Gard et Hérault : cinq personnes interpellées à l’aube
I NFO MIDI LIBRE – Des policiers d’élite ont mené une opération anti-jihad dans le centre ville de Lunel. Cinq personnes, impliquées dans des filières de recrutement, ont été interpellées à Lunel, Aimargues (Gard) et Caussiniojouls dans l’Hérault. Elles ont été placées en garde à vue.
Le Raid et le GIPN ont déclenché une opération anti-jihad à Lunel à 6 h 30 ce mardi matin ainsi que dans plusieurs autres communes du Gard et de l’Hérault. Plusieurs quartiers du centre ville de Lunel ont été bouclés. Cinq personnes, impliquées dans des filières de recrutement et proches de Lunellois morts en Syrie, ont été interpellées. Ils ont notamment été repérés par des mandats envoyés en Syrie. Ils ont été placés en garde à vue. Des perquisitions ont été effectuées à leur domicile. Ce coup de filet était prévu depuis début janvier mais il avait été reporté à cause des attentats à Paris.
Interpellations à Lunel
Une Lunelloise a été blessée lors de la perquisition d’une habitation. Elle était derrière la porte lorsque les policiers l’ont forcée. Elle a été évacuée vers les urgences. Plusieurs habitations ont été fouillées place Rey, place Fruiterie, rue Marc-Antoine Ménard et rue Sadi-Carnot. Un déploiement de policiers particulièrement impressionnant pour les riverains cloîtrés chez eux. L’un des suspects a été interpellé à son domicile boulevard Saint-Fructueux à Lunel. Il a été conduit à sa voiture pour effectuer une perquisition. Il s’agit du frère de Karim, décédé en Syrie en décembre dernier.
Le maire de Lunel, Claude Arnaud, a déclaré sur France Info : « »Ce matin, sans avoir prévenu, des brigades spécialisées ont investi certaines rues de Lunel… La ville était sous surveillance, l’opération d’aujourd’hui était donc à sens assez logique (…) Quand ils viennent, il savent qui ils viennent chercher (…). L’opération me paraît logique : derrière ces départs, il faut savoir qui il y a. Est-ce qu’il y a quelque chose d’organisé ? Combien sont-ils ? (…) Avec l’opération de ce matin, c’est un début de réponse qui arrive ». Six jeunes Lunellois, âgés de 18 à 30 ans, sont morts ces derniers mois après être partis faire le jihad en Syrie et en Irak. Cette ville de 27 000 habitants est sous étroite surveillance.
A Aimargues et Caussiniojouls
Deux personnes ont été également interpellées à Aimargues dans le Gard et à Caussiniojouls dans l’Hérault. Selon nos informations recueillies à Caussiniojouls, non loin de Faugères, un homme a été interpellé à 6 h 30 ce mardi matin par le GIPN dans un appartement situé au-dessus de la mairie et de l’ancienne école. Une femme et son fils y vivent depuis une dizaine d’années. Un homme les a rejoints il y a quinze jours. Des riverains avaient identifié une voiture montant la garde depuis peu. Le profil de l’homme interpellé n’a pas été précisé.
Le Point – Publié le 27/01/2015 à 09:46 – Modifié le 27/01/2015 à 16:50
Djihad : qui sont les hommes interpellés à Lunel ?
Cinq personnes ont été interpellées parmi des proches d’hommes partis faire le djihad. Deux d’entre elles sont soupçonnées de revenir de Syrie.
Cinq personnes, proches de jeunes gens partis faire le djihad en Syrie, sont en garde à vue après l’opération anti-djihadiste menée mardi matin à Lunel, dans l’Hérault, a-t-on appris de source proche du dossier. Deux des cinq gardés à vue sont eux-mêmes soupçonnés d’être partis en Syrie, les trois autres sont soupçonnés d’être des candidats au djihad, selon une source proche du dossier. D’après nos informations, il s’agit de Hamza M, un étudiant d’origine tunisienne dont le frère Houssamedine et son épouse Maeva ont rejoint la Syrie en février 2014. Ils seraient dans les rangs de l’État islamique à Raqqa.
Jaouad S. a lui aussi été interpellé, il est soupçonné de financer la filière de Lunel. Depuis plus d’un an, il envoie de l’argent par Western Union à ses compatriotes sur la route du djihad. Il faisait notamment parvenir de l’argent à Abdellilah H., un ancien militaire français qui se présente comme ex-membre des commandos et spécialisé en armes à feu. Il avait déclaré être un sniper pour Daech à son entourage basé dans l’Hérault.
Par ailleurs, la filière se finançait grâce à des prêts à la consommation. Chacun des participants parvenait à obtenir jusqu’à 10 000 euros des établissements de crédit type Cofidis ou Cetelem.
« Une filière particulièrement dangereuse » ?
Tous sont connus pour fréquenter une mosquée d’obédience Tabligh, un mouvement piétiste non politique, qui réislamise souvent des individus de culture musulmane détachés de la pratique de la religion. Depuis deux ans, les personnes interpellées revendiquaient publiquement leur soutien à la rébellion djihadiste anti-Bachar el-Assad. Parmi les cinq, deux ont perdu un ou des frères dans les combats. À Lunel, commune de 26 000 habitants, une vingtaine de jeunes entre 18 et 30 ans sont partis pour la Syrie depuis octobre et six ont trouvé la mort, selon les autorités françaises.
Les policiers du Raid sont intervenus peu après 6 heures, rue Frédéric Mistral, non loin de l’église de Lunel, qui avait été totalement bouclé. L’opération s’est prolongée pendant la matinée et aurait également visé de petites communes voisines, situées dans le Gard, a indiqué encore une source proche du dossier. Selon l’AFP, elle a notamment touché Caussiniojouls, au nord de Béziers, voire Aimargues (Gard). Elle s’est déroulée dans le cadre d’une information judiciaire dont sont saisis des magistrats antiterroristes à Paris. « Si l’implication des personnes soupçonnées est confirmée par l’autorité judiciaire, ce sera donc une filière particulièrement dangereuse et organisée qui aura été démantelée ce matin, une de plus », a ensuite réagi le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve.
« Une intervention musclée »
« Quand ils viennent, ils savent qui ils viennent chercher. (…) L’opération me paraît logique. Derrière ces départs, il faut savoir qui il y a. Est-ce qu’il y a quelque chose d’organisé ? Avec l’opération de ce matin, c’est un début de réponse qui arrive », a commenté de son côté le maire (DVD) de Lunel, Claude Arnaud, sur France Info. Selon un habitant de l’un des immeubles investis, « plusieurs voitures banalisées sont arrivées. Des hommes en sont sortis encagoulés et ont défoncé les portes des appartements de l’immeuble ». Choqué, le témoin raconte : « On m’a mis un fusil sur la tempe (…) et finalement ils ont interpellé le voisin du dessus, Saïd », a-t-il ajouté, précisant « ne pas connaître son voisin plus que ça ». « Saïd, c’est quelqu’un de bien. Il travaille. À ma connaissance, il n’avait pas de problème avec la justice. Il tenait un bar à chicha à Lunel », a déclaré un autre voisin.
Selon un troisième témoin, Tarek, dont le frère a été interpellé, les hommes « en tenue » avaient « une masse d’armes ». « Ils m’ont plaqué, m’ont mis par terre, m’ont tapé dessus. Ils ont embarqué mon frère », a-t-il dit. À Caussiojouls, les policiers du Raid ont débarqué à 6 h 30 dans un appartement au-dessus de la mairie et ont interpellé un homme qui s’y trouvait depuis une quinzaine de jours.
À Lunel, des riverains restent médusés. Comme ce couple qui tient une boucherie, juste en face des deux immeubles visités. « Des flics sont arrivés, ils ont défoncé des portes », témoigne Christiane. « Ils sont arrivés comme à Paris, quand il y a eu les attentats, ils étaient une vingtaine, cagoulés et avec des armes… On se serait cru dans un film. On se doutait bien que ce n’était pas pour un petit trafic. » Sur cette place au coeur de la ville, l’opération a duré de 6 heures à 9 h 30, avec au moins une interpellation dans chaque résidence. Les policiers ont pénétré dans chaque appartement à la recherche « d’une personne bien précise », « ils ont demandé comment je m’appelais, je le leur ai dit. Ils ne m’ont pas cru. Alors, j’ai sorti ma pièce d’identité. Ils ont appelé leur chef pour vérifier et ils m’ont laissé tranquille », a raconté un habitant.
Changement de discours à la mosquée
Dans cette petite ville, classée en zone de sécurité prioritaire avec un taux de chômage qui atteint les 20 %, les départs de jeunes vers la Syrie interpellent depuis plusieurs mois les autorités, mais elles ne trouvent pas de réponses appropriées. Certains djihadistes fréquentaient la mosquée Al-Baraka, que le préfet de l’Hérault, début janvier, a jugée « préoccupante en raison d’un risque d’emprise fondamentaliste ».
Après l’annonce de la mort de certains en Syrie, l’ex-président de l’Union des musulmans de Lunel, Lahoucine Goumri, avait refusé de condamner leurs départs avant de revenir sur ses propos. Son successeur, Rachid Belhaj, a voulu calmer le jeu. Après les attentats parisiens, la mosquée de la ville est revenue dans le giron de l’ensemble des mosquées du département et a participé au message unique de paix envoyé à la communauté musulmane, lors de l’office du vendredi, par une vingtaine d’imams héraultais.
http://www.vmtv.fr/Le-Val-de-Marne-terreau-du-djihadisme_a179.html
Le Val-de-Marne, terreau du djihadisme ?
Après la diffusion ce week-end de la vidéo de la décapitation de l’otage américain Peter Kassing, le nombre de français partant faire le jihad en Syrie est en hausse régulière. A l’heure où Michael Dos Santos, le second français identifié parmi les bourreaux de l’otage américain fait la une des médias, VM TV revient sur ces événements terroristes qui inquiètent les français et notamment les Val-de-Marnais d’où le djihadiste Michael Dos Santos est originaire.
Des méthodes d’endoctrinement incontrôlables
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, la France doit faire face comme d’autres pays aux menaces terroristes en relation avec la présence militaire occidentale par les groupes terroristes dont le plus connu est Al Qu’Aïda.
Les actions de propagandes de l’EI s’effectuent de plus en plus via les réseaux sociaux, les militants au djihad se servant de ces plateformes pour diffuser des photos, vidéos, des appels à la conversion, une pratique que l’on peut appeler de « djihad médiatique ». Ils se servent d’internet pour donner un aspect attrayant à la radicalisation. C’est de cette manière que les djihadistes procèdent au recrutement en Irak ou en Syrie. Le gouvernement veut alors se pencher sur cet aspect d’endoctrinement viral. Cependant il est toutefois difficile de garantir l’équilibre entre la liberté d’expression et la propagande terroriste.
Plusieurs arrestations dans le Val-de-Marne
La direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) est chargée de prévenir et réprimer toutes actions susceptibles de constituer une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation. Elle a mené plusieurs actions de lutte contre le terrorisme comme ce 12 novembre 2013 où quatre hommes ont été interpellés dans le Val de Marne dans le cadre du démantèlement d’une filière djihadiste vers la Syrie. Le leader présumé du réseau, âgé de 24 ans, a été arrêté par la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Les 3 autres hommes dont 2 ayant combattu en Syrie dans les rangs de la brigade Islamique du front Al-Nosra ont été interpellés à Cachan et Thiais.
La prison de Fresnes, haut lieu de propagande
Les djihadistes interpellés sont jugés puis emprisonnés, un lourd problème est alors soulevé « la radicalisation du mouvement Islamique dans les cellules». Depuis le 28 novembre 2013, la prison de Fresnes constate le développement d’une propagande du mouvement Islamique derrière ses barreaux. Des prisonniers subissent des pressions, intimidations et menaces de la part de leurs codétenus dans le but de les obliger à se convertir à l’islamisme radical.
« Si tu ne te convertis pas à l’Islam, tu es un homme mort »
Certains prisonniers sont convertis de force, obligés de lire les ouvrages religieux islamiques. La prison de Fresnes devient une pépinière où les djihadistes y sont incarcérés et continuent à propager leur mouvement.
Des élus du Val-de-Marne mobilisés
Le 17 mai 2013, Christophe Cambon, Sénateur du Val-De-Marne, propose au Sénat qu’une conférence des ministres européens devrait-être organisée sur le thème de la lutte contre le terrorisme. Un an plus tard, le 10 juillet 2014, le premier ministre M.Valls présente au conseil des ministres un projet de loi » renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme. »
Interviewé par Public Sénat, Christian Cambon déclare que ce projet de loi est nécessaire :
» il est inhabituel dans un pays démocratique de procéder à des interdictions de sorties de territoire, mais si c’est pour éviter à des jeunes victimes d’un endoctrinement incontrôlable de partir dans une aventure et parfois de ne pas en revenir, il faut aider le gouvernement à combattre ces nouvelles formes de terrorisme «
Avec l’intervention française au Mali, la France est particulièrement exposée aux risques terroristes, c’est pourquoi, le 25 septembre 2014 Christian Cambon s’est prononcé en faveur d’une coopération européenne contre le terrorisme. Le sénateur affirme :
« dans une telle situation la coopération entre les pays européens est primordiale ».
Des jeunes Val-de-Marnais potentiellement dangereux
Malgré les appels à la vigilance de l’Etat français contre ces jeunes qui se radicalisent, le mouvement continue à prendre de l’ampleur. Alors qu’on apprenait hier que l’un des bourreaux de l’otage américain Peter Kassing est originaire de Champigny, un autre jeune Val-de-Marnais, Salim Benghalem, 34 ans, aurait rejoint les terroristes de l’Etat Islamique. Il est signalé depuis le 1 octobre 2014 par les autorités américaines dans la liste des djihadistes recherchés.
Le 3 novembre 2014 plusieurs attentats ont été déjoués en Ile de France suite à l’arrestation du terroriste nommé Mohammed O, un jeune français de Créteil qui a séjourné en Syrie dans les rangs de l’Etat Islamique dans un camp d’entrainement au combat. Agé de 20 ans il s’informait des cibles potentielles en France en vue d’une action kamikaze. Il utilise internet comme la plupart des jeunes djihadiste pour diffuser ses idées et évoquer avec envie les « méthodes Merah et Nemmouche »
Champigny-sur-Marne sous le choc
A l’heure où Michael Dos Santos suscite l’intérêt général suite aux vidéos diffusées sur le net, les Campinois se disent« choqués ». Abou Othman, alias Michael Dos Santos, est bien entendu un cas isolé. Pour autant, un tel engouement médiatique autour de ce phénomène propage un sentiment de peur et d’inquiétude.
» Je suis choquée à double titre car étant Campinoise mais également d’origine portugaise, cette histoire me touche particulièrement. Néanmoins, il ne faut surtout pas généraliser mais plutôt repenser l’accompagnement et le soutient aux jeunes en ruptures avec notre société. Dans le département comme sur la ville de Champigny, nous devons apporter enfin des solutions à nos jeunes. »
déclare Isilda Silva de Amorim, Conseillère Municipale d’opposition (UMP) à Champigny-sur-Marne
Le Val-de-Marne, un terreau du djihadisme ?
Le département du Val-de-Marne n’est certainement pas le berceau de l’endoctrinement au djihadisme. Toute la France est concernée au même titre que l’ensemble des pays occidentaux ainsi que les autres pays. Dans cette affaire du jeune Michael Dos Santos d’origine portugaise, alors que la communauté portugaise est considérée comme parfaitement intégrée en France et sans « histoire », on ne peut que faire le constat suivant : aucune communauté, aucune famille n’est à l’abris d’un tel drame.
C’est donc un message de vigilence qui doit être adressé face à ces personnes endoctrinées et manipulées qui présentent souvent le même profil.
Comment des personnes décrites de manière discrètes, sociables et serviables peuvent commettre de tels actes de barbarie ? Jusqu’où les filières djihadistes corrompent-elles l’esprit des jeunes ? Autant de questions que tous, quelque soit notre origine, notre lieu de vie, notre conviction religieuse et politique, devrons se poser très rapidement.
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