Patricia Bouchon a été tuée à l’issue d’une violente agression à Bouloc le 14 février 2011 vers 4h30.
Serait-ce le fantôme qui a réveillé NEMROD34 à cette même heure le 11 février dernier ?
Un suspect venait d’être mis en examen et placé en détention pour ce meurtre deux jours plus tôt.
Le meurtre de Patricia Bouchon, la joggeuse de Bouloc
REPLAY – Le 9 février dernier, après quatre ans d’enquête infructueuse, un suspect a été mis en examen pour l’homicide de Patricia Bouchon. C’est peut-être le premier pas vers la résolution de ce crime mystérieux.
L’enquête vient en effet de connaître un important rebondissement avec la mise en examen et l’incarcération, la semaine dernière, de l’auteur présumé de cette assassinat qui a bouleversé toute la région il y a 4 ans.
L’édito de Jacques Pradel
On s’approche peut-être de l’épilogue d’une enquête qui semblait dans l’impasse, malgré plus de 8.000 pièces de procédures, 1.500 personnes entendues, plus de 800 prélèvements ADN et une dizaine de suspects successifs mis en garde-à-vue. L’homme qui vient d’être mis en examen avait été suspecté dès le début de l’affaire mais laissé en liberté faute de preuves. Il est présenté comme quelqu’un de fragile psychologiquement et le procureur de Toulouse parle d’indices graves et concordants qui pèsent sur lui.
Nous revenons sur l’ensemble de l’affaire avec Patrick Isson, correspondant de RTL à Toulouse et Frédéric Abela de La Dépêche du Midi.
La fin d’une enquête hors du commun ?
L’enquête autour du meurtre de Patricia Bouchon, ce sont des dizaines de policiers, et une cellule spéciale de la section de recherche de Toulouse. En quatre ans, les enquêteurs ont procédé à des centaines d’auditions, et à des dizaines de gardes à vue… Ce meurtre incompréhensible a beaucoup touché la région: chaque année, plusieurs centaines de personnes se rassemblent aux alentours du 14 février pour des marches en mémoire de cette mère de famille de 49 ans. Ses enfants, son mari, et ses sœurs n’ont jamais baissé les bras, jamais perdu espoir…Cependant aujourd’hui, même après la mise en examen de Laurent Dejean, les gendarmes restent très prudents : il est accusé « d’homicide volontaire » sur la base « d’indices graves et concordants », mais aucune preuve sérieuse ne peut être à ce jour retenue contre lui…
Un suspect fragile psychologiquement
La question principale qui se pose aujourd’hui est celle de la santé mentale de Laurent Dejean. Il sera examiné par des experts psychologues dans le courant de la semaine. Mais pour l’instant, ses voisins et ses connaissances décrivent un homme gravement perturbé, chômeur et toxicomane, qui a pour habitude d’errer, la nuit, près de la zone où le corps de Patricia Bouchon a été retrouvé. Il a déjà mentit aux enquêteurs au sujet de son véhicule, et a tenu des propos étranges et décousus au sujet de la victime….
Nos invités
Frédéric Abela, journaliste à la Dépêche du Midi
Patrick Isson, correspondant RTL à Toulouse,
Me Hatoum, avocat de Laurent Dejean, et Me Juillard, avocat de la famille Bouchon
Vous pouvez à tout moment soumettre une affaire à Jacques Pradel. Laissez votre message avec les principales informations nécessaires à l’équipe de l’émission pour programmer, peut-être prochainement, ce fait-divers dans L’Heure du Crime.
http://www.ladepeche.fr/article/2015/02/10/2046923-ce-que-l-on-sait-du-suspect-presume.html
Ce que l’on sait du suspect présumé
Meurtre de Patricia Bouchon – Bouloc (31)
Reclus dans son modeste appartement, à Bouloc et vivant d’une allocation adulte handicapé en raison de ses troubles du comportement, Laurent Dejean, 35 ans, est officiellement accusé du meurtre de Patricia Bouchon, la joggeuse tuée à Bouloc, au matin du 14 février 2011. Comme pour la famille de cette femme adepte de la course à pied et secrétaire dans un cabinet d’avocats toulousain, il y a, pour cet homme, que beaucoup de choses accableraient aujourd’hui, un avant et un après février 2011.
Solitaire, artisan bien noté par ses patrons, Laurent Dejean fait figure d’employé modèle comme plaquiste, dans cette commune qui l’a vu grandir. Avant le meurtre, ce trentenaire célibataire, «impulsif et sans histoire», fait des allées et venues entre son appartement, dans une résidence bien tenue et la maison de sa mère, à la sortie du village vers Fronton. C’est d’ailleurs sur cette route qu’il aurait pu croiser la joggeuse. Il aurait été vu par un témoin à bord de sa Clio, jamais retrouvée. Ponctuel, consciencieux, Laurent Dejean a des amis et une vie sociale limitée, des plus ordinaires. C’est l’homme que l’on croise sans vraiment regarder. Entretenant, peut-être, sa part de mystère.
Après le 14 février 2011, la face cachée du modeste plaquiste se dévoile peu à peu. Et l’image de l’employé modèle se fissure étrangement, loin des soupçons de ceux qui le côtoient. Quelques jours après le meurtre, Laurent Dejean entame sa descente aux enfers. Les premiers arrêts maladie atterrissent en cascade dans le bureau de son employeur qui ne le reverra qu’une semaine. Interrogé par les gendarmes, il explique qu’il s’était blessé à l’épaule. Il souffrait en réalité de problèmes psychiatriques qui le conduisent, neuf jours après le meurtre à consulter un spécialiste. Suivent de longues périodes d’absence et une solide prise en charge psychiatrique. Laurent Dejean décroche. À l’automne 2011, il est interné. Il suit un traitement lourd. Il est coupé du monde et se fait oublier. Entre deux séjours dans les pavillons psychiatriques, il revient à Bouloc mais n’est plus qu’une sorte de fantôme errant dans les rues, multipliant les comportements troublants. Il est vu en plein jour, sur son vélo, ou à pied lisant la Bible tout en marchant. Ses accès de colère inquiètent ses proches. Parfois violent, il se défoule contre des portes. Décrit comme «volcanique» et «sanguin», Laurent Dejean est une boule de nerfs cultivant parfois l’autodestruction dans son rapport complexe à la mort. Happé pas ses idées noires, il vit cloîtré chez lui, sous curatelle renforcée. Fin 2013, la diffusion publique du portrait-robot agit comme un déclic. À Bouloc, les langues se délient à la vue de ce croquis représentant, a priori, Monsieur-Tout-Le-Monde. Mais ils sont nombreux à reconnaître, derrière ces traits anodins, le visage familier de Laurent Dejean, guetté par l’amnésie. Comme si la diffusion officielle du portrait du tueur avait libéré les consciences à un moment où le principal suspect, isolé, poursuit son enfermement dans sa prison sociale et psychiatrique. Dès lors, tout semble le désigner. Le fameux faisceau d’indices accablerait cet homme au casier vierge qui a toujours nié le moindre lien avec le meurtre. Placé en garde à vue en janvier et juin 2014, il n’a jamais reconnu sa participation. Déni ? Amnésie ? Folie ? Quatre ans après, cette nouvelle étape judiciaire pourrait lever le voile sur la véritable personnalité de cet homme désormais accusé de meurtre.
Frédéric Abéla
Meurtre de Patricia Bouchon – Bouloc (31) – Reportage
«Ce serait Laurent ? Super ils l’ont pris !» Hier matin, la nouvelle de l’arrestation de Laurent Dejean n’a surpris personne dans le voisinage immédiat de son petit appartement. Rama le côtoie depuis 2010. «Il a changé du jour au lendemain après le meurtre, note celle qui, parfois, lui apportait à manger. Il était dans son monde, j’ai commencé à l’éviter. Il a pété les plombs, il disait que je faisais du vaudou contre lui et il sonnait chez moi.» Comme tout le monde à Bouloc, les voisins ont parlé du meurtre de Patricia Bouchon. «Il m’a dit que, jamais, il n’aurait pu faire ça. Mais quand on m’a montré le portrait-robot, j’ai tremblé.» Ses anciens employeurs, chez lesquels il a travaillé deux ans, confirment : «Il parlait de cette affaire. Des copains à lui avaient eu leur ADN prélevé. Il se sentait donc en lien avec cette affaire mais voulait s’en éloigner. Après le meurtre, il a repris une semaine puis s’est mis en arrêt.» Les enquêteurs leur ont aussi présenté le portrait-robot : «Quand on cache la bouche, on a l’impression de le voir en face.» Au travail, il ne faisait pas parler de lui : «On l’a pris car il méritait de travailler. Il était vaillant mais psychologiquement faible».
Laurent Dejean a grandi à Bouloc. L’ancien maire, Christian Faurie, décrit «un enfant d’une famille ancienne boulocaine» qui a perdu tôt son père maçon. «Il a fréquenté nos écoles. Mais c’est un jeune qui nous a été signalé à plusieurs reprises en difficulté.» Afin de l’aider, «je l’ai employé au sein d’un chantier d’insertion au syndicat intercommunal. Les personnes y sont encadrées pour réaliser des travaux. Ça se concrétise par des stages. Lui s’était orienté vers le montage de cloisons.» À cette période, Laurent Dejean vit chez sa mère. «J’avais été alerté par un membre de la famille car il était un peu violent avec sa mère et qu’il lui prélevait de l’argent. On a fini par lui trouver un logement social sur la commune. C’était à peu près au moment de l’affaire.»
Dans son nouveau quartier, il se fait vite remarquer : «Il avait un comportement particulier. Il faisait des déclarations le soir fort sur son balcon, c’était des incantations. Les gens commençaient à être inquiets. On a pris une mesure d’internement d’office. Ça a été laborieux. Il s’est échappé en sautant par le balcon. Il est resté plusieurs semaines à l’hôpital.»
Après cet épisode, le maire a recroisé Laurent Dejean : «Il m’a remercié et m’a dit qu’il se sentait mieux.» Idem avec ses voisines : «Quand il sortait de l’hôpital, il s’excusait.» La nuit de l’agression de Patricia Bouchon, les voisins de l’impasse avaient entendu un homme s’excuser.
Joggeuse de Bouloc : l’arrestation du suspect est aussi un pari
Meurtre de Patricia Bouchon – Bouloc (31) – Enquête
La mise en examen et l’incarcération d’un suspect, lundi, dans la mort de Patricia Bouchon en 2011, à Bouloc en Haute-Garonne, ressemble à un pari. La suspicion, même appuyée sur des indices «graves et (ou) concordants», ne fait pas les preuves mais
Laurent Dejean dort désormais en prison. L’homme qui était soupçonné depuis plus d’un an par les enquêteurs de la gendarmerie nationale, a été mis en examen lundi pour «homicide volontaire». Il est officiellement mis en cause dans la mort de Patricia Bouchon, disparu le 14 février 2011 alors qu’elle effectuait un jogging à Bouloc, en Haute-Garonne. Son corps a été retrouvé six semaines plus tard, dissimulé sous un pont à Villematier, à 12 kilomètres du chemin de terre où cette femme avait été violemment agressée.
Ses avocats, Mes Hatoum et Darribère ont beau dénoncer un dossier «sans charge réelle», leur client dort en prison. Va-t-il le supporter, lui déjà décrit comme psychologiquement «instable» ? Cet enfermement le poussera-t-il à aller au-delà de ses déclarations déjà enregistrées dans le cadre de ses deux gardes à vue, en janvier et en juin ? Ou se renfermera-t-il à nouveau, privant les juges d’instruction, et les enquêteurs, d’un nouveau fil à exploiter ? Quand, après la diffusion du portrait-robot, le profil de Laurent Dejean s’est peu à peu imposé comme une nouvelle hypothèse sérieuse — plus de 50 ont été traitées depuis quatre ans -, les gendarmes de la section recherches de Toulouse ont redoublé vérifications, investigations, recherches après la première garde à vue, en janvier 2014. Objectif : retrouver cette fameuse Renault Clio, aperçue par un témoin la nuit de l’agression et que Laurent Dejean est soupçonné d’avoir conduite. Lui, pourtant, affirme le contraire. Il refuse obstinément tout lien avec ce véhicule même si les investigations des gendarmes ont permis de recueillir de nombreux témoignages, une vingtaine, liant ce véhicule et leur suspect.
Pendant l’été, après le deuxième passage en garde à vue début juin qui n’a pas permis de progression particulière, le Frontennais a été scruté dans tous les sens. «Nous avons sondé, survolé, inspecté lacs, rivières et retenues d’eau», résume le colonel Éric Matyn, patron de la section de recherches. Sans succès. Si elle existe vraiment — pas un gendarme de la cellule n’en doute — où se trouve cette Renault Clio ? La mise en examen du suspect, objet de multiples articles et reportages, peut-elle déclencher des souvenirs chez de nouveaux témoins ? Quatre ans après, le pari paraît ambitieux. C’est vite oublier le choc d’octobre 2013 et la publication du portrait-robot. Beaucoup de proches de l’ancien plaquiste ont soudain réalisé le lien possible entre Laurent Dejean et l’homme crayonné à partir des souvenirs d’un chauffeur-livreur. Dans cette affaire, les enquêteurs n’ont pas eu beaucoup de chance — Patricia Bouchon encore moins. Quatre ans après, le processus peut-il s’inverser ? Cela aussi motive le pari pris de concert par les gendarmes, le parquet et les juges d’instruction.
Que reste-t-il de l’ADN retrouvé sur le corps ?
Pendant des semaines, après la disparition de Patricia Bouchon, les gendarmes ont fouillé Bouloc et ses environs. Finalement, c’est en cherchant un chien égaré qu’un chasseur a découvert le corps de cette mère de famille, flottant sous un petit pont à Villematier (notre photo DDM).
Les spécialistes de l’IRCGN, l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, ont passé 48 heures à réaliser méthodiquement des prélèvements sur la scène de crime. Un travail laborieux mais, au final, trois ADN ont été révélés. L’un d’eux a longtemps intéressé les enquêteurs. En effet, il a été retrouvé sur le bras de Patricia Bouchon, entre le coude et l’épaule. Comme si une main avait tenu la joggeuse lors d’une altercation.
Cet élément technique a, entre autres, permis d’écarter la responsabilité d’un illuminé qui s’était présenté en juin 2012 à la gendarmerie de Vielmur-sur-Agout comme le «tueur de Bouloc». Un Tarnais qui, en réalité, ne savait même pas où se situait cette petite commune sur la carte de la Haute-Garonne.
Quatre ans après la nuit du 14 février 2011, l’ADN n’a pas du tout été évoqué par le procureur Couilleau, pourtant très précis sur les indices «graves et, ou, concordants» qui ont motivé le placement sous mandat de dépôt du suspect. En réalité cet ADN, qualifié parfois reine des preuves, constitue aussi un piège. En l’occurrence, celui retrouvé sur les vêtements de Patricia est partiel ce qui rend son utilisation compliquée. Et il peut également s’agir d’un ADN de contact, «apporté» par exemple par un gant porté par l’agresseur mais qui aurait touché une autre personne. Cette possibilité évite d’établir un lien entre l’ADN et Laurent Dejean…
J. C.
Affaire Patricia Bouchon: le suspect a été conduit sur le lieu supposé du crime de la joggeuse de Bouloc
Mardi soir à 19h15, les enquêteurs ont procédé à la « mise en situation » du suspect sur le petit chemin supposé être le lieu du crime de Patricia Bouchon.
Les enquêteurs vont tenter d’analyser les réactions de l’homme mis en examen il y a quelques jours.
- Par Michel Pech
- Publié le 17/02/2015 | 20:49, mis à jour le 18/02/2015 | 16:20
C’est à la nuit tombée, vers 19h15, que les enquêteurs ont débuté cette « mise en situation, à la demande du juge d’instruction » et en présence du procureur de la République de Toulouse.
Cette mise en situation est une pratique usitée parfois par les enquêteurs qui essaient de faire réagir le suspect, et cela dans le cadre de l’instruction.
La presse était maintenue à bonne distance du chemin en gravier où des traces de sang et de pneus avaient été relevées il y a quatre an.
La Clio blanche
Nos journalistes sur place ont pu noter la présence d’une voiture Clio blanche, une voiture qui a son importance.
En effet, parmi les indices « concordants » relevés par le procureur, figure notamment le fait que le suspect a été reconnu par un témoin sur portrait-robot et qu’il a toujours nié avoir eu une Clio claire, comme celle signalée, alors que de nombreuses personnes de son entourage l’associent à cette voiture.
Le suspect a toujours nié
L’homme qui réside à Bouloc est célibataire. Il n’a jamais été arrêté mais faisait l’objet depuis un an d’une surveillance particulière des enquêteurs. Selon nos informations, il correspond au portrait-robot diffusé en 2013.
Rappel des faits
Le 14 février 2011, Patricia Bouchon, 49 ans, secrétaire dans un cabinet d’avocats toulousains et mère de famille, était partie vers 04H30 faire son jogging autour de Bouloc, à 25 km au nord de Toulouse.
Son corps avait été retrouvé un mois et demi après, vertèbres et crâne enfoncés, un gant en latex enfoncé dans la gorge. Son meurtrier avait aussi essayé de l’étrangler mais aucun abus sexuel n’avait pu être mis en évidence.
Vidéo : le reportage d’Emmanuel Wat, Delphine Gérard et Denis Hémardinquer
http://www.ladepeche.fr/article/2015/02/18/2051509-meurtre-joggeuse-bouloc-suspect-lieux-crime.html
Meurtre de la joggeuse de Bouloc : le suspect conduit sur les lieux du crime
Meurtre de Patricia Bouchon – Bouloc (31) – Haute-Garonne
Une mise en situation de l’homme suspecté d’avoir tué Patricia Bouchon, la joggeuse de Bouloc, le 14 février 2011, a eu lieu hier. Il a été conduit sur les lieux de l’agression.
Une Clio blanche à l’entrée d’un petit chemin privé à la sortie de Bouloc dans la nuit froide de février. Hier soir, à partir de 19 heures, les enquêteurs de la section de recherches de Toulouse, accompagnés du juge d’instruction Fabrice Rives et du procureur de la République de Toulouse, Pierre-Yves Couilleau, ont procédé à une mise en situation du meurtrier présumé de Patricia Bouchon, la joggeuse tuée le 14 février 2011 à Bouloc.
Laurent Dejean, 35 ans, mis en examen pour homicide volontaire la semaine dernière et écroué dans la foulée a été extrait de sa cellule et transporté sur les lieux de la violente agression. Une mise en situation rapide décidée dès la mise en examen du suspect.
Dans quel but ? Essayer de provoquer un déclic chez cet homme qui, lors des deux gardes à vue qu’il a subies, en janvier et juin 2014, puis, lorsqu’il était face au juge d’instruction, la semaine dernière, a toujours nié sa participation au meurtre.
Hier, le suspect a d’abord été conduit à la gendarmerie de Fronton. Avant son arrivée à Bouloc, sur les lieux du drame, les gendarmes ont minutieusement marqué chaque endroit où des indices avaient été retrouvés à l’époque.
Les indices matérialisés
Traces de pneu dans l’herbe, chouchou, boucle d’oreille de Patricia Bouchon et enfin l’importante flaque de sang, au fond du chemin ont ainsi été matérialisés et le scénario de l’agression envisagé. Une Renault Clio, du type de celle que conduisait l’agresseur décrit par un témoin, a été transportée sur les lieux. Pendant plus de deux heures, soutenu par ses avocats, Mes Darribère et Hatoum, Laurent Dejean a écouté. À Bouloc, la circulation a été coupée et un important dispositif de gendarmes a bouclé le secteur.
Peu avant 22 heures, le cortège s’est de nouveau ébranlé, cette fois en direction de Villematier à 12 kilomètres de là, au niveau d’un petit pont sous la route dans lequel le corps de Patricia Bouchon avait été retrouvé par hasard six semaines plus tard.
Hier soir, à l’heure où nous écrivions ces lignes, rien n’avait filtré du comportement du suspect.
En quelques dates
Lundi 14 février 2011 vers 4 h 30, comme chaque jour, Patricia Bouchon, 49 ans, part faire son jogging. Elle ne rentrera jamais.
Mardi 15 février des traces de sang sont retrouvées dans une impasse à la sortie de Bouloc. Un chouchou et une boucle d’oreille également.
29 mars, découverte du corps à Villematier.
Octobre 2011, Laurent Dejean est entendu pour la première fois.
Octobre 2013, diffusion du portrait-robot.
Janvier puis juin 2014, le suspect est placé en garde à vue.
Lundi 9 février 2015, Laurent Dejean est interpellé, mis en examen et placé en détention.
Claire Lagadic
http://www.ladepeche.fr/article/2015/02/19/2052163-pas-de-declic-le-suspect-continue-de-nier.html
Pas de déclic, le suspect continue de nier
Meurtre de Patricia Bouchon – Bouloc (31)
La mise en situation, mardi soir, à Bouloc n’a pas déclenché de réaction chez le suspect n°1 qui a continué de clamer son innoncence dans le meurtre, en 2011, de Patricia Bouchon.
«Il n’y a pas eu d’avancée notable, notre client se dit toujours étranger aux faits.» Les avocats de Laurent Dejean, 35 ans, l’homme suspecté du meurtre de Patricia Bouchon, le 14 février 2011 à Bouloc (nos éditions précédentes) n’ont pas noté de différences, mardi soir, dans le comportement de leur client, pourtant transporté sur les lieux du crime à la demande du juge d’instruction.
Pour Mes Darribère et Hatoum, cette mise en situation n’a pas fait avancer les choses. «Notre client a été très coopératif, décrit Me Hatoum. Mais il n’y a pas eu de changement de position de sa part.»
Il clame son innocence
De 19 heures à 1 heure du matin, enquêteurs, magistrats et défense, ont reproduit et suivi le parcours du meurtrier présumé (notre édition d’hier), du petit chemin à la sortie de Bouloc où la joggeuse avait été agressée et tuée, jusqu’à Villematier et ce pont sous la route principale où le corps de la victime avait été retrouvé six semaines plus tard.
C’est à la nuit tombée, dans les conditions dans lesquelles Patricia Bouchon avait été agressée le 14 février 2011 que tout a débuté, derrière un large périmètre de sécurité. «Nous avons visité tous les lieux. Notre client est resté sur sa position. Il continuait de clamer son innocence.»
L’instruction va se poursuivre avec de nouvelles étapes. Le suspect devrait ainsi être auditionné à plusieurs reprises.
Laurent Dejean, un Boulocain de 35 ans, avait été interpellé le lundi 9 février au domicile d’un ami à Fronton. Il avait été immédiatement présenté au juge d’instruction, mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention.
En janvier et juin 2014, il avait déjà été placé à deux reprises en garde à vue et relâché à chaque fois, faute d’aveux et de preuves.
Claire Lagadic
Meurtre de la joggeuse : le témoin capital reconnaît le suspect
Meurtre de Patricia Bouchon – Bouloc (31)
Laurent Dejean, le suspect du meurtre de la joggeuse de Bouloc, a été confronté, mardi soir, lors de sa mise en situation sur les lieux du crime (nos éditions précédentes), à l’auteur du portrait-robot diffusé en octobre 2013 par les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie de Toulouse. Selon nos informations, ce chauffeur livreur a formellement reconnu celui qu’il avait croisé cette nuit du 14 février 2011, jour de l’agression de Patricia Bouchon.
Mardi soir, la mise en situation a consisté à recréer, dans les conditions de l’époque, la scène de crime et ses à-côtés dont la rencontre entre les deux hommes. Cette nuit-là, cet homme avait croisé une Renault Clio à proximité immédiate du petit chemin. Il roulait vers Fronton lorsqu’il a aperçu une femme qui faisait son jogging face à lui, sur le côté gauche de la chaussée, à la sortie de Bouloc.
Quelques instants plus tard, il a dû freiner brutalement. Une voiture, une Clio «grise ou claire» était en arrêt au milieu de la route, tous feux éteints. Grâce à la lumière de ses propres phares, il a pu distinguer le conducteur, un homme d’une trentaine d’années, mal rasé, qui portait un bonnet. Lorsqu’il s’est présenté à la gendarmerie après avoir appris la disparition de Patricia Bouchon, il a pu établir un portrait-robot de l’homme. Ce témoignage capital fait aujourd’hui partie des indices qui ont mené à la mise en examen de Laurent Dejean.
Pourtant, le dessin n’a été diffusé qu’en octobre 2013, près de trois ans après les faits, à la demande insistante de la famille de la victime. À partir de là, les langues se sont déliées et Laurent Dejean a été placé en garde à vue à deux reprises, en janvier puis juin 2014.
La confrontation des deux hommes, dans les conditions de leur rencontre, n’a pas infléchi le récit du témoin qui a reconnu l’homme qu’il avait croisé.
Claire Lagadic
Meurtre de Patricia Bouchon : l’obscur profil du principal suspect
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- Par Judith Duportail
- Publié le 20/02/2015 à 13:40
Placé en détention provisoire depuis le 9 février, l’homme continue de nier les faits. Toxicomane, psychotique et violent, il doit toutefois faire face à un nombre important d’indices permettant de douter de sa version des faits. Il vient notamment d’être reconnu par un témoin-clé de l’affaire.
Il est celui que tout désigne mais que rien n’accable. Déjà deux fois mis en garde à vue dans le cadre de l’enquête sur le meurtre d’une joggeuse en février 2011 à Bouloc, près de Toulouse, Laurent a été relâché autant de fois faute d’élément. Cette fois ci, le suspect a été mis en examen et placé en détention provisoire depuis le 9 février dernier, sur la base «d’ indices graves et concordants» selon l’expression du procureur de la République. Ce dernier a toutefois reconnu ne pas avoir de preuve formelle de sa culpabilité.
Laurent est donc officiellement soupçonné d’être l’auteur du meurtre de Patricia Bouchon, qui avait l’habitude d’aller courir tous les matins à l’aube. Le 14 février 2011, elle n’est jamais revenue de sa course. Son corps avait été retrouvé un mois et demi après, vertèbres et crâne enfoncés, un gant en latex enfoncé dans la gorge. Son meurtrier avait aussi essayé de l’étrangler mais aucun abus sexuel n’avait pu être mis en évidence.
Laurent, 35 ans, est un artisan du bâtiment, vivant à Bouloc comme Patricia. Selon les informations de La Dépêche, parmi les indices étudiés par les enquêteurs, figure son changement drastique de comportement après le meurtre de la mère de famille. Si Laurent a toujours vécu légèrement à la marge de la société à cause de troubles psychologiques, ces derniers se seraient largement accentués dans les semaines suivant le meurtre. Il est aujourd’hui considéré comme «psychotique» par les enquêteurs. Juste après les faits, l’homme enchaîne les arrêts maladie, ne se présente plus que pendant une semaine à son travail, lui qui était jusqu’alors apprécié par ses patrons. A un ami, il glisse «si j’étais impliqué dans cette histoire je me serais fait enfermer chez les fous», avant d’être effectivement placé en hôpital psychiatrique à l’automne 2011. La presse locale le décrit alors comme un fantôme, qui, lors de ses retours à Bouloc erre dans les rues, récitant des passages de la Bible à haute voix. Il lui arrive d’avoir des accès de violence et de frapper les murs, les portes. Aujourd’hui encore, l’homme avale chaque jour une forte dose de médicaments. Selon le parquet, Laurent a longtemps été adepte des «paradis artificiels», pour les désigner joliment.
Laurent reconnu par le témoin-clef
C’est à la fin de l’année 2013 qu’il entre dans le collimateur des enquêteurs. Un portrait robot du tueur est diffusé dans la presse locale et de nombreux témoins y reconnaissent Laurent. Placé en garde à vue en janvier 2014, il nie sa participation, mais tient des propos intrigants. «J’ai fait mon deuil pour Patricia Bouchon, je n’y pense plus», a-t-il ainsi confié avant d’embrasser une photo de la victime. Mais aussi: «C’est vrai que j’ai dit à mon travail que je me sentais responsable de cette affaire» ou «je n’ai aucun remords de cette affaire, je la connaissais à peine». Autre élément à charge, un témoin qui a croisé Patricia Bouchon dans les minutes précédent sa mort assure avoir aperçu une Clio claire aux sièges rabattus au même moment. Or, 24 personnes au total ont indiqué aux enquêteurs que Laurent avait une Clio blanche et neuf d’entre elles ont précisé qu’il avait pour habitude de rabattre les sièges. Lui assure ne plus savoir où est sa voiture. Il a même été reconnu, selon La Dépêche, par un témoin-clé de l’affaire lors d’une confrontation.
Reste aux enquêteurs à passer des indices aux preuves. Le suspect a ainsi été conduit mardi soir sur les lieux drames pour «une mise en situation», dans l’espoir de provoquer un déclic chez Laurent. Ce dernier n’a rien laissé filtré.
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