son sac : « J’ai pensé que Will avait peut-être fait une connerie… Je ne sais pas quoi vous dire ».
Sang ou traces rouges ?
« Avec cette arme, vous allez faire la fête et vous vous baignez dans une piscine ? », s’étonne, à son tour, l’avocat général, Stéphane Cantéro. « Je n’ai rien à me reprocher », se défend-elle. En livrant le nom de son coaccusé, elle avait décrit des traces de sang sur le couteau. Interrogée par la présidente de la cour d’assises, la jeune femme n’en est plus aussi sûre : « Du sang ou quelque chose de ressemblant. Ce n’est pas étonnant quand on prend du valium et de l’alcool ».
Questionnée dans la foulée sur l’argent qu’elle réclamait à son réveil, l’accusée devient tout à coup prolixe, évoquant la somme de 300 € donnée par la victime pour un bain avec elle. De l’argent perdu au cours de la nuit dans la piscine, qu’elle voulait récupérer avant d’être mise dehors : « Ils m’ont jetée dehors. Je m’en souviens bien, c’est lui (NDLR : le témoin à la barre). Il avait les cheveux bouclés ».
« On peut tirer des conséquences sur ce dont vous vous rappelez ou pas », lui fait remarquer la présidente. Les derniers témoins seront entendus aujourd’hui.
Interrogée sur les faits, Lola a livré une nouvelle version de la nuit du 23 au 24 juillet 2009, ce mercredi, sans convaincre. Elle a toutefois fini par reconnaître avoir menti en livrant le nom de William Rolland aux gendarmes.
« Je suis innocente. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ». Hier soir, au terme de son interrogatoire sur les faits, Laëtitia Monier a une nouvelle fois réfuté sa participation dans le meurtre de Jean-Jacques Le Page, dans la nuit du 23 au 24 juillet 2009, à Plougonvelin. Un homicide suivi de l’incendie de la villa du Trez-Hir pour lequel la jeune femme avait livré les noms de William Rolland, son coaccusé, d’un certain Habib rapidement blanchi par l’enquête et de sa mère. Plusieurs témoins avaient également indiqué aux enquêteurs et à la juge d’instruction avoir reçu les confidences de Lola, expliquant qu’elle était l’auteur des faits. « C’est n’importe quoi », se défend l’accusée.
« Vous êtes totalement complice »
Elle a livré, hier, une nouvelle version des faits, aussi incohérente que les précédentes. « Vous ne vous rappelez pas à chaque fois de la même chose. C’est un peu gênant pour connaître la vérité », lui fait remarquer Claire Fouquet-Lapar, la présidente de la cour d’assises, devant une salle trop étroite pour accueillir un public chaque jour plus important à s’intéresser à l’affaire.
Et la jeune femme d’évoquer une nouvelle fois son arrivée dans la villa du commerçant retraité en début de soirée. Le champagne et le bain qui coule à l’étage pendant que son ami pénètre dans les lieux, selon son récit. Elle décrit William Rolland désarmant Jean-Jacques Le Page en se saisissant d’un couteau, avant d’être désarmé à son tour par le sexagénaire qui la reconduit alors à la porte. Cette fois, son coaccusé aurait réussi à prendre la fuite avant la mort du retraité. Pour la rejoindre sur la plage où elle aurait récupéré le couteau !
Questionnée par la présidente, puis par les parties civiles et l’avocat général, la jeune femme répond par un « c’est là où il y a un trou noir », à chacune de ses nombreuses incohérences.
« Ce meurtre, c’est peut-être la pire des choses. Il est totalement crapuleux. Quel que soit votre rôle, vous êtes totalement complice, vous vous rendez compte de ça ? », tente Me Balan, l’avocat de la fille de la victime. « La personne qui a fait ça, c’est très grave. Mais ce n’est pas moi », martèle Lola. Le respect qu’elle dit avoir eu pour la victime est pourtant apparu relatif au regard des SMS découverts dans le dossier « brouillon » de son téléphone portable. Elle y avait rédigé un message où elle indiquait qu’il n’avait « pas le moindre intérêt » pour elle. « C’était un autre client », réfute-t-elle.
« J’ai menti, ils voulaient une version cohérente »
Au terme de la septième journée de débats, l’explication du cambriolage imaginé par son coaccusé a été largement écornée par Laëtitia Monier elle-même, en insistant sur le fait qu’il n’était « pas déterminé que William Rolland était l’auteur des coups de couteau ».
Dès sa deuxième audition devant les gendarmes, la jeune femme avait pourtant livré le nom du jeune homme en expliquant qu’elle l’avait fait rentrer. Que sa présence rapidement découverte par Jean-Jacques Le Page avait conduit le jeune homme à contraindre la victime à monter à l’étage où elle l’avait découverte mourante. Elle avait terminé son audition en expliquant que « Will » avait décidé de mettre le feu. « J’ai menti. L’enquêteur voulait une version cohérente », a fini par admettre Laëtitia Monier, interrogée hier soir par Me Thierry Fillion, l’un des avocats du jeune homme. Et de se dédouaner aussitôt : « Ce n’est pas moi qui ai avoué le crime ».
Affaire Le Page. 20 ans requis à l’encontre de Lola
Publié le 09 mars 2017 à 17h21
Modifié le 09 mars 2017 à 17h27Photo d’archives Le Télégramme
Ce jeudi après-midi, à Quimper, l’avocat général a requis une peine de 20 années de réclusion à l’encontre de Laetitia Monier, la jeune femme accusée d’avoir tué Jean-Jacques Le Page et d’avoir incendié sa maison, dans la nuit du 23 au 24 juillet 2009, à Plougonvelin. Pour Stéphane Cantéro, la jeune femme aurait agi seule, le conduisant à requérir l’acquittement de son coaccusé, William Rolland, Le verdict sera rendu demain.
L’avocat général, Stéphane Cantéro, s’entretenant ici avec Me Rajjou, l’avocat du fils de la victime, a requis, hier, à l’encontre de Laëtitia Monier, 20 ans de réclusion.
À la veille du verdict, l’avocat général a requis la peine de 20 ans de réclusion, ce jeudi, à l’encontre de Laëtitia Monier. Au terme des débats, les parties civiles se sont jointes à ses réquisitions pour réclamer l’acquittement de William Rolland.
Très ému, le neveu de Jean-Jacques Le Page a pris la parole une dernière fois, hier matin, pour exprimer le sentiment de toute une famille. « Je trouve dégueulasse qu’on ne nous dise pas simplement la vérité ». La conséquence des mensonges répétés de Laëtitia Monier qui, souligne Me Rajjou, l’avocat du fils de la victime « n’a fait qu’inventer des scénarios tout au long de la procédure ».
Un système de défense à l’origine de la longue instruction de l’affaire, obligeant la juge à vérifier chacune des explications de la jeune femme accusée d’avoir poignardé le retraité, dans la nuit du 23 au 24 juillet 2009, dans sa maison de Plougonvelin, avant d’y mettre le feu.
Par peur de perdre sa virginité
Ses mensonges, Stéphane Cantéro, l’avocat général, les compare volontiers à ceux de Myriam Badaoui, la mère mythomane de l’affaire d’Outreau qui avait multiplié les accusations pour couvrir les viols de ses propres enfants.
Me Balan, l’avocat de la fille du commerçant retraité, en est convaincu lui aussi : « Ce n’est qu’elle qui a pu faire ça », souligne-t-il, balayant, comme l’avocat général, toute idée de complicité.
Confortée par la téléphonie et l’ADN, la présence de Lola, la nuit des faits à Plougonvelin, avait été confirmée par les nombreux témoins qui l’avaient croisée en possession de couteaux ensanglantés dépassant de son sac à main.
Son mobile, pour l’accusation, la jeune femme, aujourd’hui âgée de 32 ans, l’avait indirectement évoqué à travers sa virginité revendiquée : « En se prostituant, elle se mettait en danger permanent parce que si elle perd sa virginité, elle perd son identité », souligne le magistrat. Cette nuit-là, la victime avait invité Lola chez lui pour une relation tarifée. « Il en veut plus que d’habitude. Se sentant en danger, elle se laisse déborder par sa fureur ». Le feu, elle l’aurait mis au lit dans la foulée, « peut-être pas pour supprimer des traces mais avec la volonté d’anéantir sa victime ».
Dangerosité
Des faits que la jeune femme a pu involontairement effacer de sa mémoire. Parties civiles et ministère public en conviennent. Dès la garde à vue, elle a pourtant commencé « à inventer des souvenirs par stratégie », dénonçant, sans scrupule, des innocents pour échapper à sa culpabilité.
« On voit rarement de tels criminels », insiste Stéphane Cantéro. Inquiet du profil de la jeune femme, il a requis une peine de 20 ans de réclusion.
« Aucun intérêt à condamner un innocent »
Comme les parties civiles, l’avocat général a, en revanche, estimé qu’il n’existait pas de charges suffisantes à l’encontre de William Rolland, le jeune homme accusé par Lola d’avoir porté les coups de couteau. Tout au long des huit journées de débats, les charges sont tombées, les unes après les autres. « Je requiers l’acquittement parce qu’il y a trop de doutes. La société n’a aucun intérêt à condamner un innocent. « Moi, je vous demande de l’acquitter en l’absence de doute », martèle Me Larvor, son avocat, évoquant les huit années de vie gâchées, pour ce jeune homme âgé de 22 ans au moment de sa garde à vue. La conséquence pour Me Fillion, son second avocat, « du crédit trop important donné par l’enquêteur aux déclarations de Laëtitia Monier ».
Le verdict sera rendu aujourd’hui, à la suite des plaidoiries des avocats de la jeune femme.
Affaire Le Page. Lola condamnée à 20 ans de réclusion
Publié le 10 mars 2017 à 16h31
(Photo François Destoc)
Au terme de son délibéré et après neuf jours de procès, la cour d’assises du Finistère a condamné, ce vendredi après-midi, Laetitia Monier, alias Lola, à la peine de 20 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté de 10 ans. La jeune femme âgée de 32 ans a été reconnue coupable du meurtre de Jean-Jacques Le Page, dans la nuit du 23 au 24 juillet 2009, à Plougonvelin, et de la destruction par incendie de sa maison. Accusé des mêmes faits, William Rolland a été acquitté, conformément aux réquisitions de l’avocat général.
Me Larvor (à gauche) a obtenu l’acquittement de William Rolland, tandis que Me Tracol (à droite) a tenté de démontrer l’absence de preuve de culpabilité de sa cliente, Laëtitia Monier. En vain.
Au terme de neuf jours de procès, Lola a été reconnue coupable du meurtre de Jean-Jacques Le Page et de la destruction de sa maison par incendie, ce vendredi. Elle a été condamnée à une peine de 20 ans de réclusion assortie de dix ans de sûreté.
Neuf jours de procès n’auront pas suffi à lever le mystère de l’affaire. Près de huit ans après le meurtre de Jean-Jacques Le Page, dont le corps calciné, lardé de coups de couteau, avait été découvert dans les décombres de sa maison de Plougonvelin, au matin du 24 juillet 2009, la cour d’assises a donné sa vérité judiciaire, hier, à défaut d’explications rationnelles de l’accusée. Elle a désigné Laëtitia Monier, l’escort girl qui avait rendez-vous ce soir-là avec la victime, comme l’auteur des 15 coups de couteau et de l’incendie qui s’en était suivi. Condamnée à 20 ans de réclusion assortie d’une peine de sûreté de 10 ans, « Lola » n’a pas laissé paraître la moindre émotion à l’énoncé du verdict. À l’inverse de son coaccusé, visiblement soulagé, en larmes à l’annonce de son acquittement par la cour d’assises.
« Aucun élément matériel »
Point par point, la défense de Laëtitia Monier s’est pourtant efforcée, dans la matinée, de démontrer l’absence de preuve de culpabilité de Lola. Une jeune femme, « jamais condamnée » avant les faits qui lui sont reprochés et dont les antécédents de violence recueillis sont balayés par la défense. « Il faut s’en tenir à sa première audition de garde à vue », martèle Me Rustique. Elle y confirmait sa présence dans la villa de Jean-Jacques Le Page, dans la soirée du 23 juillet 2009. Mais soutenait avoir quitté les lieux sans rien savoir de ce qu’il s’y était passé. La mise en cause de William Rolland ne viendra qu’à sa seconde audition. Conséquence pour Me Tracol de la plasticité de sa personnalité : « C’est tout le problème de ce dossier. Elle réagit en fonction de son interlocuteur », livrant à chaque audition, une nouvelle version. Et de balayer l’idée d’une stratégie élaborée : « Vous avez eu l’impression qu’on tentait de cacher les choses habilement pendant ces deux semaines ? », questionne l’avocat.
Le doute
Le couteau vu par de nombreux témoins en sa possession : « Aucun élément ne prouve qu’elle a l’arme du crime » jamais retrouvée. Le mobile soutenu par l’accusation qui l’aurait conduite à frapper par crainte de perdre sa virginité ? « C’est n’importe quoi, vous n’avez que des suppositions », défendent tour à tour les deux avocats de Lola. Pour la défense, après six années d’instruction, trop de questions restent sans réponse : à commencer par la disparition de la chevalière de Jean-Jacques Le Page et du revolver ayant tiré une décharge de grenaille sur la victime.
L’heure du crime en question
Mais c’est surtout l’appel de la voisine de la victime aux pompiers, à 5 h du matin, le 24 juillet, qui pose problème pour la défense. « C’est le noeud de cette affaire, preuve de l’innocence de Laëtitia Monier », estime Me Rustique évoquant les descriptions faites à l’opérateur du « 18 » : des lumières qui s’éteignent et une fenêtre qui se ferme, cinq heures après l’heure présumée du meurtre et de la mise à feu. L’oeuvre de l’incendie pour l’accusation. La preuve de la présence du meurtrier pour la défense, à l’heure où Lola participait à une fête dans une maison voisine. Laëtitia Monier a évoqué, hier, sa volonté de faire appel.
Aujourd’hui dans l’Heure du Crime, une émission en partenariat avec le journal Ouest-France.
C’est l’histoire d’un meurtre maquillé en incendie accidentel, pour lequel une call-girl qui se trouvait chez la victime le soir du drame, en 2009, vient d’être condamnée.
La Cour d’assises du Finistère a rendu son verdict vendredi dernier. Elle condamne Laëtitia Monier, cette call-girl plus connue sous le nom de Lola, à vingt ans de réclusion criminelle, pour le meurtre d’un audioprothésiste retraité, Jean-Jacques Le Page, avec qui elle avait passé la soirée du 24 juillet 2009, à Plougonvelin, dans le Finistère.
Un jeune homme de trente ans, William Rolland, que Lola avait accusé d’avoir tué la victime ce soir-là, lors d’un cambriolage qui aurait mal tourné, a été acquitté. Il est ressorti libre du procès.
Lola a fait appel. Elle est donc présumée innocente jusqu’à l’issue de son deuxième procès. Nous revenons sur l’ensemble de l’affaire avec mes invités…
Nos invités
Mickaël Louëdec, journaliste à Ouest France, Me Jean-Vladimir Balan, avocat au barreau de Paris, avocat de la fille de Jean-Jacques Le Page, Me Patrick Larvor, avocat au barreau de Brest, avocat avec Me Thierry Fillion de William Rolland, Me Pierre Tracol, avocat au barreau de Brest, avocat avec Me Pierre Hector Rustique de Laëtitia Monier, surnommée Lola, Me David Rajjou, avocat au barreau de Brest, avocat du fils de Jean Jacques Le Page.
Vous pouvez à tout momentsoumettre une affaire à Jacques Pradel. Laissez votre message avec les principales informations nécessaires à l’équipe de l’émission pour programmer, peut-être prochainement, ce fait-divers dans L’Heure du Crime.
Ma publication d’hier concernant Philippe Poutou et sa secte, celle des assassins d’ingénieurs Josette Brenterch, André Garçon, Arnaud Hell, Hubert Casel, feu Michel Le Doaré et autres, a rapidement été suivie d’une nouvelle cyberattaque contre mon système personnel.
94 attaques avec 34 adresses IP différentes, dont 27 en France, 1 en Suède, 1 en Inde, 1 en République dominicaine, 1 en Tunisie, 1 au Portugal, 1 aux Pays-Bas, 1 en Espagne.
Cette affaire criminelle qui anime l’actualité depuis une quinzaine de jours a déjà sa fiche dans Wikipédia.
On en fera aussi au moins un film, c’est certain.
Des psychiatres tentent d’analyser le délire du meurtrier présumé tandis que les enquêteurs poursuivent leurs recherches sur l’objet de sa folie, un trésor en pièces et lingots d’or qui semble avoir réellement existé et trouverait son origine dans les transferts d’or effectués dans le plus grand secret de la Banque de France vers l’étranger en 1940 sur ordre du ministre des Finances, alors que l’armée allemande avance à grand pas vers la capitale. 736 tonnes d’or avaient transité par le port de Brest et 50 kg y avaient été perdus, apparemment pas pour tout le monde.
Il leur manque encore les dimensions brestoise et léonarde de cette affaire hors normes qui par ici résonne pourtant comme tant d’autres, la jalousie si commune parmi les ouvriers de l’arsenal, et bien au-delà, caractéristique de nombreux Brestois, ayant encore fait son oeuvre.
L’affaire Troadec (parfois appelée affaire d’Orvault) concerne l’assassinat des quatre membres de la famille Troadec, à Orvault, commune de la banlieue nord-ouest de Nantes en Loire-Atlantique, en 2017, par un proche. Dans un premier temps, une alerte pour disparition inquiétante a été émise le 23 février 20171. Le 6 mars, l’ex-beau-frère du père de la famille, Hubert Caouissin, avoue le quadruple meurtre, et avoir fait disparaître les corps en les démembrant puis les brûlant ou les enterrant.
La sœur de Brigitte Troadec s’inquiète d’un silence inhabituel de sa sœur, son beau-frère et leurs enfants : aucun membre de la famille n’a en effet donné signe de vie depuis le 16 février 2017 à leur domicile de la rue d’Auteuil, à Orvault2. Le 23 février 2017, elle alerte les autorités.
« Si le contexte de violences graves ayant présidé à la disparition de la famille Troadec semble désormais établi, en revanche les circonstances entourant la commission des faits demeurent indéterminées et ne permettent pas de savoir si nous avons affaire à un drame familial ou à l’intervention d’une ou plusieurs personnes étrangères à la famille3. »
Les enquêteurs ont en effet relevé des éléments inquiétants : des traces de sang identifiées comme appartenant à trois des membres de la famille, hormis celui de Charlotte qui n’apparaît nulle part2, et des indices démontrant un départ précipité sans qu’on sache s’il était volontaire ou contraint. Les véhicules des deux parents sont restés dans la propriété de la famille, seule la voiture Peugeot 308 du fils a disparu4.
Le 1er mars, une joggeuse retrouve un pantalon et la Carte Vitale de Charlotte5 près de Dirinon, dans le Finistère (département dont sont originaires les parents). Un livre scolaire au nom de Pascal Troadec est également retrouvé en bord de route, ainsi que deux linges semblables à des draps, dans cette même ville de Dirinon.4.
Le lendemain 2 mars, les policiers retrouvent le véhicule de Sébastien garé sur le parking de l’église Saint-Joseph, dans le quartier de Méan-Penhoët à Saint-Nazaire6,4 .
Le 5 mars, Lydie Troadec, la sœur de Pascal Troadec et son ex-compagnon Hubert Caouissin sont placés en garde à vue au commissariat de Brest. Des traces d’ADN de ce dernier sont retrouvées au domicile des victimes ainsi que dans le véhicule de Sébastien, alors que le suspect a prétendu lors d’une première audition ne plus avoir de contact avec la famille Troadec depuis plusieurs années. Dans la soirée, l’homme avoue le quadruple meurtre. Le mobile serait dû un différend survenu lors d’un partage d’héritage : le suspect soupçonnait Pascal Troadec d’avoir, après le décès de son père en 2010, subtilisé à son profit des lingots et pièces d’or que celui-ci détenait. Ces prétendus lingots seraient le fruit d’un trésor découvert en 2006 par le père de Pascal Troadec, alors artisan plâtrier, lors de travaux effectués dans un immeuble ancien du quartier de la Recouvrance à Brest7. En infraction avec la législation celui-ci aurait subtilisé la totalité du magot sans en avertir le propriétaire de l’immeuble, tout en omettant également de le déclarer à l’administration8. À ce jour, ce trésor reste introuvable9.
Déroulement des faits
Le 16 février, l’ex-beau-frère de Pascal Troadec, Hubert Caouissin, 46 ans, vient au domicile des Troadec avec un stéthoscope qu’il applique aux fenêtres pour tenter de savoir ce qu’il se dit à l’intérieur. Il espionne ainsi la famille une bonne partie de la soirée, avant d’entrer au domicile des victimes par le garage. Il semble que Pascal Troadec et sa femme, ayant entendu du bruit, soient descendus au rez-de-chaussée. Le père de famille muni d’un pied-de-biche aurait eu une altercation avec le suspect. Celui-ci se serait alors emparé du pied-de-biche pour frapper et assassiner les parents, puis les enfants, Sébastien et sa sœur Charlotte10.
Hubert Caouissin reste alors dans la maison jusqu’au petit matin puis rentre à son domicile en Bretagne. Le 17 au soir, il retourne à Orvault pour effectuer un nettoyage de la maison. Dans la soirée du 18, il revient à Orvault et rentre la voiture de Sébastien dans le garage pour y mettre les cadavres.
Les corps ont été démembrés. Certaines parties de corps ont été enterrées, et d’autres brûlées11. Avec l’aide de sa compagne, il nettoie le véhicule puis le dépose à Saint-Nazaire, au hasard, pour faire diversion12.
Des « fragments de corps humains et des bijoux appartenant à la famille » sont retrouvés à Pont-de-Buis-lès-Quimerch dans la ferme13 appartenant au suspect14.
La ferme du Stang, à Pont-de-Buis, où des fragments de corps ont été retrouvés. Photo Franck Tomps pour Libération
A Pont-de-Buis-lès-Quimerch, personne ne semblait connaître l’assassin présumé de la famille d’Orvault, qui vivait cloîtré dans sa ferme avec sa compagne. Pour les psychiatres, son cas illustre la discordance souvent observée entre l’horreur des faits et la banalité de la personnalité des criminels.
Affaire Troadec : Hubert Caouissin, un «ours» d’une «jalousie disproportionnée»
Une petite commune marquée par «l’horreur». La brume s’est levée ce vendredi sur la ferme du Stang, à Pont-de-Buis-lès-Quimerch (Finistère). Le soleil est revenu, et les policiers en charge de l’enquête sur les «assassinats» des membres de la famille Troadec, à Orvault (Loire-Atlantique), sont repartis. Pendant quatre jours, ils ont passé au peigne fin les 32 hectares de la propriété de Hubert Caouissin, qui a avoué les quatre meurtres, et y ont retrouvé des «fragments de corps humain» et des bijoux appartenant à son beau-frère, sa belle-sœur et leurs deux enfants. Cet homme de 46 ans l’avait achetée il y a un an et demi et y vivait depuis «cloîtré» avec sa compagne, Lydie Troadec, la sœur du père de famille tué. «Je ne connais personne qui le connaît», résume Roger Mellouët, maire (PS) de la commune et conseiller départemental. Cet élu de 68 ans ne les avait pas même croisés un jour d’élection : Hubert Caouissin n’était pas inscrit sur les listes électorales.
A Logonna-Quimerch, la localité voisine, «personne non plus ne le connaît», assure Patrick, un voisin de la ferme du Stang, pour qui l’assassin présumé des Troadec était un «ours» asocial. «S’ils avaient voulu s’intégrer, ils seraient venus se présenter… Mais ils ne l’ont jamais fait, soupire ce salarié agricole de 48 ans. On s’est dit qu’ils voulaient la tranquillité, et ça, on le respecte.» Un agriculteur voisin, lui, a pris l’initiative d’aller se présenter à ces «sauvages».«Ça a duré cinq minutes, et je suis resté sur le seuil de la porte», se souvient le sexagénaire, qui refuse de donner son nom.
A vrai dire, le couple n’était pas plus connu à Plouguerneau, une commune littorale du Finistère située 60 kilomètres plus au nord, où Hubert Caouissin et Lydie Troadec possèdent une seconde maison dans laquelle ils ont habité pendant plusieurs années avant d’acquérir leur ferme. Dans le jardin, les herbes hautes et les ronces y ont poussé depuis belle lurette, autour d’une balançoire défraîchie. Le couple y revenait pourtant «de temps à autre», se souvient-on dans le lotissement. «On organise une fête des voisins, mais eux ne voulaient jamais venir, se rappelle Denise. Ils refusaient toute relation.»
En attendant, à Pont-de-Buis-lès-Quimerch, beaucoup de voisins se sont demandé ce que Hubert Caouissin, technicien chez DCNS - entreprise de construction navale militaire de Brest – allait bien pouvoir faire de ses 32 hectares de terres et de son hangar agricole en tôle rouillée. «Certains ont dit que c’était pour élever des chevaux mais on n’en a jamais vu», reprend Patrick. La réponse est simple : il n’en a jamais rien fait. «Tout était en friche, il n’a pas même pas coupé les chardons, relève son voisin agriculteur. Il a acheté la ferme, en fait, pour être hyper caché.»
«Episode délirant à deux»
Hyper cachée peut-être, mais désormais hyper médiatisée, la ferme du Stang suscite aujourd’hui les convoitises. «Des Belges» et/ou «des Hollandais», dit-on dans le village, «pour faire des films d’horreur». Ce voisin taiseux et discret, donc, que les habitants ont appris à connaître à travers les médias : Hubert Caouissin sortait tout juste d’un arrêt de travail de trois ans pour dépression. Mais «les gens ne comprennent pas qu’on puisse faire de telles choses… Ils sont tétanisés par l’horreur», reprend le maire de la commune. Une cellule psychologique a été mise en place à la mairie, pour accueillir ceux qui souhaiteraient se confier. Pour l’instant, les deux employés municipaux qui ont été réquisitionnés par la justice pour débroussailler le terrain «n’en ont pas ressenti le besoin».
C’est d’ailleurs peut-être du côté de la psychologie qu’il va falloir chercher l’origine du quadruple meurtre d’Orvault. Il serait en effet lié une vieille histoire de «pièces d’or», que se serait accaparé Pascal Troadec après la mort de son père. «Je ne sais pas s’il y a de l’or dans cette histoire… Ce que je sais, c’est que la parole de Hubert Caouissin, elle ne vaut pas de l’or, ironise Me Cécile de Oliveira, l’avocate de la mère et des sœurs de Brigitte Troadec, assassinée à Orvault, pour mettre en doute la véracité de ses propos. Le mobile est celui de la jalousie, une jalousie absolument étrange et disproportionnée.» Ses clientes n’ont «pas été surprises» quand elles ont appris le nom du tueur présumé – mis en examen pour assassinats et atteinte à l’intégrité d’un cadavre. «Cette histoire de pièces d’or était une source de conflit depuis de nombreuses années : on cite dans la procédure des repas de famille où il y a eu de très fortes altercations entre Hubert Caouissin et Pascal Troadec», confirme à ce sujet le procureur de la République de Nantes.
Ce problème d’héritage a pu entraîner au fil des ans «un épisode délirant à deux», entre Hubert Caouissin et sa compagne, pense Gérard Rosselini, président de l’Association nationale des psychiatres experts judiciaires (Anpej). Se sentant «spolié depuis des années», l’assassin présumé de la famille Troadec aurait eu «une décharge d’agressivité violente» lorsqu’il a été surpris par son beau-frère et sa belle-sœur dans leur maison. Sa santé mentale, en attendant, peut poser question : en garde à vue, il avait dit avoir «appliqué un stéthoscope sur les portes et les fenêtres» de la maison des Troadec pour écouter leurs conversations… Une scène parfaitement surréaliste, digne d’un polar de série B.
«Pas de souvenirs clairs de leur crime»
Son casier judiciaire, jusqu’alors vierge, interpelle forcément : n’importe quel quidam peut-il donc commettre de tels actes ? «Potentiellement, n’importe qui peut faire n’importe quoi. Mais dans les faits, il faut accumuler un grand nombre de facteurs, qui doivent se juxtaposer, répond le psychiatre. Ce qui est fondamental dans ce genre d’histoires, c’est cette multicausalité, qui constitue un mélange explosif.»
Des «histoires» d’ailleurs plus fréquentes qu’on ne le pense. «De tout temps, il y a eu des meurtres particulièrement horribles, mais ils étaient mieux cachés et moins connus, rappelle Gérard Rosselini. Dans les villages les plus reculés de France, ce n’était pas le genre de choses qu’on annonçait avec un roulement de tambours…» Pont-de-Buis-lès-Quimerch, 3 800 habitants, en aurait certainement fait partie en d’autres temps. Son confrère Daniel Zagury se souvient ainsi avoir analysé «un gendarme qui avait découpé la gendarmette dont il était follement amoureux» ou «une mamie qui avait démembré son papy». Des individus là encore sans antécédents judiciaires et qui n’étaient «ni de grands malades mentaux ni de grands déséquilibrés».
«Ce dont on a parfois la surprise, c’est la discordance entre la très grande horreur des faits et la grande banalité des personnalités… C’est très déconcertant, mais il faut savoir l’accepter», souligne ce psychiatre, auteur de l’Enigme des tueurs en série. Au début de sa carrière dans la médecine médico-légale, il était d’ailleurs convaincu que ces démembrements de cadavres étaient forcément «exceptionnels» et «relevaient nécessairement de la maladie mentale ou de la grande perversion».«Mais l’expérience m’a montré que ce n’était pas vrai : ces actes sont commis dans des états psychiques seconds, où les individus s’adaptent à l’horreur extrême qu’ils sont en train de commettre, analyse Daniel Zagury. Ils agissent comme un robot, comme un automate.» Selon lui, «un grand nombre de personnes» parviendraient ainsi, dans la même situation qu’Hubert Caouissin, à faire la même chose que lui – et cela «même si elles s’en croient parfaitement incapables». «L’idée de beaucoup de criminels, c’est de faire disparaître les traces de leur crime, comme un mauvais cauchemar, explique le psychiatre. Ils veulent l’enfouir au plus profond d’eux-mêmes, que cela parte aux oubliettes, qu’ils finissent eux-mêmes par croire que cela ne s’est jamais produit.»
Ainsi, contrairement à ce qu’on pourrait croire, les découpeurs de cadavres ne seront pas obnubilés par leur crime chaque jour du reste de leur vie. «Les traces psychiques qu’ils en garderont seront minimes, assure l’expert judiciaire. L’auteur de ce genre de faits expulse inconsciemment les bribes de ces souvenirs d’horreurs… Il en aura des flashs ou des cauchemars, mais pas de souvenirs clairs de cette période.»
En attendant, pour ce qui le concerne, Hubert Caouissin n’a «pas une franche conscience de la médiatisation» de l’affaire, a constaté un proche du dossier. «Ça ne rentre pas, quoi… Pourtant, cela lui a été dit par tout le monde, que ce soit la juge d’instruction ou son avocate. Il doit être dans une bulle.»
>Faits divers|De nos envoyés spéciaux Jean-Marc Ducos et Nora Moreau à Brest (Finistère)|08 mars 2017, 21h54 | MAJ : 09 mars 2017, 7h05|22
Pont-de-buis-lès-quimerch (Finistère), mercredi. Hubert Caouissin, meurtrier présumé de quatre membre de la famille Troadec, arrive avec des policiers pour participer à des recherches.AFP/Fred Tanneau
De nos envoyés spéciaux Jean-Marc Ducos et Nora Moreau à Brest (Finistère)
La mère de Pascal et Lydie Troadec, 49 ans et 47 ans, un frère et une soeur au coeur de la tragédie qui s’est nouée la nuit du 16 au 17 février, à Orvault (Loire-Atlantique), témoigne pour Le Parisien/Aujourd’hui en France.
Elle a accepté de parler une seule fois, au téléphone. Elle n’ouvre sa porte à personne pour protéger son petit-fils, âgé de 8 ans, de cette effroyable tragédie familiale. Roberte (*), 76 ans, a enlevé le nom de sa boîte aux lettres et a fait retirer la poignée de la porte du jardin menant à sa maison. Roberte est la mère de Pascal et Lydie Troadec, 49 ans et 47 ans, un frère et une soeur au coeur de la tragédie qui s’est nouée, la nuit du 16 au 17 février.
Pour Roberte, le trésor en lingots et pièces d’or «subtilisé» par Pascal à la mort de son père en 2009 est à l’origine de tout. «Cet or a brisé notre famille», soupire Roberte. «Je sais que j’ai perdu Pascal. Et que Lydie, sa soeur, ma fille, risque de ne jamais revenir à la maison». Roberte s’interdit de pleurer pour ne pas céder au chagrin devant son petit-fils dont elle a la garde provisoire depuis l’arrestation de ses parents dimanche dernier. Cet enfant est né de l’union d’Hubert et de Lydie, devenus les bourreaux de toute la famille Troadec.
«Lingots et pièces d’or cachés dans le garage»
«Je dois tenir le choc. Je prends sur moi pour ne pas me laisser aller». Elle cherche à scolariser son petit-fils à côté de chez elle : «je sais qu’on risque de me l’enlever mais pour l’instant il reste avec moi ».
«Cette affaire terrifiante trouve son origine dans un trésor composé de lingots et pièces d’or que mon mari avait caché dans le garage de notre maison», reprend la septuagénaire. Un trésor découvert en 2006 lorsque son mari, ex-artisan-plâtrier, avait effectué des travaux chez une locataire dans un immeuble du vieux quartier de Recouvrance, à Brest (Finistère). Un or ,«volé peut être», «à la Banque de France» lors de la seconde guerre mondiale.
L’artisan, devenu commerçant en outils, est décédé le 29 novembre 2009 . «En 2010, poursuit Roberte, j’ai dû être hospitalisée et Pascal m’a demandé la clé de la maison et a profité de mon absence pour s’emparer de cet or !», assure la vieille dame. «Il a spolié sa soeur Lydie ! J’ai bien essayé d’intervenir et d’arbitrer. J’ai dit que je n’étais pas d’accord, mais Pascal est devenu très autoritaire et m’a dit de me taire», renchérit la grand-mère qui se souvient d’une scène terrible en 2014 lors d’un déjeuner entre elle et son fils. «Pascal a menacé. Il a tapé violemment sur la table. Il a parlé de crises cardiaques, j’en ai fait deux, j’ai eu la peur de ma vie et je lui ai dit que je ne voulais plus le voir», s’émeut Roberte.
«Pascal a toujours été jaloux de la bonne situation d’Hubert»
Selon son récit, la relation entre Pascal d’un côté, Hubert et Lydie de l’autre, n’a jamais été très bonne. «Pascal a toujours été jaloux de la bonne situation d’Hubert qui gagnait très bien sa vie à l’arsenal. Il n’a jamais supporté qu’il devienne le compagnon de sa soeur Lydie. Il ne l’aimait pas», raconte encore la vieille dame.
Après la mort de son mari, les choses s’aggravent. Lydie tombe malade après la naissance de son fils. Un cancer qui la laissera lourdement handicapée au bras. «À la mort de mon mari, Pascal est devenu hautain. Il a même dit que Lydie n’était pas ma fille. C’est dur d’entendre cela», ajoute Roberte. «Pascal se vantait d’avoir placé l’or à Monaco et en Andorre et qu’il y en avait assez pour vivre longtemps. Mais qu’on ne pouvait pas y toucher. Je ne me faisais plus aucune illusion», glisse encore la veuve qui a multiplié les accidents de santé. Une hanche cassée en 2012, puis une épaule en 2015.
«Quand mon mari était vivant, tout se passait bien. Quand il est mort, tout a changé. Je ne voyais plus très souvent mes petits enfants Charlotte et Sébastien. Ils préféraient voir les capitales européennes, comme disait mon fils. Lydie avait enregistré son frère lors d’une dispute et avait placé ce document sur son ordinateur comme pour se protéger. Et je lui donnais toutes les cartes postales des voyages que Pascal et sa famille faisaient car ils voyageaient beaucoup. C’était une preuve car leur situation financière a bien changé au tournant de 2010 et 2011», lâche la vieille dame. «Cet or a tout brisé ».
Un « trésor », découvert par le père de Pascal et Lydie Troadec, dans un vieil immeuble de Recouvrance, à Brest : tel serait le mobile du quadruple assassinat. Et voilà que l’enquête criminelle se retrouve dans de nouveaux méandres et plonge dans l’un des épisodes brestois les plus romanesques de la Seconde Guerre mondiale.
Pascal, Brigitte, Sébastien et Charlotte Troadec ont-ils été assassinés pour une sombre histoire de trésor familial ? Hubert Caouissin, le beau-frère de Pascal, l’affirme depuis sa garde à vue. Son obsession maladive pour ces « pièces d’or » risque fort, désormais, de devenir celle des enquêteurs.
La mère de Pascal et Lydie Troadec accrédite cette thèse : selon elle, il y a bel et bien un « trésor familial », constitué de pièces et de lingots d’or, trouvé en 2006 par son mari, dans un appartement du quartier de Recouvrance, qu’il était chargé de retaper. Ce plâtrier aurait découvert cet or, « volé peut être à la Banque de France » lors de la Seconde Guerre mondiale, déclare-t-elle. L’artisan les vole à son tour. Avant que son fils, Pascal se l’accapare peu de temps après la mort de son père, en 2010. Dans une interview au Parisien, la mère de ce dernier explique qu’il l’aurait ensuite placé dans plusieurs paradis fiscaux, en Andorre et à Monaco, s’assurant des compléments de revenus confortables jusqu’à la fin de ses jours. Charge désormais aux enquêteurs de dérouler cet écheveau, qui pourrait tenir de la légende familiale.
Mais à Brest, cette version des faits résonne avec une sonorité particulière, et l’histoire de la ville pourrait elle aussi accréditer la thèse du trésor de guerre.
Sauver l’or de la Banque de France
Pour le comprendre, il faut se replonger en 1940, au tout début de la Seconde Guerre mondiale. Dans le plus grand secret, alors que l’armée allemande avance à grand pas vers Paris, Lucien Lamoureux, alors ministre des Finances, décide d’évacuer l’or de la Banque de France vers l’étranger : une partie vers les États-Unis, une autre vers les Antilles, puis à Dakar, Kayes, Casablanca… L’or envoyé par des succursales de toute la France est mis en caisses pour les lingots, en sacoches pour les pièces, avant de remplir des wagons. Ainsi, du 30 mai au 14 juin 1940, soixante convois arrivent à Brest par chemin de fer. Au fur et à mesure de leur arrivée, les trains sont déchargés à dos d’homme, puis les colis sont mis dans des camions qui partent immédiatement pour le fort de Portzic, en attendant d’être chargés sur des bateaux pour rejoindre des latitudes plus tranquilles. En tout, 16.201 colis en caisses et sacoches, soit 736 tonnes d’or, sont entreposés dans la poudrière du fort.
50 kg tombés dans le port
Les Allemands se rapprochent, il faut vite les évacuer. Ainsi, le Pasteur appareille avec 213 tonnes d’or pour à la Royal Bank of Canada, à Ottawa. L’Émile Bertin évacue, lui, 200 autres tonnes. Au total, cinq navires quittent la rade de Brest.
Ainsi, le trésor national pourra être sauvé. Intégralement ? Quasiment. Seul un paquet de 50 kg n’aurait jamais été retrouvé, et pour cause : il serait tombé dans l’eau, entre le fort du Portzic et le quai de Laninon. Officiellement, il n’aurait jamais été retrouvé…
Est-ce cette page d’histoire qui vient s’achever, en partie peut-être, dans cette affaire criminelle hors normes ?
Hier, une source proche de l’enquête affirmait qu’une enquête patrimoniale est effectivement en cours pour trouver une trace de ce « trésor ».
« Aujourd’hui, il n’y a aucune évidence », a expliqué cette source, appelant à la « prudence », d’autant qu’aucun montant n’a été communiqué. « On n’est que sur du déclaratif pour l’instant ».
Mythe ou réalité ? Pour Colette (*), cela ne fait aucun doute : l’or découvert puis volé par le père de Pascal Troadec, dans un immeuble de Recouvrance, à Brest, a bel et bien existé. Et pour cause : c’est son père qui a remonté du fond du port de Brest les lingots tombés à l’eau, lors du chargement du trésor de la Banque de France, en juin 1940, pour le soustraire aux mains des Allemands.
Quand une enquête criminelle s’entrechoque avec une histoire familiale, « ça perturbe sacrément ». Colette, 61 ans, a failli s’étouffer devant son café, hier matin. « Lorsque j’ai lu que la mère de Pascal Troadec évoquait un trésor découvert par son mari, dans un immeuble de Recouvrance, de l’or qui était tombé dans le port pendant la guerre, mon sang n’a fait qu’un tour ! », explique-t-elle. Ce trésor est devenu le mobile du quadruple assassinat de la famille d’Orvault (44).
« Je me suis dit que c’était l’histoire de mon père, racontée là ! », s’exclame cette jeune grand-mère, qui est née et vit toujours dans un petit village du pays de Landerneau-Daoulas. « Ces 50 kg d’or, c’est Joseph (*) mon père, avec trois amis, qui les ont remontés du fond du port de Brest, en juin 1940, quelques jours après que tout l’or de la Banque de France est parti par bateaux ».
Alors, pour Colette, lire que cette histoire serait « un mythe », que cet or n’aurait jamais existé, c’est tout simplement impossible. « Mon père, en 1940, avait 22 ans. Il vivait chez sa tante Jeanne, à Recouvrance, sa mère et son petit frère avaient quitté Brest pour se réfugier à la campagne. Il était assez actif dans la Résistance. Le bruit a rapidement couru, dans ce milieu, qu’une caisse d’or était tombée dans le port. Ils ont mis peu de temps à découvrir l’endroit, quai de Laninon, où elle était tombée. Une nuit, ils sont allés la chercher. Deux ont plongé, deux ont guetté, dont mon père. En moins d’une heure, ils l’ont remontée à la surface ».
Caché dans le jardin de la tante Jeanne…
Colette raconte cette histoire qu’elle connaît par coeur : « C’est devenu notre épopée familiale, celle que mon père racontait, pendant les repas de famille, bien longtemps après la guerre (elle est née dix ans après l’armistice, NDLR), comme un de ces faits héroïques que seules les périodes troubles peuvent engendrer ». Joseph et ses copains chargent le trésor sur leur moto, et décident de le cacher « dans le jardin de tante Jeanne », sous un stock de bois.
« À aucun moment, il n’a été question de se servir de cet or. Mon père nous a raconté que les lingots, de toute façon, étaient numérotés. Son idée, c’était de le sauver des Allemands ». Le butin restera plusieurs années sous le bois de chauffage de la tante Jeanne. « Si elle avait su ça, elle en aurait fait un infarctus ! », assure Colette.
« Il aurait mieux fait de le laisser au fond du port »
Reste qu’à la fin de la guerre, une enquête est menée pour retrouver l’or manquant. La Banque de France demande à la Marine de faire des recherches. Un bateau-pompe aspire la boue, sous le quai de Laninon et des scaphandriers inspectent la zone. « Mon père et ses copains ont paniqué. Ils se sont dit qu’ils risquaient de se retrouver en prison, qu’ils auraient du mal à justifier leurs intentions, poursuit Colette. Ils ont donc décidé de se débarrasser de l’or, en le déposant, une nuit, dans un immeuble désaffecté de Recouvrance. En espérant que d’autres le retrouvent. C’était une façon de se débarrasser du bébé ! ».
Colette ne peut jurer qu’aucun ne s’est servi mais sait que son père « n’aurait jamais fait ça ». « Si ça avait été le cas, on aurait été plus riches ! », sourit-elle avec douceur. Aujourd’hui, elle espère que les familles des trois autres comparses oseront, elles aussi, sortir de leur réserve, si tant est que le secret ait perduré chez elles. Elle aimerait aussi comprendre pourquoi l’or a mis autant de temps à être découvert, jusqu’à ce que le père Troadec le mette au jour, en 2006. Mais ce qui bouleverse Colette, c’est surtout l’issue tragique de cette histoire : « À mes yeux, cet or faisait de mon père un héros. Quand je vois ce qu’il a engendré comme horreurs, je me dis que peut-être, mon papa aurait mieux fait de le laisser au fond du port ».
Les enquêteurs tentent d’établir si un « trésor » caché était à l’origine de l’assassinat des quatre membres de la famille Troadec, dont de nouveaux restes ont été découverts jeudi dans le Finstère. | Yves-Marie Quemener
Les enquêteurs tentent toujours d’établir si un « trésor » caché est bien à l’origine de l’assassinat des quatre membres de la famille Troadec à Orvault (Loire-Atlantique), dont de nouveaux restes ont été découverts jeudi dans la ferme du principal suspect, à Pont-de-Buis-lès-Quimerch (Finistère).
Le « trésor ». Le magot. L’or. La mère de Pascal Troadec, le père de famille assassiné, et de Lydie Troadec, sa sœur, compagne du suspect, a longuement évoqué jeudi cette piste pour expliquer le drame survenu à Orvault. « Cette affaire terrifiante trouve son origine dans un trésor composé de lingots et de pièces d’or que mon mari avait caché dans le garage de notre maison », selon elle. Son fils aurait placé cet « or volé » à Monaco et Andorre.
Ce « trésor », dont on ne connaît pas le montant et dont l’existence n’a pas été confirmée, aurait été découvert en 2006 par son mari, ex-artisan plâtrier, lors de travaux dans un immeuble ancien d’un vieux quartier de Brest.
« On n’est que sur du déclaratif pour l’instant »
Une enquête patrimoniale est en cours pour trouver une trace de ce « trésor », selon une source proche de l’enquête. Mais « aujourd’hui, il n’y a aucune évidence », a expliqué cette source, appelant à la prudence, « on n’est que sur du déclaratif pour l’instant ».
Lundi dans Le Parisien, la mère du suspect, Hubert Caouissin, affirmait de son côté que « cette histoire de lingots », c’était « n’importe quoi ».
De source judiciaire, pour l’instant rien, ne confirme cette piste. Le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès, avait seulement indiqué, lors d’un précédent point de presse, que le couple Troadec avait « des revenus convenables » et n’était pas endetté.
Une histoire de lingots« imaginaire »
Jeudi, l’avocate de la famille de la mère assassinée, Me Cécile de Oliveira, a fait état d’un « harcèlement » de la part de l’assassin présumé envers ses futures victimes qui aurait débuté « en 2014, 2015 ». « Pascal Troadec avait fait une démarche auprès de la gendarmerie pour se plaindre d’avoir été accusé mensongèrement et de manière répétée sur cette histoire de lingots d’or qui sort de l’imaginaire d’Hubert Caouissin », a certifié l’avocate.
« On a la conviction que (les époux Troadec) étaient accusés à tort et vivaient évidemment comme un harcèlement complètement invraisemblable, absurde et nocif […] ces accusations mensongères », a affirmé Cécile de Oliveira.
Pascal Troadec, 49 ans, était salarié depuis une dizaine d’années dans une PME à Orvault (Loire-Atlantique). Son épouse Brigitte, 49 ans, était employée dans un centre des impôts de Nantes.
Affaire Troadec : les fouilles dans la propriété d’Hubert Caouissin et Lydie Troadec. | Visactu
« Une profonde rancœur »
En garde à vue dimanche, Hubert Caouissin a expliqué qu’il était persuadé « que Pascal Troadec avait récupéré des pièces d’or dans un cadre successoral ». Celles-ci « auraient dû être partagées avec le reste de la famille », ce qui a nourri « une profonde rancœur », avait expliqué lundi le procureur de Nantes.
Ce serait le principal mobile à l’origine du meurtre de Pascal, sa femme Brigitte et leurs enfants Sébastien, 21 ans, et Charlotte, 18 ans.
Des fragments de corps humains et des bijoux appartenant aux victimes avaient déjà été retrouvés mercredi dans la ferme du suspect à Pont-de-Buis-lès-Quimerch (Finistère), à une quarantaine de kilomètres de Brest.
Des ordinateurs retrouvés
Lors de nouvelles recherches jeudi, de nouveaux restes humains ont été retrouvés mais « également des bijoux et des objets qui avaient été dérobés dans la maison d’Orvault, notamment des ordinateurs », découverts dans une zone marécageuse de la propriété, a précisé le procureur.
Plusieurs dizaines d’enquêteurs de différentes spécialités étaient sur place, quadrillant les bâtiments de la ferme entourés de 32 hectares de terrain humide. Ils ont sondé les berges boueuses de l’Aulne, fleuve côtier qui borde les terres de la ferme, a constaté un photographe.
Des fouilles sont aussi entreprises dans la maison et dans le four qui aurait servi pour brûler une partie des restes des corps.
En garde à vue, Hubert Caouissin a reconnu avoir tué les parents et les deux enfants Troadec.
Technicien pour le groupe de construction navale DCNS à Brest, Hubert Caouissin, 46 ans, a été mis en examen lundi à Nantes pour assassinats et atteinte à l’intégrité d’un cadavre. Sa compagne, secrétaire médicale en invalidité, a été mise en examen pour modification de l’état des lieux d’un crime et recel de cadavres.
Affaire Troadec : les aveux glaçants de Hubert Caouissin
>Faits divers|De notre envoyé spécial Jean-Marc Ducos à Pont-de-Buis (Finistère)|09 mars 2017, 22h06 | MAJ : 10 mars 2017, 15h42|33
Pont-de-Buis (Finistère), mardi. La ferme où résidait le beau-frère du couple Troadec se trouve à plus de 250 km d’Orvault, où la famille a été assassinée.AFP/FRED TANNEAU
De notre envoyé spécial Jean-Marc Ducos à Pont-de-Buis (Finistère)
Alors que les fouilles se sont poursuivies jeudi au domicile du tueur présumé dans le Finistère, le récit des jours qui ont suivi la nuit d’horreur à Orvault se précise.
Le récit de la mise à mort, le 16 février dernier, de la famille Troadec à coups de pied de biche par l’ex-beau frère Hubert Caouissin, 46 ans, dans leur maison d’Orvault (Loire-Atlantique) avait déjà stupéfait les enquêteurs lors de ses aveux dimanche soir. Mais durant de sa garde à vue, ce technicien des arsenaux de Brest, suivi pour une grave dépression depuis quatre ans, a livré des détails encore plus glaçants sur les circonstances de ce drame motivé, semble-t-il, par une rancoeur liée à un « trésor familial » disparu.
«On va te dire que ton père est un monstre»
De retour à son domicile, la ferme du Stang à Pont-de-Buis (Finistère), après la tuerie d’Orvault, le 17 février au matin, Hubert Caouissin se confie aussitôt à son fils de 8 ans, avant même d’en parler à sa compagne Lydie, la soeur de Pascal Troadec et mère de l’enfant : «Tu verras, on va te dire que ton père est un monstre. Mais je vais t’expliquer et te dire la vérité…», dit-il au petit garçon.
Lydie monte la garde
Puis, le lendemain du massacre, il revient à Orvault, en compagnie de Lydie. Ils attendent que leur fils s’endorme, seul dans sa chambre à la ferme, pour prendre la route, dans la soirée du 17 au 18 février. Une fois sur place, pendant qu’Hubert Caouissin lessive la maison pour faire disparaître les traces de sang, Lydie l’a rejoint dans une autre voiture. Mais elle reste toujours, selon les premiers éléments de l’enquête, à l’extérieur. Elle ne pénètre pas dans maison de son frère Pascal.
Pas de portable mais des talkies-walkies
Hubert, « fatigué » par le nettoyage intensif de la maison baignée de sang, se couchera même dans le lit de Sébastien, le fils de la famille Troadec, pendant quatre heures. Tout ce temps, le couple est en contact grâce à des talkies-walkies. Un peu comme si Lydie montait la garde aux abords de la maison. L’utilisation des talkies-walkies ne permet aucune localisation électronique. Et dans cette enquête, le traçage de la téléphonie est impossible car Hubert ne dispose pas de téléphone portable. Il chargera ensuite les corps inertes de la famille Troadec dans la Peugeot 308 de Sébastien, pour les emporter dans sa ferme à 280 km de là, où il va procéder au démembrement. C’est sur l’appui-tête conducteur que son ADN sera retrouvé.
Des ordinateurs volés à Orvault
Jeudi, à l’issue d’une deuxième journée de fouilles dans la ferme de Pont-de-Buis, les experts de la police ont découvert de nouveaux restes humains ainsi que des bijoux appartenant à la famille Troadec. Le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès, a précisé que des ordinateurs volé à Orvault auraient aussi été retrouvés.
Selon les déclarations du meurtrier présumé, les quatre corps découpés auraient été brûlés et les restes enterrés dans une partie marécageuse et difficile d’accès de la propriété. Les enquêteurs ont même dû faire appel à un anthropologue spécialiste de l’étude des os pour les aider à identifier et interprêter le moindre indice. Jeudi, des premiers éléments auraient permis d’identifier des traces du corps de la fille de la famille, Charlotte.
Affaire Troadec : la discrète bascule d’Hubert Caouissin et Lydie Troadec dans l’horreur
Alors que des premiers restes humains ont été retrouvés mercredi, le profil du meurtrier présumé, Hubert Caouissin, et de sa compagne, Lydie Troadec, interroge.
La ferme de Pont-de-Buis (Finistère), où vivaient Hubert Caouissin et Lydie Troadec, le 7 mars 2017. (FRED TANNEAU / AFP)
Mis à jour le 09/03/2017 | 13:43
publié le 09/03/2017 | 06:04
Les tueries familiales propulsent souvent un lieu dans l’histoire criminelle française : le pavillon de Thorigné-sur-Dué (Sarthe) dans l’affaire Dany Leprince, le chalet des Flactif au Grand-Bornand (Haute-Savoie), le parking du Martinet à Chevaline (Haute-Savoie), la maison bourgeoise de Xavier Dupont de Ligonnès à Nantes (Loire-Atlantique). Dans l’affaire Troadec, l’horreur vient se loger dans un corps de ferme encaissé dans une vallée boisée et marécageuse du Finistère, à Pont-de-Buis-lès-Quimerch, au bord de l’Aulne. Hubert Caouissin y a dispersé les dépouilles d’une famille entière, celle de son beau-frère, pour un différend financier. Si les parents Troadec et leurs enfants ont été tués dans leur pavillon d’Orvault, ils ont été démembrés, brûlés puis éparpillés dans la trentaine d’hectares qui entourent la bâtisse, selon les aveux de l’homme de 46 ans livrés dans la nuit du 5 au 6 mars.
Une ferme à l’abri des regards
Avant de commettre son massacre et de s’obstiner à en dissoudre les moindres traces, il semble qu’Hubert Caouissin ait œuvré à sa propre disparition sociale, à l’image de ce nom effacé sur la boîte aux lettres de la propriété de Pont-de-Buis. On y devine « Troadec », du nom de sa compagne Lydie, sœur d’une des victimes, et complice présumée puisqu’elle a été mise en examen pour « modification de l’état des lieux d’un crime et recel de cadavres ». Le couple, parent d’un garçon de 8 ans, s’y était installé en toute discrétion début 2015, à l’abri des regards.
La boîte aux lettres de la propriété du Pont-de-buis (Finistère), le 7 mars 2017. (CATHERINE FOURNIER / FRANCETV INFO)
Les commentaires des voisins sont unanimes : Hubert Caouissin et Lydie Troadec y ont vécu reclus, sans aucun contact avec le monde extérieur. « Ils ne sont jamais venus se présenter », témoigne Ronan, un retraité dont la maison se situe le long de la petite route qui surplombe la ferme. Abandonnant ses coquillettes pour venir répondre aux journalistes, l’homme aux cheveux blancs dresse, à chaque fois, le portrait d’un couple dont le seul signe de vie se résumait à la fumée s’échappant de la cheminée. Idem du côté du maire. « Ils avaient mis des branches d’arbre en travers du chemin communal pour éviter qu’on aille jusqu’à chez eux », se souvient Roger Mellouët pour L’Obs. Leur enfant, scolarisé dans une école de la commune la première année, ne l’était plus à présent.
« On a affaire à un étrange personnage qui, manifestement, ne s’est pas installé ici par hasard », commente une source policière dans Le Télégramme. Selon une source proche de l’enquête contactée par franceinfo, Hubert Caouissin a affirmé aux enquêteurs qu’il souffrait d’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques, justifiant ainsi son retrait dans cette ferme isolée. Un argument qui n’est pas, pour l’instant, étayé par les investigations.
Des voisins fantômes qui hantent le quartier
C’est à une soixantaine de kilomètres de là qu’il faut se rendre pour peut-être comprendre comment ce couple a basculé dans l’isolement. Dans les pages blanches du département, un seul Hubert Caouissin est répertorié, domicilié à Plouguerneau, une petite ville balnéaire de 6 500 habitants balayée par la bruine et les embruns. Une fois le nom du meurtrier présumé dévoilé, il n’a pas été difficile, pour les journalistes, de se rendre à l’adresse indiquée, au lieu-dit Croas al Lan. Un défilé de voitures, de micros et de caméras, sous l’œil mi-curieux, mi-chagrin de voisins hébétés. Sur le talus qui entoure le pavillon défraîchi des années 1980, des marques de pas signalent la présence toute récente de photographes.
La maison, elle, est à l’abandon, le terrain envahi par les herbes hautes. Hubert Caouissin et sa compagne n’habitent plus ici « depuis quatre ou cinq ans », selon Michel, un retraité qui vit juste en face et qui enchaîne avec cordialité les interviews. Des voisins fantômes, qui hantent désormais le quartier. Il n’en a pas toujours été ainsi. La famille Caouissin s’est installée dans le village dans les années 1970, à quelques rues de là. « Ils habitaient dans le quartier Lambezellec à Brest et le papa travaillait à l’arsenal », indique Sylvie, qui se souvient de les voir débarquer le week-end et pendant les vacances pour prendre le grand air. « On allait à la plage et à la messe le dimanche, c’était des gens bien », raconte la quinquagénaire, qui jouait alors avec les quatre enfants, dont Hubert, le plus petit de la bande.
La maison d’Hubert Caouissin à Plougarneau (Finistère), le 7 mars 2017. (CATHERINE FOURNIER / FRANCE INFO)
A la retraite du paternel Caouissin, la résidence devient permanente. Attachés à Plouguerneau, deux des enfants y prennent également leurs quartiers. Hubert Caouissin achète le pavillon de Croas al Lan, tout près de chez ses parents, dans les années 1980. Il entre à l’arsenal en 1987, comme ouvrier puis technicien chez DCNS, un groupe industriel spécialisé dans l’industrie navale militaire. « Nous, nous sommes un peu une famille de l’arsenal de Brest », témoigne sa mère septuagénaire dans Le Parisien. Difficile d’en savoir plus sur le parcours du petit dernier de la famille. Les quelques archives dénichées sur internet attestent qu’il a été médaillé en 1998 pour avoir donné son sang dans le canton. En 2004 et 2005, il participe à des courses organisées par une association locale, signe d’une certaine vie sociale. Puis plus rien. Une rupture « numérique », à l’époque où il rencontre Lydie Troadec, via un site de rencontres. C’était en 2006.
« On ne les voyait plus »
La jeune femme vient s’installer dans le pavillon et un petit garçon naît rapidement de cette union. Les voisins décrivent un couple plutôt avenant. On se parle depuis les jardins, on se dit « bonjour, bonsoir », on échange des astuces bricolage. Pourtant, dès « les années 2006-2007″, selon le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennes, un conflit familial vient assombrir le tableau. Une affaire de pièces d’or mal partagées lors de la succession du père de Lydie Troadec. Qualifiée de « légende » par la mère d’Hubert Caouissin, cette histoire est en réalité avérée, selon la mère du frère et de la sœur, qui se confie dans Le Parisien. Selon elle, cet or, découvert par son mari lors de travaux dans un immeuble à Brest, a été subtilisé par Pascal Troadec à la mort de ce dernier. Cet héritage « spolié » est venu empoisonner peu à peu les relations entre les deux couples et scelle l’origine du drame.
C’était devenu une obsession pour Hubert Caouissin.
Le procureur de Nantes, Pierre Sennèslors d’une conférence de presse
Les dîners de famille sont orageux et de nombreuses disputes éclatent. A Plouguernau, les voisins notent un changement de comportement du couple aux environs de 2010, date à laquelle Lydie tombe malade. Un cancer du sein à un stade avancé, qui la laissera handicapée d’un bras. Invalide, cette secrétaire médicale doit rester à la maison et se renferme, tout comme son compagnon. « On ne les voyait plus et ils ne participaient plus aux fêtes de quartier », se remémore Jean-Claude, un adjoint au maire dont la maison jouxte celle du couple. A entendre le voisinage, Hubert Caouissin se montre de plus en plus hostile. « Il faisait faire ses besoins à son chien devant mon portail et restait là planté comme un i », ajoute Jean-Claude. « Son chien aboyait toute la journée alors on s’était permis une remarque. Il l’a peut-être mal pris », suggère Michel, qui décrit un homme de moins en moins commode.
Autour de 2013, Hubert Caouissin sombre dans la dépression, selon ses proches et son entreprise, qui confirme à franceinfo un arrêt de travail pendant trois ans. Lui et sa compagne disparaissent de Plouguerneau, sans mot dire, à bas bruit. Les habitants l’ont vu réapparaître sporadiquement voici un mois et demi environ. Un retour qui semble coïncider avec sa reprise en mi-temps thérapeutique à la DCNS de Brest. « Il avait remis le pied à l’étrier », indique sa mère dans Le Parisien. Selon Jean-Claude, c’est elle qui se déplaçait pour venir le voir. « Il garait sa voiture dans le garage, ce qu’il ne faisait jamais avant, et s’enfermait dans la maison », se souvient l’adjoint au maire.
Des fragments de corps humains et des bijoux
Le couple a été vu sur les lieux le jeudi 2 mars, quinze jours après le quadruple meurtre à Orvault. Entendu dans les premiers temps de l’enquête, Hubert Caouissin n’avait pas caché le différend familial qui l’opposait aux Troadec mais avait assuré ne pas les avoir fréquentés depuis longtemps. Son ADN, découvert dans le pavillon et dans la voiture de Sébastien Troadec, a eu raison de son mensonge. Le beau-frère a alors déroulé le scénario de cette terrible nuit du 16 au 17 février. Le stéthoscope pour écouter aux portes, l’intrusion dans la maison pour dérober une clé (du butin ?), le réveil de Pascal et Brigitte, descendus avec un pied-de-biche, l’affrontement et l’homicide des quatre membres de la famille. Quelques jours après, Hubert Caouissin s’est présenté à son travail avec « une partie du visage boursouflée, et une partie de l’un des sourcils brûlée »,selon certains de ses collègues interrogés par franceinfo.
L’enquête devra démontrer la préméditation ou non du crime. Elle devra aussi s’attacher à comprendre comment Hubert Caouissin a basculé dans l’horreur, avec la participation active de sa compagne pour faire disparaître les corps et les indices. Des expertises psychologiques et psychiatriques vont être réalisées. Selon une source policière, le quadragénaire avait arrêté son traitement médicamenteux depuis quelque temps. Mis en examen pour « assassinats » et « atteinte à l’intégrité d’un cadavre », Hubert Caouissin risque la perpétuité. Il est retourné, mercredi 8 mars, à la ferme de Pont-de-Buis, sous bonne escorte. C’est bien dans cette propriété, où le couple s’était fait oublier, que les enquêteurs ont exhumé des fragments de corps humains et des bijoux appartenant aux victimes.
Le Pays pagan est un pays s’étendant sur la frange littorale septentrionale du Finistère, au cœur du Léon. Son nom vient du latin paganus signifiant païen. La justification historique de ce qualificatif n’est pas claire.
Le terme de Pays pagan est généralement utilisé pour désigner la bande côtière d’une quinzaine de kilomètres qui s’étire de Guissény jusqu’à Kerlouan. S’agissant d’une appellation coutumière, sans fondement administratif ou religieux, cette limitation reste assez imprécise et sujette à débat. Pour Pol Potier de Courcy, par exemple, le Pays pagan s’étend de Tréflez jusqu’à l’Aber Wrac’h (Aber) et Plouguerneau.
Une côte particulièrement dangereuse
L’abondance des rochers en mer, qui forment de nombreux écueils, rend cette côte particulièrement dangereuse à la navigation comme en témoigne cette description d’Ernest Daudet, parue en 1899 :
« La renommée de cette côte est sinistre et mérite de l’être. Depuis que les hommes ont conquis l’empire des mers, les pointes de l’Île Vierge, de Guissény, de Pen-ar-Garec, de Kerlouan, de Brignogan, furent les auteurs et les témoins d’effroyables catastrophes. (…) En avant de ces rivages, et jusqu’à plusieurs milles en mer, [la nature] a jeté dans les fonds d’innombrables récifs. Quelques-uns s’assèchent à la mer basse et, quand elle les recouvre, on ne peut les deviner qu’à l’écume des eaux qui viennent se briser sur leurs dentelures redoutables. D’autres ne sont jamais couverts. Ils émergent au-dessus des ondes : ici, aiguilles acérées ; là, rocs massifs s’allongeant comme des monstres accroupis. Il en est qui ne se montrent qu’à de rares intervalles, dans les mouvements des grandes marées, et ce ne sont pas les moins périlleux. Pour naviguer parmi ces écueils, il faut les connaître et pour ne pas s’y briser il faut n’être pas saisi par les courants, enveloppé par les brumes et surtout ne pas confondre les feux des phares qui éclairent la bonne route (…). Encore aujourd’hui, des navires s’y perdent et, chaque année, on y signale des naufrages, bien qu’en ces endroits on ait multiplié phares, balises et signaux avertisseurs. Si, sur ces bords redoutés, les eaux pouvaient s’ouvrir (…) un vaste cimetière apparaîtrait sous nos yeux avec toutes les épaves que les siècles y ont accumulé, encore que les habitants en aient de tout temps arraché aux flots des quantités innombrables1. »
Les habitants du Pays pagan, et de manière plus générale ceux de nombreux endroits du littoral breton comme les Ouessantins ou les Bigoudens ont longtemps eu une réputation exagérée de naufrageurs ; il est probable qu’ils se contentaient en fait de récupérer tout ce qui pouvait l’être lorsque survenaient des naufrages.
Le « droit de bris et de naufrage » est une tradition qui remonte à l’Antiquité2. Au Moyen Âge, les seigneurs tentèrent de s’en emparer au détriment des populations littorales. On en retrouve des traces innombrables dans les édits et règlements des seigneurs du littoral. Saint Louis ne fit renoncer le duc de Bretagne Pierre de Dreux dit Mauclerc au droit de naufrage qu’en lui permettant de faire payer aux navigateurs des « substitutions » qui lui rapportaient autant que les rapines qu’elles abolissaient.
Le Pays pagan est connu pour son littoral déchiqueté et pour ses écueils rocheux à l’origine de nombreux naufrages et de la mauvaise réputation de ses habitants qui, très pauvres, sont accusés d’entraîner les navires sur les rochers pour piller leurs épaves. Cette pratique dite du « droit de naufrage » est interdite par Colbert en 16813 qui enjoint en outre à tous les sujets du roi « de faire tout devoir pour secourir les personnes qu’ils verront dans le danger du naufrage » ; des postes de garde sont alors installés sur le littoral, comme à Kerlouan, où une tourelle est encastrée sur une butte au milieu des rochers de Meneham. Mais la pratique du droit de naufrage a longtemps persisté.
Jacques Cambry, de passage à Guissény en 1794, indique : « Les naufrages y sont communs ; ils entretiennent chez l’habitant un amour de pillage, que rien n’a pu détruire ; il regarde comme un don du ciel, tous les objets que la tempête et que la mer peuvent apporter sur la côte4 ».
Pierre-Émile Barthélémy : Naufrage sur la côte bretonne (1851, musée de Morlaix)
Jacques Boucher de Perthes raconte que dans la nuit du 9 au 10décembre1817, alors qu’il se trouvait en tournée d’inspection du service des douanes à Roscoff, des coups de canons provenant d’un navire en détresse le tirèrent de son sommeil. Il se rendit sur place, à hauteur de l’Île de Sieck : « La foule qui se portait sur le même point, et quelques lumières que nous apercevions, ne me laissèrent aucun doute sur le lieu du naufrage. (…) Il ne restait du gréement que quelques tronçons de mâts. On voyait la ligne du doublage, et l’ouverture des sabords annonçant la présence de canons, vraisemblablement ceux qui appelaient au secours quelques heures avant. Sur la mer, à perte de vue surnageaient des pièces de bois, des barriques, des cordages. Sur la rive, même spectacle, et à chaque pas des cadavres. Au milieu de ce désordre, on voyait des hommes, des enfants, se ruant sur les débris, enfonçant les caisses à coups de hache ou de pierre, ou bien couchés sur des corps humains, non pour les secourir, mais pour les fouiller »5. Boucher de Perthes et les douaniers tentèrent en vain de s’y opposer. Boucher de Perthes précise que cette nuit-là six bateaux auraient été victimes de éléments déchaînés entre Roscoff et l’Aber-Wrac’h et que plus de 450 marins et passagers seraient morts dont 193 à bord de l’ Indian, un transport de troupes anglais, qui se serait échoué à hauteur de Plouguerneau. Ce témoignage de Jacques Boucher de Perthes était toutefois contesté, aucun autre témoignage des faits qu’il relate n’existant et aucune autre trace historique de l’existence de l’ Indian n’ayant été trouvée6. Toutefois, en 1992, un plongeur de Kerlouan a trouvé quelques vestiges de l’épave près des rochers de Karrek Hir permettant d’identifier ce navire, un trois-mâts anglais de 500 tonneaux qui partait prêter main-forte aux révolutionnaires vénézuéliens en lutte contre le gouvernement espagnol7.
Pol Potier de Courcy, dans La Bretagne contemporaine, livre écrit en 1864, l’atteste en ces termes :
« Les paganis (les « païens ») forment une population à part qui s’étend depuis Tréflez à l’est jusqu’à Plouguerneau et l’embouchure de l’Aber-Wrac’h, à l’ouest. Habitués dès l’enfance à regarder l’Océan comme leur tributaire, comme une vache qui aurait mis bas pour eux, disent-ils dans leur énergique langage, faisant ce qu’ils ont vu faire à leurs pères, ils sont loin de comprendre l’atrocité de leur coutume. À voir ces hommes coiffés d’une calotte grecque, le haut de la tête rasé, le reste des cheveux flottant de toute leur longueur sur le dos ou tordus et passés dans les bords relevés de leur calotte de laine bleue; vêtus d’un pourpoint de berlingue8 brun, leur caleçon arrêté au-dessus du genou, laissant en tout temps à découvert leurs jambes sèches et nerveuses (…), ils vivent d’une idée : la manne de la mer9. »
Le même auteur poursuit :
« Le pagan ne voit que la mer (…). À la vue d’un navire en détresse, la plage se couvre de pirates improvisés, désertant dans l’espoir du pillage la ferme, la charrue, l’église même, pour aller au pensé (« bris »). La voix des pêcheurs et des pilotes se renvoyant des avis et des signaux est souvent impuissante contre la force destructrice du vent ; et si le navire, ballotté de vague en vague, vient à se briser sur ces récifs qui lui servent de lit funèbre, le rivage offre la triste ressemblance de ces champs de mort où se précipitent, après la bataille, les animaux carnassiers. Dispersés sur les rochers les plus avancés dans les flots, ils ne songent, avec leurs longues perches armées de crocs, qu’à tirer à sec ces barils, ces caisses, ces ballots,que leur envoie la tempête, et chaque épave qu’ils parviennent à haler à terre est accueillie par des trépignements de joie. Alors intervient parfois la force armée9. »
Longtemps, les habitants du Pays pagan a eu la réputation, probablement exagérée, d’être des naufrageurs ; un auteur non précisé écrit par exemple en 1901 : « Pendant plusieurs siècles et jusqu’à ce que Louis XIV réprimât leurs sinistres exploits, Lannilis, Kerlouan, Guissény, Kertugal [Pontusval], Plounéour et bien d’autres lieux ne furent que des repaires de naufrageurs. Tous les hommes y étaient associés pour conspirer la perte d’autres hommes. (…) Les habitants étaient plus à craindre que les écueils parmi lesquels, le couteau au poing, ils guettaient les épaves et les naufragés »10.
Denis Goulven, médecin à Roscoff vers 1865 observe : « Comment de tels hommes, en présence de la réalisation de leurs rêves, consentiraient-ils à lâcher leur proie devant le sabre de quelques douaniers ? Quand un bris est là, il y aurait à courir le risque d’un boulet en pleine poitrine, ils iraient ; ils semblent obéir fatalement à des instincts de race »11. Les mœurs des paganis se sont toutefois adoucies : Pol Potier de Courcy écrit : « Les naufragés ne sont plus maltraités et sont même généralement l’objet d’une pieuse compatissance ».
Guetteur d’épaves dans les brisants de Kerlouan (carte postale ND Photo, début XXe siècle)
Dans la nuit du 3 au 4février1889, le vapeur La Vendée, chargé de vins et d’eaux-de-vie, vint se briser sur la côte. Le lendemain, on retrouva sur le rivage des grappes d’hommes, de femmes et d’enfants qui, presque ivre-morts, buvaient aux tonneaux qu’ils avaient défoncés12.
Des récits plus ou moins imaginaires abondent concernant les naufrageurs du Pays pagan : par exemple Jean Ajalbert dans le supplément littéraire du journal Le Figaro en date du 19avril1890 publie une nouvelle intitulée En Bretagne. Chez les naufrageurs où il est écrit entre autres :
« Le temps n’est plus où il suffisait, pour attirer le navire au plein, d’allumer dans la brume une lueur trompeuse, d’attacher quelque lanterne aux cornes des bœufs, d’installer un fanal, de promener des torches, pour persuader les vaisseaux en peine d’approcher, que d’autres étaient là, qui se balançaient au port. (…) Le métier est devenu douteux, d’un rapport incertain, par la rareté des sinistres maritimes : dès l’obscurité surgit la flamme vigilante du phare et la mer offre des routes mieux connues (…). Ils pêchent le goémon, surtout aux productives marées d’équinoxe et par les gros temps, armés de longs rateaux, dans l’eau jusqu’à mi-corps,arrachant à la vague la plante qu’elle apporte et remporterait, élevant ces tours noires surmontées de dômes de terre qui semblent garder l’approche de la côte, sous des capuces marron entre Guissény et Goulven, ou des capelines bleues pareilles à des heaumes, la visière relevée, vers Plouescat, ils semblent dans la brume de mystérieuses sentinelles, guerriers plus que pêcheurs d’herbes et cultivateurs. Pêcheurs d’hommes, jadis ! (…) Bons naufrages d’autrefois 13! »
Aujourd’hui, ce passé est exploité pour vendre les charmes touristiques de la Côte des légendes. Depuis, une très grande tradition de sauvetage en mer est apparue en Pays Pagan, comme par ailleurs, dans toute la Bretagne Armorique.
Un « pays noir » ?
La région a parfois été qualifiée de « Pays noir » ; Gustave Geffroy a écrit en 1905 : « Nous sommes ici en plein « pays noir ». Et ce n’est pas le costume des habitants qui a valu ce surnom (…) c’est le caractère, c’est l’âme de ces hommes qui sont vêtus d’un deuil éternel. Pourquoi ? Comment ? La tradition fait remonter à un vieil ermite du VIe siècle, saint Goulven, le changement qui s’est opéré dans le moral des Léonards du Kéménet-Ili. Jadis cette race aimait la danse avec une sorte de fureur, dit Miorcec de Kerdanet (…) Mais Goulven, avec son éloquence douce, persuasive (…) convertit les chansons profanes en cantiques pieux de sa composition ou bien de celle de ses vicaires. Le diocèse devint un pays de foi, de dévotion, de bon exemple. Le fait est qu’aujourd’hui encore, dans cette partie du Léon, la danse est proscrite de toutes les fêtes publiques ou domestiques »14.
Économie
Le Pays pagan vit du tourisme et de l’agriculture maraîchère. Le goémon, et plus précisément le pioka (ou « lichen de mer ») est récolté les semaines de grandes marées et utilisé par l’industrie alimentaire pour concevoir des épaississants employés pour la confection de flan, de crèmes glacées ou de yaourts. Quelques entreprises dans le bâtiment sont aussi présentes, pour la plupart d’origine locale.
Activité culturelle
Le Pays pagan possède sa troupe de théâtre, Ar Vro Bagan, ainsi qu’un bagad et un cercle de danse bretonne. Diverses activités sportives sont par ailleurs proposées avec du football, du handball, du surf, de la voile. Des groupes de musique aussi chantent ce pays avec entre autres le groupe de chants de marins, Les Gourlazous [archive] qui se produisent régulièrement dans cette contrée. Le chanteur Dom Duff, originaire de Plouescat, reste attaché à son pays et a écrit plusieurs chansons qui en témoignent.
Traditions
L’identité « paganiz » est mise en avant depuis quelques années pour affirmer une originalité culturelle (« carnaval pagan » de Plounéour-Trez ou encore Trechou Surf Team de Kerlouan affirmant son côté pagan). Mais dans les faits, cette personnalité est peu marquée et ses traditions et costumes sont très peu éloignés de ceux du Bas-Léon.
Littérature
Yves Le Febvre a publié une nouvelle intitulée Le « Pagan (mœurs bretonnes) en 190715.
Les Païens (Ar Baganiz en breton) de Tanguy Malmanche : drame en trois actes, en vers, situé à Kerlouan en 1681, traduction de l’auteur, en 1931.
↑ Le droit de s’emparer de tout ce qui appartenait aux malheureux naufragés était déjà inscrit dans la plus ancienne des lois de la mer connue, celle des Rhodiens
Ce n’est pas moi qui le dis, hein, ce sont les journalistes de 20minutes.fr qui relèvent aussi lors de leur reportage que :
« Philippe a parfois du mal à admettre que dialoguer, ce n’est pas se rendre complice »
Le NPA est une secte, et une secte dangereuse. Combien de fois faudra-t-il le dire avant d’être entendu ?
Même son candidat à la présidentielle est soumis au dogme du parti pour ses militants de base, tous embrigadés dans une vraie secte qui les utilise contre leur bien et leurs intérêts au profit de puissants dont ils n’ont même pas idée.
Dialoguer, c’est s’ouvrir à d’autres points de vue que ceux du gourou, avec pour ce dernier le risque d’être confondu comme menteur, affabulateur et manipulateur, comme le furent en partie les dirigeants de la section brestoise de la LCR pour leur adepte Joël Roma en 2005.
« Confirmation d’un appel à débrayage 13h-15h avec rassemblement pour faire le point sur la situation. Ça se passera sur le parking CE extérieur de l’usine ; » Philippe Poutou nous a donné rendez-vous, ce jeudi, par texto devant le siège de Ford Aquitaine Industrie, à Blanquefort (Gironde), tout près de Bordeaux. Le candidat du NPA à la présidentielle est remonté comme un coucou. Les dirigeants de l’entreprise américaine qui l’emploient depuis 2000 à la maintenance ont reporté un rendez-vous décisif pour l’avenir d’un site en perpétuel sursis. Trois mille salariés il y a quinze ans, à peine 950 aujourd’hui, qui se demandent ce qu’ils vont devenir après mai 2018. C’est à cette date que l’engagement du fabricant de voitures sur le maintien de l’emploi en Gironde deviendra caduc.
Ils sont à peine une quarantaine à avoir répondu à l’appel de la CGT sur le fameux parking CE. « Les gens ont le cul dans la graisse, ils savent qu’ils ne trouveront jamais un meilleur job ailleurs, et pourtant ils ne se bougent pas, peste un participant. Heureusement qu’il y a Philippe et les autres pour se battre. » En bleu de travail et tee-shirt azur, « Philippe » harangue les troupes, sûr de son petit effet : la veille, la vice-présidente de Ford Europe, Linda Cash, qui ne danse pas le tango, a passé sa journée à l’usine.
Les syndicats souhaitaient lui faire connaître leurs inquiétudes. Consigne avaient été donnée de faire le ménage pour faire bonne impression. « De toute façon, ce n’était pas dur, la moitié de l’usine est vide, raconte Laurent, 17 ans de boîte au laboratoire de Chimie. Quand on pense à ce que Ford représentait à Blanquefort… »
Philippe Poutou au milieu des ouvriers, le 9 mars 2017 à Blanquefort. – J.Laloye/20minutes
Pendant des années, c’était tout, comme Michelin à Clermont (Puy-de-Dôme), ou Peugeot à Sochaux (Doubs). Une entreprise qui structurait la vie d’un territoire, avec 4.500 employés à son apogée, dans une ville de 16.000 habitants. « J’ai vu l’usine se construire, se rappelle Dominique Clavet, rencontrée au centre-ville. Mon père était chef du personnel, mon mari a travaillé toute sa vie dans les ateliers… ça faisait vivre du monde. »Inaugurée en 1977 par la famille Ford elle-même, l’usine de Blanquefort a connu un déclin progressif, jusqu’à ne plus concerner grand-monde aux alentours.
Au Trio, le bar de refuge de la petite place centrale de Blanquefort, en face de l’église, Martine, au comptoir depuis sept ans, n’a rien à dire sur Ford. « Leurs ouvriers, on ne les voit pas, on ne peut pas dire qu’ils nous fassent travailler. Ce n’est même pas un sujet de conversation avec les clients, même si évidemment ce serait triste pour eux si ça fermait. »
Même son de cloche au chalet Aquitain, dont la survie pourrait pourtant inspirer les « Fordistes ». Au bord de la liquidation judiciaire il y a trois ans, ce fabricant de chaussures, a maintenu l’activité grâce à la mobilisation de ses salariés. « On n’est plus que onze et la production est tombée à 10.000 paires par an contre 600.000 à la grande époque, mais on a survécu », résume Marie-Hélène, qui aurait bien aimé voir les gars de Ford au soutien. « Philippe Poutou, je ne l’ai jamais vu dans le magasin pour s’acheter une paire de chaussures. On aurait peut-être pu créer des ponts à partir d’une rencontre, même fortuite. »
« Des premières grèves à 20 dans le vestiaire »
Le syndicaliste était trop occupé, déjà, par son combat pour sauver son job et celui de ses collègues. « Quand ça allait bien au début, Les premières grèves c’était des trucs à 20 dans les vestiaires pour les salaires, une fois par an, se marre l’intéressé. Il y avait de la fierté, on faisait nos deux heures de débrayage avec 15 types de la direction en ligne qui regardaient qui sortait du vestiaire. » Et puis la lutte est devenue plus sérieuse, les licenciements succédant aux licenciements, jusqu’au départ de Ford, en 2009, avec le retrait symbolique du logo de l’entreprise. « Un jour terrible, on n’était pas 100 à manifester au pied du panneau. Ça faisait bizarre vu ma position de manifester contre le départ d’une grosse multinationale capitaliste, mais on était persuadés que c’était le début de la fin. »
Jean-Luc Mélanchon truste les affiches devant l’usine Ford de Blanquefort. – J.Laloye/20minutes
Poutou n’est pas encore un homme politique, mais il commence à se faire une réputation de dur à cuire dans le coin. « On a beaucoup travaillé de concert pour tenter de sauver le maximum d’emplois, se souvient Francis Wilsius. Philippe est parfois très extrême dans ses revendications, mais il a l’intérêt du collectif en lui », témoigne cet ancien salarié (« 38 ans de maison depuis l’ouverture »), devenu conseiller régional du PRG chargé de la délégation à la restructuration économique, une fonction qui lui permet de conserver un œil sur le futur de l’entreprise… et son ancien compagnon de lutte, qu’il a même décidé de parrainer en vue de l’élection présidentielle. « Parce que c’est normal qu’un ouvrier puisse se présenter, toutes les catégories doivent être représentées à ce rendez-vous. »
C’est ce statut de candidat qui avait tout changé pour Poutou en 2012, quand son nom avait été sorti du chapeau par le NPA. La direction de Ford elle-même ne refuse pas ce petit coup de pub bienvenu, alors qu’elle vient de faire son retour sur le site. Cinq ans plus tard, le fabricant ne semble pas s’émouvoir que son employé ait remis ça : « On fait le nécessaire afin qu’il puisse mener sa campagne [Philippe Poutou travaille deux jours par semaine à l’usine], explique un porte-parole de la firme, mais pour nous, c’est de l’ordre de l’anecdote. »
Philippe Poutou est au contraire persuadé que son combat politique lui permet de « protéger » l’usine de Blanquefort. « Les collègues sont contents que je sois à nouveau candidat, ça met la lumière sur eux, même ceux qui ne votent pas du tout à l’extrême gauche. Ils savent que quand on parle de moi, on parle de l’usine. Ça ne suffira pas à la sauver, mais c’est important. »
« Philippe a parfois du mal à admettre que dialoguer, ce n’est pas se rendre complice »
A l’heure du changement de shift de la mi-journée, ils ne sont que quelques-uns à franchir les nombreux tourniquets qui encadrent l’entrée dans las bâtiments. Mais ils se montrent plutôt admiratifs de l’énergie de Poutou à la tâche. Murielle, employée au contrôle métallurgique : « Il est toujours à l’écoute de nos problèmes. Quand j’ai eu quelques soucis avec des collègues disons « machos », il a été là pour moi. Lui au moins se bat pour que ça continue. Parce que les gens comme nous, qui ont 20 ans de boîte et presque 50 ans, comment on va faire pour se recycler demain si on perd notre travail ? ». « Philippe s’investit énormément dans le combat pour Blanquefort sans faire de prosélytisme pour son parti politique », abonde Jean-Luc Gassies, élu de la CFTC
« Je ne crois pas avoir pris la grosse tête, je suis pareil à la télé qu’avec les copains, reprend Poutou. Quand on fait 1 %, c’est compliqué, faut dire ! » Chez Ford, ce serait sans doute beaucoup plus. « Une fois j’avais dit que je passerais au second tour si seule l’usine votait, mais c’est pas si évident, parce que beaucoup ici vont s’abstenir. Parmi Fillon, Macron, ou Le Pen, les trois qui peuvent gagner, il y en a aucun qui semble se préoccuper de notre sort, alors que personne n’a intérêt à voir des emplois disparaître. On n’a qu’un an devant nous avant d’en arriver là ».
Yin
Aime le potage
Avis du 3 février 2015
Ce blog a été créé le 6 janvier 2015 pour prendre le relais du Petitcoucou venant d'être suspendu sans préavis ni avertissement en milieu de journée. Ayant eu cette fonction jusqu'au 1er février 2015, il devient un doublon du Petitcoucou suite à la réouverture de ce dernier après trois semaines de suspension, et sa reprise d'activité à compter du 2 février 2015.
Les statistiques de ce blog sont bloquées depuis le 21 janvier 2015. Plus aucun compteur n'est incrémenté, ceux des visites du jour restent à zéro, les mises à jour ne se font plus.
Avis du 24 janvier 2015
Mes statistiques "avancées" sont de retour et font apparaître un record de visites le 21 janvier 2015 - record très modeste, mais néanmoins record pour ce blog nouveau-né.
En revanche, les statistiques "basiques" sont toujours bloquées.
Tout cela m'évoque bien évidemment les petites manies de Cyprien Luraghi qui n'a jamais pu supporter de voir s'envoler le nombre de mes lecteurs, qu'il surveille comme le lait sur le feu depuis la création de mon premier blog, sur Le Post, début septembre 2009.
Avis du 26 janvier 2015
Mes statistiques "basiques" sont de retour. Tout se passe normalement. Le Chinois de Thaïlande est inactif sur ce blog.
Avis du 31 janvier 2015
Mes statistiques "basiques" sont de nouveau bloquées depuis le 29 janvier.
Avis du 1er février 2015
Retour de mes statistiques "basiques".
Avis du 3 février 2015
Statistiques "basiques" de nouveau bloquées depuis le 1er février.
Avis du 6 février 2015
Mes statistiques "basiques" sont de retour. Tout fonctionne.
Avis du 11 février 2015
Mes statistiques "basiques" sont de nouveau bloquées depuis le 8 février.
Avis du 26 février 2015
Statistiques "basiques" enfin débloquées !
Avis du 27 février 2015
Statistiques "basiques" de nouveau bloquées depuis le 26 février. Ce petit jeu pourrait-il cesser ? On n'en voit pas l'intérêt...
Complément de 22 h: merci de m'avoir rendu ces statistiques !
Avis du 4 mars 2015
Statistiques "basiques" de nouveau bloquées depuis le 1er mars. Merci de les débloquer et ne plus les bloquer ou les oublier en cet état à l'avenir.
Avis du 7 mars 2015
Statistiques "basiques" bien débloquées. Merci.
Avis du 25 mars 2015
Statistiques "basiques" bloquées depuis le 14 mars.
Avis du 2 avril 2015
Mes statistiques "basiques" sont de retour.
Avis du 26 avril 2015
Les statistiques "basiques" de ce blog sont encore bloquées, depuis le 10 avril 2015.
Avis du 28 avril 2015
Statistiques de retour. Merci.
Avis du 7 mai 2015
Je n'ai de nouveau plus de statistiques "basiques" depuis le 2 mai. Comme pour Petitcoucou, les statistiques "avancées" ont également disparu depuis deux jours.
Avis du 10 mai 2015
Statistiques "basiques" débloquées. Merci. Me manquent encore les statistiques "avancées".
Avis du 14 mai 2015
Toutes mes statistiques sont de retour depuis hier. Merci.
Avis du 3 octobre 2015
Les compteurs de mes statistiques avancées sont tous à zéro depuis le 1er octobre. Merci de me les rendre.
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